
le roi cl’Efpagne à faire au roi de France, cette
réparation folemnelle de l’in fuite faite à Londres
au comte d’Eftrades, par le baron de Bat te v ille ,
& cette déclaration fi précife , qu’il avoit défendu
à fes ambaffadeurs & minières de concourir avec
ceux du . roi de France.
A U C O U R , ( Jean - Barbier d’ ) Voye^ Barbier. AUDEBERT, ( Germain) {Hiß. litt. mod. )
jurifconfulte & poète d’Orléans, fut anobli en
France, comme jurifconfulte, & fait chevalier de
Saint-Marc à Venife, comme poète, & en recon-
noiffance d’un éloge en vers, de la ville de Venife;
il étoit difciple d’Alciat, il mourut en 1598, âgé
«le plus de vingt ans. On a de lui un recueil in-8°.
de poëfies latines.
AUDIFFRET, ( Hercule ) général de la doctrine
chrétienne , mort en 1659, doit être nommé ,
parce qu’il fut l’oncle & le maître de Fléchier.’
AUDIGUIER, (Vital d’ ) {Hiß. litt.mod.)
fieur de la Menor,près de Villefranche de Rouergue,
auteur de l’ouvrage "Intitulé : Vufage des duels &
de quelques autres ouvrages moins connus , eut
une deftinée fingulière & malheureufe. Magifiràt
royal, il.fut attaqué & bleffé dangereufement à
différentes reprifes par des ligueurs, à caufe de
Ton attachement à Henri IV. Il fut volé en voyage j
& laiffé fans rcffource par un domeftique infidèle. 1
A peine relevé d’une grande maladie , il fut 1
appelle: en duel , bleffa fon ennemi & fut obligé
de fuir & de fe Cacher. Ce fut cette aventure qui
lui fit faire fon traité des duels. Il fut mis en pri-
fon , il effuya un procès criminel étant innocent ;
il finit, dit-on, par être affaffiné vers l’an 1630,
il étoit né vers l’an 1565.
AUDITOIRE, {Hiß. mod.) fiège, banc , tribunal
à Rome. Les divers Magiftrats avoient des
auditoires conformes à leur dignité ; ceux des officiers
fupérieurs, s’appe.lloient tribunaux , & ceux
des inférieurs fubfelha.
Les juges pédanées\ ainfi nommés parce qu’ils
jugeoient de bout, avoient leurs auditoires dans
le portique du palais impérial ; ceux des Hébreux
aux portes des villes. Les juges des anciens fei-
gneurs avoient leurs fièges fous un orme planté
devant lé principal manoir, & e’étoit-là leur
auditoire. ' ' "
A u d i t o i r e , en c e fens; c’eft-à-dire employé
comme fynonyme à tribunal, ne fe dit que du
fiège des Juges fubalternes. {H )
A u d i t o i r e , dans les an cienn es é g l i f e s , é to it
la pa rtie o ù le s affiftans s’in ftru ifo ien t', fe tenant
d e b o u t. N . .
Vauditoire,èto\t ce qu’on appelle aujourd’hui la nef.
Dans les premiers fiècles de l’Eglife _ on
contenoit fi févèrement le peuple dans les bornes
de cet auditoire, que le concile de Carthage excommunia
une perfonne pour en être fortie pen«*-
‘ dant le fermon. {H \ AVENELLES OU des Ayeselles , ( Pierre )
{Hifl. de Fr.) c’eft le nom d’un avocat proteftant
chez qui l’intérêt de l’état prévalut fur un intérêt
de feéfe, & qui révéla la conjuration d’Amboife,
dont la Rénaudie lui avoit fait confidence.
A VENTIN , (J e a n ) {Hifl.lltt. mod.) auteur
des annales de Bavière, mort en 1,534, & dont
l’ouvrage n’a paru qu’en 1554 par ies foins d un
éditeur, nommé Jérôme Ziegler.
AVENTURIERS, f. m. pl. ( Hijloire mod. ) Les
aventuriers étoient dans l’origine des boucaniers qui,
après avoir détruit dans les Antilles une grande
partie des boeufs fauvages & des fangliers, las de
luivre dans les bois les traces d’une proie devenue
rare, & que l’expérience du péril rendoit rufée &
difficile à laifir, montèrent fur des ffibuftes pour
faiîe.la pêche, s’ennuyèrent bien-tôt d’un travail
pénible, dont le fruit- fuffifoit à leur fubfiftance &
non à leur avarice , armèrent leurs barques en
guerre, & allèrent chercher fortune fur l'Océan.
Ces efpèces de chevaliers errans couroient les mers,
non pas comme nos anciens preux parcpuroient la
terre pour détruire les brigands,m ais pour com mettre
eux-mêmes les plus horribles brigandages. L’hiftoire
de ces pirates apprend ànc pas confondre l’héroïfme
véritable avec la- bravoure. Aucun corps militaire
ne peut fe vanter de traits d’audace auffi extraordinaires.
Féroces, impitoyables, s’ils prenoient un
vaiffeau, l’équipage étoit prefque toujours maffa-
cré. S’ils prenoient une v ille , ils 11’en fiortoiçnt
guère fans fe récréer les yeux par le fpeélacle d’un
incendie. Ce ramas de brigands, raffemblés par la
foif des richeffeSjformoit une république gouvernée
par des loix rarement violées. Ces hommes, à qui
î’injuftice ne coûtoit rien, étoient juftes envers
eux-mêmès. Les récompenfes réfervées aux bleffés
étoient prifes fur la mafîe commune du butin même
avant le partage, & perfonne n’en murmuroit.Le
prix d’un bras, d’une jambe , d’un oeil perdus dans
un combat étoit fixé oc payé fur le champ. Le plus
brave étoit chef & toujours obéi. Ces barbares,
ennemis de toute autorité, étoient efclaves de la
difcipline qu’ils s’étoient impofée. Ce qui afflige le
le plus l’homme qui penfe, en lifant l’hiftoire de ces
fléaux de l’humanité, c’eft de voir qu’une forte
d’amitié puiffe s’allier avec la barbarie, le vol &
tous les crimes. Avant de partir pour une expédition
, deux aventuriers s’aflbcioient. comme les
anciens frères d’armes, juroient de partager le péril
la-gloire, le butin, & tous deux obfervoient fidèlement
le traité. Si l’un périffoit dans le combat
-, l’autre vengeoit la mort de fon ami, & héri-
toit de la part qui lui étoit due. On en a vu plu-'
fieurs s’afïocier pour la. vie, & obferver ce paâe
jufqu’à la mort. Les Françoisles Efpagnols, les
Anglois, les Hollandois avoient leurs aventuriers
qui infeftoient fans ceffe les çôtes de l ’Amérique.
Dans des temps de guerre, chaque nation envoyoit
les fiens contre la nation ennemie pour détruire fon
commerce ; mais quand la paix étoit fignée, l’autorité
des fouvçrajns- ne pouyoit plus retenir ces
brigands,
brigands, accoutumés à combattre pour eux-mêmes
«& non pour la patrie. Ils ont fouvent rallumé des
.•guerres éteintes ; & quelquefois on les a vus s’emparer
même des vaifteaux de leur nation. Lorfque
des flibuftiers ennemis fe rencontroient fur la mer,
ils s’évitoient, & l’on en fent affez la raifon. La
i-ufe leur étoit familière, & fouvent ils la pouffoient
jiifqu’à la perfidie. Leur but étoit de furprendre &
non pas de combattre ; mais lorfqu’ils trouvoieht
l'ennemi fur fes gardes,, ils faifoient affez voir
que, s’ils adoptoient, pour vaincre, la méthode la
plus aifée, Ce n’étoit pas qu’ils fuffent intimidés par
lé péril.
Le rendez-vous des aventuriers François, étdit
l’île de la Tortue furies côtes de S. Domingue;
•ce fut vers 1630 qu’ils s’y établirent ; ils en chaffè-
rent les Efpagnols, furent chafies à leur tour, y
rentrèrent & s’y maintinrent. Us eurent beaucoup
de part aux révolutions qui agitèrent cette colonie.
Ils fe fignalèrent par de fréquentes révoltes.
Leurs chefs avoient plus d’autorité que les gouverneurs
même. La cour ofoit à peine nommer ceux-
c i , fans le fuffràge de cette foldatefque plus dan-
gereufe qu’utile. Le plus grand défavantage de cette
inflitution, moins aùtorifée que tolérée , c’eft que
les flibuftiers engageoient les colons à groffir leur
multitude , que ceux-ci de brigands aevenoient
oififs, & aimoient mieux, au péril de leur v ie ,
s’enrichir des dépouilles de nos ënnemis, que de
fie nourrir paifiblement des produéfions de la terre
qu’il falloit cultiver. Le premier qui fe fit un nom
dans les Antilles, fut Pierre, dit le Grand : il s’étoit
embarqué pour courir des aventures. Son vaiffeau
avoit été battu par la tempête. L’çau entroit de
toutes parts. Les vivres étoient épuifés. Vingt* fix
hommes exténués de fatigue compofoient tout l’équipage.
On apperçut un gros vaiffeau Efpagnol,
Pierre le Grand l’aborde , y jette fes vingt-fix
compagnons , & pour leur ôter tout .efpoir de
retour, crève fa barque & la fait couler bas» Après
un combat opiniâtre , il demeura maître de l’Ef-
pagnol, monté par quatre ou cinq cens hommes.
L’Ollonnois qui parut après celui-ci , n’étoit ni
moins téméraire ni moins heureux. Tandis que
les Efpagnols faifoient des réjouiffances publiques
fur un faux bruit de la mort de ce pirate , qu’il avoit
fait courir lui-même , à la tête de vingt & un
foldats divifés dans deux canots, il ofa attaquer
une frégate défendue par trois cens Efpagnols, en
fit périr la moitié par le feu de fa moufqueterie ,
maffacra le refte de ^propre main, & s’empara
du vaiffeau. Un fuccèvsfî extraordinaire lui acquit
la plus haute réputation. 'Michel le Bafque, intrépide
brigand, s’attacha à lui,* une foule aventuriers
vinrent lui offrir leurs fervices , il eut bientôt
une efcadre, entra dans la baie de Venezula,
s’empara de Macaraïbo, & emporta tout ce que
les Efpagnols avoient laiffé de tréfors dans, cette
ville. A peine revenu de cette expédition, il en
médita une autre, defcendit fur îés côtes de la
Hijloire, Tom. I. Deuxième Part,
rovînce d’Honduras, parut fous les murs de San-
edro, vît une garnifon nombreufe rangée fur les
remparts, livra fiaffaut, & avec trois cens hommes
entra triomphant dans une ville qui auroit pu fe
défendre contre une armée. Quelques jours après,
ce conquérant, jette par la tempête fur une côte
inconnue, fut dévoré par les Indiens. Une mort
fi cruelle n’effraya point Monbars. Ce jeune homme
avoit fucé avec le lait la haine du nom Efpagnol.
Cétoit dans le récit du maffacre des Péruviens ,
qu’il avoit appris à lire. Dès fa plus tendre enfance,
il avoit juré de confacrer toute fa vie à la deftruction
de la nation Efpagnole. Un jour qu’il jouoit fur
un théâtre le rôle d’un François infulté par un
Efpagnol, il entra fi bien /en fcène, que fi l’on
n’eût arraché de fes bras fon camarade déjà meurtri
de coups, il alloit l’égorger. Dès qu’il eut la force
de lever une hache , il fe jetta fur une barque ,
& courut fus aux Efpagnols ; il fut le fléau de leur
commerce , prit leurs vaiffeaux, ravagea leurs provinces,
brûla leurs villes. Chaque fois qu’il maffacroit
un Efpagnol, je voudrois^ difoit-il, que ce fût le dernier.
Son cri de guerre étoit,.point de quartier aux Efpagnols.
Il n’avoit d’autre but, difoit-il, que d’appaifer les
mânes des Américains exterminés par ces impitoyables
conquérans. Mais pour venger l’humanité,
il ne falloit pas l’outrager. Les Efpagnol ' oppo-
fèrent aux aventuriers François des Sommes à qui
un inftind auffi féroce avoit fait embraffer la-mème
profeflion: les Anglois avoient leur Morgan, les
Hollandois leur Laurent Dégraff qui depuis trahit
fa république pour fervir la France. On rendra
compte de leurs exploits dans le récit des grandes expéditions
où ilsfe font réunis aux troupes nationales^
On a vu auffi la Méditerranée & l’Archipel in-
feâés de ces brigands. Les puiffances européennes
ont frappé les coups les plus terribles fur ces républiques
africaines qui s’enrichiffent des dépouilles
des nations commerçantes. On a négocié avec elles ,
& les traités n’ont guères mieux réuffi que les
châtiraens. ( M. de Sa c y. )
AVENZOAR,. ou A benzOAR , {dit le cyige &
Vlllußre. ) { Hiß. des Arab. ) médecin Arabe du
douzième fiècle, contemporain d’A verroes, & lo u é
par ce dernier. On prétend qu’il vécut 136 a»s-
& qu’il eut l’obligation de cette longue vie à fes
: connoiffances en médecine, en chirurgie & en pharmacie
; on a dé lui un ouvrage intitulé : Re&ificatio
medicationis & regiminis , Ly on, 153ï . in-8° & un
traité fur les fièvres, Venife 1576, in-fol. ■
AVERANI, ( Benoit) {Hiß. litt. mod. ) On dit
des chofes merveilleufes des connoiffances & de
ia mémoire de ce favant. Il favoit tout & pouvoit
tout enfeigner. Il n’y avoit point de poète latin
ou italien , qu’il ne sût prefque entièrement par
coeur, dont il ne citât fur le champ de longs pafi
fages, & dont il ne pût trouver chaque article à
l’ouverture du livre. Né à Florence en 1645. Mort
à Pife en 1707* On a un recueil de fes oeuvres