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Trézene & Mégare abandonnèrent les Macédoniens
pour entrer dans fon alliance ; quoiqu'il eût
autant de courage que de prudence, il étoit plus
propre à gouverner qu’à combattre. A force de
trop prévoir, il étoit d’une circonfpe&ion timidé,
& fe précipitoit dans les dangers qu’il çraignoit
pour les autres. Son défin téreffement & fes talens
éprouvés firent fermer les yeux fur ce qui lui
manquoit pour être un grand capitaine. Il fut
nommé pour la fécondé fois chef de la ligue des
Achéens ; & il fignala fon commandement par
î’extinéHon de la tyrannie dans plufieurs villes du
Péloponèfe & de l’IIlirle. Son ambition étoit d’hu-
' milier les Macédoniens*; regardés encore comme
des barbares par le refte de la Grèce qu’ils médi-
toient d’affervir. Ils étoient déjà les maîtres de
Pyrcée , de Munichie , de Sunium & de Mégare ;
il ne pouvoit fo flatter de les leur enlever par la
force des armes. Il corrompit , à force de préfens,
Diognes qui lui -livra ces villes, dont il étoit gouverneur.
Ce fut encore le moyen qu’il employa
pour déterminer Lyflade à abdiquer la tyrannie
de Mégalopolis.
Les Macédoniens n’avoient point. encore eu
d’ennemi plus redoutable. Aratus devint tout-à-
coup leur plus zélé partifan ; & ce furent les eir-
conftances qui réglèrent fà politique. Cléomene,
roi de Sparte, fous prétexté des Koflilités exercées
fiir le territoire des Arcadiens par Aratiis, déclara
la guerre aux Achéens : les avantages qu’il remporta
fur eux, les forcèrent d’accepter la paix aux
conditions qu’il prefcrivit lui-même ; il exigea d’être
reconnu pour général de la ligue. Aratus accoutumé
au commandement, regarda cette condition
comme un outrage ; & ce rnf pour en prévénîr
l’effet, qu’il fe dépouilla de fà haine contre les
Macédoniens. Il fit alliance avec eux , 8c pour
gage du traité , il leur remit Corinthe. Antigone
qui gouvernoit alors la Macédoine en qualité de
tuteur du jeune Philippe, joignit fes forces à l’armée
des Achéens. On en vint aux mains dans les
plaines de Selafie ; & la phalange macédonienne
eut tout l’honneur de cette journée. Aratus, enflé
de ce fuccès, marcha contre les Etoliens qui ra-
vageoient la Meffénie ; & il efiïiya une fanglante
défaite. Depuis ce revers il devint plus circonfped
& plus timide ; il fe confola de cette difgrace par
la gloire dont fon fils fe couvrit au fiège de Pfo-
polis, ville d’Arcadie , dont il fit la conquête au
milieu de fhiver. Philippe étant monté au trône
de Macédoine, avoit donné toute fa confiance à
un favori nommé Appelle, dont les Achéens eurent
à effuyer les hauteurs. Ce prince inftruit de
fes vexations, lui défendit de rien faire fans "approbation
<TAratus ; mais^ ce tyran fubalterne ,
abufànt toujours de fon pouvoir, força fon maître
de l’arrêter & de le faire mourir.
Tant que Philippe fui vit les confeils 8Aratus,
fa vie Ait un enchaînement de profpérités ; mais
auffi tôt qu’ébloui de fa fortune-, il fe gouverna par
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lui-même f i l f c plongea dans la débauche. Les Ko-
mains . dont il ét'ôit l’enrtemi, eurent clés avantages-
qui, au lieu de Irhuinilier, aigrirent fon caraéièreÿ
oc d humain & populaire, il devint fombre & féroce.
I l , punit fur fes allies hr bonté dé fa défaite ;
8c ce ‘ furent fiir-tout les Meflèniens qu’jl traita
avec le phis de rigueur. Ardtiis eut îé courage de
lui remontrer Tinjiiftice de fa conduite ; Si Philippe
le fit aflafliner'pour fe débarraflèr déTimporhinit&
de fa cenfure. Toutes les villes, de l’Achaïe fe
. difputèrënt l’honneur d’être les déjjofrtaires' de fes
cendrés. Sycione, où il avoir pris naiffance, eut
le ' privilège de les obtenir ; on lui fit de magnifiques
funérailles. On offrit des facrifices fur
fbn tombeau, toutes lès villes lui érigèrent des
autels, St lui décernèrent les honneurs divins’.
(r -A - .)
( A r a t u s efl auffi le nom d’un poëfe-afironomeÿ.
dont le poëmè fur laflrônomie ; intitulé r ies Phénomènes
, efl fort connu. Cicéron ravoir traduit du
grec en vers latins. Aratus vivoit vers l’an 272
avant Jefùs-Chrift à la cour d’AntigonWs-Gonatas,.
roi de Macédoine. Les1 meilleures éditions de5, foii
poème, font celle que Grotius donna en 1600
rn-40. k Leyde, & fur-tout celle d’Oxforfl, 1672
?1'
ÂRBAÜE , ( Hifl. eFAjfffyne.) Méde -doriginbsf
fin un des principaux ‘capitaines de Sardànhpalê r
dernier roi d’Affyriè : ce moriài-que, honteufomènt
célèbre par fa moleffe & fes débauchés, s?étoit
rends ïnvifible à fes fujets pour vivre dans fon
palais environné d’eunuques & de concubines'.
Arbace profita du mécontentement du peuple pour
le précipiter du trône ; 8c pour mieux aflurer le
fuccès d’une révolution, il crut devoir fé faire un
complice parmi les prêtres ; dontle miniftère facré
en impofe toujours au vulgaire : il jetta les yeux
fur Belifis, prêtre révéré , aftrologue favant, 8c
qui joignoit à ces deux titres tous les talëris de
l’homme de guerre. Ce complice artificieux l’ai-
fura que les dieux l’appelloient au trône d’Affyrie.
Arbace, flatté de cette prédiéfion, lui promit le
gouvernement de BaBÿlone : fes manières affables
& populaires lui .concilièrent tous les coeurs ; mais
ambitieux avec prudence, il voulut co.nrioître le
cara&ère du monarque avili, don f'il vouloit envahir
la puiffance. Les eunuques , corrompus par
fes largeffes, Fintrodùifirent dans1 l’endroit oûlarr-
guiffoit ce phantôme couronné; dès qu’il eut étit-
dîé fes penchans & fes moeurs , il eut une pleine
confiance dans les ' promeffes- de Belifis. qui eut
l’adreffe de faire entrer les principaux feïgnenrs
Babyloniens dans là conjuration:
La conftitution militaire de FAffyrie étoit de lever
une armée qui, après'avoir fervi un an, étoit
remplacée par une autre l’année furvante. Arbace
profita de cette coutume pour faire entrer dans fa
rébellion les Perfes , les Mèdcs & les Babyloniens
qui dévoient fervir l’année fuivanté : il- en forma
une armée de quatre cents mille fioinines tous clé-
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youès à (es volontés, Sardanapale fort! du (ommeil
de la; débauche, marche: contre, les rebelles qu il a
le bopheur de tailler en pièces,y Arbace ns, fut pas
moins, redoutable après fa défaite ; il ranemble jes
débris dé fon année., & vient défier fon vainqueur
au combat. Sardanapale, au lieu d’oppof^r la force
met à prix la têtè $ Arbace, Aucun foldat ne fut
jaffez avare pour fe fouiller d’un affaffinat : il fallut
.décider (a querelle par les arnies y Arbace vaincu
une féconde fois, fe retira dans desv montagnes
inacceffiblés, ou il n’eut' rien', a-‘.redouter.ydes vengeances
du monarque.offenfé. Belifis fit fervir la
rèligion à le relever de fa chuta ; il annonça aux
rebelles que les dieux , dont il étoit rintérprête,
lui avqient. révélé qu’il n’avoit qu’à combattre,
■ pour remporter là viéloire' : encourages par-fes
promeffes les rebelles engagent une aélion ; & ils
e(fuient une nouvelle défaite. Belifis ne fut point
rebuté par ce aiativais fliccès ; il emploie toute
la -fiuit' à conflilter' les aftres ; & au lever de l’au-
' rdré, il leur annonce l’arrivée d’une milice célefte.
Il étoit informé qu’une armée de Baétriens mar-
choit au fécÔurs de’ Sardânàpàlé ; il députe des .
iiommes de confiance à ;ces auxiliaires pour leur
repréfenter la honte d’obéir à un prince efféminé,
■ 8c pour leur offrir les moyens de rentrer dans leur
ancienne indépendance. Les BaÔriens éblouis par
cette promeflè, fe. joignent aux rebelles. Arbace
- fouteiin de^ ces nouveaux alliés-, attaque-Sardana-
pale qui étoit occupé à donner des fêtes aux com-
plices de fes débauches ; il en fit un horrible carnage
; & ce monarque fe retira fous les murs de
Ninive, où il effuya une- fécondé défaite. Il y
fbutint un fiège de trois ans ; & fe voyant fans ,■
efpoir d’être fecouru, il-fe1 précipita dans un bû-
.cher avec fes femmes, fes concubines & fes eunuques.
Arbace, poffeffeur de. fes états , forma de '
l’empire d’Affyrie trois • grandes monarchies ; la
Médie , Babylohe & la Perfe eurent leurs rois
particuliers. ( T--Nr )
ARBOGASTE (Hiß, mod.) comte, françois de
naiffance , devenu fi important fous les empereurs
romains du Bas - Empire , par fes fervices, & fi
puilfant par fa faveur , qu’étant tombé dans la difi-
•grace de l’empereur Valentinien, ou Valentinien
étant tombé dans la fienne , .il le fit. étrangler &
mit en fa place le tyran Eugène, qu'il foutint quelque
temps contre Tjiéodofe le jeune ; mais enfin
Arbegafle ayant été défait, fe tua l’an 394.
Il y a un, autre A r b o g a s t e , éyêque de Strasbourg
, mort en 678 , affez peu connu 8c dont
nous ne parlerons; que pour rapporter de lui un
trait d’humilité affez bilarre ; il voulut être enterré
dans le lieu où l’on exécutoit les criminels;
ARBORIBONZES, f. m. ,pl. (Hiß, mod. ) prêtres
„du JaPon » errans, vagabonds, & ne vivant
que d’aumônes. Ils habitent des cavernes ; ils fe
couvrent la tête de bonnets faits d’écorces d’arbres
terminés en pointe, & garnis par le bout d’une
topffe■ de crin de chçval ou de poil de chèvre. Ils
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font ceints d’une lifière d’étoffe groflière, qui fait
deux tours fur,leurs rçins; ils, portent deux robes
l’une.fiir l’autre,; çêlle de deff^s efl de*c°ton , fort
courte,,’ avec dès demi-mânehes ;. celle de de no us
êfl de 'peaux de bouc, 8ç de quatre à cinq doigts
plus longue ; ils ‘tiennent en marchant, d’une main,
un gobelet qui pend d’une corde attachée à leur
ceinture, & de l’autre une branche d’un arbre fau-
vage qu’on nomme-foutan, & dont le fruit efl
fembiàblé à notre neffle ; ils ont pour chauflùre des
fandales attachées aux pieds avec des courroies , &
garnies de. ■ quatre fers, qui ne font guère moins
bruyans que ceux des chevaux ; ils ont la barbe &
les cheveux fi mal peignés, qu’ils font horribles
à voir. Ils fe mêlent de conjurer les démons : mais
ils ne commencent ce métier qu’à 30' ans. (A . R.)
ARBORICHES, f. m. pi. {Hiß. mod.) peuples que
quelqueSriins croyentêtre les fiabitans de laZéiande ;
d’autres, d’anciens- habitans du territoire voifin de
celui de Maflricht : félon Bécan , les Arboriches
occupoient le pays qui efl- entre An vers, & la
Meufe.
, Les A r b o r i c h e s 8c les A r b o r iq u e s font les
mêmes, s’il efl vrai qu’il y ait jamais eu des peuples
ainfi nommés ; l’abbé Dubos le nie dans fon
Hifloire de la monarchie françoife, liv. 4. chap. 3.
ARBOUSE , (M a r g u e r i t e V e n y d ’ ) abbeffe
& réformatrice du Val-de-Grace, fous le règne de
Louis XIII. Le célèbre abbé Fleury a écrit fa vie
1685, & c’eft tout ce que nous voulions
obferver fur cet article.
ARBRISSEL. (R obert d’ ) {Hiß. mod.) C ’eft
lé fameux fondateur de l’ôi'dre de Fontevrault,
dont la Angularité ëfl que les hommes , fous le nom
de pauvres de Jéfus-Chnfl, obéiffent aux femmes,
qui font nomméès les fervantes de Jéfus-Chrifl. Les
prétendues tentations où Robert d’Arbriß'el s’ex-
pofoit avec les femmes , ’ font vraifemblablemerit
un conte; mais ce conte a fon fondement dans
deux lettres du temps, écrites par Geoffroy, abbé
de Vendôme, & Marbode, évêque de Rennes ,
qui contiennent beaucoup de reproches femblables,
fondés ou non, qu’on faifoit à Robert déArbriffel;
ils ont été réfutés dans divers écrits apologétiques,
fur-tout dans une Differtation adreffée à Bayle par
le père Sorie en 1701,
Outre le principal monaftère, qui efl dans le
diocèfe de Poitiers , Robert déArbriffel en fonda
plufieurs autres en diverfes provinces. Son nom
déArbriffel lui vient du lieu de fa naiffance, petit
bourg de Bretagne dans le diocèfe de Rennes ; il
fut archidiacre de Renues ; fl mourut au prieuré
d’Orfan en 1117.
ARBUTHNOT, gentilhomme écoffois, né en
1538 , mort en 1583 à Aberdeen, où il étoit principal
du- collège roy al, a laiffé peu d’écrits & une
trande réputation. Il efl célèbre connue proteflant
c comme favant. On n’a de lui que quelques h a-*,
ranguçs latines fur l’origipc 8c l’excellence du droit;
Ccc &