
faire ; à ne porter des coups de lance qu’ait vi-
fage, & entre les quatre membres ; c’eft-à-dire au
plaftron ; à ne plus frapper un chevalier dès qu’il
avoit ôté la vifière de ton cafque, ou qu’il s’étoit
déheaumé, à ne point fe réunir plufieurs contre
im feul dans certains combats, comme dans celui
qui étoit proprement appellé joute.
Le juge de paix , choifi par les dames, avec un
appareil curieux, étoit toujours prêt d’interpofer
fon miniftère pacifique, loriqu’un chevalier ayant
violé par inadvertance les loix du combat, avoit
attiré contre lui feul les armes de plufieurs com-
battans. Le champion des dames, armé d’une longue
pique, ou d’une lame furmontée d’une coëffe,
n’avoit pas plutôt abaiffé fur le heaume de ce
chevalier le figne de la clémence & de la fauve-
garde des dames, que l’on ne pouvoit plus toucher
au coupable. Il étoit abfous de fa faute lorf-
qu’on la croyoit en quelque façon involontaire ;
mais fi l’on s’appercevoit qu’il eût eu defïein de
la commettre, on devoit la lui faire expier par
une rigoureufe punition.
Celles qui avoient été l’ame de ces combats,
y étoient célébrées d’une façon particulière. Les
chevaliers ne terminoient aucun exercice fans faire
à leur honneur une dernière joute, qu’ils nom-
m oient- le. coup des dames ; & cet hommage fe
répétoit en combattant pour elles à l’epee, à la
hache d’armes & à la dague. C’étoit de toutes les
joutes celle où l’on fe piquoit de faire les plus
nobles efforts. r , .
Le tournoi fini, on s*occupoit du foin de diftri-
buer les prix propofés ,■ fùivant les divers genres
de force ou d’adreffe; foit pour avoir brifé le plus
grand nombre de lances ; foit pour avoir fait le
plus beau coup d’épée ; foit pour etre refte plus
long-temps à cheval fans etre démonté , ni de-
farçonné foit enfin pour avoir tenu plus longtemps
de pied ferme dans la foule du tournoi, fans
fe déheaumer, ou fans lever la vifiere. pour reprendre
haleine#'
Les officiers d’armes faifoient leur rapport dil
combat devant les juges , qui prononçaient le
nom dû vainqueur. Souvent on demandoit 1 avis
des dames , qui adjugeoieht fe prix comme fou-
veraines du tournoi 3 & quand il arrivoit qu il n e-
toit point adjugé au chevalier qu’elles en avoient
eftimè le plus digne, elles lui accordoient elles-
mêmes lin fécond prix. Enfin, lorfque le prix
avoit étér décerné, les officiers d’armes alloient
prendre parmi les dames où lesdëffloiféHés, celles
qui dévorent préfenter ce prix au vainqueur. Le
baifer qu’if avoit droit de leur donner en Recevant
le gage de fa gloire, lui paroiffoir le plus haut
point de fon triomphe.
Ce prix que les dames lui portoient etoit adjugé
tantôt fur les fices y & tantôt dans le palais au
milieu des cfîvêrriffeMens qui vendent a la fuite
du tournoi, comme on le Vit wns les- fêtes- du
due de Bourgogne à Lille en « Tandis
» qu’on danfoit, dit Olivier de la Marche , mém.
w liv. 1. pag. 437* ” les rois d’armes & héraux,
» aveques les nobles hommes qui furent ordon-
» nés pour l’enquefte , allèrent aux dames & aux
» demoifelles, lavoir à qui l’on devoit préfenter
» le prix, pour avoir le mieux joufté & rompu
» bois pour ce jour, & fut trouvé que M. dô
» Charolois l’avoit gagné, & deffervy. Si prirent
» les officiers d’armes deux damoyfelles, prin-
» ceffes (mademoifelle de Bourbon & mademoi-
» felle d’Eftampes ) , pour le prix préfenter, &
» elles le baillèrent à mon diét feigneur de Cha-
» rolois, lequel les baifa, comme u avoit accou-
» ramé, & qu’il étoit de coutume, & fut crié
» mont jo y e , moult hautement ».
Non-feulement le vainqueur recevoit le baifer ,'
gage de fon triomphe , mais il étoit défarmé par
les mêmes dames qui lui préfentoient des habits,
& le menoient à la falle où il étoit reçu par lè
prince, qui le faifoit affeoir au feftin dans la
place la plus honorable. Son nom étoit infcrit
dans les regiftres des officiers d’armes, & fes
aéfions faifoient fouvent la matière des chanfons
& des lays que chantoient les dames & les demoifelles
au fon des inftrumens des ménétriers.
Voilà le beau des tournois , il n’eft pars difficile
d’en voir le ridicule & les abus. Comme il n’y
avoit qu’un pas de la dévotion des chevaliers à l’irréligion
, ils n’eurent auffi qu’un pas â faire de leur
fanatifme en amonr, aux plus grands excès dur
libertinage ; les tournois, prefque toujours défendus
par f Eglife à caufe du fang que lfon y rêpart-
doit, & fouvent interdits par nos rois, à caufe
des dépenfés énormes qui s’y faifoient , les tour*
nois, dis-je, ruinèrent une grande partie des nobles
, qu’avoient épargnés les croi&dçs & les autres
guerres.
Il eft vrai néanmoins que fi nos rois-réprimèrent
fouvent par leurs ordonnances la fureur dea
tournois 9 ils lés ranimèrent encore plus fouvent
par leur exemple ; de-là’ vient qü’il eft fait mention
dans nos anciens fabliaux , d’une de ces de-
fenfes paffagères, qui fut fuivie de la publication,
d’un tournoi fait à la Haye en Touraine. Ainfi ne
foyons pas fùrpris que ces fortes de combats fuf-
fent toujours en honneur , malgré les canons des
conciles, les excommunications dès papes, les-remontrances
des gens d’églife , & le fang qui s’y
répandoit. Il en coûta la v ie , en 1240 , à foixante
chevaliers & écuyers, dans un feul tournoi fait à
bîuys, près de Cologne. Charles VI les foutint,
& fa paffion pour cet exercice lui attira fouvent
des reproches très-férienx car contre l’ufage ordinaire
des rois ,-ils’y mefuroii avec les plus adroits
jouteurs, compromettoit ainfi fa dignité , & ex-
pofoit témérairement fa vie en fe mêlant avec
1 eux.
Enfin , le funefte accident d’Henri Î Î , tué dans
; ün tournoi en 1559 , fous les yeux de la nation,
TOU
modéra dans le coeur des_ François , l'ardeur
qu’ils avoient témoignée jufques-la pour ces
fortes d’exercices ; cependant la vie defoeuvree
des grands , l’habitude & la paffion, renotivel-
lèrent ces jeux funeftes à Or èans, un an apres la
fin tragique d’Henri II. Henri de Bourbon-Mont-
penfier, prince du fang, en fut encore la vtffime ,
une chute de cheval le fit périr. Les tournois cef-
fèrent alors abfolnment en France; ainfi leur aboli'
tion eft de l’année 1560. Avec-eux périt 1 ancien
efprit de chevalerie qui ne parut plus gueres que
dans les romans. Les jeux qu’on continua depuis
d’appeller tournois, ne furent que des caroutels,
& ces mêmes carôufels ont entièrement pailê de
mode dans toutes les cours de 1 Europe.
Les lettres reprenant le deffus fur tous ces amu-
femens frivoles, ont porté dans le coeur des hom-
mes le goût plein de charmes de la culture des arts
& des fciences. « Notre fiêcle plus éclairé (dit
» un auteur roi , moins célèbre encore par la
,, gloire de fes armes que par fou vafte génie,)
» notre fiècle plus éclairé n accorde fon eftime St
» fon goût qu’aux talens de l’e f p n t & a ces
» vertus qui relèvent 1 homme au-deffus de ta
» condition, le rendent bienfaifant , généreux ot
« fecourable ». t . .
Les curieux pourront confulter fur les tournois
Ducange au mot torneamentum, & la Dif-
fertaiion 'placée à la fuite de Joinville ; le pere
Méneffrier , divers traités fur la chevalerie ; le
père Honoré de Sainte Marie ,DiJfertationhiJlonque
fur ta chevalerie ancienne & moderne ; Lacolom-
biere, Théâtre d'honneur & de chevalerie , ou il
dpnne , tome /. paz. s>9, W H de Plü{ieu.rs îfiW
rions de tournois faits depuis lan 1500 les Mémoires
de littérature. ✓ . 4 ,
Mais le charmant ouvrage fur \ ancienne cheva*
lerie, ConCiderée comme un établiffement politique &
militaire par M. de la Curne de Sainte-Palaye,
& dont j'ai tiré ce court mémoire, doit temr lieu
de tous ces livres. (Le chevalier d e J a v c o u r t . )
TO U R T E A U , f. m. ce mot ne fe dit maintenant
en blafon que de ces représentations de
gâteaux qui font de couleur, à la différence des
refans qui font de métal.
Le tourteau eft plein comme le befan, fans aucune
ouverture , autrement ce feroit un cercle
ou un anneau. Il eft ainfi nommé, à caufe de fa
rondeur. Quelques-uns lui donnent differens
noms, félon fa différente couleur , & appellent
egoefes ceux de fable ; guipes, ceux de pourpre ;
gu fes , ceux de gueules ; heurtes, ceux d azur ; OC
pommes où volets, ceux de finople. _ '
Tourteau-befan, eft une pièce ronde d’armoiries ,
qui eft moitié de couleur, & moitié de métal,
foit quelle foit partie , tranchée ou coupée de lun
en l’autre. On nomme la couleur la première. ■
Ce terme vient du mot latin torta qui a iienihê
anciennement un gâteau ou pain que Ion faifoit
pour les facrifices»
T O U i 7 î
Giou de Cailus de Sales, en Auvergne ; d’argent
à trois tourteaux de gueules. .
Mitry, eii Lorraine, & Courtenay ; d o r , a trois
tourteaux de gueules. , „ .
Amerval, dans le Hainault ; d argent a trois
tourteaux de gueules. ,
Nani, à Venife ; tranché d’or & de gueules, au
tourteau-befan, en coeur de l’un' à l’autre.
Serifay de la Roche, en Normandie ; d argent
à dix tourteaux de gueules ; 4 , 3 , a & i.
De Montefquiou; d’or , à deux tourteaux de
gueules, pofés l’un fur l’autre. ( Tl. V. fig. 23 • )
Abtot, en Angleterre ; d’o r , parti de gueules aux
tourteaux & befans de l’un en fautre , en chet
un tourteau & un befan , en pointe un tourteau.-
befan. (Ibid, fig- 237.) -
Pour voir la différence des tourtcaux-befans aux
befans - tourteaux, & en général des tonneaux aux
befans , il faut joindre à ces deux figures, la
fie. 23!■ & lu fig■ *38- .. , , .
TOURTE LE, 4e, adj. qm sapphqüe aux pièces
chargées de tourteaux. . •
Goutdot-DambriéreS, dans le BarroiS; de lino-
pie, à trois befans d’or , 2 & 1 , à la bordure de
même , touitelée du champ.
TOURTEREL LE, f. f. Oifeait connu.
Regnaudin ; d’or , au laurier de finople, accofte
de d e u tourterelles de fable, affrontés.
TR A B E , f. f. ce mot fe dit du bâton qui fup-
porte l’enfeigne & la bannière; on dit par exemple,
il porte une bannière femée de France, à la
trabe d’argent. . o s .
La trabe eft auffi le bots dune ancre , & dans
l’ancre, la trabe traverfe la ftangue perpendiculairement.
;
Boler & Rodemacîc, en Lorraine ; a argent ;
a l’ancre de fable , dont là trabe êft dôr ; mai*
c’eft à l’eufétgne ou drapeau que ce mot s’applique
le plus communément. On dit auffi quelque-,
fois trabs, & ce mot eft mafculin.
TRACÉ , ËE, adj. Voyci O mbré.
Scrïbani, à Gènes; d’or à une croix ancree &
fleurée fimplement, tracée à filets de fable, à
deux chicots de finople , 1 un au canton aextre du
chef, l’autre au canton féneftre de la pointe.
T R A IT , f. m. fignifie une ligne qui partage
l’écu. Elle prend depuis le haut jufqu au bas, ôc
iert à faire différens quartiers.
Écu parti d’un, & coupé de deux traits.
TRANCHÉ , on dit qu’un écu eft tranché, Iorf-
qu’il eft divifê en deux diagonalement, & que la
divifion vient de l’angle dextre du chef, à 1 angle
féneftre de la pointe ; quand il eft divife dans le
fens contraire, on Pappelle taille- On dit tranché-
crénelé, quand la divifion du tranché eft faite pan
crencmix ; tranche-endenté eft quand les deux parties
de l’écu entrent l’une dans l’autre par dentelure.
Tranché-retranché, fe dit de ce qui eft tranché ,
nuis taillé & retranché ; & tranché-tatlU, quandfu*