
ABISAG , ( Hifl. Sainte. ) c’eft Je nom de la
jeune Sunamite, choifie pour fervir David dans fa
vieilleffe. Après la mort de ce prince, Adonias,
ïm cle fes fils , voulut époufer Abïfag; Salomon fit
périr ce prince qui lui étoit devenu fufpecl, & le
mariage n’eut point lieu. Saint Jérôme n’a vu
qu’une allégorie dans l ’hiftoire de la Sunamite.
A B ISA I , (Hifl. Sainte. ) un des brades de David
, tua de la main trois cens hommes, mit en
fuite ou tailla en pièces dix-huit mille Iduméens,
& maffacra un géant Philiftin, nommé Sesbibenoc,
qui étoit armé d’une lance, dont le fer pefoit trois
cens ficles.
? A B IU , ( Hifl. Sainte. ) Nadab & Abiu, enfans
d’A aron, confumés par les flammes, pour avoir
«nis du feu profane dans leur encenfoir, vers l’an
1490 avant J. C.
A BLANCOURT, (d’) voye^ Perrot.
ABNER , ( Hifl. Sainte. ) fils de Ner , général
des armées de Saül, puis a’Isbofeth, & enfin de
David j affaflîné par Joab , devenu jaloux de fa
faveur! David lui fit élever un tombeau à Hébron.
Ce fut , dit-on, à l’occafion de ce meurtre, que
David compofa le pfeaume 143. Domine , probafli
me & cognovifli me, &c. «Seigneur, vous m’avez
» éprouvé & vous m’avez connu »,
ABQU-HAINF A H , ( Hifl. Mod. y célèbre docteur
mufulman, chef de la feétè des Hanifites ,
d’une modération plus recommandée aux Chrétiens
qu’ufitée parmi eux. Un brutal lui ayant donné
un foufflet, il retint un premier mouvement,
& lui dit d’ un ton tranquille ; un homme emporté
vous puniroit, un délateur vous accuferoit, un vrai
Mufulman vous pardonne , & prie Dieu pour vous.
Il mourut en prifon a Bagdat, vers l’an 757. C ’eft
le Socrate des Mufulmans.
ABOU-JOSEPH, ( Hifl. Mod. ) do&eur Muful-
fulman, difciple du précédent, avoit une modef-
tie égale à la modération de fon maître. Le calife
Aaron-Rachid l’aimoit & l’efiimoit, & lui faifoit
une penfion. Interrogé un jour fur une "queftion,
qui paroiflbit être de fon reflort, il déclara nettement
qu’il n’en favoit rien. » Mais , lui dit-on, le
m calife vous paye pour le favoir. » Heureufèment,
» répondit Abou-Jofeph , le calife me paye pour ce
» que je fais, s’il me payoit pour ce que je ne fais
» pas, fes tréfors ne pourroient y fiiffire».
ABOULOLA , ( Hifl. Mod. ). le premier des
poètes Arabes, étoit aveugle, comme Homere ,
Offian & Milton. La petite vérole lui avoit fait
perdre la vue à l’âge de 3 ans. Né à Maora, en
073 , mort en 1059.
ABRABANEL , Abarbanel , ou Avrava- nel , ( Isaac ) eft trop connu parmi les rabbins,
pour n’être pas au moins nommé ici. Les Juifs le
font defcendre de David. Quoiqu’il en foit, il naquit
à Lisbonne en 1437, fut confeilier d’Alphon-
fe V , roi de Portugal, puis de Ferdinand le Catholique
, roi d’Efpagne mais les Juifs ayant été
pfiafTé$ d’Efpagne en 1492, il fut obligé d’en fortir
, & après avoir erré en différefls pays, il mourut
a Venife en 1508. Ses principaux ouvrages
font fes commentaires fur l’ancien Teftament, &
un traité fur la création du monde , où il réfute
Ariflote, qui croyoit le monde éternel.
ABRÂDATE, ( Hifl. ancl). roi de la Sufiane,allié
de Cyrus, tué dans une bataille en fervant ce prince,
contre Cræfus : Panthée, femme d"Abradate, fe tua
de défefpoir fur le corps de fon mari. Cette hiftoire
eft très-intéreffante dans la Cyropédiede Xénophon.
Cet évènement arriva environ cinqfiècles & demi
avant l’ère chrétienne.
ABRAHAM, & d’abord A bram ( Hifl. facrée. )
fils de Tharé, defcendoit en droite ligne de Sem ,
fils aîné de Noé , par Àrphaxad, Salé, Heber s
Phaleg, Rehu , Sarug, Nachor & Tharé. Il naquit
à Ur en Chaldée, l’an du monde 2008. Son père
étoit idolâtre. Abram avoit reconnu la vanité des
idoles, & n’adoroit que le, vrai Dieu. Ils quittèrent
leur patrie, pour venir en Méfopotamie : ils
s’arrêtèrent à Haran où Tharé mourut. Abram paffa
en Palefline , & fe fixa à Sichern avec Sara fa
femme , & Loth fon neveu. La famine les obligea
de fe rendre en Egypte : ils revinrent enfuite dans
la terré de Chanaan, Alors Abram fe fépara de Loth
fon neveu, parce que l’endroit où ils étoient entre
Bethel & Haï ne pouvoit fuffire à leurs nombreux
troupeaux. Abram s’établit dans la vallée de
Mambré. Ce fut là que Dieu, qui avoit dirigé
toutes fes courfes , changea fon nom d’Abram en
celui dé Abraham, qui fignifie pere de la multitude y
lui promit qu’il auroit un fils de fa'femme Sara,
quoique déjà fort avancée en âge, & lui prefcrivit
la circoncifion comme le fceau de fon alliance avec
lui. Cependant Abraham avoit un fils nommé If~
maël, d’A gar, une de fes fervantes , qu’il avoit
prife pour femme, du vivant & du confentement-
de Sara. Celle-ci devint grofle , & accoucha d’un
fils qui fut circoncis. Abraham s’étoit lui-même
fournis à cette opération, à l’âge de près de cent
ans. L’enfant fut appellé Ifaac, & Dieu lui avoit
promis qu’il feroit père d’une poftérité nombreufe.
Ifaac avoit à peine vingt-cinq ans, lorfqii Abraham
reçut ordre de le lui offrir enfacrifice. Le patriarche
fe difpofoit à obéir ; 8c lorfqu’il levoit le bras
fur la viétime pour la frapper, lange du Seigneur
arrêta fon bras, & fubffitua un bélier à la place
de ce fils chéri. Sara étant morte , Abraham époufa
Cethura dont il eut fix enfans ; il mourut à
l’âge de cent foixante-quinze ans, & fut enterré
auprès de Sara, dans le fépulchre qu’il avoit acheté
à Hebron. Voyeç la Genkfe & Jofephe. L’hiftoire
d’Abraham eff racontée par les rabbins avec beaucoup
d’autres circonftances , dont ces hommes
crédules & fuperflitieux l’ont chargée , & parmi lesquelles
il eft difficile de reconnoître la vérité. (A. Ri)
ABSALOM, ( Hifl. Sainte. ) troifième fils de
David, naquit à Hébron , de Maacha , fille de Thol-»
maï, roi de Geffur. C’étoitle plus bel homme de touç
Ifraël. ^’Ecriture célèbre beaucoup fa chevelure,qu’ÿ
A B S
falfoîtcouper unefois tous les ans, parce que fon
poids de deux cens ficles l ’incommodoit beaucoup,
informé de l’outrage qii’Amnon fon frère avoit
fait à leur foeur Thamar, ( Voye1 A mnon ) il conçut
un violeht défir de le laver dans le fan g du
Coupable : il l’invita deux ans après à un feftin, &
t ’y fit maffacrer fous fes yeux. David eut bien de
ta peine à lui pardonner de fratricide, & Abfalom
fefta cinq ans entiers dansi fa difgrace. De retour
à la cour de fon père , il fouleva le peuple contre
lui, & le chaffa de Jérufalem. Joignant l’outrage
& l’incefte à la révolte, il abufa publiquement de
toutes les femmes de David, dans une tente dreffée
fur la terraffe du palais du roi. David -, forcé dé fe
défendre , leva une armée contre Abfalom , & en \
donna le commandement à Joab. Abfalom fut dé- ;
fait dans la forêt d’Ephraïm ; & lorfqu’il fù y o it,
fes cheveux s’étant embarraffés dans les branches .
d’un arbre , fon cheval fe déroba fous lui , & le ;
prince refta fufpendu. Joab le voyant en cet état,
ordonna d’abord à un foldat de le tuer , & fur le refus
du foldat, Joab le perça lui - même de trois dards ,
quoique David eut expreffément ordonné à tout.
le monde d’épargner la vie de ce fils rebelle &
dénaturé. Sa mort peut être placée vers l’an du
monde 2980. David le pleura ; il étoit père.
ABSALON ,fH ifl. de Danemarck. ) miniftre, général
& prélat , defcendoit d’une des plus illuftres
maifons de Danemarck. Il avoit été élevé à la cour
de jeune Valdemar, qui depuis parvint au trône ,
& fut contraint de difputer à Suénon III & à Canut
Y l’héritage de fes pères. Il fut l’ami de fon maître,
partagea fa bonne & fa" mauvaife fortune , l’aida
de fes confeils, de fes biens , de fon fang , admi-
niftra fes finances, commanda fes armées, dirigea
fes démarches politiques. Il étoit préfent en 1157
à la fêté exécrable où le perfide Suénon fit affaffi-
ner fes deux rivaux. Dans l’horreur des ténèbres,
Abfalon chercha Valdemar pour fe jetter au devant
des coups dont il étoit menacé. Il reçut dans fes
bras la viéfime des fureurs de Suénon, l’emporta
toute fanglante; & lorfque la lumière lui permit
de voir le fardeau dont il s’étoit chargé, il reconnut
Canut, lé rival de Valdemar. Alors, dit Pon-
tanus, une joie fecrette fe mêla à fa douleur ; il
alla rejoindre Valdemar qui, après s’être long-temps
défendu contre les affaflins, s’étoit fait jour l’épée
à la main, & avoit trouvé chez quelques Danois
fidèles un afyle inacceflible à la haine du tyran.
Là il raffembla quelques amis : cette troupe devint
bientôt un parti ;■ ce parti fe groflit, & forma en
peu de temps une armée. Abfalon la commanda
fous Valdemar ; elle courut de vi&oires en viâoires,
& Suénon périt comme il l’avoit mérité.
Valdemar reconnu fans obftacles,fe livra au
penchant de fori amitié ; il fit Abfalon évêque de
Rofchild , puis archevêque de Lunden. Le prélat
ne fufpendit ni fes fon&ions pacifiques, ni fes travaux
militaires. On fait que dans ces temps barbares
, les miniftres d’un Dieu de paix marchoient
A B S i p f
à la tète des armées, échauffoient le carnage, &
trempoient dans le fang des hommes, des mains
qu’ils levoient enfuite vers le ciel, pour lui tendre
grâce du fuccès de leurs fureurs. Dans un fiècle
plus éclairé & moins éloigné du nôtre , nous avons
vu encore des cardinaux paroître dans les fiéges &
dans les combats.
Valdemar fit partir Abfalon avec Magntis contré
les Slaves qui com mettaient d’horribles brigandages.
Après avoir fait un défert de leur contrée, les
Danois fongèrent à rentrer dans leur patrie. Abfalon,
toujours le premier quand on alloit à l'ennemi
, étoit toujours le dernier dans la retraire. L’armée
venoit de paffer une rivière , mais le prélat
étoit encore fur l’autre bord avec l’arrière-garde.
On apperçoit un parti de Slaves ; il étoit aifé au
général de mettre la rivière entre les ennemis &
lui ; mais il étoit trop jaloux de la réputation des
armes danoifes, pour difparoître fans coup férir.
Suivi de quarante cavaliers d’élite, il court lus aux
Slaves , les met en déroute , & revient tranquillement
joindre l’armée.
Aufli profond dans l’art des négociations , que
dans celui de la guerre, il ne prit jamais les armes,
fans avoir tenté les voies politiques. Les pirates
qui infeftoient les mers, furent les feuls avec qui
il n’ufa point de cette modération : elle eût été dan-
gereufe. Il les attaqua dans' le golphe d’Oréonde;
ils n’osèrent accepter le combat, & s’enfuirent à
force de rames & de voiles ; mais Abfalon les pour-
fuivit, fut les atteindre, ern maflacra une partie
fur leurs vaiffeaux, fit pendre le refte fur le rivage,
pour effrayer par cet exemple ce ramas de fai-
néans. avides qui troubloient le commerce des
nations.
Après cette vi&oire, l’infatigable miniftre paffe
en Zélande , & par des moyens doux & infaillibles
, étouffe une révolte prêfe à éclore. Il apprend
que le même efprit de fédition fermente dans la
Scanie ; il y court , & les mutins rentrent dans
le devoir à fon approche ; lès troubles fe réveillent
en Zélande, Abfalon y revient, & tout eft
pacifié, ri
Sur ces entrefaites, Valdemar moiirut en 1182.
Ses fujets le pleurèrent, & l’on fent quelle impref-
fion' profonde cette perte dut faire fur le, coeur de
fon ami. A bfalon con fer va à Canut V I ce zèle aélif,
ce défintéreffement h ?roïque qu’il avoir fait- éclaterions
le règne précédent. Quelques troubles ayan t
appellé le roi en Jutland, Bogula's, duc de Pomé-
j ranie, vint fondre fur lifte de Rugen : Abfalon,
fans attendre l’ordre du roi, équipa une flotte, pré-
fenta la bataille à Bogiflas , prit, coula à fond, ou
mit en fuite tous fes vaiffeaux, & le pourfuivit
jufqu’au fein de fes états. Enfin il mourut en 1202 ,
• comblé de gloire, & emporta au tombeau les re-
.grêts de la nation & ceux du monarque.
La faveur confiante dont il jouit fous Valdemar
' & Canut, ne fait pas moins l’éioge de cèÿ deux