
tme de ces Hles fortunées dont les fables font mention.
On lui propofa de répudier Jeanne d’Albret
& d’époufer Marie Stuart, alliance qui, au lieu
des reftes toujours menacés du royaume de Navarre,
lui auroit procuré le royaume d’Ecoffe &
peut-être les trois royaumes Britanniques. Son attachement
pour Jeanne d’Albret, ou, félon quelques
auteurs, le refpeâ de Marie Stuart pour les droits
de cette première .époufe, fit tomber cette pro-
pofition.
La guerre civile s’alluma, le prince de Condé,
chef déclaré des huguenots, s’approchoit en armes,
de Fontainebleau où étoit la cour ; Catherine de
Médicis étoit alors d’intelligence avec lui & vouloit
fe remettre entre fes mains; le roi de Navarre,
gagné par les Guifes, vint déclarer à la reine qu’il
ialloit ramener le roi à Paris ; la reine héfitoit : vous
pouve^ refier , f i bon vous femble, lui dit le roi de
Navarre , nous partons. La reine ne put que les
fuivre.,
Au milieu des hoftilités fe fit l’entrevue deThoury
entre le prince de Condé d’un côté, le roi de Navarre
de l’autre, accompagné de la reine-mère, alors
réunie avec le roi de Navarre & les Guifes. Tout
s’y paffa, comme dans l’entrevue d’Arininius & de
Flavius, fon frère, fur les bords du vefer, chez les
Germains; le roi de Navarre reprocha au prince de
Condé fa révolte & l’embrâfement du royaume ;
Condé reprocha au Roi de Navarre fon afferviffe-
ment aux Guifes, les efprits s’aigrirent, on alloit
en venir aux armes, il fallut rompre la conférence.
Au fiège de Rouen, fait par les Catholiques en
X562 , le roi.de Navarre fut blefïe d’un coup de
moufquet à l’épaule : fa bleffure, qui n’étoit pas
même dangereufe, devint mortelle par fon incontinence;
la demoifelle du Roüet, ïine des filles que
Catherine de Médicis menoit à fa fuite pour féduire
les hommes avec qui elle vouloit traiter , la défit
de ce rival d’autorité qui n’avoit pas été fort redoutable
pour elle : il mourut en batteau à Andelis,
le 17 novembre 1 y6a, au bout de trois femaines,
en voulant revenir à Paris par la rivière. Lorfqu’il
fut bleffé, il.étoit dans la tranchée, & fe trouvoit
dans la fituation où fon épitaphe le repréfente.
Ami le&eur, le prince ici giflant,
Vécut fans gloire, & mourut en pillant«
11 mourut dans la même irréfolution où il avoit
vécu à l’égard de la religion. Il fut un peu plus
ferme dans fon opinion fur le gouvernement, qui
ne lui parut mériter aucune confiance. Il fit avertir
fa femme de prendre j^arde à elle, de fortifier fes
places &, de ne jamais venir à la Cour. Elle ayoit
changé de religion en même temps que fon mari, I
mais en fens contraire. D ’aboid catholique, lorfque J
le roi de Navarre s’étoit fait huguenot, elle lui avoit |
déclaré que2 s’il youlpit faire confifquer fes çtats, *
elle vouloit conferver les fiens , ou ne pas fournir
du moins ce prétexte de les envahir*
Depuis, foit perfuafion ,• foit changement dans les
vues politiques, elle embraffa la réforme avec zèle,
vers le même temps où fon mari, dit Brantôme *
s*embarqua dans la catholique.
Antoine oublioit les injures, plus par foibleffé
que par magnanimité, il les oublioit en effet plutôt
qu’il ne les pardonnoit. Les plaifans difoient, qu’en
l ’ouvrant, on ne lui avoit trouvé ni coeur, ni fiel»
C’eft prefque le mot connu fur lès courtifans : ni humeur.,
ni honneur.
Antoine , prieur de Crato , roi titulaire de Por*
tùgal, étoit le prince dont les droits à cette couronne
parurent les meilleurs, après que dom Sebastien
eut difparu à la bataille d’Alcaçar en 15 78,
& fur-tout après que le cardinal Henri, qui lui
avoit fuccédé, fut mort en 1580. Philippe II, roi
d’Efpagne , dont les droits étoient les plus foibles ,
les appuya par la force, s’empara du royaume de
Portugal, mit à prix la tête du prieur ae Crato,
fon rival, que la nobleffe & le peuple avoient proclamé
roi dansLisbonne.Quatre-vingts mille ducats,
promis par le roi d’Efpagne, tout - puiffant à Lif-
bonne, ne purent engager les généreux Portugais
à lui livrer celui qu’ils regardoient comme leur fon-
verain légitime ; à travers tous les dangers qui affié-
' gent un profcrit, il fut toûjours en fureté parmi eux»
On prétend même qu’il étoit caché dans Lisbonne,
pendant tout le féjour que Philippe II y fit pomr
affermir fa puiffance.
_. Antoine mourut à Paris en 15.95, à 64 ans , cédant
à Henri IV , fes droits lur le royaume d©
Portugal, & lui recommandant fes enfans, dont
la poftérité unafculine a fubfifté encore près d’un
fiècle.
On fait qu'Antoine efi: le nom de deux faints
célèbres ; favoir, l’infiituteur de la vie monaftique,
connu par fes tentations & fes miracles, né à Corne
en Egypte en 2,51, mort le 17 Janvier 35.6, âgé
de 105 ans ,' & dont Saint - Âthanafe a écrit la
vie.
Et Saint-Antoine, dit de Padoue, cordelier, né at
Lisbonne en 1195, mort à Padoue le 13 juin 12.31,
& fi révéré en portugal, qu’il efi toujours le général
des armées de ce royaume ; fon couvent reçoit
les appointemens de cette dignité : ceux qui commandent
réellement les troupes., ne font que fes
lieutenans.
Antoine efi encore le nom de deux favans du
15efiècle,l’undiftingué parle furnom deP a n o rm i-
t a in , parce qu’il étoit de Panorme, c’efi-à-dire de
Paierai e , & connu fur-tout par fes querelles avec
un autre favant, n o m m é L a u r en tiu s V a lla . Alfonfe
d’Aragon, roi de Naples,l’envoya en 1451, demander
aux Vénitiens l’os du bras de Tite-Live , qu’il
obtint. On dit qu 'A n to in e vendit une de fes terres
pour acheter un exemplaire de cet hiftorien, copié
par le Pogge, monumentplusprécieux en effet que
l’os d’un bras. Mort à Naples, en 14 7 1, âgé de 78
ans.
ANTONIN PIE ( Hifl. rom. ) nom cher à l’humanité
, prince jufte, bon , pacifique , adopte par
Adrien qu’il effaça, & qui adopta Marc-Aurele,
par lequel il fut pour le moins égalé, mais dont
la gloire rejaillit fur lui ; aufii réunit-on ces deux
princes fous ce nom chéri des Anïonins. Sous eux,
l’univers refpira avant d’être livré aux Commode,
aux Caracàlla, aux Héliogabale ; comme il .avoit
refpiré fous Titus avant d’étre livré à Domitien.
Nous ne rapporterons ici que deux traits, pour faire
connoître le cara&ère généreux, doux & tendre
dé Antonin P ie, qui, quand on lui parloit de guerre,
répétoit toujours ce-mot de Scipion : P aime mieux
conferver un citoyen qiie de tuer mille ennemis. Etant
proconful en Afie avant fon élévation à l’empire,
à fon arrivée à Smyrne, on l’avoit logé dans la
maifon du fophifte Polémon , qui étoit pour lors
ù. la campagne ; il en revint quelques jours après,
fort tard, trouva très-mauvais qu’on eut difpofé
de fa maifon en fon abfence, & ufant durement
de fes droits de propriétaire, il obligea le proconful
d’en fortir à l’infiant même; il étoit minuit:
Antonin ne répliqua point & fortit. Lorfqu’il fut
■ empereur , Polémon vint à Rome , & alla le fa-
luer , foit qu’il ne crût pas pouvoir s’en difpenfer,
foit qu’il efpérât que le prince auroit oublié fon
procédé. Antonin le reçut fort bien , & l’obligea de
prendre un appartement dans fon. palais. J’ai logé
ehe£ vous , lui dit-il, il -efljufle que vous logie^ che{
moi. Et voyant que Polémon , un peu confus, ne
favoit que répondre , il ajouta en riant : Vous pouvez
prendre cet appartement en toute afiurance, on ne
•vous en fera pas fortir à minuit. Ce Polémon, faifant
repréfenter une pièce de théâtre qu’il avoit faite,
chaffa publiquement un afreur qui lui paroiffoit
exécuter mal fon rôle, !& l’obligea de defeendre
du théâtre, foit qu’il en eût le droit ou non. Le
comédien alla fe plaindre à l’empereur. Il ma chajfé,
difoit-il, en public , en plein midi. Moi, dit l’empereur,.
il m.a chajfé en plein .minuit, & je n ai rien
dit.
L’autre trait e fi, que voyant Marc-Aurele qu’il
avoit adopté pleurer. celui qui l’avoit élevé, &
entendant les courtifans taxef cette fenfibilité de
foiblèffe. »RefpeClez fes larmes, leur dit-il, &
v fouffrez qu’il foit homme ».. |
C ’eft ce trait qu’on a voulu célébrer dans des
vers lus & applaudis dans l’académie françoife à la
féance de la faint Louis en 1766.
Ce héros bienfaifant ce divin Marc-Aurele
Pléuroit l’heureux.vieillard, fon ami, fon modèle ,
Guide de fon enfance, & qui, même à la cour ,
Avoit nourri.fon-coeur de vertus & d’amour.
Le vieillard fuccomboit, appefanti par l’âge.
Le prince, en l’embraflfant, oublioit fon courage ;
Il pléuroit. Antonin.obfervant fes douleurs,,
Dit aux durs courtifans qui coadamnoieut fis pleurs ;
» Laiflez \ leurer mon fils, permettez qu’il foit homme ;
» Ses pleurs feront la gloire & le bonheur de Rome a
» Je l’ai nommé Céfar , il l’a bien mérité £
*> Sur la foi de ces pleurs je l’aurois adopté,
Antonin mourut le 7 mars 161, âgé de foixante-
dix ans : on ignore fi l’itinéraire qui porte fon nom
efi fon ouvrage, ou celui de quelqu’un de fes fuc-
ceffeurs.
ANTONIO, (N ic o l a s ) chevalier de l’ordre,
de faint Jacques , & chanoine de Séville, auteur
d’une Bibliothèque des écrivains efpagnols, en deux
volumes in-fol. ouvrage efiimé,& d’un autre ouvrage
moins connu , imprimé à Anvers en 1659, intitulé :
De exïlio, five de pcenâ exilii exulumque conditione &
juribus, in-fol. Né à Séville en 16 17 , mort à Ma-,
drid en 1684.
ANTONIUS PRIMUS , ( Hifl. rom. ) un des
principaux lieutenans de Y.efpafien, un des prinr
cipaux inftruraens de fes viéloires fur Vitellius ,
rival de gloire & de puiffance de Mucien fous
Vefpafien, avoit été* condamné comme fauffaire
fous le règne de Néron. Tacite parle beaucoup de
lui dans les fécond, troifième & quatrième "livres
de fes hifioires. Voici le portrait qu’il en fait dans
le fécond livre, chap. 86 : Strenuus manu, ferment
promptus, ferendez in alios invidioe artifex , difeor-
dïis & feditîonibus potens, raptor , largitor, pace,
pejfimus , bello non fpernendus. »Brave, éloquent,
» poffédant l’art d’envenimer les efprits, de fouf-
» fier la difccsrde & les féclitions, avide de rapines,
» prodigue par intérêt , citoyen déteftable, ex-
» cellent militaire ». (Traduction du P. Dotte-
ville. )
ANTRUSTIONS, f. m. pl. {Hifl. mod. ) volontaires
qui chez les Germains fuivoient les princes
dans leurs entreprifes. Tacite les défigne par le
nom de compagnons ; la loi falique, par celui d’hommes
qui font fous la foi du roi ; les formules de
Marcwlfe, par celui ^antrufiions ; nos premiers historiens,
par celui de leudes, & les fuivans, par celui
de vajfaux & feigneurs.
On trouve dans les loix faliques & ripuaires,
un nombre infini de difpofitions pour les Francs,
& quelques-unes feulement pour les A n t ru f i i o n s .
On y règle par-tout les biens des Francs, & on ne
dit rien de ceux des a n tru flio n s ; ce qui vient de ce
que les biens de ceux-ci le régloîent plutôt par la
loi politique que par la loi civile, & qu’ils étoient
le fort d’une armée, & non le patrimoine d’une
famille. { A . R . )
A O D , {Hifl^des juifs.') fils de Géra, de la
tribu de Benjamin, fut chargé d’aller porter des
préfens à Eglon, roi des Moabites, qui opprimoit
les Hébreux. Ce jeune homme ayant fait fa com-
miflion, & ayant quitté le roi, revint fur fes pas,
feignant d’avoir quelque chofe d’important à dire
à Eglon. Celui-ci fait retirer tout le monde. Aod
faifit ce moment pour le poignarder, & fortit-.de