
224 A G E Agathon, pape, élu le 26 Juin 679, mort
en 682 , fit cefler le tribut que le faint fiège payoit
aux empereurs grecs à l’éleélion de chaque pape. Agathon étoit aulîi le nom d affez fiimeux , & les chanfons $’uA ng matuhfoincien grec paffées en proverbe pour fignifier une cho féet opielunst agréable qu’utile. AGEMOGLANS, f. m. ou Agiam-oglans , ou Azamoglans, (Hifl. mod.') font de jeûnes
enfans que le grand feigneur acheté des Tartares,
ou qu’il prend à la guerre, ou qu’il arrache d’entre
les bras des Chrétiens fournis à fa domination.
Ce mot dans la langue orientale fignifie enfant
de Barbare ; c’eft-à-dire, fuivant la manière de
s’exprimer des Mululmans , né de parens pauvres
qui ne font pas Turcs. Il eft compofé des deux
mots Arabes , DDK, agent , qui fignifie parmi
les Turcs la même chofe que barbares parmi les
Grecs , les Turcs diftînguant tous les habitans
de la terre en Arabes ou Turcs, & en agent, comme
les Grecs les divifoient én Grecs & en Barbares ;
l’autre mot eft.DKVï j oglan, qui fignifie enfans.
La plupart de ces enfans font des enfans de chrétiens
que le fultan fait enlever tous les ans par forme
de tribut, des bras de leurs parens. Ceux qui font
chargés de la levée de cet odieux impôt, comprennent
un fur trois, & ont foin de choifir ceux qui
leur paroiflent les mieux faits & les plus adroits.
On les mène aufli- tôt à Gallipoli, ouàConf-
tantinople , où on commence par les circoncire ;
epfuite onles inftruit dans la religion Mahométane ,
on leur apprend la langue Turque, & on les forme
aux exercices de la guerre, julqu’à ce qu’ils foient
en âge de porter les armes : & c’eft de cette école
qu’on tire les Janiffaires.
Ceux qu’on ne trouve pas propres à porter les
armes , on les employé aux offices les plus bas
& les plus abjeâs du ferrait; comme à la cuifine,
aux écuries, aux jardins, fous le nom de Boflangis
Attagis, Halvagis, &c. Ils n’ont ni gages ni profits.,
à moins qu’ils ne foient élevés à quelque
petite charge, & alors leurs appointemens font
très - médiocres & ne montent qu’à fept afpres &
demi par jour, ce qui revient à envirdn trois
fols & demi de notre monnoie ( G )
AGESILAS , roi de Sparte. ( Hifl. de Lacêdém.)
Agé fia s eft au rang des plus grands capitaines de
la Grèce. Agis, fon frère, laiffa un fils nommé
Léotichide, qu’il n’avoua qu’au moment de fa mort.
Le trône lui appartenoit , mais comme on le
foupçonnoit d’ètre le fils d’Alcibiade, qui avoit
aimé fa mère, les Spartiates le privèrent de l’héritage
de feg ancêtres, & Agé filas fon oncle fut
r o i, mais il ne voulut pas profiter de la fuccef-
fion d’A gis , dont fon neveu Léotichide avoit été
privé cqjnme bâtard. Son déftntérefferaent mérita
l’eftime publique.
Artaxerxe menaçoit la Grèce & c’étoit fur
Sparte qu’il devoir porter les premiers coups..
Agéfiias repréfenta qu’il ferpit plus, avantageux* de
A G E porter la pierre en Afie que de la foutenir en
Europe. I l fut chargé de cette expédition, & il
arriva dans les provinces de la Perfe, avant qu’on
foupçonnât qu’il eût quitté' la Grèce. Quoiqu’i
n’eut qu’une très-foibl'e armée, il diéta des loix à
TifTapherne, fattrape de l’Afie mineure , qui confen-
tit à laiffer la liberté à toutes les villes grecques
de l’Afie , à condition qu’Agéfiias n’exerceroit aucune
hoftilité. Mais quand TifTapherne eût raflem-
blé fes forces, il changea de ton, & fit fommer
Agéfiias de s’éloigner de l’Afie. Agéfiias feignit
de tourner fes armes contre la Carie, où le fatrape
avoit dé grandes pofleflions. TifTapherne y porta
toutes fes forces; alors Agéfiiasfe jetta fur la Phry-
gie, qu’il trouva fans défenfeurs. Il y fit un butin
immenfe qu’il abandonna tout entier à fon armée.
Agéfiias qui avoit trompé le fatrape par un
artifice, le trompa par une vérité la campagne
fuivante. Il fit publier qu’il marchoit en Lydie ,
& comme il déclaroit ce defTein , on crut qu’il en
vouloit à la Carie. TifTapherne y envoya l’élite de
, fes troupes, & Agéfiias profita de fon erreur pour
marcher à Sardes dont il forma le fiège. TifTapherne '
tenta de délivrer cette place, il fut vaincu & la
1 cour de Perfe lui fit trancher la tête. Tandis qu'Agc-
filas étendoit fes conquêtes , Sparte fut attaquée
par Thèbes, Argos & Corinthe. Agéfiias rappellé
! au fecours de fa patrie, fe plaignit d’être arraché
de l’Afie par trente mille archers , faifant allufion
aux dariques, pièces d’or où la figure d’un archer
étoit repréfentée , & que le roi de Perfe avoit
employées à corrompre les Grecs, & à les fou-
lever contre Sparte. Il traverfa en trente jours ïè
pays que Xerxès avoit été un an à parcourir. Les
Athéniens joints aux Béotiens l’attaquèrent dans
les plaines de Coronée. lien fit un horrible carnage.
Il fut chargé de marcher contre les Corinthiens ,
& les ayant vaincus, on lui propofa de détruire Corinthe
, il répondit : laijfons à la Grèce des barrières
contre les Barbares. Il ne fe trouva point à la bataille
de Leu&res qui éclipfa pour jamais la fplen-
deur de fa patrie. Il femblait en avoir prévû le fu-
nefte fuccès. L’armée vi&orieufe fe préfenta devant
Sparte alors fans murailles, Agéfiias fut fon rempart.
Les richefles qu’il avoit enlevées de la Perfe,
avoient été verfées dans le tréfor public, & il
s’étoit fait un fcrupule d’en réferver rien poür lui.
Ce fut la refTource de Sparte dans, fes revers. Agé fi-
las, en voyant de plus près les moeurs afiatiques,
n’en avoit conçu que plus de mépris pour le luxe
& plus d’horreur pour la mollefle. Fidele à la difci*
pline de Lycurgue & aux vertus des Spartiates, il fe
diftinguoit par la fobriété, la frugalité, la fimplicité,
la pauvreté. La nature qui lui avoit donné de grands
talens & de grandes vertus, lui avoit refufé tous
ces avantages extérieurs qui impofent au vulgaire,
& fon caractère lui interdifoit le faite qui remplace
jufqu’à un certain point ces avantages dans
l’imagination des hommes. Difforme, boiteux,,
petit & mal fait, il le paroiffoit encore davan*Jgfr
par
W G E
parle peu de foin qu’il ptenoif de déguifer ces défauts.
Il ne reconnoiffoit de fupérioritè parmi les rois
& parmi les hommes que celle que donne la vertu.
Quelqu’un appellant devant lui le roi de Perfe le
GRAND ROI, » En quoifiit-\\,efi-il plus grand que moi,
j> s'il nefi pas plus vertueux ? » Ce roi lui ayant envoyé
de riches prèfens & fur-tout de riches étoffes,
qu’il ne crut pas apparemment devoir refuler, il les
diftribua fur le champ à fes efclaves pour faire
voir le cas qu’il en faifoit. A vec ces fentimens, ces
principes & ce défaut d’agrémens , Agéfiias étoit
«abord un objet de mépris pour les étrangers &
pour les barbares, l’afcendant de fon mérite ne l’em-
portoit qu’avec le temps.Tachos,rôi d’Egypte,auquel
il mena une armée de Grecs, pour le défendre contre
les Perfes, dédaigna fa perfonne & négligea fes
confeils , il porta la guerre dans la Phénicie, malgré
Agéfiias, qui lui repréfenta , que dans la difpofi-
tion où il voyoit fes peuples, il ne croyoit pas
qii’il fût prudent au roi de s’éloigner de fes états ;
en effet, à peine Tachos fut-il éloigné, que fes
" fujets fe foulevèrent & mirent Nectenabo en fa
place. Celui - ci à fon tour eut un concurrent
nommé Mutus, Agéfiias, lui confeilla de marcher
d’abord à fa rencontre & de l’accabler, avant qu’il
eût le temps de raffembler fes forces, Neéle-
nabo 11’eut pas plus d’égard que Tachos pour les
confeils d'Agéfiias & penfa en être puni de même.
Prefle par les armes de Mutus , il fut trop heureux
axé Agéfiias vînt à fon fecours, arrêtât les progrès
ae Mutus, & rendît la prix à l’Egypte par
la défaite & la prifé de ce rebelle. Agéfiias mourut
dans la Cyrénaïque en revenant de cette expédition,
l’an 456, avant J. C. la 8Ie'. année de Ion
âge , 1a 41e. de fon règne. Son corps fut embaumé
& tranfporté à Sparte , qui étoit jaloufe de poffé-
der les cendres d’un tel roi. Les peuples de la Grèce
qu’il avoit défendus , voulurent lui élever des
ftatues ; il les refufa ; « faut-il d'autres monumens
a à l'homme de bien, dit-il, que fes aElions mêmes ? »
Cet Agéfiias eft le ' fécond du nom , dans la
lifte des rois de Sparte.
Cynifca, fa foeur, fut la première femme qui
remporta le prix de la courfe aux jeux olympiques,
& ce fut fur des chevaux qu’il l’avoit engagée à
dreffer elle-même. A gésilas , éphore de Sparte , tyran hypocrite,
célèbre par le bien qu’il parut faire & par le mal
qu’il fit, fut un des principaux inftrumens dont
Agis III fe fervit pour faire revivre la difcipline
de Lycurgue. La vie dé Agéfiias j ufqu’à ce moment,
n’avoit été qu’un tiffu de débauches, & il ne fa-
yorifa le projet de la réformation, que pour s’affranchir
de fes dettes. L’hiftony le peint comme
un homme artificieux , doué de cette éloquence
naturelle qui domine fur les efprits ; fans frein
dans fes penchans , audacieux dans fes pro-
jetsi, téméraire dans l’exécution , zélateur apparent,
d’une réforme qui accufoit le fcandale de fa
^ie. Ce fut, ce .citoyen corrompu qui pro-
Hifloire. Tom. /,
A G E a s ?
poîa au peuple de rendre aux loix leur vigueur,
& aux moeurs leur première innocence. Il fe
rend à l’aflemblée. Il fait parler la religion qui
commande l’égalité; il cite des oracles & anciens
& nouveaux , qui affuroient que fi les Spartiates
faifoient revivre leurs anciennes inftitutions , ils
feroient triomphans & refpeélés comme autrefois.
Son éloquence fut appuyée par le facrifice qu’Agis
& fa famille firent cle tous leurs biens. Le peuple ,
faifi d’admiration, applaudit à un fi généreux dé-
fintéreffement; on abolit toutes les dettes, on brilla
toutes les obligations dans le forum. Agéfiias s’écria
qu’il n’avoit jamais vu de flamme plus pure
& plus agréable. Mais après cette opération il
travailla lourdement à détruire l’édifice qu’il ve-
noit d’élever: l’abolition des dettes, pour être jufte,
doit-être fuivie d’un nouveau partage des terres ,
& tel étoit le projet d’A g is , mais ce n’étoit pas’
celui d'Agéfiias, le citoyen le plus coHfidérable de
l’état par l’étendue de fes pofleflions. L’abolitioit
des dettes l’avoit débarrafle de l’importunité de
fes créanciers, & remis dans la jouiflance de fes
domaines. Il étoit trop intéreffé au partage des
terres , pour confentir à une égalité qui le mettoitr
ati-deffous de fes befoins. Il en retarda l’exécution
fous prétexte de ne point entreprendra deux chofes
à la fois , de peur d’ébranler l’état par des fecouffes
trop violentes. La guerre & le tems entraînèrent
d’autres foins. Agéfiias devint le tyran d’un peuple
dont il fe difoit le proteéleur. Ses vexations l’ayant
rendu odieux, il fut obligé de prendre la fuite ;
il revint quelque temps après dans fa patrie , où ,
revêtu de la charge d’éphore, il exerça une domination
tyrannique. ( T -n . )
AGESIPOLIS, {JHfi- de Lacédémone.) fils de Pau-
fanias, roi de Lacédémone, perdit fon père étant
dans un âge trop foible encore pour gouverner
lui-même. Les Corinthiens fe flattèrent que le
temps de fa minorité leur feroit favorable poifr
abaiffer l’orgueil de Sparte qui depu s long-temps ,
infultoit à la foibleflè du refte de la Grèce ; ils
furent défaits , & leur humiliation contint tous
les peuples jaloux de la puiflance des Lacédémoniens.
Agêfipolis parvenu à l’àge où la loi le mettoit
dans l’exercice de fa dignité, voulut fe montrer
digne de commander à une nation belliqueufe. Il
tourna fes armes contre l’Argolide, qui étoit la contrée
de tout le Péloponèfe dont Sparte avoit le
plus à fe plaindre. Les Argiens abandonnés de leurs
alliés, fe fentirent trop foibles pour lui réfifter ,
ils demandèrent la paix ; leurs députés n’eflùyè-
rent que des mépris, & pour toute réponfe, Age-
fipolis porta la défolation dans leur territoire. Tout
lui en préfageoit la conquête, lorfque dè grands
tremblemens de terre répandirent la confternation
dans fon armée. Les Spartiates étoient fuperftitieux,
; & lorfque quelque phénomène extraordinaire frap-
poit leurs fensyils le regardoient comme unaver-
tiffement du ciel qui condamnoit leur entreprife.
Agêfipolis fut mal fécondé par des foldats dont 1a