
an pays Chartrain, le 21"décembre 1641. Il eft
affez connu par fes mémoires , qui font entre les
mains de tout le monde , & dont l’hiftoire confirme
prefque en tout la vérité. Ses defcendans »fur-
tout dans la branche aînée» paroiffent s’être piqués
de conferyer ce nom de Maximilien. La terre de
Sully avoit été érigée pour lui en duché-pairie par
des lettres du mois de février 1606. Le dernier duc
de Sully de cette branche aînée fut Maximilien-
Henri , cinquième de ce nom de Maximilien. Il
mourut fans enfans le 5 février 1729. Alors le
duché paffa dans la branche d’Orval » iffue auffi
de Maximilien I ; mais il fe trouva deux concur-
rens : l’un étoit Louis-Pierre - Maximilien, qu’on
appelloitle marquis de Béthune ; l’autre» fon grand-
oncle » l’abbé d’O rval, Armand de Béthune. Le
premier fondoit fon droit, fur ce qu’il étoit l’aîné
de la maifon, defcendu de mâle en mâle d’aîné
en aîné., de François , comte, puis duc d’Orval,
fondateur de cette branche , fils puîné du célèbre
Maximilien. L’abbé d’Orval alléguoit la proximité j
il étoit plus proche de deux degrés que fon petit-
neveu,du dernier duc de Sully de la branche aînée.
C ’étôit, à la différence d’un degré près » la même
conteftation qu’il y avoit eu pour la fucceffion au
trône, entre Henri IV & le cardinal de Bourbon,
fon oncle , qui fut roi de la ligue, fous le nom de
Charles X. L’abbé d’Orv al, comme plus proche,
héritoit incontefiablement du duché de Sully ; mais
le titre de pair ne devoit-il pas paffer à famé ?
Telle étoit la queftion. Le marquis de Béthune prit
d’abor<r le titre de duc de Sully , avec l’agrément
du ro i, fauf le jugement à intervenir fur le fond
de la conteftation. L’abbé d’Orval difoit : l’edit
de 1711 , portant réglement fur les pairies, n’ex-
clud que les filles; je fuis mâle, je defcends de
celui en faveur de qui le duché a été érigé, je
fuis l’héritier le plus proche. L’affaire portée au
confeil des dépêches, y fut jugée le 23 mars 1730,
fur le rapport de Daniel-Charles Trudaine , alors
maître des requêtes. Le titre de duc & pair de
France, attache à la terre de Sully , fut déclaré
dévolu au marquis de Béthune-, comme étant l’aîné
de la ligne, à fa charge de retirer cette terre des
mains de l’abbé d’O rv a l, héritier légitime, aux
charges, claufes & conditions portées par l’article 7
de l’édit de 1 7 1 1 , & il fut décidé que l’abbé d’Orval
refteroit faifi de la terre jufqu’au parfait rembour-
fement.
Pendant le cours du procès , l’abbé d’Orval craignant
peut-être que fa qualité d’eccléfiaftique &
de bénéficier ne formât une forte de préjugé contre
fa prétention , avoit remis -fes abbayes entre les
mains du roi le 8 mai 1729, & s’étoit marié le
14 du même mois , âgé d’environ foixante-treize j
ans, avec Françoife Aubery de Vatan. Ayant perdu
fon procès , il ne fut pas duc de Sully , mais fon
fils le fut & l’eft encore.
Le marquis de Béthune , déclaré duc de Sullÿ
par l’arrêt du 23 mars 1730 § ne Jaiffa que deux
filles, madame la marquife de Goësbrianf & ma*
dam cia marquife de l’Aubefpine. En conféquence »
le duché a paffé à Maximilien-Antoine-Armand ,
fils aîné de l’abbé-comte d’O rvali né le 18 août
On a beaucoup parlé de cette brn de Charles IX v
morte en 1713 , cent trente - neuf'ans après fon
beau-père , mort en 1574. La maifon de Béthune
offre actuellement un phénomène à-peu-près du
même genre. M. le duc de Sully-Béthune, qui n’a
pas cinquante-quatre ans, en 1784 , a eu pour
oncle, (propre oncle, propre frère de fon père, à
la vérité d’un premier lit & l’aîné de tous) Maxi-
milien-Léonor de Béthune d’O rv al, tué à la prifo
de Piombino en 1646 -, il y a déjà cent trente-huit
ans.
BÉTIS y (Hiß. anc. ) gouverneur de Gaza, défendit
vaillamment cette place contre Alékandre ,
& ce conquérant, qui dans d’autres occafions donna
l’exemple de refpeéter la valeur, même dans un
ennemi, ne put pardonner à Bétis de l’avoir arrêté
fi long-temps devant fa place , où même il avoit
été- bleffè dans un affaut. Il exerça dans cette oc-
cafien des cruautés atroces, il fit paffer plus de dix
mille hommes au fil de l’épée. Quant à Bétis, iî
le fit attacher tout vivant par les talons à fon char
& le mit ainfi en pièces; il eroyoit imiter la yen:«
geance exercée par Achille fur He&or :
R a p ta tu s bigis » ut quonddm , aterquè cruento
Pulvere , perque pedes traje&us lora tumetites.
mais du'moins Hedor étoit mort, & cette violence
ne s’exerçoit que fur un corps infenfible-;
Aléxandre eut la gloire de furpaffer Achille en
barbarie ; il imitoit Je héros d’Homère comme les
pédans imitent Homère.
BETLEM-GABOR , ( Hifl. mod. ) efpèce d’aventurier
illuftre qui caufa de grandes révolutions dans
la Tranfylvanie fa patrie. Il fut d’abord favori de
Gabriel Battori, dernier prince de cette contrée -,
du nom de Battori. Ayant vraifemblablement perdu
fa faveur, il alla en chercher une nouvelle à la cour
de Conftantinople, & il l’obtint; il engagea les
Turcs à déclarer la guerre à fon ancien bienfaiteur,
& marcha contre lui à leur tête. Battori appelîa
vainement l’empereur Matthias à fon fecours. Soir
par l’effet des intrigues de Betlem-Gabor, foit par
d’autres caufes, Battori, abandonné de fes fûjets
& de l’empereur, fut vaincu en 1613 par Betletn-
Gabof, qui non feulement fe fit inveftir de la Tranfylvanie
par un pachî, mais qui étendant fes idées
de conquête, & profitant habilement des circonf-
tances, fe mit à la tête des calvinifies hongrois à
qui on refufoit l’exercice de leur religion, & fe fit
proclamer roi de Hongrie. Il ne fut plus poffible
aux empereurs de fe diffimuler l’ambition de Bet-
lem-Gabor, ni de le regarder comme un ennemi
fans conféquence. L’empereur Ferdinand II , fuc-
ceffeur deJvîatthias, fit marcher des troupes contre
lui en ifi2ô. Betlem-Gabor commença par avoir des
avantages ; les comtes de Dampierre & du Buquoi,
généraux de l’empereur, furent défaits & tués. Le
comte de Valftein, qui le remplaça, fut plus heureux.
Cette querelle finit en 1624 par un traité,
ui non feulement portoit renonciation de la part
e Betlem-Gabor au tître de roi de Hongrie, mais
qui encore affuroit après fa mort la Tranfylvanie
à la maifon d’Autriche. Il mourut en 1629.
BEYERIDGE.i ( Guillaume ) BEVEREGIUS,
{Hiß. litt. mod. ) né en 1638 »évêque de faint Afaph
en 1705 , mort à l’abbaye de Weftminfter le 5
Mars 1708 , paffe pour un des plus favans théologiens
que l’Angleterre ait eus. .Ses ouvrages, quoi-
qu’affez peu connus en France , jouiflent d’une-
eftime générale en Angleterre. Les principaux font :
jPandefloe canonum apoflolorum & conciliarum 3 avec
des notes très-favantes, 1672, deux vol. in-folio.
■ Codex canonum ecclcfice primitivee vindicatus, Londres
1678, i/z-40. Des penfées fur la religion, dignes
de leur objet : elles ont été traduites en
François, Amfterdam, 1731, deux vol. in-12. Des
Inflitutions chronologiques , &c. Cet auteur- étoit
fort confidéré des favans étrangers, & M. Boffuet
étoit en commerce de lettres avec lui.
( BEVÈRLANDg ( A d r i e n ) {Hiß. litt, mod.)
écrivain hollandais & prôteftant du dix-feptiéme
fiécle, connu par la licence de fes écrits, eft fur-
tout célèbre par un ouvrage qui n’a point paru,
intitulé : De profiïbulis veterum. Le favant Ifaac
Yoffius, ami de Beverland, en a fait entrer une
partie dans les notes de l’édition qu’il a donnée de
Catulle, & cette partie de l’ouvrage de Beverland
donne un grand prix à cette édition. Les autres
ouvrages de Beverland font : De flolatce virginita-
ti*s jure ; De peccato originali philologicè elucubrato,
Ce dernier fut condamné au feu; il a paru traduit
en françois en 1714 & 1740. L’édition de 1714
eft préférée. C’eft Une efpèce de problème, fi fon
traité De fomicatione cavendâ, qui parut en 1697,
eft une preuve de converfion. Beverland mourut
fou & miférable en 1712.
BEUF, (Jean le) {Hiß. litt. mod. ) chanoine
& fous-chantre de l’églife dlAuxerre , Tun des plus
modeftes, des plus eftimables & des plus laborieux
antiquaires, d’une fimplicité antique, d’une frugalité
incroyable , & pour ainfi dire jromanefque.
.C’étoit l’homme a qui les monumens de nos antiquités
françoifes, les tombeaux , les cryptes, les
vieux châteaux , les abbayes antiques & leurs archives
, l’âge des manuferits, l’âge des bâtimens
étoient le mieux connus ; il avoit vu par fes yeux
tous ces monumens, il avoit copié de fa main
toutes les inferiptions, il avoit parcouru à pied ,
dans tous les fens, &..par toutes les traverfes, les
différentes provinces du royaume, portant partout
l’inftruéfion, & fe faifant de tout une inftruc-
tion qui n’étoit qu’à fon ufage ; la découverte d’un
fait, d’une date, d’une pofition géographique, la
vérification ou la .correction, faite fur le lieu, des
diftances marquées dans les itinéraires & dans la
table de Feutinger, c’étoient-là fes plaifirs & fes
jouiffances. Les aides des Bollandifles, le Gallia
chrifliana, le nouveau Glojfaire de Ducange, le
Recueil des hijloriens de France , le Dittionnaire géographique
de la Martinière, la nouvelle diplomatique ,
tous les ouvrages confidérables entrepris de fon
temps, ont profité de fes obfervations & de fes
recherches. Ses voyages & fes leéiures l’avoient
tellement familiarifé avec les monumens, qu’il fai-
fiffoit du premier coup d’oeil les différences les plus
délicates de -l’ancienne architecture ; à la feule
infpeCtion, il pouvoit dire, quelquefois à vingt ans
près, la date de la conftruétian non feulement d’un
édifice en général, mais de fes différentes parties ,
& des réparations fucceflives qu’on y avoit faites en
divers temps.
Les titres feuls des ouvrages qu’il a cômpofés
depuis 1716 jufquen 1741, rempliffent douze pages,
grand in-folio, dans la bibliothèque des écrivains
de Bourgogne, & les quatorze années fuivantes
en fourniroient prefque un même nombre. Trente-
huit differtations imprimées , foit par extrait, foit
en entier, dans les mémoires de l’académie des
inferiptions & belles-lettrc-s , deux prix remportés
dans cette académie avant qu’il y entrât, cinq dans
celle de Soiffons ; deux cens trente differtations fa-
vantes: du même genre, répandues dans les mer-
curés & autres journaux littéraires ; la vie de faint
Pellerin,premier évêque d’Auxerre ; un martyrologe
de cette églife , l’hiftoire de la prife d’Auxerre
par les huguenots, les mémoires lur l’hiftoireen-
tière de cette v ille , l’établiffement des François
dans lés Gaules ; trois volumes de differtationsY11 r
l’hiftoire eedéfiaftique & civile de Paris , le traité
du chant eedéfiaftique, fur-tout l’hiftoire du dio-
cèfe de Paris en quinze volumes*, fans compter
beaucoup d’autres grands ouvrages commencés ,
ou feulement projettés, font des monumens de
fon application continuelle au travail. Il écrivoit
mal, mais il écrivoit, 8cchacun de fes écrits éclair-
ciffoit un® difficulté , fixoit une opinion ; les femmes
ne le lifoient point, nufts les favans. le con-
fultoient. L’archevêque Vintimille vouloit-il, en
renouvellant le bréviaire de Paris, fa voir tout ce
qui a rapport au chant eedéfiaftique ? Le clergé da
France vouloit-il faire dreffer un nouveau pouillê
général, &des cartes géographiqueseccléfiaftiques,
plus détaillées que celles du Gallia chrifliana, c’étoit
toujours à M. l’abbé le Beuf qu’on s’adreffoit. Quel
parti un autre n’auroit-il pas tiré pour fa fortune
d’une réputation qui l’indiqnoit ainfi aux premières
perfonnes de l’églife , au clergé même en corps,
comme l’homme à confulter for lés objets impor-
tans d’érudition ou même d’économie politique !
l’abbé le Beuf ne demanda jamais rien, fon cano-
nicat d’Aiîxerre lui fuffit , & quand il fut parvenu
à la penfion de l’académie des belles-lettres, il
refigna ce canonicat a fon frère. Il fut bien étonné
de recevoir de M, le cardinal de hTRocliefoucauld