
lieues de Tremécen. Barberoujfe, foit qu’il sût ou
qu’il ignorât l’hiftoire de Mithridate , employa ,
mais fans fuccès , pour fe tirer de ce mauvais pas,
un ftratagême employé autrefois avec fuccès par
le roi de Pont, celui de faire femer fur fa route,
fa vaiffelle & fon argent, pour rètarder la courfe
des Efpagnols & avoir le temps de fe fauver. Les
Efpagnols n’ayant point pris le change , l’atteignirent
& le maffacrèrent avec toute fa troupe.
C e fut en 10 8 .
Cheredin ou Chairadin Barberousse, luifuc-
céda, & fe fit auffi roi d’Alger ; il s’empara en
1535, de Tunis, il fut la terreur de Charles-
Q u in t, contre lequel il commanda les armées navales
de Soliman I I , lorfque François I fe fut mis
a fiez au-deffus des idées de fon fiècle pour ofer
faire alliance avec les Turcs. Charles-Quint eut
pourtant la gloire de le battre en 1336, & de rétablir
le roi de Tunis ; mais l’année fuivante , Barberoujfe
, en paroiffant feulement à la vue des
côtes de la Sicile à la tête d’une flotte turque ,
donna tant d’inquiétude à Charles-Quint, qu’il le
força de faire une trêve, pouvoir que les flottes
turques n’ont plus depuis; long-temps.
En 1543 , Barberoujfe fit, de concert avec le
«comte d’Enguien, le fiège de Nice. Dans cette
expédition, ce pirate donna aux François une
leçon dure, mais peut être utile, fur une négligence
en effet inexcufable ; ils faifoient la guerre
dans leur pays , & ils n’aveient ni poudre, ni
plomb5 ils en envoyèrent demander aux Turcs,
qui naturellement auroient dû compter fur eux
pour ces provifions : on fit choix pour cette com-
miffion du baron de la Garde , qui avoit été am-
baffadeur à la Porte, & dont la perfonne étoit
agréable aux Turcs : » V o y e z , dit Barberoujfe à
a? fes officiers, la ftupidite de ces chrétiens qui
» s’engagent dans une expédition, fans auparavant
v s’être affurés des inftrumens de la vi&oire. a
Sa réponfe fut un refus formel, & il ajouta , en
parlant au baron de la Garde : » Si tout autre fe
91
fût chargé à ta place d’une pareille commillion,
3> je ne lui aurois répondu qn’en le faifant mettre
91 à la chaîne «.
Barberoujfe mourut en 1547 à 80 ans, pour
s’être livré à des débauches fatales même à la
ieuneffe.
BARB E Y , ( Marc le ) (Hifl. de France. ) C’eft
2e nom d’un médecin royalifte , qui pouffoit le zèle
îufqu’à ne vouloir point voir de malades ligueurs :
n’eut-il pas été mieux de les guérir, s’il pouvoit,
de leurs maladies, & peut-être par-là même delà
ligue, autre maladie du temps ? Henri IV l’ennoblit
en 1 594. avec fes deux fils-, tous deux militaires
, 3c dont l’un avoit eu une jambe emportée
d’un coup d’àrquebufe au fiège de Bayeux en
1589.
BARBEYRAC, (Jean) ( Hijl. lit. mod.) né à
Befiers en 1674, profeffeur de droit & d’hiftoire à
Laufanne en 17 10, puis de droit public 3c privé
à Groningue en 1 7 1 7 , eftpluS connu par fes traductions
de Puffendorf, de Grotius,de Cumberland,
de Tillotfon, & par les 'commentaires qui accompagnent
plufieurs de fes traductions, que par les
ouvrages qu’il a compofés de fon chef, tels que :
i°. L'Hifloire des anciens traités répandus dans
les auteurs Grecs & Latins jufqu a Charlemagne ,
in-fol. deux parties, 1739-
20. Un Traité du jeu , en trois volumes in-8°.
que le livre de M. du Saulx fur cette matière fera
oublier, ou dont il fera fouvenir, parce qu il en
parle. ;>
3°; Un Traité de la morale des pères de Vèglifey
peu favorable à ces pères.
Jean Barbeyrac eft mort vers l’année 1747.
Charles Barbeyrac , fon oncle , mort en 1699;
étoit un médecin célèbre de Montpellier , ami de
Locke, qui lui trouvoit beaucoup de conformité
avec Sydenham.
BARBIER. Voye^ l’article de l’abbé de la Rivière. . BARBIER d’Aucour , (Jean) {Hijl. litt. mod.)
né à Langres, de parens pauvres 3 il voulut exercer
à Paris la proteffion d’avocat, & commencer ,
félon l’ufage, par la plaidoierie, qui établit d’abord
la réputation. Quand il fe prêfenta pour plaider ,
& qu’il vit les regards des juges & ceux de toute
l’aflèjmblêe fixés fur lui feul, la crainte le faifit,
il fe troubla, & ne put jamais continuer fon plaidoyer.
Une pareille, avanture eût perdu fans ref-
fource un homme fans talent, Barbier d'Aucour
fut s’en relever, il ne parla plus en public, il écrivit
, & fon exemple eft peut-être celui qui prouve
le mieux combien les lettres peuvent être utiles à
un avocat. Il eut le bonheur d’être le défenfeur
de l’innocence opprimée; fes mémoires pour le
malheureux Lebrun, qui mourut des fuites de la
queftion , pour un crime dont il n’étoit point coupable,
font pleins d’éloquence & de fenfibilite,
ils méritoient que les juges y fiffent plus d’attention
, car quelle horreur peut égaler celle de con-
damrfer un innocent ?
Les fentimens de Cléanthe fur les entretiens d'Arijtè-
& d'Eugène du père Bouhours, font époque dans
l’hiftoire de la critique littéraire ; c’eft pour la
fécondé fois qu’une excellente critique n’a pli parvenir
à décrediter l’ouvrage critiqué ; ce n’eft pas
que le livre des Entretiens (TArifle & à'Eugène
vaille dans fon genre ce que le Cid vaut dans le
lien, mais c’étoit un fort bon ouvrage pour le
temps ; on peut même encore à préfent y puifer
une érudition littétaire affez précieufe & d’affez bon
goût; il en eft de même de la Manière de bien penfer
dans les ouvrages d'ejprit , par le même père
Bouhours 3 on a pouffé plus loin dans la fuite la
métaphyfique du I goût ; on y a mis & plus
de fineffe & plus de profondeur ; mais le père
Bouhours n’en étoit pas moins de fon temps ,
& n’en eft pas moins encore un critique refpedé
& digne de l’être* La critique des Entretiens d'.A*
rifle é* d'Eugène., eut d’autant plus de fuccès ;
qu’avec le mérite qu’elle a en elle - même, elle
avoit celui d’attaquer un ouvrage célèbre, un
auteur célèbre & un jéfuite. On ignore fi les fentimens
de Cléanthe furent la caufe ou l’effet de la
haine réciproque de Barbier d’Aucour & des jéfui-
tes ; quoiqu’il en foit , ils placèrent Barbier d’Aucour
à l’académie françoife en 1683. Il falloit
que ce critique aimât la guerre , & il ne l’a
pas toujours faite avec le même éclat , car il
paffe pour être l’auteur d’une fatyre contre
Racine , mauvaife & ignoble jufques dans le titre :
Apollon vendeur de Mithridate il l’eft encore de
quelques autres écrits de même genre tant en
profe qu’en .vers contre les jéfuites & contre
d’autres. Il avoit dans les collèges & fur-tout dans
ceux des jéfuites un fobriquet, on l’appelloit l’avocat
Sac rus, parce qu’il lui étoit échappé par ignorance ou
par inadvertence ,de dire : facrus efl hic locus , au
lieu de facer, &c. Ce barbarifme qui devoit le décrier
dans Funiverfité, ne devoit pas plus l’exclure
de l’académie françoife que ce vers
Pôles glacé , brûlant » &c.
n’a dû faire refufer le prix de poëfie à l’abbé du
Jarry , fur - tout après que Lucain avoit dit :
' 2Jec polus adverji calidus qua mergitur aujlri.
'A tout prendre, Barbier ÆAucour, par fon éloquence
& par fon goût , étoit un digne ornement
& du barreau & de l’académie^ Il mourut
à 53 ans en 1694. On dit .que levêque de
Noyon, Clermont - Tonnèrre, qui lui fuccéaa dans
l’académie françoife, ne voulut pas faire fon eloge ,
parce que c’étoit un bourgeois. Cet eloge ^ exifte
pourtant dans le difeours de réception de l’évêque
de Noyon, mais on dit qu’il ne fut pas prononcé
dans â’affemblée de réception , & qu’il fut ajouté
après coup à l’imprellion , parce que 1 académie
l’exigea. . , , , ,, £1 ,
Barbier d'Aucour avoit ete précepteur d un fils de
M. Colbert. . . ’
On a des tragédies & des opéras d’une mademoi-
iètteBarbier-, (Marie - Anne) native d’Orléans,
amie de l’abbé Pellegrin , & qui mourut en
1745-
BARBOSA , nom connu en Portugal, pour
avoir été celui d’un littérateur eftimé , & de plufieurs
jurifconfultes célèbres des feizième & dix-
feptième fiècles , dont un fut chancelier du royaume
& un autre , avocat du roi.
BARCELONNE. ( Hijl. mod. ) On croit que
cette capitale de la Catalogne, fut bâtie par Amilcar
Barca & qu’elle en tire fon nom, qu’elle a été
république & que c’eft elle que Pline nomme Fa-
ventia. On fait qu’elle a été Jfoumife aux Romains ,
puis.dans le cinquième ftécle aux Vifigoths , dans
le huitième aux'Sarrafins, en 801, à Charlemagne.
Elle eut enfuîte fes comtes particuliers de diver-
fes maifons. ; elle pafla dans la maifon d’Arragon.
Les habitans appellère’nt le roi René, de la maifon
d’Anjou , qui auroit été un des plus puiffans
princes du monde, s’il avoit pu réalifer tous fes
titres & faire valoir tous les droits qui lui furent
déférés. Barcelonne fit partie des objets qui entrèrent
dans la rivalité des maifons d’Anjou & d’Arragon
, puis de France .& d’Autriche. Par le traité
de Crépy en 1344, François I céda Barcelonne
à Charles-Quint. En 1640, les Catalans feccuè-
rent le joug de l’Efpagne & appelèrent les François
qui furent maîtres de Barcelonne jufqu’en 1652 ,
qu’elle fut reprife' par les Efpagnols v la faveur
des troubles de là France & de la défeâion du
comte de Marfin, père du maréchal , qui paffa
dans le parti de l’Efpagne & du grand Condé. En
1691 , le comte d’ktrees bombarda Barcelonne le
10 août. En 1697,. encore le 10 août, M. de Vendôme
prit cette place après cinquante deux jours
de tranchée ouverte ; mais cette même année elle
fut rendue à l’Efpagné par le traité de Rifwick.
Dans la guerre de la fucceffion d’Efpagne, Barcelonne
fut toujours dans les intérêts de l’archiduc
contre Philippe V . L’archiduc y fut reçu le 9
oâobre 1705. Philippe V , ayant fous lui le maréchal
de Teffe , en fit le fiège en 1706 , & fut obligé
de le lever le 12 mai , après trente - fept jours
de tranchée ouverte.
Enfin , la paix étoit conclue avec toutes les puif-
fances, Philippe V étoit généralement reconnu
pour roi d’Efpagne, & Barcelonne ne fe rendoit pas
encore. Le dernier exploit de cette grande guerre,
fut la prife de Barcelonne , que le maréchal de
Berwick, acheva de foumettre le 12 feptembre
1714 , après onze mois de blocus, foixante-un
jours de tranchée ouverte & un affaut donné le 1£•
BARCLAY. ( Hijl. lut. mod.)
Il y a plufieurs hommes célèbres de ce nom ,
i°. Guillaume , né à Aberdeen en Ecoffe, catholique
, & à qui l’intérêt de fa religion fit toujours
préférer la France à la Grande- Bretagne , pro-
feffeur de droit à Pont-à-Mouffon, puis à Angers ,
mort en 1605 , dans cette dernière ville. On
a de lui deux traités fameux , tous deux très-
contraires aux principes des Ultramontains, l’un
de poteflate papte , imprimé à Rome en 1610 ,
in-8°. & traduit en françois en 1688, dans le
temps de la querelle des franchifes ; l’autre de
regno & regali potefate Paris, 1600, in-40. dédié
à Henri I V , dont il défendoit la caufe contre les
ligueurs.
20. Jean, fils de Guillaume & plus célèbre que
fon père , né à Pont - à-Mouflon en 1582 , pendant
le fejour de fon père en Lorraine. Il défendît
contre le cardinal Bellarmin l’ouvrage de Guillaume
, de poteflate papa & fon traité eft intitulé :
Pietas. Ses deux ouvrages les plus célèbres font
YEuphormion & Y Argents , dans lefquels il paroît
, s’être propofé pour modèles Apulée & Petrone. Les