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la honte d’implorer la clémence du vainqueur, fit
. préparer un bûcher qui le réduifit en cendres,
avec fes eunuques, Tes concubines & fes tréfors.
Il s’éleva trois grands royaumes fur les débris de
ce vafte empire. Arbace, chef de la conjuration,
eut celui de Médie ; Belefis, quoique fubordonné
à Arbace, avoit dirigé tous les reubrts qui préparèrent
la révolution: le trône de Bàbylone fut fa
récompenfe. Le royaume de Ninive fut indépendant
des deux autres, 8c le premier qui en fut çoi, fe
fit appeler Ninus le jeune : cette révolution arriva
l’an du monde 32.57. ) T—n . )
ASTER, (HiJhanc.) habile archer, de la ville d’A mæ
phipolis, en Macédoine, qui alla offrir fon talent
au roi Philippe, père d’Alexandre, enlui difant, qu’il
ne manquoit jamais un oifeau à la volée. Philippe
fit peu de cas de cette adreffe, & lui dit froidement:
Eh bien ! quand je ferai la guerre aux étourneaux, je
vous prendrai à mon fervice> Piqué de ce mépris ,
A fier fe jette dans une place que Philippe afliègeoit,
& lui lance une flèche fur laquelle étoit écrit : à
l ’ail droit de Philippe, & qui en effet lui creva l’oeil
droit ; Philippe renvoyé la même flèche avec cette'
autre infcrip.tion ; Philippe fera pendre A fier, quand
U aura pris la ville, il la prit & le fit pendre. Ne
devoit-il pas cependant üfer de quelque clémence
envers un archer fi sûr de fes coups, qui avoir pû
vifer-aufii jufte au coeur qu’à l’oe il, 8c qui ne l’avoit
pas fait }
ASTIAGE. Voyei A st yag e . j
ASTOLFE ou A stolphE , (Hifl. des Lombards.')
roi des Lombards, fuccéda en 750 à Rachis, fon
frère. Les papes n’étoient pas encore iine puiffance
temporelle, & brûloient d’en devenir une ; ils
avoient pour ennemis les deux grandes puiffances
qui fe difputoient l’Italie : favoir, les empereurs
Grecs & les Lombards ; ils avoient excommunié,
à titre d’Iconoclaftes, les' empereurs Léon l’Ifau-
rien & Conftantin Copronyme, & comme fuivant
les principes de Rome, la dépouille des hérétiques
appartenoit au faint fiége, le's papes redemandoient
aux Lombards la Pentapole & l’Exarchat de Ravenne,
que ceux - ci avoient conquis fur les empereurs
Grecs, en exécution , difoient les papes , & à la
faveur de l’excommunication lancée contre ces
empereurs. Les Lombards prétendoient avoir conquis
ces pays pour leur propre compte, & indépendamment
de toute excommunication ; ils avoient
même une autre prétention bien plus contraire
à celle des papes. Rome avoit toujours dépendu .
de l’Exarque de Raven ne, qui la gouvernoit au nom
de l’empereur , les Lombards" s’étant mis par la
conquête aux droits de l’empereur, & étant alors
Exarques de Ravenne, réclamoient la fouveraineté
fur Rome. En conféquence , Aflolphe , roi des
Lombards, avoit fait aux Romains des fommattons
très - Aères & très - preffantes de reconnoître fon
autorité , 8c de lui payer tribut.
Les papes ne voyoient qu’une puiffance qu’ils
pttffeut oppofer avec fuccès aux Lombards ; c’étoit
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la France : les prétentions des papes ne pouvoient-
paroître légitimes qu’à line puiffance qui fût dans
la difpofition aéhielle de ne rien refluer aux papes ,
& Cette puiffance, c’étoit encore la France. Pepin-
le-Bref, dans le projet de confàcrer par la religion ;
le couronnement de fa race, & de la préferver par
ce. P « du ^ort Qu’il avoit fait éprouver lui-
même à la race Mérovingienne, ne defiroit rien tant
qu une alliance^ intime avec les papes. Etienne III
lui ayant porté fes plaintes fur la violence des
Lombards, Pépin faifit cette occafion de l’inviter
à paffer en France, pour qu’ils puffent conférer à
loifir de leurs communs intérêts. Les Lombards,
amis de la France fous Charles Martel, & qui ne
vouloient pas en devenir ennemis fous Pépin-le -
Bref, n’ofèrent s’oppofor au paffage du pape, quoiqu’ils
vîffent trop bien l’objet de fon voyage.
Pépin décidé à tout faire pour le pape, affembîa,
un parlement à Créey-flir-ôifé, pour faire réfoudre
la guerre contre les Lombards ; Aflolphe envoya,
en F rance, pour plaider fa caufe, le prince Carlo-
man, frere aîné de Pépin, & qui étoit alors moine
au Mont-Cafiin ; il avoit très-bien- compris l’effet
que pourroient faire furies efpritsla vue inopinée de
ce prince, le fouvenir du rang qu’ôn l’avoit vu tenir
en France , là comparaifon de fon état préfent avec
fon état paffé. Etienne III, & Pépin avoient efpéré
que la guerre foroit réfolue fur le champ & fans
contradiâion ; les grands, entraînés par les raifons-
de Carloman, arrêtèrent qu’on enverroit des ambaf-
fadeurs à Aflolphe & qu’on lui offrirôit douze mille
fols d’or pour l’inviter à la paix. Les ambaffadeurs
François y trouvèrent Aflolphe très - difpofé ; il
offroit d’y faire tous les {acrifices convenables : il
fe défiftoit de fon entreprife fur Rome ; mais il
refufoit avec raifon de céder au pape la Pentapole
& l’Exarchat de Ravenne, conquis par les armes
& le fang de fes fujets.
Sur ce refus fi naturel,la guerre fut réfolue,'
après que Pépin eut envoyé, feulement pour la
forme, une fécondé ambaffade au roi des Lombards,
afin de montrer pour la paix un zèle qu’il n’avoit
pas, & parce que les grands paroiffoient defirer
celte démarche.
Ce fut alors que Pepin-le-Bref j & les deux princes
fes fils, créés patrices de Rome par le pape &
par le peuple Romain , firent à l’églife de faint
Pierre, cette célèbre donation de l’Exarchat & de
la Pentapole, qui a donné naiffance à la puiffance
temporelle des papes ;• car la prétendue donation
faite au pape Sÿlveflre, par l’empereur Conflantin,
de la ville de Rome oc de quelques provinces
d’Italie, efl: bien reconnue aujourd’hui pour une
fable , quoique le faint fiège ait long-temps effayé
de la faire valoir, quoique le pape Adrien i’allègue
expreffément dans une lettre à Charlemagne , &
qu’Hincmar en parle dans fes oeuvres comme d’un
titre confiant.
La donation de Pépin étoit faite avant la conquête
, & l’événement pouvoit répandre un a (fez
grand.
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grand ridicule fur cette libéralité précoce : mais ,
Pépin ne donnoit que ce qu’il pouvoit livrer, & 11e
fevantoit que de ce qu’il pouvoit faire. Iipafièles
Alpes, force le pas de Sufe, taille en pièces l’armée des
Lombards , afliège Aflolphe dans Pavie. La frayeur
faifit Aflolphe ; il promet tout pour fe tirer de
danger, & donne toutes fes affurances qu’on exige;
il livre pour ôtages quarante des principaux fei-
gneurs Lombards, confent que le pape foit mis dès
1 inftanr, même en poffeflion de Narni, en attendant
que l’évacuation entière de l’Exarchat & de
là.'Pentapole pût s’èffe&uer.
Sur la foi de ces fermens, fur - tout de ces fûretés,
& plus encore de la vengeance qu’il fe fentoit en
état de tirer d'Aflolphe, fi celui - ci ofoit manquer"
à fa parole, Pépin crut pouvoir reprendre la route
de France, dans la crainte que les lavanges ne fer-
maflent le paffage des Alpes; il laiffa feulement
en Italie im abbé nommé Fulrade, pour recevoir
d’Aflolphe les villes de l’Exarchat & de la Pentapole,
8c lès remettre au pape. L’éloignement de Pépin
ayant permis au roi Lombard de refpirer, il fongea
aux moyens d’éluder l’engagement où il avoit été
forcé;il.différa, fous divers prétextes, la reftitu-
tion des places ; puis s’enhardiffant par'degrés, &
ne fe bornant plus même au refus de l’évacuation
promife, il alla jufqu’à faire des côurfes fur le
territoire de Rome, 8c jufqu’à iiivefiir le pape
dans cette placé. Les cris douloureux du pape fe
firent entendre jufqu’en France. A cette nouvelle ,
Pépin, avec cette célérité qui diftingu'e les héros
dé fa maifon, repaffe les Alpes , délivre Rome, I
détruit une fécondé armée de Lombards, afliège
dé nouveau Aflolphe dans Pavie , 8c le prefle fi virement,
cm Aflolphe voyant à quel guerrier il avoit
affaire , & cédant à fa deflinée, prit le parti d’exécuter
de bonne-foi, quoiqu’un peu lentement, un
nouveau traité figné a Pavie , traité plus onéreux
encore que le premier , & par lequel, outre l’évacuation
ae l’Exarchat 8c de la Pentapole, il fe reconnut
vaflal & tributaire de la France. L’abbé Fulrade
reçut une à une 8c de loin en loin, les clefs des
places promifos, 8c les dèpofa fur le tombeau de
Saint Pierre, avec l’afie de la donation faite au pape
par Pépin & fes fils. Aflolphe furvécut peu à fa dif-
grâce ; il mourut en yjC.
A S TO R G A , ASTORGUÊ, ( La marquife d*)
Hifl. d’Efp. ) femme , qui, fous le règne de
harlesll, & dans lé fiècle de Louis XIV , a renouvelle
les horreurs tragiques deGabrielle de Vergy '
& de Raoul de Coucy, excepté qu’elle prit pour
elle le rôledeFayel. Son mari avoit une maîtreffe,
elle en fut jaloulè, elle court chez fa rivale la
tlIe de fa ma*n > B arrache le coeur, le fort en
ragoût à fon mari, & lui dit : Ce mets à dû te plaire,
c efi 'h cc*ur de ta maîtreffe ; puis joignant à l’hiffoire ?SwtllP d<: Vergy ila fable de Progné, de Térée
oc d Ithis,elle tire d’une armoire la tête de fa vifiime,
oc la jette fur la table; elle s’enfuit à l’infiant dans |
Hifloire. Tom. J* Deuxieme Part,
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un. couvent, où elle devint folle de Jaloufie , d«
rage & de remords.
ASTRONOMÉ. ( l ’ ) Oh défigne ainfi un hiflo-
rien contemporain de Louis-le-Détonnaire , dont
le préfdent Coufin a traduit l’ouvrage.
| A STRUC, ( Jean ) ( Hifl. litt. mod. ) médecin de
I la faculté de Montpellier, puis de celle de Paris. C ’eft
| de lui qu’on a dit qu’il lavoit de tout, même de
; la médecine. Son traité : De Morbis venereis , fon
traite des maladies des femmes, fes mémoires pour fer-
vir a l /tiftoire naturelle du Languedoc , lui ont fait
une grande réputation, qu’une multitude d’autres
bons ouvrages fur différentes parties de la médecine
, a encore étendue. Il lui arriva ce qui arrive
prefque toujours aux hommes célèbres , lorfqu’ils
. voyentdans leur vieilleffe des réputations nouvelles
s’établir , des ufoges nouveaux s’introduire, des doctrines
modernes s’accréditer. Us compromettent leur
vieille gloire contre ces gloires naiflàntes. Aflruc
écrivit contre l’inoculation, & lavxfioire neparoît
pas lui être reftée. Il étoit au moins autant théologien
que médecin, 8c fa prédileélion étoit pour la théologie.
S i, dans les vîntes qu’il rendoit à fes malades,
il n’étoit queftion que de médecine, la vifite duroit
peu ; f i , lôrfqu'il s’étoit levé pour fortir , on le
rete.'soit par une queftion de théologie, relative
fur-tout au janféniime, il fe raffeyoit 8c paffoit
deux ou trois heures à réfuter très-do&eraent les
janféniftes. Tout ce qu’on pouvoit mettre d’efprit
& de lumières dans la fcoiaifique, il 1 y mettoit.
Il difoit qu’un favant devoit mener une vie militante
, & il le faifoit comme il le difoit. Il exifte
dès monumens de fa théologie. Ses conjectures fur
les mémoires orignaux dont Moïfe s’efl fervi pou"
écrire la genèfe , ont anè de fa part & auroient
peut-être feandalifé de la part d’un homme mob-s
ami des théologiens & des jéfuites. l i a fait auflî
une diffe nation fur l'immatérialité, & l ’immortalité de
l’ame. C ’eft fon dernier ouvrage, 8c il n’ajoute rien
à tant de traités fur ce fujet. On a publié, après fa
mort, des mémoires de lui pourfervir à Vhifloire de la
faculté de médecine ae Montpellier. Il a été médecin
confultanf *e Louis X V ; premier médet.n d’Au-
gufie I I , roi de Pologne ; profeffeur de médecine
au collège royal. Il étoit né à Sauv e , dans le dioeèfe
d’A lais, en i CZa. Il efl mort à Paris , le 5 mai
1766.
ASTURIES, ( l e s ) ( Hïji. Mod. ) c’eft dans les
montagnes & Iss cavernes des Afluries que fe cachèrent
& que fe confervèrent les reftes dq, l’ancienne
monarchie d’Efpagne ; c’eft delà que s’étendant
infeiifiblement à travers mille obftacles, les
Goths chrétiens, échappés en 715 aux armes des
Sarrafins ou Maures, parvinrent à la longue à confirmer
cette puiffance mahomètant qui les avoit fub-
jugués près de huit fiècles auparavant ; & c ’efi parce
que les habitans de cette province n’ont jamais
reconnu l’empire des Maures, .& qu’ils font les pre>
miers qui, fous la conduite de leur roi Pelage, ont
commencé le grand ouvrage de l’expulfion de ces
Minm