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le brevet d’une penfion de mille livres fur le
clergé. » il fut honteux de fe voir fi riche, dit M.
le Beau dans fon éloge ; un de fes amis étant venu
j> lui dire qu’on n’étoit pas content de ce que fon
V éminence faifoît: pour lui ; je m'en doutois bien,
j> repondit-il , aujfije n en déftrois -pas tant, & je
j> fuis prêt de le rendre, Son ami eut bien de la
3> peine à lui faire entendre qu’on fe plaignoit, non
s» pas de l’excès, mais de la médiocrité du bien-
3> fait «. Si ce trait où éclate toute la naïveté du
défintéreflement & de la modeftie, fe trouvoit
dans l’hiftoire ancienne, tout le monde le fauroit
& le citeroit avec refpeâ,
M. l’abbé le B e u f étoit né à Auxerre le 7 mars
1687 , d’une des plus honnêtes & des plus anciennes
familles de cette ville. Il avoit été reçu à l’académie
des belles-lettres le 6- décembre 1740. Il eft
mort le *16 avril 17.60.
BEY ou. BEG, f m. ( FUJI, moi.) eft le gouverneur
d’un pays ou d’une ville dans l’empire
des Turcs.3 les Turcs écrivent begh ou beL-} mais
ils prononcent bey, -qui lignifie proprement feU
gneur, & s’applique en particulier, fuivant l’ufage,
à ùn feigneur de l’étendard qu’ils appellent dans
la même langue fangiakbeg ou bey : fangiafek,qui
chez eux lignifie étendard ou bannière 3 marque celui
qui commande en quelque partie conlidérable
d’une province, & qui a un grand nombre de fpa-
Jiis ou de cavalerie fous fes ordres.
Chaque province de Turquie eft djvifée en fept
fangiakis ou bannières 3 dont chacune qualifie un
bey , & tous ces beys font commandés par \e.gouverneur
de la province qu’on appelle auffi heghiler 3
beghi ou bey 1er bey, c’eft-à-dire, feigneur des fei-
gneurs ou beys de- la province. Ces beys ont beaucoup
de rapport aux bannerets que l’on avoir autrefois
en Angleterre : le bey de Tunis en eft le prince ou
le roi ; & ce titre équivaut à ce que l’on appelle
à Alger le dey.
Dans le royaume d’Alger , chaque province eft
gouvernée par un bey ou vice-roi, que le fouve-
rain établit & dépofe à fon gré; mais dont l’autorité
dans fon département eft defpotique, & qui
dans la faifon de'recueillir le tribut des Arabes, eft
aflîfté .d’un corps de troupes qui lui eft envoyé
d’Alger. Voyages des Shaw. (A. R. )
BEYS eft le nom i p. d’un fameux imprimeur
de Paris, au feizième fiécle, le premier de tous les
imprimeurs qui ait admis dans fes éditions la dif-
tinétion néceftaire que Ramus avoit déjà faite dans
fa grammaire de Yj & de l’v confonnes 3ç de l’i
& de Yu voyelles. Mort en 1505.
20. D’ùn poete françois vante par Scarron qu’il
avoit vanté. Mort en 1659. L’imprimeur eftdif-*
tingué par le nom de Gilles, le poète par celui de
Charles.
BEZANT ou B IZANT, fr m. Hift. & eomm, ) une
forte de monnoie frappée à Byfançe dans le temps ‘
des empereurs Chrétiens.
Le bêlant eft d’un or pur & fin à vingt-quatre ;
B E Z
karats ; maïs on n’eft point d’accord fur fa valeur *
de-là vient que l’or offert à l’autel par le roi d’Angleterre
les jours de fêtes, s’appelle encore bêlant
o u binant.
Du Peyrat dit que les bêlants n'ont été reçus en
France que fous la troifième race de nos rois,
depuis Louis le jeune qui apporta des bêlants d’or
pris fur les Arabes & autres infidèles qu’il avoit
vaincus ; deforte que les rois commencèrent à s’en
fervir au jour de leur facre & couronnement, où
l’on en préfentoit treize à l’offrande. Henri II. en
fit forger exprès pour cette cérémonie, valant environ
un double ducat la pièce. Un double ducat
étoit alors ce que nous appelions un louis. Il eft
encore fait mention dans* notre hiftoire de huit
cent mille bêlants d’or payés aux Sarrafins pour la
rançon de faint Louis & des feigneurs faits prifbn*
niers avec. lui. M. l’ahbe Goujet, dans fon fupplé-
ment de Moréri, prouve par des chartes & d’autres
mpnumens de notre hiftoire, que fous Philippe-le*
Hardi, en 128a, le bêlant fut évalué à huit fous
tournois, & fous Philippe-le-Bel, en 1207, à neuf
fous. ( G )
s BÈZE, (T héodore de) (Hift. mod.) eft, à
l’égard de Calvin, ce que Mélanchton eft à l’égard
de Luther. En comparant l’aigreur fauvage de
Calvin , fa féchereffe cauftique & atrabilaire avec
la douceur affable & enjouée de Théodore de
Rè^e, fon plus confiant ami, & qui a écrit fa v ie ,
on difoit qu’on aimeroit mieux être en enfer avec
Théodore de Bè^e qu’en paradis avec Calvin. Théodore
de Bè^e parut à la tête des miniftres proteftans
au fameux & inutile colloque de Poiffy en
1561 , il y fut le plus vigoureux antagonifte du
cardinal de Lorraine. A ce colloque, les jéfuites &
les proteftans fe traitèrent de loups, de finges *&
de f erp eus. Théodore de Rè^e fcandalifa fort tous
les catholiques, en difaht que le corps de J. C. eft
aujjî éloigné de Veucliariflie que le ciel Ve(l de la terre.
Les prélats frémirent, le cardinal de Tournon cria
aublafphême ; mais puifqu’on vouloir des colloques,,
il femble qu’on devoit y porter des oreilles plus
aguerries. Quelque forte que fût l’expreffion de
Théodore de Bè^e, on pouvoit y être préparé, elle
ne contenoit que le fond d’une opinion bien connue
pour être celle de toute fà fecte. Théodore de
Bè^e n’a pas mis affez de philofophie dans fes écrits
polémiques en faveur de fon»parti, & ne s’eft pas
montré affez-fupérieur-à fes fanatiques amis ni à
fes fanatiques adverfaires. Les miracles qu’il enlève
à l’églife catholique , il les donne à l’églife pro-
teftante; il a écrit pour juftifier le fupplice de
Servet : il avoit de la littérature ; fes juvenilia, Sç
fes autres poéfies font eftimées. La. traduétion dë§
pfeaumes en vers françois par^Marot a été continuée
par Théodore de Bèçe, mais non, dit un auteur
du temps , avec la même j olive té. Les révolutions
de la langue ont rendu cette jolivetè bien ridicule,
8ç c’en un avertifiement de ne confier
qu’avec çirconfpeétion à la mobilité d’une langue
B E Z Vivante les objets de notre retpeâ & de notre foi.
La tradij&ion de Marot & de Théodore de Bè^e
fut admife dans la liturgie proteftante , & par là
devint plus odieufe aux catholiques ; dans la fuite
elle fut rajeunie par Conrad & la Baftide. Les
églifes proteftantes, fuivant leur dégré de pédanterie,
fe partagèrent entre l’ancienne traduction & la
nouvelle 3 toutes deux affez vieilles aujourd’hui.
Théodore de B'e^e n’ayant eu que deux femmes,
Patin s eft trompé fans doute ,. en croyant que des
Vers fort connus fur trois femmes, qu’un même
homme époufa par des motifs différens dans trois
différens âges de fa v ie , avoient été faits fur Théodore
de Bè^e & fes femmes.
Uxores ego très vario film tempofe nachis ;
Càm juvenis , tàm vir, faclus & indè fenex.
JPropter optis prima ejl validis mihi juttcla fub annis ,
^Altéra propter opes tertia propter opem.
s M. de Sully , qui ne prodiguoit pas les éloges
a ceux mêmes de fon parti, comble d’éloges Théo-,
dore de Bè^e, & dit que le fuffrage de ce vénérable
vieillard fuffit feiil pour le confoler de la
perte de totis lès autres fuffrages dès proteftans.
Théodore de Bè^e , né le 24 juin 1519 à Vezelay-,
mourut a Genève le 23 oélobre 1605. Bayle a traité
à fond fon article.
BEZONS, (Bazin de Bezons) famille diftin-
guèe, qui a produit un confeillër d’état, un maréchal
de France fon fils, & plufieurs 'évêques.
Le maréchal (Jacques Bazin, comte de Bedons) ,
eut le^bâton en 1709. Cette même année, année
de défaftre pour la France, commandant en Cata- .
logne, il ne put empêcher M. de Staremberg dé
prendre Balaguier ; en 1711 il commandoit en Al»
lemagnefen 1713 il prit Landau , place itnppr-
tante:. Après la mort de Lou^s XIV , il fut ’du
confeil de régence. Il mourut,1e ,22 mai 1733, à \
quatre-vingt-huit ans. ' ;
: , ^ A V A M î f f ( Hijl. mod.j déeffe des indiens;.
« ."e^ f^ ift^ n ç e a laquelle ils donnent; pour époux
< $ P^roit ,que ce n’eft là qu’une manière
myftérièufe de défigner ou la matière &üa forme ,
ou les çaufes & les effets. Voyer Kircher, Chili,
illufl. pag, 161. ( A R .)
BIANCHINI, (F rançôis ) favant antiquaire,
!néen i(S$a' a Vérone , ‘où, dès. fa je.uneffé, il infli-
■ |Ba 1 acadeniie des Aletopfiili,, amateurs de la vérité.
,11 fut bibliothécaire du cardinal Ot.toHoni, depuis
papè fous le nom d’Alexandre. VÏII. Il fut aimé &
eftimé des papes Clément X I , Innocent XIII, & '
" pa11—1 a une fa Vante, édition
d Anaftafe ie Bibliothécaire ,; .une hiftbire univer-
»’ de.ttwuvrages^jtàiiens.aufli, fur des
.mpnumens'antiques , l’un intitulé' iP a la^ o de
Xîfen, Verone , 1 7 3 8 in-folio avec figures; l’autre : :
f ef°lçrali délia cafa di AugujloJ Rome, 2
i1?^7^ jn-fôüo. Il cultivoit les fcienç-es .aûfli bien j
;Çue l’éruditien ; Clément XI i’àyôic nommé fecre- J
B I A 61 f,
taire des conférences pour la réforme du calendrier.
O n fait d’ailleurs qu’il employa beaucoup de
temps en obfervations, dont l’objet étoit de tracer
une méridienne pour l’Italie. Il étoit encore bel
efprit, & on a de lui des poéfies & des ouvrages
d’éloquence. V é ro n e , fa patrie, qu’il illuftroit, &
qui a toujours fu honorer les citoyens qui Yhono-
roient elle m êm e , lui a fait ériger après fa mort
un bufte dans la cathédrale. À R om e , il fut ag-
grégé à la noblefte romaine, honneur qui fut étendu
à toute fa famille; il étoit d’une famille noble. Il
mourut en 1729.
BIANCOLELLï . Voycç Dominique.
B IA S , un des fept fages de la G r è c e , v ivo it
vers l’an 608 avant J. C. C ’eft lui qui pendant le
üege de P rièn e, fa p a trie, répondit à quelqu’un
qui lui demandoit pourquoi il fe retiroit fans rien'
emporter : Je porte tout avec moi. C ’eft lui encore
q u i, dans l’amitié, nous avertit de nous fouvenlr
que notre ami peut devenir un jour-notre ennemi.
Maxime que Cicéron condamne avec tant de rai-
fo n , comme contraire à la confiance & funefteà
l’amitié. Le mot de Bios à des impies q u i , dans
un naufrage, invoquoient les Dieux : Ne les ave;-
tiffei pas que vous êtes ici, ne nous paroît qu’une
plaifanterie, comme celle de M. de Fontenelle à
une femme centenaire, qui lui difoit : On nous a
oubliés ; notre tour eft paffé. — Chut, en mettant
ion doigt fur fa bouche. Bias mourut en plaidant
; une caufe. I l s’arrêta 3 fe tu t, pencha la tête fur fon-
.petit-nls1 qui étoit à coté de lu i, & qui reçut fon
; dernier foupir.
BIBIEMA, {Hijl. litt. moi. ) eft le nom' x d’un
cardinal compté parmi'les reftauratears du théâtre
en Italie , par fa comédie intitulée : Caiandm k
première qui , ait été compofée en profe italienne,
hile tut .imprimée en i 5a4 , quatre ans après la
mort de-1 auteur , arrivée' en 1520.
2°.' D ’un architeSe , auteur de deux livres fur
l architecture ; M en 1657 , mort en 1745
?/®LIANDER , ( T heodore) (H i ß . ,Ûtt. modCt
pröfeffeur de’ T heologie à Z u rich , où il mourut
de la peiie en 1564 , âgé d’environ 65.ans, adonné
un recueil affez rare aujourd’h u i , d’anciens écrits
lur le m ahométifme, & des commentaires fur la
bible.
. , f. ni. pl. ( Hijl. mod. ).pénitens Indiens
qui paffoient toute leur v ie nud s , laiiToient croître
fcmpuleufemént-leurs cheveux & leurs on g les, &
portoient. par-tout une écuelle de terre pendue à
leur, dou : lorfqu’ils étoient prefles de la faim ils
'S arretoient aux portes , & on retnpliffoit lè " r
êcuellé dé riz cuit. Ces efpèces de gueux étoient
très-communs dans l’Inde pendantleix. fiécle. ( A n S
B ID A L d’ASFELD. Veye? A sféld. ^ *
B ID A Ü X ,f . m. pl. {Hiß. mod.) terme deT’ari-
m;^CÊ ùrançoife, pour délîgner un corps
d infanterie, dont on faifoit afîez peu de cas, La
chronique de Flandre en parle .au fujet de la bataille
& de la prife de Fumes en 1257. Jean de G au re ,