
invitoit les chevaliers à venir l’entendre, & cette invitation
étoit un ordre qu’on n’eût point enfreint impunément.
Il fê piquoit encore d’être adroit gladiateur,
& de bien conduire un chariot. Il excelloit
dans la danfe & la mufique. Il fut aufli bifarre dans
fes habits que dans fes aâions. Il paroifloit quelquefois
en public avec une barbe d’or, tenant en main
la foudre ou le trident, ou le caducée; & quelquefois
il prenoit les attributs de Vénus. Il portoit ordinairement
les ornemens de triomphateur & le corfe-
let d Alexandre qu’il avoit fait tirer du tombeau de
ce prince conquérant. Rome, accoutumée à trembler
fous fes tyrans , eût laide fes crimes impunis ;
niais elle ne put lui pardonner laréfolution de transférer
le flège del’empire à Antioche ou à Alexandrie.
Quelques jours avant fa mort, on trouva dans fon
cabinet des tablettes où étoient écrits les noms de
plufieurs fenateurs qu’il avoit condamnés à mourir.
La découverte de ce fecret accéléra fa mort. Dans
1 inventaire de fes meubles, on trouva des coffres
pleins de differens poifons. On prétend qu’ils furent
jettes dans la mer, & qu’ils en infeâèrent tellement
les eaux, que quelques temps après le rivage fut couvert
d une multitude de poiffons morts. Ce récit,
c[ui fans doute eft exagéréprouve du moins combien
fa mémoire étoit en horreur. ( T.—n. )
C a LINDA , ( Hift, mod. ) danfe des Nègres
creoles en Amérique , dans laquelle les danfeurs &
les danfeufes font rangés fur deux lignes en face*
les uns des autres ; ils ne font qu’avancer & reculer
en cadence fans s’élever de terre, en faifant
des contorfions du corps fort fingulières 8c des geftes
fort lafcifs, au, fon d’une efpëce de guitare & de
quelques tambours fans timbre , que des Nègres
frappent du plat de la main. Le R. P. Labat prétend
que les religieufes efpagnoles de l’Amérique
danfent le calïnda par dévotion : & pourquoi
non ? { A . R.)
C A L L IC R A T ID A S ,(^ . anc.) général Lacédémonien
, célébré par plufieurs viâoires remportées
furies Athéniens, fut tué dans un combat naval
lan 405 avant J. C. ; on lui attribue un mot, dont.
Quinte-Curce fait honneur à Alexandre, qui, en
Ce cas n en auroit fait que l’application, ce conquérant
étant poftérieur de près d’un fiècle à Callicra-
tidas. L armee de ce dernier fe trouvoit réduite aux
dernieres extrémités par le défaut de vivres & d’argent.
On prit ce moment pour lui demander une
grâce injufte, en lui offrant pour prix unefomme
considérable ; il refufa la grâce 8c re'fêtta la fomme.
Je [accepterais, lui dit Cléandre un de fes officiers,
f i ] SfftH Ç&tticratidas. Et moi aujji-, reprit Caillera- |
tidas, f i j'étois Cléandre.
Cette réponfe eft la même qu’Alexandre fait à
Parménion au fujet des propofitioils de paix de
Darius; elle eft fière & duré, & par-là elle con-
vient mieux an cas où fe trouvoit Calllcfatldas qu’à
celui d’Alexandre ; Parménion pouvoit n’avoir pas
tort de vouloir qu’on acceptât les offres de Darius,
Cléandre avoit fûrement tort de propofer de vendre
une injuftice.
CALLICRÈTE de Cyane , fille célébrée par
Anacréon & par Platon; elle enfeignoit la politique.
CALLIERES, ( F r a n ç o i s d e ) plus connu pour
avoir été l’un des plénipotentiaires François au congrès
de Riswick, que pour avoir été de l’académie
françoife ou pour en avoir été digne par fes ouvrages
, qui ne font pas cependant fans mérite. On
en a jugé fort diverfement. Quelqu’un a dit de fon
traité de la manière de négocier avec les fouverains1
qu'il ne prouvait pas , que M. de Callières fût négocier
ni écrire. C’eft pourtant un de fes ouvrages les-*
plus eftimés. Perfonne au contraire ne connoît fon
panégyrique de Louis X IV , auquel Charpentier ,
ami du panégyrifle & flatteur du héros, appliquoit
ce qu’on avoit dit autrefois d’Alexandre oc de fon
portrait fait par Apelles, que l'Alexandre de Phi-'
lippe étoit invincible & C Alexandre d'Apelles inimitable,
Le traité de la fcience du monde eft aufli
un des ouvrages de Callières qui ont eu de la réputation
dans leur temps. On a encore de lui un traité
de la manière de parler à la cour. Tous ces titres ont
peut être le défaut d’afficher un peu de prétention.
Se piquer de [avoir le monde, de [avoir la cour étoit
un ridicule affez commun du temps de Louis X IV ,
& dont Molière fe moque dans plufieurs endroits
de fes comédies. Ce font là de ces chofes qu’il
faut tâcher de favoir fion peut, mais qu’il ne faut
pas fe piquer de favoir ni entreprendre d’enfeigner,
ou du moins il faut que ce foit fous des titres plus
modeftes. On a encore de Callières des poëfies à-
peu-près femblables, un traité du bel efprit, un recueil
de bons mots & de bons contes: M. de Callières
fut fecrétaire du cabinet. Il étoit né à Tho-
rigny au diocèfe de Bayeux ; il giourut le 5 mars
1717 âgé de foixante-deux ans.
Nous ignorons f i , comme on le dit dans le dictionnaire
de M. l’abbé l’Advocat, Jean de Callières 3.
auteur de la vie du duc de Joyeufe, capucin, &
de celle du maréchal Jaques de Matignon , étoit
père de François de Callières.
CALLIMAQUE, ( Hift., litt. anc. ) grand poète*
qui n’a fait que de petits ouvrages, 8c qui difoit
qu'un grand livre efi un grand mal, comme la Fontaine
a dit depuis r
L e s grands ouvrages me fo n t peur.
U ne refle de lui que quelques épigrainmes &
quelques hymnes. Il avoit dans l’antiquité une
grande réputation pour l’élégie. M. de la Porte du
Theil, de ,1’académie des belles-lettres, a donné en
1776, une nouvelle édition du texte grec de Cal-
limaqüe avec une traduélion françoife. Catulle a
traduit en vers latins le petit poème de Callimaque
de la chevelure de Bérénice. Callimaque étoit de Cy-
réne, il fut garde de la bibliothèque de Ptolomée-
Philadeîphe, roi d’Egypte. Il vivoit environ deux
cents quatre-vingt ans avant J. C.
CALLINIQUE, ( Hift. du bas empire') inventeur
du feu grégeois, dont l’empereur grec Conftantin
Pogonat, fe fervit pour brûler la flotte des Sârra-
fins ; cette découverte fut faite vers l’an 67o. Cal-
Unique étoit d’Heliopolis. en Syrie.
CALLINUS, {Hift. litt, anc.) ancien poète grec
auquel, quelques, auteurs attribuent l’invention du
vers élégiaque. On croit qu’il vivoit environ 776
ans avant J. C.
CALLISTHENE, ( Hift. anc. ) difciple & pareht
d’Ariftote, fùivit Alexandre dans fes expéditions
dont il étoit chargé d’écrire fhiftoire ; c’étoit un
philofophe dont la vertu auflère déplut aifément
à la cour d’un conquérant aveuglé par la fortune ;
il refufa de l’adorer , ce fut là fon plus grand crime,
8c ce crime fut puni de mort. ( Vdye£ les réflexions
placées à la fin de l’article A l e x a n d r e ) M. l’abbé
Sévin a fait fur la vie 8c les ouvragés de Callif-
thène des recherches inférées dans les mémoires de
littérature, tome 8 , pages 1268c fui'vantes. Longin
& Cicéron ont beaucoup parlé des ouvrages de ce
philofophe, dont il ne nous refle que quelques
fragmens. Piron a fait du même Callifthène le héros
d’une de fes tragédies'. Callifthène étoit né à Olyn-
the dans la Thrace, environ 365 ans avant l ’ère
chrétienne.
CALLIXTE 0« CALIXTE , {Hift. eccléf.) eft le
nom de trois papes, dont le dernier, mort en 1458,
a réhabilité la mémoire de la pucelle d’Orléans.
CAL LOT ou C A L O T , ( J a c q u e s ) ( Hift. mod.)
deffinateur 8c graveur, appartient à l’hiftoire des
arts ; nous confidérerons feulement en lui l’homme
& non l’artifte, 8c nous ne citerons qu’un feul
trait de fon caraâère ; il étoit né à Nancy, par
-conféquent fujet du duc de Lorraine; LouisXIII
l’avoit appellé à Paris pour defliner le fiège de la
Rochelle & celui de l’ifle de Rhé. Ayant pris Nancy
en 1633, & regardant Calot comme devenu fran-
çois, il le chargea de defliner le fiège & la prife
de Nancy. Je me couperois plutôt la main, répondit
Calot, que de rien faire contre l'honneur de mon
pays & de mon prince. Louis XIII approuva ce refus,
8c dit : Le duc de Lorraine eft heureux d'avoir de
tels--[u]ets. Il eût pu ajouter : Et de les mériter.
Calot retourna dans fon pays, 8c y mourut en
1635. Il étoit né en 1593.
CALMET , ( dom A u g u s t i n ) ( Hift. litt,
mod. ) bénédiftin, célèbre par fa Bible 8c fes autres
travaux fur l’écriture fainte ; par fon hiftoire de
Lorraine, 8c fa bibliothèque des écrivains de ce
pays. Son livre fur les apparitions., les revenans,
les Vampires 8c les Broucolaques, préfente un ré-
fultat bien important, auquel il ne paroi t pas
avoir fongé ; c’eft le danger de la preuve teftimo-
niale, 8c la facilité de prouver par ce moyen ce
qui n’eft pas: Né en 1672 , mort en 1757 dans
ion abbaye de Senones. Dom Fangé, fon neveu
8c fon fuccefleùr dans fon abbaye, a écrit fa vie. 1]
La vie d’un religieux favant & retiré eft toute entière
dans fes ouvrages.
CALO TTE , ( R E G IM EN T D E L A ) {Hift. mod. )
La folie occupe toujours un coin dans la tête la
plus fage ; mais il eft aufli une folie volontaire qui
excite quelquefois les fages mêmes à fe livrer au
plaifir. 8c à la diflîpation par les délaflemens que
procure à l’efprit une folie gaie & enjouée , ce qui
a donné naiflance à plufieurs [ociétés où l’on af-
feéloit de donner à la raifon tous les grelots de
1 la folie. 6 .
C’eft fans doute dans cette vue que l’on a. établi
à Peroufe une académie fous le nom d'Infen-
fes 9 une a Pife , fous celui d'Extravagans 9 8c uns
autre à Pezzaro , fous le titre d'Hétéroclites. Ce fut
aufli l’origine des enfans fans^fouci , de-la mère
folle, ou infanterie lyonnoife, à laquelle a fuccc dé,
au commencement de ce fiècle, le régiment de
la Calotte.
Selon l’editeur d’un recueil de pièces du régiment
de la Calotte, ce régiment doit fa naiflance
à quelques beaux efprits de la cour, qui formèrent
une fociété. Ils fe proposèrent pour but de
corriger les moeurs, de réformer le ftyle à la mode
en le tournant en ridicule , 8c d’ériger un tribunal
oppofé à celui de l’académie françoife. Les
membres de cette compagnie ayant prévu qu’on
ne manqueroit pas de les acculer de légèreté fur
la difficulté de leur entreprife, jugèrent à. propos
de prendre une calotte de plomb pour emblème,
8c le nom de régiment de la Calotte. Voici quelle
en futl’occafion.
Vers la fln du règne de Louis X IV , M. de
Torfac, exempt des gardes-du-corps , M. Aymon,
porte-manteau du roi, 8c divers autres officiers ,
ayant un jour fait mille plaifanteries fur un mal de
tête auquel 1 un d’entr’eux étoit fujet, proposèrent
une calotte de plomb au malade. La convention
s étant echauffee , ils délibérèrent de créer un régiment
, uniquement compofé de perfonnes diftin-
guées par l ’extravagance de leurs difeours ou de
leurs aélions. Ils le nommèrent le régiment de la
Calotte, en faveur de la Calotte de plomb, 8c d’un
confentement unanime le fleur Aymon en fut
aufli-tôt élu général. Cette burlefque faillie fut
pouflee fl loin , que l’on fit faire des étendarts 8c
frapper des médailles fur cette inftitution. Il fe
trouva des beaux efprits qui mirent en vers les
brevets que le régiment diftribuoit à tous ceux qui
avoient fait quelque fottife éclatante.
Letendart de ce régiment repréfentoit l’image
de la folie aflife fur fon trône, furmonté des armoiries
de la calotte; aux quatre angles d e l’éren-
dart on voyoit quatre queues ou fanons parfemés
de papillons de toutes couleurs, avec un fautoir
formé dans le premier quartier d’une marotte &
d’un éventail pour les femmes;dans le fécond,d’une
marotte 8c d’une épée, fymbole du régiment; dans
le troifleme, d une marotte 8c d’une palme pour
les écrivains dignes d’être enrôlés; 8c dans le der-.