
& Abel qui devait au moins être médiateur entre |
fes pupilles & fon frère , donna contre lui le fignal J
de la guerre, Eric la foutint avec beaucoup de fer- I
meté , une bataille dècifive alloit la terminer :
les deux armées ètoient en préfence , l’Europe
avoit les yeux fixés fur elles. Dans cet inftant critique
, les alliés d'Abel prévirent qu’ils perdroient
leurs états en perdant la bataille , qu’ils ne gagne-
roient rien en remportant la vi&oire, & qu'Abel,
maître alors du Danemarck , ne partageroit pas
avec eux le fruit de leurs travaux : ils engagèrent
une négociation; les deux frères jurèrent de
vivre dans l’union la plus intime. Eric fut fidèle
à fon ferment : on va voir comment Abel remplit
le lien.
Il poffédoit aufïi le duché de Slefwigh : ces ducs
avoient toujours été vafïaux de la couronne de Danemarck.
Dans l’origine, le domaine n’étoit qu’un
fimple apanage que l’on donnoit au premier
prince du fang , dont fes enfans n’héritoient pas,
©t qu’on pouvoit lui ôter à lui - même. Cette politique
étoit fage : car fi tous les princes de la
maifon royale avoient été indépendants & rois
dans leurs domaines, après quelques fiècles, le
Danemarck auroiteu autant de fouverains que de
châteaux, & feroit devenu un théâtre de difcor-
des perpétuelles. Cependant Abel refiifa de rendre
hommage à fon frère; la guerre fut déclarée. Eric
ravagea les états de fon ennemi, Abel mit tout à
ièu & à fang dans ceux de fon frère, & les fu-
jets des deux princes furent les viâimes de leur
méfintelligence. Les domaines de l ’églife ne furent
refpeâé par aucun des deux partis ; le
clergé, fans décider lequel des deux princes avoit
eu raifon de prendre les armes, les excommunia
tous deux indirectement & fans les nommer. Le
décret foudroyoit en général quiconque oferoit
porter une main avide fur les biens de l’églife. Cet
acte lu toutes les fem aines au peuple afîemblé
dans les temples, lui apprit à méprifer des princes
marqués du fceau de la réprobation ; & comme
il n’y a qu’un pas du mépris à la révolte, Eric &
Abel furent occupés à la calmer chacun dans leurs
.états, & pafsèrent quelque - temps fans commettre
aucune hofiilité l’un contre l’autre.
Le Juthland fut plutôt pacifié que le refie du
Danemarck, & tandis qu Eric étoit encore aux prifes
avec fes fujets, Abel fortifia fon parti, anima contre
Eric, fes frères Canut & Chrifiophe, & fit avec eux
une ligue offenfive & défenfive, qui fut lignée en
12.47. Dès les premières hoflilités, Canut fut fait
prifbnnier ;les nabitans de Lubek,moins par amitié
pour lui , que par haine pour Eric, brilèrent fes
fers ; la guerre s’échauffa de plus en plus : toutes
les villes prifes d’affaut furent livrées aux flammes
Sc au pillage , la plupart des prifonniers furent impitoyablement
mafTacrés ; deux filles d’Eric, Inge-
curge & Sqphie , furent traitées cruellement par
Abe l, qui ne refpeâa ni la foiblefle de leur fexe,
ni les liens du fang qui l’attachoient à elles. Les
Lubékois augmentèrent le défordre par leurs fréquentes
irruptions , & s’enrichirent des dépouilles
des Danois.
Cependant Eric fournit tout le duché de Slef-
wigh , & entra dans la capitale. Abel l’en chafla
bientôt, reconquit tout ce qu’il avoit perdu, mais
abandonné par fes alliés, il fut contraint de faire
fa paix, le roi la figna avec joie. Abel rendit hommage
avec dépit ; Eric l’embrafla, le traita , non
comme fon vaffal, mais comme fon ami. Le fpec-
tacle de leur réconciliation attendrit tous les affif-
tans, & le Danemarck crut voir enfin renaître ce
calme qu’il avoit perdu depuis tant d’années.
C’étoit en 1248 que cette paix avoit été conclue.
Abel, ainfi qu’Eric, ne paroiffoit occupé qu’à e ffacer
les traces des maux qu’il avoit caufés lui-
même à fes états ; mais fa haine étoit d’autant plus
dangereme , qu’il la cachoit fous les dehors de l’amitié.
Eric s’avançoit à la tête d’une armée, pour
foumettre quelques provinces foulevées par les
évêques, il pafîbit près de Slefwigh ; Abel l’invite
à prendre quelque repos dans fon palais, & à refi
ferrer, par de nouveaux fermens, les noeuds de l’amitié
qu’ils s’étoient jurée. Eric s’y rend avec confiance
; un feflin pompeux eft préparé , & une
gaieté véritable femble l’animer. Au repas fuc-
cèdent des jeux innocens , enfin les deux frères
relient feuls avec quelques officiers dévoués à la
vengeance d'Abel. Tout-à-coup la fcène change,
la fureur d'Abel long-temps étouffée , s’exhale par
un torrent'd’injures. Eric eft chargé de fers, jette
dans un batteau qu’on abandonne à la fureur des
flots. Que faut-il faire du roi, dit Lagon-Guth-
mund, mimftre de la vengeance du duc ? Fais-en
ce que tu voudras, je te l’abandonne , répond froidement
Abel. Lagon faute dans une barque, joint
celle d’E ric, lui fait trancher la tête, & jette fon
corps à la mer. Abel témoigna en public la plus
vive douleur, il s’arrachoit les cheveux , remplifi-
foit fon palais de cris toujours répétés par fes eour-
tifans, appelloit fon frère , comme ü fon amitié,
l’eût rendu encore préfent à Tes yeux; faifoit chercher
fon cadavre, lui promettoit un fuperbe mau-
folée, & juroit de le cimenter du fang dés afTaffins y
s’il pouvoit les découvrir : cet artifice réuffit. Tout
le Danemarck le crut innocent du meurtre de fon
frère, & la nation , d’une Y,oix unanime, mit la
couronne fur la tête d’un fratricide, ce fut en 1250*
Aurefte, un des plus puiflans motifs qui firent
pencher la balance en fa faveur, fut la crainte de
le voir affouvir fa vengeance dans le fang de ceux
. qui lui auroient refufé leurs fufirages, entrer à main
armée dans le royaume, y introduire l’étranger;
replonger l’état dans tous les malheurs dont il étoit
à peine forti, & fe rendre lui-même indépendant
de la couronne dans fon duché de Slefwigh.
Le premier foin cXAbel fut de s’emparer des tré-
fors que fon- frère avoit laiffés ; avant de le faire
périr , il l’avoit forcé à révéler le lieu où il les
avoit cachés : il le fit ouvrir ; mais au lieu des rir
cheflcs qu’attendoit fon avarice, il n*y trouva qu’un
codicile, par lequel Eric déclaroit que fon projet
étoit de quitter la pourpre royale, pour fe revêtir
du froc de faint François , & de laifler fon trône a
fon frera Abel. On prétend que celui-ci laifla échapper
quelques larmes à la leélure de cet écrit, fi propre
à infpirer des réflexions profondes fur l'inutilité
des crimes, & un profond regret (Fen avoir
commis. Eric , par ce généreux artifice , s’étoit
vengé de fon meurtrier. Abel, foit par 1 effet de
cette leçon-, foit par une politique adroite, fut
pendant quelque temps fe concilier tous les ordres
de l’état. Le rétabiiffement des aflemblées générales
fufpendues par la guerre, l’affermiflement des
princes dans leurs apanages, un partage égal dans
la diftribution des faveurs, la ceflion de la Gervie
faite à l’ordre Teutonique, par Waldemar, confirmée
de nouveau par A b e l, lui donnèrent en A llemagne
des alliés puiffans , dans fa famille des
amis fidèles, & dans fes états une foule d’adora-.
teurs ; mais cet enthoufiafme s’éteignit plus vite
encore qu’il ne s’étoit allumé.
Un impôt confidérable , établi fous prétexte de
payer les dettes de l’état, occafionnèes par la guerre
, excita des murmures parmi les habitans du
Slefwigh, les Dythmafes & les Frifons : des murmures
on paffa bientôt à une révolte decidee. Abel,
à la tête d’une armée, s’avança vers le pays des
Frifons , défendu par des marais que la glace ren-
doit acceffibles : un dégel força le roi de revenir
fur fes pas. Il fignala fon retour par des ravages
qui firent affez voir la férocité naturelle de fon ca-
raûère , long-temps déguifée fous le voile d une
bonté politique. Il Reparut l’année fuivante 12 5 2 ,
attaqua les Frifons, fut vaincu, tomba entre les
mains des rebelles, & fut aflaffiné : mort digne
d’un affafîin. ( M. d e S a c y . )
ABELLI, ou ABÉLY ( Louis ) évêque de Rhodes.
Nous n’aurions rien à dire de cet écrivain,
dont il n’eft rien refté , fi Boileau n’avoit pas fait
fur lui des plaifanteries qui font reftées. On fait
que fon livre intitulé, Medulla theolofica, lui a valu
l’èpithète du moelleux Abely que lui donne Boileau ;
& pour peindre un doéleur ridicule, le même Boileau
dit :
Alain , ce favant homme ,
Qui de Bauny vingt fois a lu toute la fomme ,
Qui pofsède Abély.
Ce n’eft pas que les ouvrages théologiques d’un
évêque duffent prêter beaucoup aux plaifanteries
d’un poète, mais un éveque Molinifie, & qui dans
une. vie de faint Vincent de Paul avoit décrié l’abbé
de faint Çyran, prêtoit aux plaifanteries d’tm
Janfénifte ; & le poète Janfénifte devoit avoir contre
l’évêque la faveur du public. Abély , né en
1603 , mourut le 4 o&obre 1691.
ABESAN, ( Hifl. Sainte.') de la tribu de Juda,
dixième juged’Ifraël, fuccefïeurde Jephté. Il gouverna
fept ans,&mourut à Bethléem, laiflant trente
fils, trente filles,, trente belles-filles, trente gendres.
A BGARE , {Hiß. EccUf. ) nom commun à plu-
fieurs rois d’Edeffe, Arabes d’origine. Le plus célèbre
eft celui qui vivoit du temps de J. C . Il lui
écrivit, dit-on, pour le prier de le guérir de la
goûte ou de la lèpre ; J. C. lui fit réponfe, & lui
envoya fon portrait : la lettre & la réponfe font
dans Eufèbe, & M. de Tillemont les a cru authentiques.
Ce n’eft pas l’avis du plus grand nombre
des critiques. .
ABIA , {Hiß. Sainte. ). Il y aplufteurs perfon-
nages de ce nom dans l'écriture : t° . le fecontl fils
de Samuel, dont la mauvaife conduite dans l’ad-
miniftration de la juftice, engagea les Ifraélites àt
demander un roi. 2°. Le fils de Roboam , roi de
Juda, qui remporta une grande viéloire fur Jéroboam.
3 Un chef de la huitième des 24 clafles
des prêtres Juifs v fuivant la divifion qui en fur
faite par David.
AB IÄTH AR , {Hiß. Sainte.) grand-prêtre des
Juifs, du temps de Saul, de David & de Salomon.
ABIGAIL, {Hiß. Sainte. ) femme de Nabal ÿ
David, pourfuivi par Saiil, fit demander à Nabal
quelques rafraîchluemens dont il avoit befoin
que Nabal refufa fort durement, David alloit 1 en.
punir,-lorfqu’Abigail, empreflee à réparer la faute
de fon mari, vint à la rencontre de David, lui
apporta des vivres en abondance , & appaifa fon
reflèn riment. David , apres la mort de Nabal T
époufa cette même AbigaiL. { Vers 1 an 1000 avant
Jefus-Chrift. )
ABIMELECH, ( Hiß. Sainte. ). Il y a dans 1 e-
criture plnfieurs perfonnages de ce nom : 1 . deine
rois de Gerare, père & fils, dont l ’un enleva Sara,
l’autre Rebecca, les croyant feeurs, & non point
femmes , l’une d’Abraham , 1 autre d Imac r mais-
avertis en fonge de la vérité, ils les renvoyèrent
à leurs maris, avec de riches préfens. Ces deux
événemens arrivèrent en différens temps. 20. Un
fils naturel de Gédeon, qui, après la mort de fon
père , maflacra foixante & dix de fes frères légitimes
; le plus jeune, nommé Joathan , lui fuceda.
Abimelech fe ' fit tyran de Sichern , patrie de fs
mère : au bout de trois ans il en fut chafle par une
révolte générale des Sichimites, mais il prit leur
v ille, & la détruifit. Ayant mis enfuite le ûége
devant une ville , nommée Thcbes, une femme
lui jetta du haut d’une tour un gros morceaH d’une
meule de moulin , dont il fut mortellement bleffé.
Honteux de mourir de la main d’une femme , il fe
fit tuer d’un coup d’épée par fon écuyer, vers
l ’an 1233 , ou 1235 avant J. CABIRAM,
{ Hifl. Sainte. ) Jofué ayant détruit
Jéricho , prononça une malédiftion contre celui
qui la rétabliroit. Hilel de Bethel ayant1 entreprisse
la rebâtir, perdit Abiratn fon fils aine, en jet-
tant les fondemens ; & Segub , le dernier de fes
fils , en pofant les portes.
ABIRON , ( Hifl. Sainte. ) complice de Dathan
& de Coré. Voir leur faute & leur châtiment à
I l’article Aaron.