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L’hiftoire des Arabes offre eneore quelques autres
Abdalla moins célèbres, un entr’autres dont
l’avarice & la valeur étcient également paffées en
proverbe, & dont on difoit : La bravoure & la libéralité
font inféparables, excepté cher Abdalla , fils
de Zobair ; oc un autre, qui étoit doéleur, 8c qui
difoit que la devife des do&eurs devroit être , je
ne fais pas. *" _
Mais nous ne pouvons paffer fous filence le fameux
Abdalla I I I , feptième calife Abbalîide , 8c
le fécond après Aaron Rachid, plus connu fous le
nom 01 Almamon.
A bdalla Almamon , ( Hifl. des califes.)
vingt-feptième calife de Bagdad, fut proclame le
même jour que fon frère tut affafliné. Son p r e mier
foin fut de confier l’adminiftration à des
hommes intègres 8c éclairés, qui confpiraffent
avec lui à faire le bonheur de fon peuple. L’emr
pire étoit alors agité de guerres civiles , deux def-
cendans d’AÜ s’étoient fait fucceffivement proclamer
califes dans Cufa ; mais cette rébellion fut
bientôt réprimée. Les théologiens mulùlmans fuf-
citèrent des troubles plus difficiles a appaifer : il
s’agiffoit de décider fi l’alcoran étoit créé ou incréé.
Un de ces doâeurs débita devant lui des argumens
fubtils, pour lui prouver que chaque article venant
de Dieu , devoit être éternel comme lui ;
le calife qui favoit mieux faire ufage de fon cime-
. terre que des armes de la fcfiolaftique , finit la
difpute en coupant d’im feul coup la tête du
do&eur. Abdalla Almamon penchoit en fecret
pour la fefte d’A li, 8c ne pouvant plus contenir
fon zèle, il défigna pour fon fuccefïeuf un
defcendant du gendre du prophète. C ’étoit facri-
fier à fa religion les intérêts de fa famille, qui
depuis long-tems poffédoit le califat. Les Abbaffi-
des, pour prévenir leur dégradation , réfolurent
- de le dèpofer, 8c de mettre à fa place Ibrahim,
fon oncle , qui auffi-tôt fut proclamé calife dans
Bagdad. Almamon reconnut alors l’indifcretion de
fon zèle ; 8c pour regagner l’affeâion des peuples ,
il fit affalfiner dans le bain fon vifir, qui lui avoit
confeillé de fe ranger parmi les difciples d’A li; 8c
marchant enfuite vers Bagdat, il apprit fur fa
route qu ibrahim avoit été dépofé : il fit fon entrée
avec tout l’appareil de la vengeance , 8c après
avoir infpiré la crainte, il eut la modération de
pardonner. Mais les habitans furent fcandalifés
de voir fes^troupes habillées de verd , qui etoit
la livrée des Alides ; 8c ce fut pour foire ceffer
les murmures , que huit jours apres il les fit habiller
de noir, qui étoit la couleur des Abbaffides.
Quand tous les troubles dômeftiques furent ap-
pajfés, il tourna fes armes contre les Grecs qui
avoient fait périr feize cens habitans de Tarfe 8c
de Mafyfia , en Cilicie ; les terres de l’empire
furent ravagées ; il parcourut enfuite fes provinces
agitées par l’ambition des gouverneurs qui s’eri-
geoient en fouverains. Aydus , qui étoit le plus redoutable,
fut vaincu 8c puni. Les Bima'idés, tribu
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putffante d’Egypte qui ne vouloit point reconnoître
de maîtres, furent taillés en pièces ou réduits eu
efclavage ; 8c rentrant enfuite fur les terres de l'empereur
G re c , il s’empara de quatorze villes. U eut
pouffé plus loin fes conquêtes, fila mort ne l’eut
arrêté dans le cours de fes triomphes. Ses traits nous
ont été tranfmis par les hiftoriens fes contemporains.
Sa phyfionomie étoit agréable, 8c fa taille régulière
8c majeftueufe annonçoit le maître du monde. Il
mourut dans la quarante-neuvième année de fon
âge, après un règne de vingt ans cinq mois 8c
treize jours. Ce prince fut 1 ornement de la for-
mille des Abbaffides , fi féconde en grands hommes
; prote&eur des talens , il appella dans fa
cour les favans de toutes les contrées. C’étoit par
le glaive que fes prédéceffeurs avoient établi
riflamiime ; il prit une autre route : ennemi da
Ja théologie fcholaftique, il dédaigna 8c punit ces
do&eurs turbulens, qui obfcurciffent les vérités les
plus fimples par des raifonnemens pointilleux. La
tolérance de tous les cultes affura la tranquillité de
l’empire ; humain 8c indulgent, il avoit coutume
de dire que fi la trempe de fon coeur étoit bien
connue, les plus grands criminels l’aborderoient
fons craindre d’être punis. Les doéleurs rigides le
blâmèrent d’avoir introduit la philofophie 8c les
autres fciences fpéculatives ; ce fut fous fon règne
que l’aftronomie commença à être cultivée chez
les Mufulmans , qui auparavant n’avoient . que
des aftrologues. ( T-n .)
ABDALMALEK, (Hifl. des califes.) cinquième
calife Ommiade, oc l’un des grands conqué-
rans Arabes, fi décrié pour fon avidité, qu’il en
fut furnommé 1-écorcheur de pierre, 8c célébré cependant
par l’hiftoire, parce qu’il fit la guerre avec
fuccès, 8c qu’il étendit la domination de fon peuple.
Il étoit, comme tous les héros barbares , fort
vaillant 8c fort fuperftitieux, croyant aux fonges
8c aux prédirions. On a dit de lui qu’il avoit l’na-
leine fi infecte, qu’elle tuoit les mouches qui fe
repofoient fur fes lèvres ; ce qui a bien l’air d’une
exagération de mauvaife phyfique.
„ABDALONYME, Voyei Abdolonyme.
ABDAS , évêque, dans la Perfe , qui, par uh
zèle inconfidéré, alluma une violente perfécution
contre les Chrétiens. Ceux-ci n’étoient que tolérés
dans la Perfe, Abdas voulut être intolérant, 8c
non content de la liberté de confcience, 8c même
de culte public qu’on accordoit aux Chrétiens, il
r.enverfa un des temples confacrés à l’adoration du
feu. Sur les plaintes des mages , le roi fit venir
Abdas, 8c lui ordonna de rebâtir Ce temple , lui
déclarant qu’en cas de défobéiffance, il feroit ren-
verfer toutes les églifes des Chrétiens ; Abdas aima
mieux les laiffer détruire, 8claiffer abolir le culte
des Chrétiens dans la Perfe, que de réparer le dommage
qu’il âvoiP'caûfé, en quoi il montra un zele
plqs opiniâtre que jufte ou éclairé. Bayle n’a pas
toujours raifon, à beaucoup près : mais il feroit
difficile de répondre aux argumens, par lefquels il
Combat
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combat les éloges donnés par quelques écrivains
eccléfiaffiques, au refus que fit Abdas d’obéir. Il
lui en coûta la vie , le roi indigné le fit périr, 8c
abandonna les Chrétiens à la perfécution des mages
lèurs ennemis. Au reffe on ne s’accorde ni fur 1 e-
poque de cet événement, ni fur le nom du roi
fous leqùel il . arriva. Selon Théodoret , c etoit
Ifdegeraes qui vivoit du temps de 1 empereur Theo-
dofe le jeune-, félon Socrate, c’étoit Vararanes, fils
8c fucceffeur d’Ifdegerdes ; 8c Baronius n’ofe prononcer
entre Théodoret 8c Socrate.
ABDELATIF, ( Hifl. des Tartares.) grand
kan des Tartares, mort en 1435 » ^ut dernier
de là race de. Gengis-kan.
ABDEMELECH, {Hifl. Sainte. ) Ethiopien de.
naiffance, eunuque ou ferviteur du roi Sedecias,
fachant que Jérémie languiffoit dans une prifon ou
les principaux de Jérufalem l’avoient fait mettre,
obtint de fon maître la permiflion d’aller l’en tirer.
Cette aélion généreufe, comme le lui avoit prédit
le prophète, ne refta pas fons recompenfe.
f Jérém. xxxix. if. 16. ) Nabuzardan , ayant pris
8c pillé la ville , Abdemelech 8c Jérémie furent
épargnés. An du monde 3416, avant J. C. 5®4 j
8c. avant Père vulgaire. 588. ( A. R.)
Abdemelech ou Abdemelek, , ( Hifl. mod.)
roi de Fez 8c de Maroc. Ce prince 8c Mahomet
Ion neveu fe difputoient le trône ; Adbemelek, appella
les Turcs à fon fecours, 8c Mahomet les Portugais.
Don Sébaftien, roi de Portugal, paffa lui-
même en Afrique, 8c alors fe livra le 4 août
1578 cette célébré bataille d’Alcacer. où les trois
rois, les deux maures 8c le portugais périrent.
On ne put retrouver le corps de don Sébaftien.
ABDENAGO ou A zarias , ( Hifl. Sainte. )
proche parent du roi Sédécias, fut un des trois
jeunes hébreux,compagnons de Daniel; jettes dans
une fournaife ardente , pendant la captivité des
Juifs à Babylone, pour n’avoir pas voulu fe prof-
terner devant la ftâtue que Nabuchodonofor avoit
fait ériger , 8c qu’il vouloit qu’on adorât. Dieu les
délivra miraculeufement, 8c ils fortirent des flammes
fans avoir éprouvé aucun mal.
ABDERAMEI, ( Hifl. des califes. ) furnommé
Abdel, c’e ft-à-dire, le Jufte, mérita fons doute
ce glorieux furnom par des aélions que l’hiftoire
ne nous a pas tranfmifes, car elle ne nous le peint
que comme un conquérant qui dévafte tous les
pays qu’il foumet à fa puiffance. Il étoit petit-
fils du calife Hefcham de la race des Ommiades ;
après la ruine de fa famille en A fie , les Sarrafins
révoltés contre leur roi Jofeph, l’appellèrent d’A frique
en Efpagne, vers l’an 754. Il défit plufieurs
fois ce prince, oc lui ayant ôté la vie dans le dernier
combat qu’il lui livra , il prit le titre de roi de
Cordoue, 8c celui de calife en 76a. Il conquit ou
plutôt il ravagea la Caftille, l’Aragon, la Navarre, le
Portugal. Aurélius, l’un des rois d’Efpagne , acheta
de lui la paix, en lui payant un tribut annuel
de cent jeunes filles. Abderame bâtit la grande mpf*
Hifloïre. Tom. I.
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quèe de Cordoue , mais nous 11e voyons rien dans
tout cela qui mérite le furnom de Jufle. Il mourut
en 790 , laiffant onze fils 8c neuf filles ; Ofman fon
fils lui fuccéda. Il y a trois autres Abderame, rois
de Cordoue; qui méritent à peine d’être nommés.
( A .R . ) c
Abderame ou Abdalrahman , {Hifl. des Sarrafins.)
général de Hefcham, calife des Sarrafins
au huitième fiècle, conquit l’Efpagne , pénétra en
France avec une puiffante armée , prit Bordeaux ,
dont il pilla 8c brûla les églifes, vainquit Eudes ,
duc d’Aquitaine, qui avoit vaincu Zama , autre général
des Sarrafins à la bataille de Touloufe eft
72.1 , traverfo 8c ravagea le Poitou, 8c s’avança
jufqu’à Tours. La mémoire de ces ravages s’eft
cenfervée 8c fubfifte encore parmi le peuple de
ces contrées. Charles Martel arrêta les conque-:
tes d'Abderame, 8c lui ôta la vie dans une ba-
: taille fomeufe , donnée près de Poitiers en 731.
Ce grand événement, qili fauva l’Europe du joug
du mahométifine, a tant exalté l’imagination des hif-
toriens, qu’ils nous ont donné fur cette bataille des
calculs abfolument incroyables ; ils ne parlent
pas de moins que de trois cens foixante - quinze
mille Sarrafins reftés fur le champ de bataille, tandis
que les François, félon eux, ne perdirent que quinze
cens hommes. Concluons feulement que les Sarrafins
étoient très - fupérieurs en nombre, 8c que
leur perte fut hors de toute proportion avec celle
des François. U paroît que Paul Diacre , 8c Anaftafe
le bibliothécaire, qui tous deux ont parlé de
ce nombre incroyable des Sarrazins tués à Poitiers,
8c qui font les premiers qui en aient parlé, ont
confondu la bataille de Poitiers , gagnée par Charles
Martel, contre les Sarrafins , commandés par
Abderame, en 732., avec la bataille de Touloufe,
gagnée par le duc d’Aquitaine Eudes, contre les
mêmes Sarrafins, Commandés par Zama, en 721.
Une circonftance qui a pu les tromper , c'eft
api'Abderame périt à la bataille de Poitiers comme
Zama, dans celle de Touloufe. Paul Diacre nomme
Charles Martel, par conféauent il défigne la
bataille de Poitiers ; mais Anaftafe le bibliothécaire
parle d’Eudes, prince d’Aquitaine, 8c tous deux
rapportent la même circonftance des trois cens
foixante-quinze mille Sarrafins tués, 8c quinze cens
François, feulement. Anaftafe cite l’autorité d’Eudes
lui - même , . qui l’écrivit ainfi au pape Grégoire
II ; ce qui fait voir qu’il s’agit de la bataille de
Touloufe, 8c non de celle de Poitievs ; car, félon
le même Anaftafe, le pape Grégoire 11, eft mort
le 11 février 731 , oc par conféquent n’a point
vu la bataille de Poitiers livrée en 732-. Il paroît
donc que Paul Diacre parle de la bataille de Poitiers,
8c Anaftafe , de la bataille de Touloufe , 8c
cependant chacun d’eux applique a la bataille dont
il parle, ce calcul merveilleux des morts des Sarrafins
, comparés à ceux'des François ; calcul qui
ne peut être vrai ni pour l’une ni pour l’autre de
çes batailles. Au refte, Anaftafe ne rapporte point