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A la foibleffe dont Charles II le taxoit, il joigtîoit
une audace & une infelence qui auroient dû ren-
verfer Ton crédit, & qui l’affermiffoient. Charles II
étant irrité contre lu i , ( ce qui arrivoit fouvent, )
lui dit : Shaftsbury , vous êtes le plus grand coquin
du royaume. De vos fujets , fire 3 répondit Shafts-
bury , en faifant une profonde réverence.
Le duc. d’Yorck (Jacques II, frère de Charles II,)
accablant un jour Afhley de reproches en publie;'
je vois avec plaifir, dit-il', que l’équité de votre
alteffe royale m’a du moins épargné les titres de
lâche & de papifte. ( Le titre de lâche ne conve-
noit pas plus au. duc d’Yorck qu’au lord Shaftsbury.)
Il ne bravoit pas moins le parlement que les
princes ; pour perdre fes ennemis, il fuppoioit des
confpirations', qu’il chargeoit toujours de circonf-
tances incroyables. Ses amis lui répréfentant que
les romans mêmes ont befoin de vraisemblance :
« Gardons - nous bien , dit - i l , d’accoutumer ces
yy gens-ci à la yraifemblance , nous ne pourrions
3; plus en rien faire».
Il étoit le plus dangereux ennemi du duc d’Yorck,
8c cherchoit à l’exclure de la fucceflion au trône;
il promettoit la couronne au duc de Monmouth,
fils naturel de Charles II : il l’offroit à la duché fie
de Portsmouth, pour le duc de Richemont, fon
fils , au prince d’Orange pour lui-même : & tandis
qu’il éloignoit le roi du duc d’Y orck, qu’il foule-
yoit le parlement contre le due, qu’il propofoit
qu’on lui fit fon procès comme à un papifte réeufaut,
il l’avertiffoit des réfolutions qui fe prenoient contre
lui à la cour & dans le parlement ; mais le
duc d’Y orck, qui le connoifloit, ne pouvoitprendre
aucune çonfiance en lui. Un jour, Shaftsbury
convenant avec le prince de tous fes torts , affectant
le plus v if repentir & offrant de lui révéler
d’importans fecrets, s’il vouloit lui pardonner, le
duc d’Yorck fe contenta de répondre froidement;
Shaftsbury, vous ave{ plus befoin du pardon du roi
que du mien.
Ce fut pour perdre le duc d’Yorck & l’exclure
à jamais du trône, que Shaftsbury inventa la fable
infernale de la Conjuration papille, fi bien réfutée
par le célèbre douleur Amauld. ( Voye^ ci-
. deffus fon article. ) .
Shaftsbury étant tombé dans la difgrace , forma
des complots après en ayoir fuppofé. Le plus con-
fidérable de ces complots efi celui qui eft connu
dans l’Hiftoire d’Angleterre , fous le nom de complot
de la maifon de Rye , & qui fut formé par des
proteftans en haine du duc d’Yorck, & du catho-
îicifme ; il fut découvert, & la plupart des conjurés
punis ; quant à Shaftsbury , une retraite ignorée
, même de fes complices , & qu’il ne quitta
que pour fuir en Hollande, puis une mort prompte
oc obfcure dans cette terre étrangère, le dérobèrent
au fupplice, vers la fin-du règne de Charles
II.;
lASHMOLE, (Eu e ) ( Hifl, l\tt. mod.) chymifte^
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8c alchymifte, furnommé par cette raifon le Mer*
curiophile anglois ; c’eft de lui que le Mufatum Afhr
moléanum d’Oxford a tiré fon nom. On a de lui
Vhifoire & les flatuts de Vordre de la Jarretière, Lon»
dres, 1672 , in-fol. On en a fait un abrégé i/z-8
qui a paru en 1715. Il mourut en 1692, âgé de
75 ans.
ASIATICUS , ( V alerius) M M Ë romaine. )
Caligula ayant abufé de fa femme , & lui en ayant
fait publiquement des pldifanteries, Afiaticus, pour
fe venger, entra dans la confpiration de Chærea
contre ce prince ; il fut même à fa mort, un de
ceux qui furent propofés pour lui fuccéder, Claude
qui l’emporta, fe fouvint dans la fuite de cette concurrence
, & Meffaline- convoitant ces beaux jardins
de Lucullus qu''Afiaticus poffédoit & qu’il em-
belliffoit tous les jours, on le força de fe, faire ouvrir
les veines l’an 47 de J. C. Il étoit né à Vienne
en Dauphiné, & jouiffoit d’une grande puiffance
dans les Gaules.
On trouve un autre Valerius Asiaticus,peut-
être fon fils, qui commande fous Néron dans les
'Gaules , qui fe joint à Vindex , lorfque celui-ci fe
révolte contre.Néron, qui entre des premiers dans
le parti de Vitellius dont il devoit époufer la
fille. Asiaticus eff encore le nom d’un comédien ;
affranchi de Vitellius, pour qui l’armée eut la baf-.
fefle de demander à ce vil prince la dignité de
chevalier romain, non qu'Afiaticus l’eût méritée
par aucune belle aéfion, mais uniquement pour
faire la cour à Vitellius; l’empereur par une fauffe
pudeur refüfa cette grâce en public, ôc l’accorda
en particulier.
ASINIUS POLLIO , voyei Pollion. ASMONÉE, ASMÔNÉENS. ( Hifl. des Juifs. )
Afmonée , chef des Afnonéens , race, qui régna fur
les Juifs pendant 126 ans jufqu’au règne d’Hé-,
rode. .
, ASMUND, ( Hifioire de Suède.') roi de Suède;
Après la mort de Suibdager fon père, qui fut vaincu
par Hadding , roi de Danemarck, & périt les armes'
à la main, il crut qu’il ne fe rendroit digne de fuccéder
à la couronne , qu’en immolant Hadding au
mânes de fon père. Il lui déclara la guerre. Il ne
fut point arrêté par un préjugé général qui faifoit
du roi de Danemarck un forcier dont les charmes
étoient irréfifiibles. Il crut que fîTenfer combattoit
pour Hadding, le ciel combattroit pour la bonne
caufe. Les deux armées furent bientôt en préfence ,
Eric faifoit fes premières armes fous les yeux à'A fi.
mund fon père. Le premier coup d’Hadding ren verfa
le jeune prince expirant aux pieds à* Afmund. Celui-
ci furieux, ayant à la fois ion père & fon fils à
venger , fe précipite fur Hadding. La colère & la
douleur égarèrent fon bras; Hadding lui plongea
fa lance dans le fein. La reine Gulnida, défefpérée.
de la mort de fon époux, donna à tout le nord un
fpeâacle plus tragique & plus rare encore. Elle
fe tua de la propre main. (M. de Sa c y,) Asmund
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 sm u 'n d II , (Hifioire de Suède!) roi de Suède
fur un prince pacifique qui ne prit les armes que
pour venger la mort de ion père Ingard, affafîiné
par des rebelles. Il revint triomphant de cette expédition
, & quitta les armes pour prendre en main 1s timon de l’état. Il fut jufte & généreux, affable,
n’eut d’autre miniftre que lui-même, & donna
au nord l’exemple de toutes les vertus, dans un fiè-
cle où l’on n’en connoifloit d’autre que la bravoure,
C ’eft lui qui fit brûler une partie des immenfes
forêts qui couvroient la Suède, & fervoient de
retraite aux brigands & aux bêtes féroces, les cendrés
de ces arbres fertilifèrent la terre ; les cultivateurs,
encouragés par le gouvernement, ne fe
plaignirent plus ni de l’ingratitude de la nature,
ni des exactions de l’état. Afmund fit applanir les
chemins , & favorifà la circulation du commerce.
Des bourgades & des villes s’élevèrent dans les
lieux qui jufques-là n’avoient été habités que par
des ours ; fon peuple jouiffoit du fruit de fes foins ;
il goûtoit lui-même le plaifir de faire des heureux,
lorfque Sivard fon frère ofa lui difputer la couronne.
Afmund marcha contre lui; les deux armées
fe rencontrèrent dans la Néricie. Afmund périt
dans le combat, l’an 564. Oh l’avoitfurnommé
Brant, c’eft-à-dire, deftru&eur des forêts. (M . d e
Sacÿ. ) Asmund III, (Hifioire de Suède. ) roi de Suède.
Il s’empara du trône de Biorn, & fut détrôné comme
lui. Il perfécuta les profélites de l’évangile qui
commençoit à faire des progrès dans le nord. Chaf-
fé de fes états, il équipa une flotte, il écuma les
mers , fit aux Vandales une guerre cruelle, laiffa
fur les côtes d’Angleterre des monumens de fa
barbarie, & périt dans un combat vers l’an 848.
(M. d e S a c y .) Asmund IV , furnommé Kolbrehner, ('HifioirefLe
Suède.) roi de Suède. Le furnom de Kolbrenner figni-
fie brûleur. Afmund publia une loi pénale, par
laquelle celui qui avoit fait tort à un autre étoit
condamné à voir brûler fa propre mâifon. La peine
étoit cependant proportionnée au crime. Si le dommage
étoit léger, on ne brûloit qu’une partie de
la maifon du coupable. Afmund rendit aux anciennes
loix leur première vigueur, en créa de nouvelles
, favorifa les progrès de l’évangile, & fut
le père de fes fujets qui tinrent peu de compte
de les bienfaits dans un fiècle où les habitans du
nord pardonnoient aux tyrans mêmes leur barbarie
, lorfqu’ils étoient de braves & habiles guerriers.
Il fe laiffa entraîner dans une guerre de la Norvège
contre le Danemarck ; elle lui fut fatale :
il périt dans une bataille, l’an 103 5 . ( M. d e S a c y .) Asmund V,furnommé Slemme, {Hifioirede Suède.)
frère du précédent. Il lui fuccèda & périt comme
lui les armes à la main : mais il ne vécut pas de
même. La juftice languit fous fon règne, les loix ,
furent oubliées, les moeurs perdirent cette pureté
qu ''Afmund IV leur avoit rendue, & les brigands
reparurent, le roi termina par la ceflïon de la
Hifioire. fom. /. Deuxième part.
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Scanie, les longs différends qui s’étoient élevés
entre le Danemarck & la Suède à l’égard de cette
province. Ses fujets lui firent un crime d’avoir
refferré les limites de fes états ; leur ambition étoit
plus vafte que celle de leur prince. Le furnom de
Slemme , qu’ils lui donnerènt, faifoit une allufion
injurieufe à la foibleffe avec laquelle il avoit abandonné
un des plus beaux fleurons de fa couronne.
La honte fit lur fon coeur ce que l’amour de la
gloire n’avoit pu faire. Il réfolut d’effacer ce fur-
nom odieux , révoqua fa ceflïon, déclara la guerre
au roi de Danemarck, fut afliégé dans un château ,
& mourut fur la brèche, l’an 1041. (M. d e S a c y .)
A SOR ATH, ou les traditions des Prophètes ,
{Hifl. mod.) c’eft chez ies Mahométans le livre
le plus authentique & le plus refpeéfcé. après l’Al-
coran. Il renferme les interprétations des premiers
califes, & des docteurs les plus célèbres, touchant
les points fondamentaux de leur religion. ( -j-)
ASPAR, nom très-connu par une tragédie de
Fontenelle qui ne l’eft point, eft celui d’un général
des armées de Théodofe-le-Jeune qui fe rendit
fi puiffant dans l’empire , que Leon I ne put être
proclamé empereur en 4^7, qu’à condition de donner
fa fille & le titre de Céfar à un fils d'Afpar.
L’empereur, en 471 ,fit tuer le père & le fils,
quoique le fils fût fon gendre.
ASP ASIE, {Hifl. anc. ) C ’eft le nom de deux
courtifanes célèbres par i’efprit & par la beauté,
l’une dans la Grèce, l’autre dans la Perfe, & qui
toutes deux, mais fur-tout la première, eurent
beaucôup d’influence fur les affaires publiques.'
Cette première Afpafie, connue fous le nom a A f
pafîede Milet, tenoit école publique d’éloquence,
de philofophie & de politique à Athènes. Socrate
fut fon difciple, Periclès fût fon amant & quitta fa
femme pour l’époufer, elle eut fur lui, & par lui
fur la république d’Athènes, un, empire abfolu,
elle fut accufée (en juftice) d’impiété , accufation
éternelle des fots méchans & jaloux contre les
philofophes & les gens éclairés ; l’amour de Péri-
clès, fon éloquence & fes larmes la tirèrent de ce
danger ; elle eut affez de crédit pour engager les
Athéniens dans plu fleurs gqerres, i° . en faveur
des habitans de Milet, fa patrie, contre ceux de
Samos , dont les premiers avoient à fe plaindre ;
2P. contre les Mégariens pour les punir d’avoir
enlevé deux filles de fa fuite, c’eft-à-dire deux
courtifanes, dont elle avoit toujours autour d’elle
îiii nombreux effain pour les pîaifirs de fes amis.
De cette guerre de Mégàre naquit celle du Pelo—
ponnèfe , qu’Afpafie par conféquent eut aufll à fe
reprocher. Périclès mourut la troifième année de
la guerre du Peloponnèfe, 42.8 ans avant J. C. Sa
mort n’emporta pas tout le crédit Afpafie, il
lui eh refta encore affez pour élever aux premiers
emplois de la république un homme de baffe naif-
fance, qui étoit parvenu à lui plaire.
Ce fut la gloire & la grande réputation d’A f i
pafie de. Milet, qui fit donner fon nom à ia fécondé
l u