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tier Taffillon , alors âgé de fix ans , Griffon, révolté
contre Pépin , fe fit duc de Bavière, en dépouillant
Tafiillon, Ton neveu ; Pépin chafia Griffon
de la Bavière , 8c la rendit à Tafiillon : celui-ci
époufa dans la fuite Luitberge ou Luitperge, fille
de Didier ,. roi des Lombards ; ayant fuivi Repin,
fon oncle, dans une expédition contre Gaïffre,
duc d’Aquitaine, il quitta tout-à-coup l’armée
françoife, non par connivence avec Gaïffre, comme
il donna lieu de le foupçonner : il n’étoit point
traître, vil n’étoit qu’orgueilleux & incapable de
fubordinatioft ; il eût accompagné avec plaifir à la
guerre, fon oncle & fon allié ; mais il ne pouvoit
fe réfoudre à y fliivre fon feigneur ; .fon orgueil
étoit fans cefie irrité par l’orgueil des feigneurs
françois,, qui affeéfoient avec lui une égalité entière,
fous prétexte qu’ils étoient tous vaffaux d’un même
fouverain ; deipote de fes fujets , il lui étoit affreux
dereconnoîtrelui même un fupérieur; c’étoit moins
encore comme gendre de Didier détrôné par
Charlemagne, que Tafiillon haïffoit les François,
que comme vafial de la couronne; ce titre & les
devoirs qu’il entraîne avoient été pour lui,dès fa plus
tendre jeunefle , une humiliation qu’il ne pouvoit
fupporter ; il efpéra qu’à la faveur, des droits & dés
intérêts de la famille de Didier, il pourroit trouver
les moyens dé fecouer entièrement le joug du
vaflelage ; auffi , quoique confin-germain de Charlemagne,
eut-il prefque toujours les armes à la main
contre lui. Charlemagne, après lui avoir pardonné
plufieiirs f o i s u f a contre lui de toute la févérité
des loix féodales. Cité" à un parlement, Tafiillon
©fa y comparoître, ou plutôt il n’ofa pas ; n’y pas
comparoître ; on lui fit fon procès , il fut condamné
unanimement à avoir la tête tranchée: comme
vafial félon , & comme fujet traître envers ,1’ètat.
Charlemagne parut ufer d’une affez grande clémence
, en lui laiflant la. vie , par égard pour les
liens du fan g qui. les unifîbient, & en fe contentant
de faire enfermer dans divers monaftères , lé
duc, fa femme , deux fils & deux filles ,. fruits de
leur union, après avoir confifqué leurs états; ce
qui fut exécuté fans réfiftance. Il changea la forme
du gouvernement de la Bavière,, au lieu d’un duc
héréditaire , il établit dans cette province un ceN-
tain nombre de comtes ; qui n’étoient qu’à vie.
Quelques années après, ( en 794 ) le malheureux
Tafiillon comparut au concile de Francfort
en habit de moine , confefla toutes fes infidélités,
en demanda pardon au ro i, & renonça pour lui
& pouf fe poftérité, à tous fes droits fur là B a-,
vière. Pour prix de fa foumiflion & de fon repentir
, Charlemagne le réunit, avec fes deux fils,.
finis une clôture moins rigoureufe , dans le mo-.
nafière de Jumièges, & leur afligna une pehfiou
que: fa libéralité mefura moins fur leur- état de
moines , que fur le rang dont ils étoient déchus..
Louis le Débonnaire érigea la Bavière en royaume ;•
mais fi& fuccefièurs. la perdirent comme tout le
üefie eMe fit partie de l’empire germanique. L’em-
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pereur Maximilien I , en 1500 & 1512 fit de là:
Bavière un des cercles de l’empire. Le traité de
Munfter en fit un huitième éleélorat en 1648. On
fait remonter la maifon de Bavière prefque jufi*
qu’au temps de la décadence, des princes Carlos
vingiens. .
B A V IU S ,. ( Hifl.. -poète romain , qui n’cft
connu que par. ce vers de Virgile :
Qui Baviunv non odit: amet tua carmina , mavU
Et à caufe de ce feul vers 3 fon nom fera é te r nelle
ment. le fymbole des mauvais poètes.
BAULDRI, (P a u l ) né à> Rouen l’an 1639
fut gendre du célèbre Henri Bafnage du Fraquenai 9
commentateur de la coutume He Normandie. Expatrié
comme fes beaux-frères pour fa religion , iL
fut profefieur en hiftoire focrée à Utrecht. On a
de. lui des Tables chronologiques pour Vhifloire ; plu-
fieurs diflèrtations répandues dans différens journaux
; il a aufli donné une édition du Traité de:
Laclance ,. de morte perfecutorum, avec des notes T
& une nouvelle édition d’un ouvrage de Furetière»
intitulé. : Hifioire des derniers troubles arrivés au
royaume dJéloquence. Utrecht , 1703 ,. in-12. More
en 1706..
BAULOT , ( Jacques ) ( Hifi. mod. ) plus,
connu fous le nom de frère Jacques. C ’èfi un des.
prédécefleurs du fameux frère Corne, feuillant, 8c
c’étoit avant lui un de nos plus célèbres lithoto-
miftes ou extraâeurs de la pierre..C’étoit une efi*
pèce dhermite errant, fans être moine , ilportditr
un habit monaftiqüe, & alloit de province en province
,. dè royaume en royaume , exerçant fon
art avec divers fuccès. Il ignoroit 1’anatomie ;- fon.
talent fe bornoit à l’extraction dé Ta pierre. D’abord
même il ne vouloir prendre aucun foin de
fes malades après l’opération , il difoit : J ’ai tiré'
la pierre, Dieu guérira la plaie. L’expérience lui.
ayant appris dans la fuite que les panfemens & le
régime étoient nécefiaires, fes traitemens furent
beaucoup, plus heureux. Une médaille que la ville
d’Amfterdàm fit frapper en fon honneur, attefte
fés cures nombreufes ; fa méthode pafla en Angleterre,.
Çhefelden l’adopta , la perfe&ipnnaelle-
s’appella en conféquenCe Xopération angloife, mais
elle eft originairement françoife. Le frère Jacques.,
étoit né en Franche-Comté près dé Lons-le:Sau-
niér, en 1651., & mourut dans la retraite près
de Befançon en 1720. Son hifioire a été écrite:-
par- M. Vacher, chirurgien-major des armées du.
ro i, & imprimée à Befançon en 175=7,. in-i 2. 1
BAUME. ( Pierre de l a ) .)Hijl. mod.) Çë:
fut le dernier évêque de Genève ,, ihfutchaffè de
fon fiègepar les. cal vinifies en 1535. Le pape Paul l i t
transféra cet évêché à Annecy,..& fit la Baume
cardinal. Ce prélat mourut archevêque de Befançon
en 1 ^44. Il étoit de la maifon de la Baume-'
Montrevel, originaire de.la Brefle, l’une dés plus
illufir.es. du royaume. : elle a produit, beaucoup <&&.-
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p.erfonnages diftingués, entre autres , le cardinal
Claude de la Baume , neveu & fuceefleur de
Pierre dans l’archevêché de Befançon, mort en
1 584. Le maréchal de Montrevel, qui fit la guerre
auxCamifards , mort en 1716 , &c.
BAUTRU, ( G u il la um e ) comte de Serrant,
l’un des premiers membres de l’académie françoife
, né à Paris en 1588, mort en 1665 , eut
une grande réputation d’homme aimable & de difepr
de bons mots. La réputation de ceux dont il nè
refte rien, s’éteint avec la génération qui les a
connus, mais Bautru eft cité dans tant d’auteurs
des règnes de Louis XIII &. de Louis XIV, qu’il
eft encore connu comme s’il eût écrit. Coftar difoit
de lui : a Ce (b un homme qui met une partie de
» fa philofophie à n admirer que très-peu de chofes-,
v> & qui depuis cinquante ■ans a été les deliçes^ de,
» tous les minifires , de tous les favoris,. & gene->
v râlement de tops lès grands du royaume, & n a
» jamais été leur -flatteur. » Le cardinal de Rets au
contraire le reprèfente lui & le comte de Nogent
fon frère, comme de vils flatteurs de cour ; il dit :
« Que le jour des barricades de là fronde, il trouva
» dans lecabinet de la reine , Bautru fa Nogent qui
» traitoient l’émotion 'de bagatelle, qui boufibn-
« noient & repréféntoient, pour plaire à la reine,
» 4a nourrice du vieux Broufiel ( remarquez , je
» v ou s prie, qu’il avoit 80 ans) qui animoit le
» peuple à la fédition ; quoiqu’ils connuflent très-
îj bien l’un & l’autre que la tragédie ne feroit peut-
» être, pas fort éloignée de la farce. 11 apprit le
foir. qu’au fouper ■ de1 la reine il avoit été expofé
» .deux heures ‘entières à la raillerie fine de Bautru , . à la bouffonnerie de Nogent. Deux jours après
tout étoit changé. « La reine me dit que fi elle
» m’avoit cru, elle ne feroit pas tombée dans l’in-'
». eonvenient où elle étoit, qu’il n’avoit pas ténu
» au pauvre cardinal de l’éviter,. qu’il lui avoit
» toujours dit qu’il s’en falioit rapporter à mon
- » jugement....... Mais,'.mon Dieu ajouta-t-elle,
» ne ferez-vous pas donner des coups de-baton à;
» ce coquin de Bautru qui vous'a: tant manqué de
» refpea ? Je vis l’heure avant-hier au foir que le
» pauvre M.. le cardinal lui en feroit donner. »
On a retenu quelques mots de Bautru ; il con-
feilla au roi d’Efpagne- de faire d’un bibliothécaire
Ignorant un miniftre des finances : -Cefi un homme
dit-il., pour qui les dépôts qu’on lui confie font facrés ;
il n y touche jamais. Il difoit'-d’un 'homme de la
cour qui con oit beaucoup & toujours mal : Ce file
plutarque des laquais.. Il avoit une femme galante
ou foupçonnée de galanterie ; il en plàifan*
toit le premier : Les Bautrus peuvent être cocus
difoit-il, mais on ne dira pas qu”ils foient fots. Sa
femme fe nomma toujours la comtefîe-de Nogent,:
quoiqu’ilportât conftamraent celui de Bautru ; elle'
ne vouloir pas, difoit-elle, que Marie de Médicis,
quiprononçoit les u à l’italienne, l’appellât Madame
Beau-trou.. I l efi furprenant , dit Ménage,.
que pendant 4a ou £Q ans M.. dî. Bautru. ait. rempli
B A XJ 5-5jtoute
VEurope de fes railleries & de fes bons mots,
pendant qu?ïl y \ avoit tant de chofes à dire contre lui,
Rifum fecit, fed ridiculus fuit.
Le duc d’Epernon fe vengea d’un de fes bons
mots, en lui faifant donner des coups de bâton
en plein jour dans la rue de Tournon. Bautru,
pendant qu’on Faflbmmoit, crioit : Eh ! mejjieurs y
la vie ! la vie ! Trois mois après , un des afïom-
meurs le rencontrant dans une églife, lui dit i
Eh ! mejjieurs ■ , la vie ! la vie ! — Je n avois jamais r
dit Bautru , entendu à?écho répéter au bout de trois
mois ce qu’on a dit.
Le duc dè Roquelatire lui fit lès cornes un jour
en fortant de chez la reine. Bautru fe plaignit a
là rèine de l’impudence du duc de Roquelaure ,
qui n’avoit pas eu honte de lui montrer, à la porte
de la chambre de fa mâjefté , tout ce qu’il portoiu
Bautru ayant un jour éearté*mal-à-propos au jeu ,.
s’écria : je fuis un vrai gouffault. ( mot de fon pays
qui fignifie dupe. ) Un homme de ce nom qui fe
trou voit là , lui dit t Vous êtes un foi,.— C’efi et
■ que je voulois dire, répliqua Bautru.
Bautru mourut d’apoplexie en 166y , âgé d’environ
77 ans. Dans fe mâladië, on lui amena un
religieux pour le confeifer , il ne l’avoit jamais-
vu : Mon père , lui dit-il, d’où nous connoifions-nous,,
pour que je vous révèle tous les fecrets de ma vie ? ■
Bautru avoit été employé dans diverfès ambaf-
fades. Il voulut faire imprimer les négociations de
fon ambajfade en Efpagney. auxquelles il attachoit
beaucoup d’importance. » Je; ne vous le confeille
» pas, mi dit le libraire Bertièr auquel ilsadrefia^
» j’étois alors à Madrid, où javôis ordre de traiter
» avec le coiirte-duc d’Olivârès tout le contraire
» de ce que vous y traitiez, .& j’en défaifois plus
» en irn jour que vous n’en pouviez faire en trois,;
» mois ; en- un mot,. j’àvois- feul le fecret; vous
» n’étiez que l’homme du rpi :, moi j’étois celui du.’.
». cardinal de. Richelieu a. Et ü\flüi,;;*iTiontfa foa
inftruâion fecrète r fignèè'idü miniftré' Defnoyers.*
Ah ! lé grand fourbe" ! ah ! Ve ‘mettant prêtre l s’écria
Bautru :en parlant de RicheUeu , qu’il avoir toujours
beaucoup vanté jufq.ü’àî©rs; , & dont il ne parla plus
dans la fuite qu’avec horreur.
Nicolas Bautru, comté’ de Nogent, frère dé-
Guillaume, n’av'oit, dit Ménage, que huit cent-
livres de rente efi Arrivant à. Paris , & en avoit,
à fe mort, cent quatre-vingt mille. Ç ’eft às lui
que; l’An geli dit un jour au dîner du roi : Couvrons-
nous , cela 'efi, fans' ConféquenCe pour nitus autres. Le:
comte de Nogent, tué aii païfage du Rhin ", & doniç
Boileau parle dans fon épître IV:
La Salle , Bèriaghèn , Nogent, d’Âmbre , Cavois,.
Eeqdéüt les. flots tremblans fous un fi noble poids*.
étoit fon fils, ainfi que le marquis de Vaubrmr^
qui a: la mort de M... de. Turenne dilputa le corii--
mandement au comte dè Lorgès-, & qui fut tué'le:
premier, août (,1675.),aü combat. d’Altenlleim».. 1