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(_ > A AB , {Hiß. des Arabes. ) d’abord ennemi de
Mahomet naifiant, puis confident & favori de
Mahomet puifiant & vainqueur, eut part à la
compofition de l’aîcoran. Mahomet, pour récom-
penie, lui donna fon manteau , parce qu’Elie avoit
donné le lien à fon difciple Elifée ; car ce Mahomet
n’étoit point inventeur. Caab mourut l’an 622
de l’ère chrétienne.
C A B A C K , {Hiß. mod.) C’eft ainfi qu>n appelle
en Ruflîe les cabarets & les maifons où l’on
va boire du vin , de l’eau - de - v ie , & d’autres liqueurs
fortes. Tous les cabacks ou cabarets qui
font dans l’étendue de Pempire , appartiennent au
fouverain ; il eft le feul cabaretier de fes états ; il
afferme en argent ces fortes de maifons ; cela fait
une partie confidérable de fes revenus, attendu la
vafte étendue des pays qui lui font fournis, & l’invincible
penchant que fes fujets ont à s’enivrer de
v in , & fur-tout d’eau-de-vie. {A . R.}
C A B AD E , ou CAV ADE S , ou K O B A D , roi
de Perfe, qui fit la guerre aux empereurs Anaf-
tafe, Juftin & Juftinien ; nous ne parlons de lui
que pour rapporter le mot d’un vieillard. de la ville
d’Amide, place qu’il livroit au pillage après l’avoir
prife d’affaut. Si c e fi pour nous punir de notre ré
f i fiance , lui dit le vieillard, que vousvous déshonore^
par ces cruautés , vous .êtes aujfi ingrat que-
cruel; quel prix auroit votre viéioire fan§ cette réfif-
tance? On dit que fur ce mot le pillage; cefla.
Cabade mourut en 531.
CAB A LLO, (Emmanuel) ( Hifi. mod. ) génois
qui fit lever aux François le fiège de Gênes -en
15 13, par une aâion hardie. La ville manquoit de
vivres; un vaiffeau qui lui en apportait alloit
tomber au pouvoir des affiégeans, Cabdllo monte
fur un autre vaiffeau, efcorte le convoi ;8t l’introduit
dans là v ille , non feulement à .la Vue des
François, mais fous leur canon, qui ne ceffoit de
tirer fur lui.
CABANE. {Hifi. de Sicile.) C’eft le nom du
mari & du fils d’une femme beaucoup moins connue
, fous ce nom , que fous celui de la Catanoife.
Sur la fatale averfion de la reine Jeanne première
de Naples pour le roi André de Hongrie fon mari,
averfion qui avoit fon fondement dans les
qualités méprifables de ce prince crapuleux & féroce
, averfion nourrie par les conjonéhires politiques,
qui donnant à André des prétentions , de
fon chef fur la couronne de Naples , le rendoient
en quelque forte le rival de fa femme, averfion enfin
aigrie, enflammée & pouffée aux effets les plus
finiftres par les confeils auxquels la jeuneffe
d’André & de Jeanne étoit abandonnée, voyelles
articles Anjou & Jeanne de Naples. La
Catanoife avanturière illuftre, intriguante heureufe
& fans doute habile , fubjuguoit l’efprit docile
de Jeanne , comme elle avoit fubjiigué la dù-
cheffe de Calabre fè mère , une autre première
duchefie de Calabre, & les deux femmes du roi
Robert fon ayeul. Il fut donné à cette femme fin-
gulière de gouverner, de féduire ; & de pafïèr par
tous les degrés de la fortune ; née dans l’obfcurité ,
elle vécut dans tout l’éclat de la faveur, de la
puiffance, des richeffes, & mourut dans les tortures.
C’étoit originairement une blanchifleufe &
la femme d’un pécheur de Catane en Sicile,d’où
lui vient ce nom de Catanoife : elle fut choifie à
dix-fept ans pour nourrir le premier fils du roi
Robert, alors due de Calabre. Ce fut de-là qu’elle
partit pour devenir femme & mère de grands-fé-
néchaux de la couronne de Naples , pour gouverner
des reines & pour difpofer de la vie d’un roi.
Sa jeuneffe & fa beauté commencèrent l’ouvrage
de fa grandeur; fon efprit & fon bonheur l’ache-
v èient, fes crimes le détruifirent.
La deftinée de fon mari n’étoit guère moins
fingulière. Raimond de Cabanne, premier maître
d’hôtel de Charles-le-Boîteux, avoit acheté un
jeune Sarrazin, qui lui plut, & qui de fon efcb.ve
devint fon maître; il lui donna fon nom & fes
biëns ; c’eft ce Cabane adoptif, qui bientôt ayant
plu au roi Robert lui-même, armé chevalier de
|a main , décoré de la charge de grand-fénéchal,
•laifta bien loin'dèrrière lui dans la faveur fon premier
maître ; ce fut lui qui époufa la Catanoife»
veuve du pauvre pécheur de Catane , fon premier
mari. Ces deux,perfonnages, faits l’un pour l’autre,
unifiant leurs artifices & leur moyens de plaire »
furent agréables ou redoutables à toute la cour.
Cabane mourût, laiflant prefque- au berceau un
fils, nommé le comte d’Evoli. La Catanoife eut
le crédit de faire conferver vacante, pour ce fils,
la dignité de grand-fénéchal, & le fils & la mère
eurent un empire fans bornes fur l’efprit de Jeanne »
devenue reine de Naples.
André oppofoit aux intrigues de la Catanoife
les violences defpotiques du cordelier Robert,
moine ambitieux, inquiet, orgueilleux, abufant
toujours du pouvoir dont il étoit toujours avide»
gouvernant' prefque fans talens un prince fans vertus,
& ne l’arrachant à fa crapule, que pour le
précipiter dans des fautes encore plus funeftes. Tel
étoit le rival de la Catanoife. On fait quelle fut
la cataftfophe de ces divifions odieufes. Le roi
André fut étranglé par une troupe de conjurés ,
dans le veftibule même de l’appartement de la
reine , la nuit du 18 feptembre 1345. Jeanne étoit-
elle complice de ce crime ? C’eft une queftion qui
divife les hiftoriens. D'un côté, le caraéfëre de
tendrefle & de douceur qu’elle ne démentit jamais
dans
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dans le cours de fa vie; fa bonté qui la fit encore
plus aimer de fes peuples, que fes galanteries ne
la décrièrent, femblent écarter l’idée qu’elle ait
pu commencer fa carrière par un crime fi atroce ;
d’un autre côté, la haine trop éclatante & trop
avouée de Jeanne pour André, fa faveur continuée
pendant quelque temps à la grande-fénéchale,
à fon fils, & à d’autres inftigateurs ou complices
du meurtre d’André, la facilité qu’elle laifla aux
aflaflins de s’échapper , la difficulté avec laquelle
elle fe réfolut à livrer quelques-uns de ceux que
le cri public accufoit de là mort du r o i , les précautions
qu’on pr.it pour empêcher ces coupables
d’en indiquer d’autres ;. les baillons qu’on leur mit
dans la bouche , quand on les conduifit à l’échaf-
faut où ils dévoient être publiquement appliqués à
la queftion ; le foin avec lequel on empêcha le
peuple de pénétrer dans l’enceinte ; plus que tout
cela, l’empreflement indécent qu’eut la reine d’é-
poufer le prince Louis de Taren te, ennemi, rival
& vraifemblablement un des aftaffins d’André ;
telles font les raifons qui peuvent déterminer à
croire Jeanne coupable.
La catanoife, fon fils & fes filles, furent du
nombre de ceux que la reine ne put dérober à la
juftice, qui les réclamoit trop hautement par la
voix du peuple. La Catanoife mourut à la queftion
, en vomiflant, dit-on, contre la reine des
imprécations qui, au moyen des précautions dont
nous avons parlé, ne furent point entendues du
peuple, & ne parvinrent jufqua lui que comme
des cris inarticulés ; le comte d’Evoli & fes foeurs
furent tenaillés & jettés vivans dans les flammes.
CAB A Y , f. m. ( Hifi. mod. ) C ’eft le nom que
les Indiens & les habitans de l’île de Ceylan & d’A-
racan , donnent à des habits faits de foie ou de coton
ornés d’o r, que les feigneurs & principaux du
pays ont coutume dé porter. ( A. R.)
CABESTAN o uCABESTA1N G , ( G u i l l a u m e
D*0 tnod.) poëtë ou troubadour du treizième
fiècle, amant de la dame de Rouflillon
Tricline Carbonnelle. On raconte d’eux la même
aventure que du châtelain de.Coucy & de. Gab
e l l e de Vergy ou le Vergies. M. de Belloy,
dans un mémoire fur le châtelain de Coucy & la
dame de Favel, met en parallèle les deux hiftoires
de Coucy oc de 'Cabefiaing ; il s’attache à prouver
que la dernière eft copiée de.la première, quoique
par une fingularité que M. de Belloy ne manque
pas de^ relever, quelques provençaux femblent
revendiquer pour leur province, avec une forte
de jaloufie nationale , l’honneur d’avoir fourni le
modèle de 1 atrocité reprochée au feigneur’ dé
Fayel.
CABIGIAK ou CAP CHAK, f. m. ( Hifi. mod. Y
tribu des Turcs orientaux. Une femme de l’armée
d’Oghuz-Kan , preflee d’accoucher , fe retira dans
le creux d’un arbre. Oghuz prit foin de l’enfant,
l’adopta, & l’appella Çabigiak, écorce de bois; nom
qui marquoit la fingularité de fa naiftance, Cabi-
Hiftoire, Tom, J, Deuxieme Part, '
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r giak eut une poftérité nombreufe qui s’étendit juf-
qu’àu nord de la mer Cafplenne. Il s’en fit un peuple
qu’on connoît encore aujourd’hui fous le nom
de Defcht - Kitchark ; c’eft de ces peuples que font
forties les armées qui ont ravagé les états que le
Mogol poffédoit dans la Perfe, & ce furent les
! premières troupes que Bajazet oppôfa à Tamer-
lan. {A . R. ) • , *3 ‘
CABILLE ou CAB ILAH , f. m. {Hifioire mod. )
nom d’une tribu d’Arabes, indépendans & vagabonds,
qu’un chef conduit. Ils appellent ce chef
| cauque. On compte quatre - vingt de ces tribus :
aucune ne reconnoît de fouverain. { A . R.)
CAB L IAU X, f. m. pl. {Hifi.1 mod.) nom de
fa&ieux qui troublèrent la Hollande en 1350. Ils
le prirent du poifton appellé cabliau, & , ils pro-
mettoient de dévorer leurs advêrfaires, commè
le cabliau dévore les autres poiflons. La faéfion
oppofée fe fit appeller des Hoeckens ou Hameçon--
nier s. {A . R .)
C A B O T , ( S e b a s t i e n ) ( Hifi. mod. ) vénitien,’
fit pour le roi d’Angleterre Henri V I I , ce que lè
genpis Colomb & le florentin Améric Vefpuce
avoient fait pour Ferdinand & Ifabelle, ce que
Gama,plusheureux, avoit fait pour fa patrie : Sébaf-
tien Cabot, dès 1496 , avoit apperçu la Floride,
dont l’efpagnol Jean Ponce de Léon, ne prit
pofieffion quen 1312. Le même Cabot découvrit’
dans la fuite l’Amérique feptentrionale. Elliot &
Ashurt, marchands deBriftoi, continuèrent l’ouvrage
de Cabot.
C ABR AL , (Pierre Alvarès) {Hifi. mod.)
d une* maifon confiderable du Portugal, comman-
dant de la fécondé flotte que le roi de Portugal ,.
Emrnanuel-le-Grand , envoya aux Indes en 1 500 )
fot jetté fur les côtes de l’Amérique, où il découvrit
le Bréfil ; il en prit poffeflion au nom du roi
de Portugal le 24 avril de cette même année, il
pourfuivit enfuite fa route aux Indes, & , à travers '
divers obftàcles, & apres avoir - livré plufieurs
combats, il parvint à former des établiflfemens de
commerce à Calicut & à Cananor, fur la côte de
Malabar. Il ramena l’année fuivante, en Portugal
fa flotte richement chargée.
C AC IQ U E , f m. ( Hiß. mod. ) nom que les
peuples d’Amérique donnoient au*, gouverneurs
des provinces & aux généraux des Groupes fous
les anciens yncas ou empereurs du Pérou. Lés
princes de l’ifle de Cuba, dans l ’Amérique feptentrionale,
portoient le nom de caciques quand-
les Efpagndls s’en rendirent maîtres. Depuis leurs
conquêtes dans le nouveau monde, ce titre efl:
eteint quant à l’autorité parmi les peuples qui leur
obeiflent ; mais les Sauvages le donnent toujours ■
par honneur aux plus nobles d’entre eux ; & les
chefs des Indiens qui ne font pas encore fournis'
t aux Européens , ont retenu ce nom de caciques.
CADAMOSTO on CADAMUSTI, ( Louis V
(.Hiß, mod.) cêlfbre navigateur vénitien, que.
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