
#3* B O H Boïens, qui faifoient partie des peuples que Sigovéfe
conduifit & établit dans ces contrées vers l’an 590
avant J. C._; ils furent chaffés par les Marcomans j
& ceux-ci par les Efclavons, Sclavons ou Slaves ;
mais le pays conferva le nom des Boïens. Zecko,
chef d’une de ces peuplades barbares, qu’il eft fi
aifé de confondre & fi difficile de diftinguer, vint
du Bofphore - Cimm'érien, c’eft-à-dire, des bords
du détroit de Caffa & de la mer d’Azoph & s’avança
dans' la Bohême vers le milieu du fixieme
fiècle de l’ère chrétienne., il •; fournit le pays ; il
fit plus , il le défricha. Ses fuccefleurs font inconnus
jufques vers le milieu du feptieme fièéle ;
une princeffe nommée Libuffa, defcendue ou de
Zecko ou de fes fuccefleurs, époufa en 632 un
laboureur nommé Premiflas ou Primiflas qui fut
le légiflateur de la Bohême., & qui commença la
fucceflîon des fouverains héréditaires de ce pays ;
mais ces fouverains ne l’étoient toujours que d’une
partie de la contrée & de quelques peuplades , dont
chacune avoit aflez ordinairement fon chef particulier*
Charlemagne , qui porta la guerre dans
toute la Germanie , la porta auffi dans la Bohême.
Charles, l ’aîné de fes fils , fournit le pays , mais
non pas les habitans , qui laiflerênt ce torrent s’écouler
& fe cachèrent dans leurs forêts & leurs
montagnes. Dans un des légers combats , que le
jeune Charles leur livra, lorfqu’ils paroifîoientau
fiord des forêts & dans les défilés des montagnes ,
il tua de fa main un de ces petits fouverains des
Efclavons ou Bohémiens , nommé Léchon. Les
fouverains, ou de la contrée entière, lorfque le
temps en eut réuni les différentes portions , ou
au moins de la plus grande partie., portèrent le
titre de ducs jufqu’en 1061. Alors l’empereur
Henri IV. érigea la Bohême en royaume en faveur
d’Uratiflas ou Ladifias I ; il confirma d’une
manière encore plus folemnellë en 1086 ce titre
de roi à Ladifias qui le conferva jufqu’en 1092,
& le tranfmit à fes héritiers. Les plus célèbres
furent les Ladifias , les Venceflas, les Ottôcares ,
les trois empereurs de la maifon de Luxembourg,
Charles IV , Venceflas & Sigifmond , rtous trois,
rois de Bohême, ainfi que Jean l’A veugle, père
de Charles IV , roi chevalier , qui, - privé de la
v u e , n’en avoit pas moins d’ardeur pour les combats
; il abandonnoit le foin de fes états , pour
chercher les avantures à la guerre, ilfervoit comme
volontaire fous les drapeaux de la Frangé ,ilprenoit
même pour devife ; ce mot , je fers r Içh diert 1 ferve , tandis que fon devoir étroit de régner. A
la bataille de Crécy le 26 août 1346, les Franço
is , repouffés de tous côtés y étoient déjà en
déroute , lorfque le roi de Bohême s’informa de
l’état de la bataille ; on lui dit , qiie tout
paroiffoit défefpèré ; que l’élite de la noblefle fran-
çoife étoit taillée en pièces ou prifonnière ; que
Charles de Luxembourg , fon fils , roi dés Romains
, bleffé dangereufèment , avoit été forcé
d’abandonner le combat ; que. rien né pouvoir
B O H réfifier au prince de Galles ; qu'on me mène à fit
rencontre, s’écria le roi de Bohême. Quatre de fe's
chevaliers fe chargent de le conduire ; ils entre-
laffent la bride de fon cheval avec celles de leurs
chevaux, ils s’élancent au fort de la mêlée &
fondent fur le prince de Galles ; on vit ce prince
& le roi aveugle fe porter plufieurs coups, bientôt
le roi de Bohême & fes chevaliers tombent morts
aux pieds du prince.
L’empereur Othon IV. avoit fait admettre le
roi de Bohême au nombre des éle&eurs de l’empire
,. dès l’an 1208, & la dignité électorale fut
confirmée au roi de Bohême, par Charles I V , qui
l’étoit. Sa fameufe bulle d’or de 1356, met le
roi de Bohême à la tête des électeurs laïcs & accorde
à cet élêCtorat divers privilèges , toujours parce
que Charles IV étoit lui-même roi de Bohême.
Dans l’origine, les rois de Bohême tenoient ce
royaume en fief, de l’empire, & les empereurs
conféroient ce fief comme tous les ‘ autres, en cas
de vacance. Dans la fuite, les états prétendirent
avoir le droit ' d’élire leurs rois, & la couronne
de Bohême devint moitié héréditaire, moitié élective.
Elle paffa dans • la maifon d’Autriche parle
mariage de Ferdinand I. frère de Charles-
Quint, avec la princeffe Anne Jagellon , foeur
de Louis, roi de Bohême & de Hongrie, tué
en 1526, à la bataille de Mohacs. Ferdinand fut
élu en 1527, & cette couronne fe donne toujours
avec quelque apparence d’éleCUon ; mais les
princes Autrichiens-furent bien la rendre réellement
héréditaire dans leur maifon. Après la mort de
l’empereur Matthias en 16 19, l’eleCtour palatin
Frédéric V ofa fe faire élire roi de" Bohême, il
lui en coûta fes propres états. Valfiein fut foup-
çonné d’afpirer à cette couronne, il lui en coûta
la v ie , Ferdinand II le fit aflaffiner dans Egra,
en 1634. Les traités de Weflphalie, en 1648,ont
affuré à la maifon d’Autriche le droit héréditaire
à la couronne de Bohême.
BOHEMIENS , f. m. pl. ( Hifi. mod. ) c’eff ainfi-
qu’on appelle -des vagabonds qui font profeffiorf
de dire la bonne aventure, à l’infpe&ion des mains**
Leur talent eft de chanter, danfer, & voler. Paf-
qüier en fait remonter l’origine jufqu’en 1427. Il
raconte que douze pénanciers ou pénitens, qui fe
qualifioient chrétiens de la .baffe Egypte, chaffés
par les Sarrafins, s’en vinrent à Rome , & fe con-
fefsèrent-au pape, qui leur enjoignit pour pénitence
d’errer fept ans par le monde -, fans coucher
fur aucun lit. Il y ; ayoit entr’eux un comte , ’ -un
duc, & dix hommes de cheval ; leur fuite étoit
de cent vingt perfonnes : arrivés à Paris, on les
logea à la Chapelle, où on les alloit voir en foule.
Ifs avoient aux oreilles des boucles d’argent, &
les cheveux noirs & crépés ; leurs femmes étoient
laides , voleufes, & difeufes de bonne aventure :
l’éveque de Paris.les1 contraignit de s’éloigner, &■
excommunia céux qui les. avoient eonfultés * de^
puis ce temps, le royaume a été infeâé devagà-*
b o H Bonds de la même efpèce, auxquels les états d’Orléans,
tenus en 1560 , ordonnèrent de fe retirer,
fous peine des galères. Les Bifcayens & autres
habitans de la même contrée ont fucçédé aux
premiers bohémiens, & on leur en a confervé le
nom. Ils fie mêlent auffi de voler le peuple ignorant
& fuperftitieux , &>de lui dire la bonne aventure.
On en voit moins à préfent qu’on n’en voyoit
il y a trente ans , foit que la police les ait éclaircis,
foit que le. peuple devenu ou moins crédule
©u plus pauvre, & par conféquent moins facile à
tromper, le métier de bohémiens ne foit plus auffi
bon. (A . R. )
^ BOHITIS, f. m. pl; ( Hiß. mod. X prêtres dé
File Efpagnole en Amérique. Les Espagnols lés
trouvèrent en grande vénération dans le pays
quand ils y arrivèrent. Leurs fondions principales
étoient de prédirb l’avenir & de faire la médecine.
Ils employoient à l’une & à l’autre une plante
appellée cohoba la fumée du cohoba refpirée par
Je nez leur caufoit un délire qu’on prenoit pour
une fureur divine, dans cette fureur ils débitoient.-
avec enthoufiafme un galimathias, moitié inintelligible
, moitié fublime , que le peuple recevoir
comme des infpirations.. La manière dont ils trai-
toient les maladies étoit plus fingulière. Quand
2s étoient appellés auprès d’un malade , ils s’en-
fermoient avec lui , faifoient le tour de fon lit.
trois ou quatre fois, lui mettoient de leur falive-
dans la bouche ; & après plufieurs mouvemens
de tête & autres contorfions , fouffloient fur lui
& lui fùçoient le cou du côté droit. Ils avoient
grand foin auparavant de mettre dans leur bouche
ûn os ÿ,une pierre, ou un morceau de chair; car
ils en tiroiént après l’opération quelque chofe dé
femblable , qu’ils don noient pour la caufe de la
maladie, &-que les parentes du malade gardoient
avec foin afin d’accoucher heureufement. Pour
foulager le malade fatigué de ces cérémonies, ils
fiii impofoient légèrement les mains depuis la tête
jtifqù’aux pieds, ce qui ne l’empêchoit pas de •
ipourir ; alors ils attribuoient fa mort à quelque.-
ppché récent dont elle étoit le châtiment. .
, Ils n’avoient d’autre part aux facrifices quel
l e dè recevoir les pains d’offrande, de les bé-,
nir, & de les diftribuer aux affiftans ; mais ils
é’toient chargés de la punition de ceux qui h’ob-
fervoient pas les jeûnes prefcrits par la religion.
Ils portoient un vêtement particulier, & ils pou-
voient avoir plufieurs femmes. Voyej Lop. de Go-
mar. hiß. des ind. occid. ( A . R. j
. BOHNIUS, ( Jean ) profefleur de médecine à
Eeïpfick, en 1679, auteur d’un traité eftimé, Je
Acido & Alkali.
BOIARDO , ( Matteo-Maria ) ( Hiß. litt.
«Mi/.) l’un des poètes italiens les plus célèbres,
doublement précurfeur de l’Ariofte, & par fes ta-
^fîls & par fon fujet. VOrlando Furiofo de l’À -
ïipfte eft comme la continuation de l’Orlando in-,
tomorato. du Bo'iardo, ßc -l’une de ces leékires fupb
o 1
pofo l’autre. Nous ne nous arrêterons pas’ fur des
ouvrages fi connus; nous obferverons feulement
que fuivant une tradition affez établie & fort vrai-
femblable, tous les fîtes décrits dans le poème du
Boïardo, {oht ceux que lui offroit fa terre de Scan-
diano dans le duché de Ferrare, ou d’autres lieux
voifins qui lui appartenoient , & que les noms
des héros farrafins qui figurent dans ce même
poème, les Agramante, les Sacripanti, les Gra-
daffo, les Mandricardo, &c. font ceux de fes vafi-
faux & des payfans de fes terres. Quant aux noms-
des paladins, ils font pris dans le roman du faux
Turpin & dans nos autres vieux romans de chevalerie.
On a du Boïardo des traductions d’auteurs
grecs & latins , des églogues latines , des fon-
nets, &c. Il eft auffi l’auteur d’une comédie, imr
primée à Venife, en 1517; elle a. pour titre Timon ;
c’eft, dit-on , la première comédie qui ait été com-
pofée en vers italiens , comme la Calandra du-
cardinal Bibiena eft la première qui ait été com-
pofée en.- prôfe italienne. Le Boïardo mourut à
Reggio le 20 février 1494.
BOILEAU, ( Hifi. litt. mod.') ( dit D espreatjx;)
là vie d’un fi grand poète, d’ailleurs paifible bour-,
geois de Paris, qui n’en étoit gueres forti que pour
fuivre le roi à la campagne dé 1678 , . & qui d’ailleurs
n’avoit pas pafle -Auteuil, la Roche-Guyoïr-
& Bâville, eft toute entière dans fes écrits; ce qui
eft vrai, dè deux manières : i°. parce que fês écrits-
& léurs fuccès font les principaux évenemens de
fa vie.. 2®; Parce qu’on voit dans fës écrits fes
amitiés, -fes haines , toutes les affeélions de fon
ame. Les oeuvres dé Boileau font les élémens de
notre littérature, tout le monde les fait par coeur.
Le refte de fon hiftoire confifte dans de petites
anecdotes , que Broffette a recueillies avec, foin
dàns fon commentaire:, & auxquelles Racine le
fils a encore ajouté dans fes mémoires fur la vie
de fon père ; car l’hiftoire de ces deux grands poètes
n’en forme qu’une, tant l’amitié avoit joint leurs
■ intérêts ! L’amitié des gens de lettres eft fouvent
orageufe par l’intolérance de leur amour-propre..
Peut-être même eft-ce une bafe néceffaire à cette
amitié, que la condition de n’être point rivaux de
talens , & de ne point courir la même carrière..
Horace & Virgile étoient amis; mais l’un n’avoit;
point fait d’Odes, l’autre ne faifoit point de Poème
épique : Boileau Si Racine s’aimqient auffi, parce-'
qu’ils n’étoient point rivaux ; mais ce’qu’il ÿ a peut-
être de plus remarquable dans leur commerce, .
i c’eft que Racine, quoiqu’il n’eût que trois ans de
moins que Boileau, , & que fon talent poétique ;
eût bien une, autre étendue me autre énergie ,
femble toujours être le difcipîe de Boileau & s’avouer
pour tel. Il le confultoit plus qu’il n’en étoit
confiiltéo Boileau fe vah toit d’avoir appris à* Racine :
à faire difitcilèment des vers.'Racine, dont le goût.
| étoit fi pur , n’ofoit convenir avec Boileau d’uner
foiblefle, d’une fantaifie en matière de goût. Votres
père^ difbit Boileau à.-Racine le . fils, avoit la-fqb