
dans l’anthologie, ( il vivoît vers l’an 136, avant )
J. C.) & d’un hiftorien latin, (Leeliiis-Cctlius Anti- j
pater ) auteur d’une hifloire de la fécondé guerre puni- ;
que, dont il refte des fragmens : il vivoit vers l’an
«24, avant J. C.
ANTIPHILE , ( Hifl. anc. ) peintre Egyptien,
contemporain & rival d’Apelle , 8c dont Pline
parle avec éloge.
ANTIPHON, ( Hifl. anc. ) orateur Athénien ,
furnommé le Rhamnujîen, parce qu’il étoit né à
Rhamnus dans l’attique , fu t , dit - o n , le premier
qui fit de l’éloquence un art & un métier ;
c’e ft-à - dire, qu’il enfeigna 8c plaida le premier
pour de l’argent. Thucydide fut fon difciple. Anti-
phon , mourut vers l’an 411 , avant Jéfus -Chrift.
I l nous eft refté de lui feize oraifons qui fe trouvent
dans la colle&ion des anciens orateurs G recs,
d’Etienne, 1575 , in-foL
ANTISTHÈNE, ( Hifl. anc. ) Philofophe Athénien,
maître de Diogène 8c fondateur de la feéle
des Cyniques. Il y avoit déjà quelque - temps qu’il
donnoit des leçons, foit de rhétorique, foit de philo-
fophie, lorfqu’ayant entendu Socrate, il renvoya
fes difciples , en leur difant , chercheç un maître ,
f l en ai trouvé un ; 8c de maître il devint difciple.
Mais ce difciple conferva toujours l’efprit d’un maître
, il modifia d’après fon caractère la doôrine
de Socrate ; il mit de l’auftérité 8c de la dureté où
Socrate mettoit de la douceur & de la modération 3
Socrate vouloit infpirer de l’indifférence pour les
richeffes 3 Antiflhène alloit jufqu’au mépris, jufqu’a
la haine pour elles & jufqu’à une affectation or-
gueilleufe de la pauvreté; il vendit fes biens &
ne garda qu’un vieux manteau troué ; fes défauts
ou plutôt fes excès n’échappoient pas à Socrate :
je vois , lui dit-il, ta vanité à travers les trous de
ton manteau. Avec fa longue barbe, fon bâton à
- la main & fa beface fur fon dos, Antiflhène, fans
doute, outroit la philofophie , mais il avoit de la
philofophie ; un de ces hommes frivoles qui ont
tant de peine à concevoir l’amour de la retraite
& de l’étude, lui demandoit à quoi la philofophie
lui avoit été utile ? A vivre avec moi , repondit-il.
Sa philofophie étoit bonne , car elle étoit humaine :
Le feul bien qui ne puijfe nous être enlevé, difbit-il,
efl le plaïjîr d'avoir fait une bonne attion. Un fenti-
ment fi naturel e ft, fans doute, dans toutes les
âmes honnêtes ; mais il eft beau d’être cite comme le
premier qui l’ait érigé en maxime. Un de ces ennemis
publics, toujours prêts à confeiller la guerre comme
un moyen pour eux de s’enrichir ou de s avancer,
difant devant lui que la guerre emportoit beaucoup
de miférables; elle en fait bien plus,qu elle n'en emporte,
dit- il, en gémiffant. La maxime fi bien exprimée
depuis par 1 érenct,Humant nihïl à me alienum puto,
ne lui fut pas inconnue , il l’exprîmoit ainfi. I l n'y a
rien d'étranger dans le monde que le vice. Il ne faut
point fe prévenir contre ces caraâères énergiques
qui paffent un peu la mefùre dans la haine du
vice & dans l’amour de la vertu. Le mifiuithrope
de Molière eft plein d’humeur & d’exagération ,
& il n’y a point d’honnête homme qui ne dife
avec Montaufier : je voudrais bien reffembler au Mi-
fanthrope; nous avouons cependant qu’il vaut mieux
reffembler à Socrate qu’à Antiflhène ; mais celui-ci
paroît avoir tenu le milieu entre Socrate & Diogène,
& il eût eu plus de zèle que le premier, pour la
réformation des abus 8c l’extinélion des vices. On
fépare, difoit-il, le froment de l'ivraie, on chaffe d'une
armée les poltrons & les lâches, & on ne purge point
la fociété, des méchans qui la corrompent. Il plaignoit
les envieux : ces miférables , dit - il , font confu-
més par leur propre caraflère , comme le fer l'efl par la
rouille. Mais c’étoit fur-tout les flatteurs qu’il haïffoit.
Les Corbeaux, difoit-il, ne mangent que les morts
les flatteurs dévorent les vivans.
La deftinée malheureufe de Socrate ne fit que
rendre Antiflhène plus ferme dans la dodrine de ce
maître illuftre, & plus hardi à enfeigner le dogme
de l’unité de Dieu ; il eut la confolation & la gloire
de vanger Socrate en faifant bannir Anytus & périr
Mélitus, les perfécuteurs de ce philofophe. On a
peut-être injuftement accufè Antiflhène de favori-
fer le fuicide, parce qu’il avoit fouvent à la bouche
cette maxime : L'ame paye trop cher le féjour quelle
fait dans le corps ; elle ne peut-être trop,tot rappellee
à fa véritable patrie. Antiflhène vivoit vers l’an 324
avant Jéfus- Chrift ; fes lettres font imprimées avec
celles des autres philofophes focratiques,Paris, 163 7,
in-40. On trouve des difeours d’un Antiflhène dans
les orateurs Grecs d’A ld e , 1513 , in-fol. On ne
croit pas que ce foit Antiflhène le cynique*
ANTOINE (M a r c ) , {Hifl. rom. Hifl. litt. )
furnommé VOrateur,occupa les premiers emplois de
la république , & il ne les dut qu’à fon éloquence
& à fes vertus. Nommé quefteur en Afie, il en avoit
pris la route lorfque fes ennemis l’accusèrent d’in-
cefte, & le citèrent au tribunal du préteur Caffius,
nommé VEcueil des accufes. Sa delicatefïe ne lui
permettant pas de jouir du privilège qui difpenfoit
les officiers abfens de répondre aux accufations formées
contr’eux , il revint] à.Rome, 8c fe juftifia
avant de fonger à fe rendre dans fon département.
L’intégrité de fon adminiftration le fit fuceeffivement
nommer préteur en Sicile, & pro-conful en Cili-
cie. Ses viéloires lui méritèrent les honneurs du triomphe
, 8c lui frayèrent une route à la fuprême magistrature.
Nommé conful l’an 6 5 5 de Rome,il fe fignala
par fa fermeté contre les entreprifes féditieufes de
Sextus Titus, tribun faâieux, quifomentoit les querelles
du fénat & du peuple;il exerça dans la fuite une
cenfure, pendant laquelle il fit dépofer un fénateur,
qui voulut en vain s’en venger en l’accufant de brigue
: Marc fut abfous par le peuple. Quant à fon
éloquence qui lui mérita le titre d'orateur, comme
il n’a rien laiffé par écrit, nous ne faurions en juger
par nous-mêmes : mais les éloges que lui donne
Cicéron,en font concevoir une haute idée. Quoiqu’il
eût paffé par tous les grades militaires, il n’avoit rien
négligé pour fe perfeéfionner au bareau ; il avoit
même plaidé long - temps avec un fuccès extraor-
binaire. Nous apprenons de Cicéron & de Valere
Maxime, qu’il réfifta à la vanité de publier fes plaidoyers,
parce que s’il étoit tombé dans quelque
écart, il ne vouloit pas que les avocats, féduits par
fa réputation, adoptaffent fes erreurs. C ’eft une dç-
licateffe qu’on ne fauroit trop admirer. Cette vie
glorieufe fut terminée par une mort funefte. Il fut
proferit 8c tué pendant les défordres civils qu’excita
la tyrannie du cruel Sylla 8c du farouche Marius»
Sa tête fut expofée fur la tribune aux harangues.
Il eut deux fils , favoir, Marcus & Caïus. ( T-n )
A n t o in e ( Marc) , {Hifl. rom.) fils de l’orateur
, fut nommé par dérifion le C rétique parce qu’il
avoit été battu dans la guerre de Crète ; mais fa
bonté , fa générofité doivent le rendre à jamais çélè- I
bre. Junie fa femme, l’obfervoit fans çeffe pour en '
arrêter les excès ; un jour il profita d’un moment
où elle étoit abfente, & s’étant fait apporter un :
baffin d’argent, il le donna à une perfonne qu’il
favoit être dans le befoin. Paterc. liv. I l , Flor.Plut. ,
. * Caïus Antonius, frère du précédent, accompagna
Sylla dans la guerre contre Mitridate , ce fameux
roi de Pont. Accufé de concuflion, il fut d’abord
dégradé'du rang de fénateur; ce qui ne l’empêcha
pas de parvenir au confulat. Il fut collègue
de Cicéron , & fut chargé de conduire l’armée contre
Catilina. Il fut foupçonné d’être le complice de
c et ennemi demeftique, pour s’être déchargé du commandement
le jour du combat. Il fe peut cependant
que la conviction de fon incapacité ait occafionné
cette conduite. (Sallufte ne l’accufe ni d’incapacité
ni de complicité avec Catilina, il d it, qu’ayant la
goutte aux pieds, Caïus Antonius ne put fe trouver
au combat, & il faut convenir que c’eft un empêchement
légitime. Pedibus ceger preelio adeffe ne-
quibat. ) Toutes ces circonftances, pourfuit l’auteur
de cet article, attellent qu’il étoit peu fait pour la
guerre : en effet les Dardaniens lui firent éprouver
une défaite. Cité une fécondé fois à Rome pour
de nouvelles vexations, il fut condamné au bannif-
fement, malgré le plaidoyer que Cicéron prononça
en fa faveur : lorfque Marc Antoine , fon neveu,
eut fubjugué les Romains, fous prétexte de venger
le meurtre de Jules - Céfar, il rappella Caïus qui,
n’ayant qu’une fille, la lui donna en mariage. Marc-
Antoine -la répudia dans la fuite l’accufant d’adultère
avec Dolabella. ( T-n ) .
A n t o in e ( Marc) le triumvir ( Hifl. rom. ) Les
orages dont fa jeuneffe fut agitée, & le peu de fuccès
d’Antoine le Crétois ou le Crétique,fon père,dans les
affaires du gouvernement,fembloient devoir l’exclure
de ce haut rang auquel il fut élevé. Il eut une jeuneffe
infâme, les Curions, les Clodius, les plus méprifables
des Romains, par la baffeffe de leurs inclinations
8c la corruption de leurs moeurs, furent fes amis
8c fes compagnons de débauche. A peine forti de
l’enfance , il avoit déjà fait pour près d’un million
de dettes. Son père le chaffa de fa maifon ; il voyagea
en Grèce 8c devint un autre homme, le goût
des armes 8c de l’éloquence , l’amour de la gloire
entrèrent dans fon ame. Ses progrès, dans les diffé-
rens exercices, fixèrent l’attention des plus grands
perfonnages de Rome , qui ne confidérant que fes
talens , fermèrent les yeux fur les erreurs de la
première jeuneffe. Gabinius , en partant pour
fon gouvernement de Syrie , lui donna le commandement
de fa cavalerie : pofte honorable18c
l’un des premiers de la milice romaine. Les fuccès
d'Antoine, -fon activité , fa prudence , 8c principalement
fon humanité dans la viétoire, éclipsèrent
aufli - tôt toute la gloire de Gabinius , qui lui dut fes
viéloires fur les Juifs 8c fur les Egyptiens. Il vainquit,
8c fit prifonnier Ariftobule , roi de Judée ,
il rétablit Ptolomée Auletès fur le trône d’Egypte.
Archelaüs, concurrent de Ptolomée, fut trouvé mort
fur le champ de bataille. Antoine l’ayant revêtu
de fes habits royaux, lui fit rendre les honneurs
funèbresavec toute la pompe Egyptienne. Cette modération
généreufe , qui lui gagna d’abord/les coeurs
des Egyptiens, lui auroit fait ériger des âùtels dans
Alexandrie , s’il eût voulu le permettre, les Romains
le comptèrent depuis ce temps au nombre de leurs
plus grands généraux. Ce fut alors qu’on s’étudia
à lui trouver des traits de conformité avec les Hé-
raclides , dont les Antoniens fe difoient defeen-
dus. Il avoit une taille majeftueufe, un front large
8c élevé, un air d’infpiration dans le regard,Ja
barbe extrêmement épaiffe, les membres nerveux
8c parfaitement proportionnés : tout en fa perfonne
retraçoit le héros auquel il affeéroit de reffembler.
Plein d’eftime pour la valeur,il lui rendoit une efpèce
d’hommage , foit qu’elle fe rencontrât dans le foldat
ou dans le capitaine : quiconque s’étoit diftingué par
quelque aélion d’éclat, étoit admis à fa table. L’hif-
toireîui reproche de n’avoir point eu la même véné-
’ ration pour les vertus pacificiques. De retour à
Rome, il la trouva partagée en deux fa&ions. Forcé
de fe déclarer pour Pompée ou pour C éfar, il em-
braffa le parti de celui - ci par les intrigues de Cu-
rion, qui le fit élire tribun du peuple, 8c lui procura
le bâton augurai. Dès qu’il fut entré en charge,
il donna la plus haute idée de fa fermeté ; 8c quoiqu’il
fe fût déclaré pour Céfar , il ne paroît pas
que fon intention pour lors fut de le fervir en tra-
hiffant les intérêts de la république. Le fénat, après
plufieurs féances, propofa deux queftions, favoir :
fi Pompée renverroit fes légions, ou fi Céfar ren-
verroitles fiennes. Quelques-uns, mais en petit
nombre, furent d’avis que ce fut Pompée. Antoine
fe. levant de fon tribunal , demanda pourquoi
cette prédiledion f pour l’un de ces rivaux , 6c
s’il n’éfoit pas plus jufte de leur donner l’exclufion
à l’un 8c à l’autre ? il conclut aufii - tôt à ce que
Pompée 8c Céfar licenciaffent leurs troupes dans
le plus court délai. Il fe difpofoit à recueillir les fuf-
frages , lorfque les partifans de Pompée, du nombre
defquels étoient les deux confuls 8c Caton , le
chaffèrent honteufement du fénat. Le tribun n’ayant
pu digérer cette injure, fortit aufli - tôt de Rome,