
les traitaient en laves, profitèrent de cette défla
tion pour fe venger de leurs maîtres infolens.
Les Mefféniens qui avoient une origine commune
avec ces peuples opprimés, leur envoyèrent du
Recours pour les relever de leur dégradation. Cette
^guerre n’offrit que des fcènes d’atrocité. Les Ilotes
cvonloient exterminer jufqu’au dernier des Lacédémoniens.
Mais malgré la fupériorité de leur nombre,
ils furent contraints de fe retirer à Itome en Mef-
fénie, d’où ils firent des courfes fur le territoire
de Lacédémone. Les Spartiat- s implorèrent l’affif-
fiflance des Athéniens, qui furent aflez généreux
pour oublier qu’ils avoient été offenfes ; mais ces
nouveaux alliés devinrent bientôt fufpeâs , & cet
Outrage fait à leur fidélité les rendit ennemis de
ceux dont ils s’étoient offerts d’être les libérateurs.
Il s’éleva une guerre fanglante qui partagea la
Grèce. Les Spartiates & les Athéniens embraffè-
rent chacun un parti différent. Le début en fut heureux
pour Athènes , mais la fortune, à force de la
favorifer, multiplia fes ennemis. Toute la Grèce fe
fouleva contre elle. Archidame fut choifi pour être
le pacificateur de la Grèce & l’arbitre des différends.
Mais les efprits étoient trop aigris pour concourir
à fes vues pacifiques. Il fallut reprendre les armes,
■ & toutes les villes regardèrent les Spartiates comme
leurs libérateurs. Archidame laiffe trente mille hommes
pour la défenfé de la Laconie, & entre à la
tête de foixante mille dans l’Attique. La Grèce
n’avoit jamais mis fur pied une armée aufîi formidable.
Archidame , avant de commencer les hofli-
lités , députe un fpartiate aux Athéniens, mais ils
refusèrent de l’entendre jufqu’à ce que les ennemis
euffent mis bas les armes. L’Attique fut dévafiée,
fans que les Athéniens , renfermés dans leurs villes,
fiffent aucun mouvement. Tranquilles dans leurs
murailles, leurs armées les verigeoient dans le Pé-
loponèfe, & ravageoient cette riche contrée. L’année
fuivante n’offrit encore que des fcènes de défla
tion : nul parti ne remporta des avantages dé-
cififs.; mais la pefte épuifa les Athéniens, qui
abaifsèrent leur fierté, demandèrent la paix.
Archidame fe f uvenant de la réception faite à fon
député, répondit qu’il ne favoit point pardonner
quand on le forçoit de punir; la guerre fut continuée
avec fureur. Les Platéens, alliés des Athéniens,
furent afîiégés & obligés de fe rendre après
deux ans de réfiftance. Archidame les abandonna
aux vengeances des Thébairis , leurs implacables
ennemis. Tous furent égorgés par ces vainqueurs
barbares avec lçs Athéniens qui fe trouvèrent dans
leur ville. Archidame mourut l’an 426 avant Jefus->
Chrift. (T -N .)
‘ (L e fécond A rch id am e, digne fils & digne
f cceffeur d’Agéfilas le Grand , remporta plufieurs .
viéloires fur les ennemis de Sparte, & mourut en
combattant pour la patrie. On a de lui des mots
pleins ou de grandeur ou de philofophie. On lui
demandoit jufqu’où s’étendoit le domaine des Lacédémoniens
? Par-tout ? répondit-il, ou ils peuvent
1 etendre leur* lances ; mot qui a dû paraître fublim®*
a des peuples guerriers , mais qui peint un peuple
conquérant & ufurpateur, l’ennemi né de tous fes
voifins. Le mot fuivant efl moins fpartiate & plus
philofophique. On lui difoit que Philippe, roi de
Macédoine, s’enorgueilliffoit du fuccès de fes armes
: Qu’i l regarde , dit-il, fon ombre au foleil, il
ne la trouvera pas plus grande après la viSloire. )
ARCHIDAMIE, {Hifl. anc. ) femme fpartiate
•fut l’honnenr de fon fexe, & mérita d’avoir une
place parmi les défènfeurs de la patrie. Pyrrhus , rot
d’Epire, afpirant à la domination de la Grèce, af-
fiégeoit Sparte alors prefque fans défenfe; il fut arrêté
que pour fe débarraffer des bouches inutiles , on
enverroit les femmes en Candie.- Cette réfolution
parut flétriffante à Archidamie. Elle fe tranfporta
dans la falle du confeil, tenant en fa main une
epee nue, & fe chargeant de venger l’honneur
des femmes, elle reprocha à ceux qui avoient
opiné contre elles , l’injuftîcè de les avoir crues affaz
lâches pour furvivre à la ruine de la patrie. Cette
fermeté courageufe fit révoquer la délibération.
Archidamie, à la tête des femmes, fe joignit aux
vieillards débiles, & tous travaillèrent à l’envi aux
tranchées qu’on formoit vis-à-vis du camp ennemi.'
Lorfque l’ouvrage fut achevé , elles voulurent elles-
mêmes armer-les hommes , en les exhortant de défendre
avec intrépidité le rempart qu’elles venoient
d elever, ou de mourir en fpartiatés. Les unes fè
precipitoient avec les foldats dans la mêlée ; d’autres
alloient leur chercher des flèches & des jave-;
lots ; elles leur donnoient à boire & à manger ,
& remportoient fur leurs épaules les bleffés pour
les faire panfer. Ce fut la valeur héroïque de ces
femmes qui fauva Sparte d’un joug étranger. Pyrrhus
, forcé de lever le fiège, avoua qu’il avoit été
vaincu par des femmes. ( T— iv. )
ARCHIDAPIFER, f. m. {Hifl. mod. ) grand
maître d’hôtel : c’eft le nom d’un des grands officiers
de l’empire. L’éleéleur de Bavière efl revêtu
de cette charge , qui lui a été conteflée par les
électeurs Palatins , ceux-ci prétendant qu’elle étoit
annexée au palatinat; mais ils fe font défülés de cette
prétention. Il faut diftinguer cette charge de celle
de grand maître d’hôtel de la maifon de l’empereur,
qui efl la première de fa cour. Sous celui-
ci font les contrôleurs , les tréforiers., les argentiers
, les officiers de la bouche, les maîtres & autres
officiers de cuifine, d’échanfonnerîe, de foin-
mellerie, de panneterie ,' de fruiterie, les pourvoyeurs
, &-Jes marchands qui en dépendent.
Heiff. hifl, de l’Emp. ( G )
ARCHIDUC, f. m. {Hifl. mod. ) efl un duc revêtu
d’une autorité,d’une prééminence fur les autres
ducs.
U archiduc d’Autriche efl celui dont les titres font
les plus anciens. Il y a eu auffi des archiducs de Lorraine
& de Brabant.
L’Autriche fut érigée en marquifat par Othon oit
Henri I , & en duché par Frédéric I en 1156; mais
&n ne fait pas le temps où le nom d'archiduché lui a
été donné. Les uns croient que ce fut Frédéric IV
qui prit le premier le nom $ archiduc : d’autres,
que ce nom fut accordé par Maximilien I en 1459,
0£ qu’il annexa à cette qualité de très-grands privilèges
: les principaux font que Varchiduc exerce
toute juflice dans ton domaine, fans appel ; qu’il
efl cenfé recevoir l’invefliture de fes états, après
en avoir fait la demande par trois fois ; qu’il ne
peut être dépouillé de fon état, même par l’empereur
& les états de l’empire ; que l’on ne peut
conclure aucune afiaire qui concerne l’empire fans
fa participation ; qu’il a le pouvoir de créer des
comtes, des barons , & d’annoblir dans tous les
états de l’empire, privilèges que n’ont point les
autres ducs. Outre cela, dans les diètes de l’empire
l’archiduc d’Autriche tient le directoire des
princes, c’efl-à-dire qu’il préfide à leur collège alternativement
avec l’archevêque de Saltzbourg.
Cette alternative ne fe fait pas à chaque féance,
mais à chaque changement de matière , fans pourtant
que l’un & l’autre quittent leur place pendant
qu’on agite les propofitions & qu’on eft aux opinions
: mais l'archiduc fait toujours l’ouverture de
la diète. Heiff, hifl. de l’empire. (G )
ARCHI-ECHANSON ou GRAND-ECHANSON,
f. m. ( Hifl. mod.') dignité de l’empire. Le roi de
Bohême, en qualité d’éleéteur, en eft revêtu, &
fa fonétion confifte, dans le feflin qui fuit l’élection
d’un empereur, à lui préfenter la première
coupe devin ; mais il n’eft point obligé d’avoir en
cette occafion la couronne fur la tête. Il a pour
vicaire ou fous-échanfon le prince héréditaire de \
Limbourg. Heiff, hifl. de l’empire. (G )
ARCHILOQUR , ( Hifl. anc.) célèbre poète
fatyrique grec, qu’on regarde comme l’inventeur
des vers ïambes.
Archilochum proprio rdbies armavit Iambo.
Il a confervé une grande réputation & de talent,
& de méchanceté : amoureux de la fille de Lycambe
ou de fa fortune, & furieux de ce-que Lycambe,
après la lui avoir promife, lui avoit préféré un
rival plus riche , il f it , dit-on, contre le père &
contre la fille des vers fi atroces, qu’ils fe pendirent
de défefpoir. Il s’eft peint lui-même fort peu
avantageufement dans les vers qui nous refient de
lu i, & qu’on trouve dans les poètes grecs, imprimés
en deux volumes in-fol. à Genève 1606 &
1614. Il avoit fui dans une bataille en dettant fon
bouclier, comme fit depuis Horace , reliBa non
benè parmulâ ; & il en plaifantoit plus lâchement
encore : J ’ai perdu mon bouclier, difoit-il, mais j ’ai
fauve ma vie ; on n’en a qu’ une, & il y a tant de
boucliers ! Ses vers étoient auffi licentieux que vio-
Tens ; Sparte en défendit la leclure à fes citoyens,
sur moyen peut-être de les faire lire, même à des'
Spartiates ; on croit cpfArchiloque mourut affaffiné.
Il étoit de fille de Paros ; il étoit né vers l’an 664
avant J. C.
ARCHIMANDRITE, f. m. {Hifl. mod. eccléfj
Ce nom fignifioit anciennement le fupérieur d’un
monaflère, oc revient à ce qu’on appelle préfentc-
ment un abbé régulier.
Covarruvias obferve que ce mot fîgnifie littéralement
le chef ou le guide d’un troupeau, & dans
Ce fens il peut convenir à un fupérieur eccléfiafli-
que , auffi trouve-t-on dans l’hifloire ce nom quelquefois
donné aux archevêques; mais dans l’églifb
grecque, il étoit & efl encore particulièrement
affeélé au fupérieur d’une abbaye ou monaflère
d’hommes.
M. Simon affure que ce mot efl originairement
fyriaque, au moins fa dernière' partie, mandrite,
qui dans un fens éloigné fîgnifie un folitaire ou un
moine ; la première efl grecque , Vjp#, empire ,
autorité.
Les abbés des monaflères en Mofcovie, où l’on
fuit le rit grec, fe nomment archimandrites, & les
fupérieurs des caloyers , ou d’autres moines répandus
tant dans la Grece moderne que dans les ifles
de l’Archipel, portent auffi le même titre.
ARCHIMARECHAL, f. m, {Hifl. mod.) On
nomme ainfi le grand maréchal de l’empire.
L’éleâeur de Saxe efl archimaréchal de l’empire,
& en cette qualité il précède immédiatement
l’empereur dans les cérémonies , & porte devant
lui l ’épée nue. Avant le dîner qui fuit le
couronnement de l’empereur , l'archimaréchal accompagné
de fés officiers, monte à cheval, & le
pouffe à toute. bride dans un grand monceau d’avoine
amaffée dans la place publique , il en emplit
une grande mefure d’argent qu’il tient d’une main,
& qu’il racle de l’autre avec un racloir auffi d’argent
. enfùite de quoi il donne cette mefure au
. Vice-maréchal ou maréchal héréditaire de l’empire
qui la rapporte à la maifon de ville. Cette dernière
charge efl depuis long-temps dans la maifon de
Pappenheim. Heiff, hifl. del’empire. (G)
, ARCHIMEDE, ( Hifl. anc. ) fyraeufain, parent
d’Hieron, roi de Syracufe, & de plus, fon ami,
eut pu être un grand feigneur à la cour de ce roi,
& etre aujourd’hui abfolument ignoré, il préféra
detre un mathématicien habile, & fon nom efl
immortel. C’efî de lui qu’on a dit qu’en expliquant
à Hiéron les effets des forces mouvantes, il lui
difoit : AJJîgne^moi hors de l’univers un point d’où
je puijfe opérer, je fouleverai le ciel & la terre.
Die ubi confiflam calum terrafque movebo.
C ’efl de lui qu’on a dit qu’il avoit fait une fphère
de verre , dont les cercles fuivoient avec régularité
tous les mouvemens du ciel. Un orfevre ayant
mele du cuivre avec de l’or dans une couronne
dor qnil avoit faite pour Hiéron, Archimèce, par
la feule force de fon génie, trouva le fecret alors