
cilc en 1442, il fixa fon féjour en Italie, malgré
les inftances des Aragonois. Il aimoit à aller à pied
& lans fuite dans les rues de fa capitale. Lorfqu’on
lui repréfentoit que c’étoit expofer la perfonne, il
répondoit : Que peut craindre un père qui Je promène '
*u de [es enfans? L’étude & l’amour le délafloient
des fatigues de la guerre , & des foins
pénibles du gouvernement. Il avoit coutume de
dire qu un prince ignorant étoit un âne couronné.
( Ce mot avoit été ait long-temps avant lui au roi
de France Louis d’Outremer par Foulques-le-Bon,
comte d’Anjou , qui favoit que le roi fe moquoit
de l’ufage ou il étoit de chanter au lutrin , ufage
qui fuppofoit des connoifTançes,comptées alors pour
quelque chofe. )
Si la folle paillon d’Alphonfe pour Lucrèce Ala-
nia, jetta quelque ridicule fur les derniers jours de
s v/e,J au mpms on ne lui reprochera point d’avoir
iacrifié fes fujets, fes devoirs, ni la majefté de fon
rang » aux caprices & à l’avidité de fes maîtreffes. Il
mourut en 1458. Alphonse I , ( Hifloire de Portugal.') fils de
Henri, comte de Portugal, & de Thérefe , fille
naturelle d’Alphonfe V I , roi de Gaftille, avoit
à peine trois ans , lorfque la mort de fon père le
laifia fous la tutèle de fa m ère, femme ambitieufe
& peu décente dans fes moeurs,.qui ne céda l’autorité
fuprême à Alphonfe, que lorfque celui - ci
l’y contraignit à force ouverte. Ce prince ayant
recouvré fes droits, tourna fes armes contre les
Maures, & les viâoires multipliées qu’il remporta
fur eux , le firentproclamerroi de Portugal, par fes
troupes en 1130. Le pape Eugène III lui confirma
ce titre par un bref; mais fon couronnement
ne fut célébré que quelques années après,
à Lamego, où le trône fut déclaré héréditaire par
une loi conftitutive de l’état, 8c les étrangers exclus
de la couronne, mais non pas les princes naturels.
Affilié des prélats 8c des principaux citoyens
des villes , il fit des loix pour la tranquillité &
la bonne police du royaume ; de forte qu’il fut
à la fois un guerrier habile & heureux, un roi
doué de grandes qualités , le fondateur de la
monarchie portugaife,& lelègifîateur de fa nation. Il
mourut en 1185, laiflant pour fucceffeur fon fils don
Sanchel, qui le montra digne d’un fi grand prince. Alphonse I I , fùrnomméle gros. Sanche I , ne
voulant pas que les cadets de fes enfans fuffent
dans la dépendance de l’aîné, ayoit apanagé, non-
feulement fes deux fils don Ferdinand & don Pè-
d re , mais encore fes deux filles, dona Thérèfe
& dona Sanche. Alphonfe I I , monté fur le trône,
eut de violens démêlés avec fes foeurs : il préten-
doit que leur père n’avoit pu démembrer de la
couronne , les places dont il leur avoit donné la
fouveraineté. Cette querelle fut fuivie d’une
guerre civile : le pape s’en mêla à la follicitation
des princeffes. Alphonfe fut excommunié , & fon
royaume mis en interdit. Ainfi, dona Thérèfe &
dona Sanche forcèrent leur frère à fouferire à la
ceflion des places que Sanche I ltflir avoit données.
Le roi de Portugal fit enfuite la guerre aux
Maures : guerre glorieufe par fes fuccès , mais
funefle par les nouvelles querelles qu’elle lui fit
avec le pape , 8c tout le clergé de Ion royaume.
Il jugea qu’il n’étoit pas jufle que fes fujets laïques
fupp.ortafTent feuls les frais d’une guerre entre-
prife en faveur de la religion ; en conféquence il
crut pouvoir taxer les eceléfiaftiques, les plus riches
de-Tes fujets. L’archevêque de Brague en jugea
autrement : il excommunia les officiers chargés
par le roi de lever les taxes impofées, Alphonfe
faifit les revenus de l’archevêque, & fe contenta
de le faire fortir de fes états. Le pape, irrité de
ce procédé , envoya en Portugal des commiffaires
qui excommunièrent le ro i, & jettèrentun interdit
fur le royaume. Alphonfe entra en négociation
avec le clergé, mais il ne vit pas la fin de cette
affaire, étant mort excommunié,le 25 de mars 1227. Alphonse III arracha le feeptre des mains de
fon frère aîné Sanche II ; mais lorfqu’il fut aflîs fur
le trône, en 1248, il tâcha d’effacer la honte de
fon ufurpation , par une adminiftration jufle &
modérée, & témoigna en plufieurs circonftances,
tant par fes paroles que par des 'bienfaits répandus
fur ceux qui étoient refiés fidèles à fon frère,
qu’il défapprouvoit un crime dont il recueiîloit les
fruits. Il fut remédier à plufieurs abus qui s’étoient
introduits à la faveur des troubles dont le royaume
avoit été agité : mais , lorfqu’il voulut réformer
le clergé, il trouva tant de réfiflance de la part
des eceléfiaftiques de Portugal, 8c fur-tout de la
part du pape, qu’il, échoua dans ce projet, peut-
être faute d’y avoir procédé avec affez de prudence.
Il mourut en 1279. Alphonse I V , fùrnommé le Brave , eut quelques
bonnes qualités avec beaucoup de vices. Fils
dénaturé, il s’arma plufieurs fois pour détrôner le
roi Denis fon père, 8c fut caufe de fa mort, par
Tatrocité de fes procédés envers lui. Frère injufte,
il perfécuta long-temps don Sanche , prince digne
d’un meilleur fort. Il fit douze ans la guerre au
roi de Caftille fon gendre ; le fang des Portugais
& des*Caftillans ne ceffa de couler pendant tout
ce temps , pour les querelles domeftiques de leurs
fouverains. Barbare 8c crédule , cédant trop facilement
aux fuggeftions de quelques favoris jaloux 8c
méchans, il fit affaffiner fous fes yeux Inès ou Agnès
de Caftro, que fon fils don rèdre avoit époufée
fecrétement, & alluma ainfi le feu d’une nouvelle
guerre. Il femble que la cruauté &Alphon/e fut entièrement
tournée contre fa famille ; car, à l’exception,
de l’aftaflinat de l’évêque d’Evora , qu’il commit de
fang-froid,fon règne fut afféz modéré ; il fe montra
attentif à ne point charger fes fujets de nouveaux
impôts, à faire fleurir l’induftrie, à favôrifer le com-
n erce ; mais fon animofité continuelle contre les
fiens troubla fans cefle l’état, & lui fit infiniment
plus de mal qu’il ne pouvoit d’ailleurs lui faire de
bien. Alphonfe mourut en 1357,
Alphonse V , fùrnommé Y Africain, mérita ce
titre par fes exploits & fes conquêtes en Afrique.
Ce fut fous fon règne que les Portugais découvrirent
la Guinée, d’où ils rapportèrent beaucoup
d’or. Ce prince, époux fidèle, père tendre ,
habile négociateur , roi jufle, eût mérité d’être mis
au rang des plus grands monarques, fi l’ambition
des conquêtes n’eut pas été fa paffion dominante.
Plus occupé du defir d’agrandir fes états, que
du foin d’y faire fleurir l’abondance 8c la paix, il
régna prefque toujours fous la tente. Ses armes
furent heureufes ; mais un guerrier illuftre , un
habile général n’eft pas un roi , les rois ne de-
vroient chercher la gloire que dans la bienfaifance
& l’amour de la juftice. Il abdiqua deux fois. Après
avoir réfigné fa couronne à don Juan fon fils dans
le deffein d’aller à Jérufalem, pour y vivre dans
la folitude, il fe repentit de cette démarche in-
diferète & don Juan lui rendit le feeptre. Alphonfe ,
quelques années après, fé dégoûta une féconde fois
du trône, 8c après y avoit fait monter fon fils à
fa place , il étoit en chemin pour aller fe retirer,
an couvent de S. Antoine de Varatojo , lorfqu il
fut attaqué de la pefte qui ravageoit alors le Portugal.
Il en mourut en 1481. Alphonse V I, également incapable de remplir
les devoirs d’un roi & ceux d’un mari, fe vit
enlever fa couronne & fa femme, par fou frère
don Pèdre. Cette révolution fut revêtue de la
forme d’une abdication volontaire en apparence,
mais réellement forcée.
(Tous ces articles d'Alphonfes font reftés tels
qu’ils étoient dans le fupplément, à quelques cfian-
gemens, retranche rai en s 8c additions près, ces dernières
renfermées entre deux crochets, comme on
en a prévenu dans la préface. ) i
Il y à deux rois de Naples du nom" $ Alphonfe ;
le premier eft celui dont il vient d’être parlé fous
le nom (YAlphonfe Y , fùrnommé le Magnanime ,
roi d’Arragon. L’auteur des précédens articles d'Al-
phonfe, avoit dit, que Jeanne, deuxième., reine de
Naples , s’etpit jouée deux fois de la bonne - foi
d,’Alphonfe, roi d’Arragon , après avoir tiré de p uif
fans fecours de fa gênérofité , mais que la conquête
de Naples l’avoit vengé. Quelques panégyriftes
d’Alphonfe peuvent avoir pris ainfi fon parti contre
Jeanne féconde, princeffe très-décriée pour les
moeurs; mais en général, la foule des hiftoriens
repréfente Alphonfe comme un ingrat qui, comblé
des bienfaits de Jeanne, la traita prefque , comme
Charles de Duras avoit traité la première Jeanne.
La fécondé avoit inftitué Alphonfe- fon héritier;
il voulut la dépouiller de fon vivant ; il porta la
guerre dans fes états , il l’afliégea dans un des
châteaux de Naples. Sforce la délivra. Le pre-
mier ufage qu’elle fit de fa liberté , fut d’annuller
l’adoption dont Alphonfe s’étoit rendu indigne, &
d’appeller à fa place Louis I I I , duc d’Anjou , qui
mourut avant elle, 8c dont les droits qui paffèrent
' au roi René ; fon frçre , furent recueillis, 8c fi l’on
veut, ufurpés par Alphonfe. Celui-ci taiffa en mourant
le royaume de Naples à Ferdinand fon bâtard,
dont le fils 8c le tuccëffeur fut Alphonfe II.
Cet Alphonfe, fils odieux d’un père odieux ,
occupoit 8c déshonoroit le trône de Naples, dans
le temps où Charles V I I I , héritier des droits
de la fécondé maifon d’Anjou, parcouroit 1 Italie
en maître 8c en vainqueur, 8c paffoit dans le
royâume de Naples avec aufli peu de difficulté que
-s’il eût traverfé une province de France. Ferdinand
étoit mort de frayeur" au bruit de fon arrivée.
Alphonfe s’étoit enfui lâchement, 8c étoit
allé fe faire moine à Mefline. Ferdinand I I , fon
fils, voulut faire valoir fes droits ; on le plaignit
8c on l’abandonna. Charles VIII fournit tout ,
mais il perdit tout avec la même promptitude, 8c
regarda comme un bonheur de pouvoir fortir de
Tltalie , au moyen de fa viéloire de Fornoue ; les
généraux qu’il laiffa dans le royaume de Naples ,
achevèrent de le perdre. Ferdinand I I , cher aux
Napolitains, qui ne lavoient abandpnnè que par
inconftance 8c par crainte , fut reçu dans toutes
fes places aux acclamations du peuple , 8c il ne refta
aux François,'de cette expédition li brillante, qu’une
raifon éternelle d’en détefter le fouvenir.
Alphonfe voyant ce retour de fortune , voulut
quitter fon cloître 8c reprendre le feeptre ; il en
ht parler à fon fils. Ferdinand, sûr que l’affeétion
des peuples fe bornoit à fa perfonne, 8c ne remon-
toit pas jufqu’à fon père, répondit qu’il falloit
attendre que les affaires fuffent aflèz folidement rétablies
, pour qu’Alphonfe ne fût pas obligé^ d’abandonner
le royaume une fécondé fois. Il eût pu
épargner à fon père cette dure ironie.
Alphonfe mourut en 1491*
Il y a eu quatre Alphonfes, ducs de Ferrare &
de Modène, de la maifon d'Eft.
Il y a eu aufli de ce nom quelques favans obf-
curs, pour la plupart Efpagnols.
ALPIN, ( Hiß. anc.)
J^urgldus Alpinus jugulât dum Memnorta , &e,
poëte que nous ne çonnoîtrions pas, fi Horace \
d’un trait de plume , ne lui eût donné cette immortalité
ridicule 8c redoutable , que Boileau 8ç
Voltaire ont depuis prodiguée à leurs ennemis.
N’irritons pas les poètes.
ALPINI (Prosper ) , {Hiß. mod.) profeffeur de
botanique à Padoue, né en 1553 , mort en 1616 ,
dont Boerhave eftimoit affez le traité de præfagiendâ
■ vitâ & morte, pour l’avoir fait imprimer, à Leyde,
1710 , in-40. Alpini, qui avoit voyagé en Egypte
pour perfectionner la botanique, a décrit les plantes
de ce pays 8c de quelques autres. On a encore de
lui d’autres ouvrages de médecine eftimés.
A LT AD A S , ( Hiß. anc. ) fut le douzième roi
d’Aflyrie. Son hiftoire n’offre aucun trait mémorable.
Berofe ,, auteur fufpeft , nous le repréfente
comme un prince affoupi dans la molleffe 8c les voluptés
, plus occupé du foin de jouir que de gou»
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