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général des ftiiffes au marquis de Coiflin ; auquel
le marquis de la Châtre avoit fuccedé ? cette charge
fut rendue à Bafjornpierre fous le miniftere du cardinal
Mazarin. Le maréchal de Bajfornpierre mourut
en 1646. On le trouva mort dans fon lit.
Homme fort connu , dit M. de Voltaire ; mais
5) l’on ignore a fiez communément qu’il fit revêtir
» de pierres, à fes dépens, le fofle du cours-la-
v reine«'.
BASSUS , (Cesius) ( Hifl.lut. anc. ) poëtelatin
du temps de Néron ; c’eft à lui que Perfe
adreffe fa fixième fatyre. On a de Baffiis quelques
fragmens dans le Corpus poëtarum de Maittaire.
B A S T A , (George) général italien, qui fe
difiingua dans les guerres civiles de France, fous
le duc de Parme , Alexandre Farnèfe , & qui fer- |
vit bien l’empereur Rodolphe en Hongrie & en ^
Tranfylvanie, mais dont nous ne parlerions pas, j
s’il n’a voit fait deux traités eftimés fur la difcipline |
militaire, l’un intitulé : II rnaejlro di campo generale, I
Venife, 1606, in 40. l’autre , Goviemo délia cava- 1
leria legiera, Bruxelles , 1624, in-40. Mort en .
1607. ;
BASTABLES, (Terres) adj. pl. (-Hifi.mod. ) j
terres coriteftées entre. l’Angleterre & 1 Eeoffe : j
il étoit autrefois incertain auquel de ces royaumes |
elles appartenoient avant qu’ils fuflènt unis. Ce j
mot a toute l’énergie de litigieux , & vient de
battre. {A. RI)
BASTAGAIRE , f. m. nom de quelques officiers
des empereurs grecs, dont la fonâion etoit
de veiller fur les bagages de l’empereur. On
nommoit au fli dans l’églife de Conftantinople baf-
tagaire , celui à qui il appartenoit de porter l’image
du faint de l’égliie, aux procédions, &
dans les fêtes folemnelles. En ce fens, bajlagaire
revient à notre porte-bannière , ou porte-baton de
gôn frai rie. (A. RI)
BASTERNE , {Hifl. mod.) forte de voiture ou
de. chariot, fermé de tous côtés, qui avoit emprunté
.ce nom des peuples Bafternes ou Baftarnes.
L’ufage de ce chariot paffa de ces peuples aux Romains,
& même aux premiers rois .de France.
Grégoire de Tours, parlant de la reineDeutérie,
femme du roi Théodébert , petit-fils du grand Clovis,
rapporte que cette princeffe craignant^ que le
roi ne lui préférât une fille qu’elle avoit d’un premier
lit, la fit mettre dans une bajlerne, à laquelle
on attacha, par fon ordre, de jeûnes boeufs, qui
n’avoient pas encore été mis fous le joug, & que
ces animauk la précipitèrent dans la Meufe.
Nous avons des vers d’Ennodius, où ce poëte
parle de la bajlerne de la femme de Baffus. Cependant
, afin qu’on ne dife pas que cette voiture étoit
réfervée aux femmes ou à des hommes efféminés,
on peut voir, dans les épîtres de Symmaque , que
ce préfet de Rome, écrivant aux enfans de Nico-
machus, les prie de tenir des bajlemes prêtes pour
r? voyage de leur frère*
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Iî paroît que la baflerne n’étoit traînée que par
des boeufs. La coutume en duroit encore du temps
de Charlemagne ; & c’eft à cette coutume, que
M. Defpréaux fait allüfion, dans fon poème du
Lutrin , où il fait ainfi parler la molleffe :
Hélas ! qu’eft devenu ce temps , cet heureux temps,
Ou les rois s’honoroiènt du nom de fainéans ,
S’endormoient fur le trône , & me fervent fans honte,
Laifloient leur fceptre aux mains, ou d’ un maire ou d’u4
comte !
Aucun, foin n'approchoit de leur paifible cour j
On repofoit la n u it, on dormoit tout le jour :/
Seulement au printemps, quand Flore, dans les plaines jf
Faifoit taire .des vents les bruyantes haleines,
Quatre boeufs attelés d’un pas tranquile & lent
Pronïenoient dans Paris le monarque indolent.
Ce doux fiècle n'eft plus.
On voit que le poëte, pour jetter du ridicule:
fur ces princes, leur reproche ce chariot traîné
par des boeufs, comme une voiture inventée exprès
pour entretenir leur molleffe & leur indolence.
Mais-il faut diftinguer ici le poëte de l’hif-
torien; & M. Defpréaux étoit trop favant pour
ignorer que c’étoit peut-être la feule voiture en
ufage dans ce temps-là, (-j-)
BATEMBÜRGÏQÜES, f. m. pl. {Hiß. mod.)
nom de coureurs , qui dans le feizième fiècle
pillèrent les églifes, renversèrent les autels*, &C
firent beaucoup de dégâts fous la conduite d’un
foldat féditieux. {A . R.)
BATENITES, f. m. pl. {Hiß. Ott.) peuples
groffiers qui formèrent une fe&e particulière parmi
les Mufulmans. Ils tirent leur nom de leur igno-;
rance de leur ftupidité. Quelques-uns les eon-
fondentavec les Ifmaélites & avec les Karmatiens,’
dont ils renouvellèrent les erreurs licentieufes.1
Cette feéfe ne prit racine que dans quelques provinces
de l’orient. Leurs principes, plus propres à
détruire ‘qu’à conferver l’ordre focial , furent
profcrits avec févérité dans les autres contrées;
( T — at.)
BATHYLLE, {H ß . anc.) pantomime célèbre
d’Alexandrie, qui parut à Rome Tous Augufte ,
& fut affranchi de Mécène ; Pylade jouoit dans le
genre tragique , Bathylle dans le haut comique, la
tragédie n’a point de fituations fi touchantes ni fi
terribles ; la comédie , noble & tendre,, n’a rien
de fi voluptueux que ces deux afteurs parfaits
n’exprimaffent par la danfe le gefte ; c eft de
Bathylle que Juvenal a dit :
C k elronom on JLedatn m o l l i f a l t a n t e Bathyllo.
Cet art fe perfectionna encore dans la fuite,-on
raconte que Demétrius, philofophe cynique, qui
vint à Rome fous Caligula, ne pouvant croire les
effets prodigieux qu’on racontoit de cet art, vou-
j lut voir .un des pantomime# célèbres de ce temps >
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ïl le vit , & s’écria tranfporté d’admiration :
Non » je ne te vois point, je f entends ; ee ließ point
un fpeflacle, cefi un entretien ; tu ml as tout dit dans
la feule langue qui puijfe tout dire»
BATILDE, ( Sainte ) ( Hiß. mod. ) Erchinoald,
maire du palais fous Clovis I I , fit époufer, vers
l’an 648 ou 649 , à fon maître, (fi ce titre étoit
encore fait pour les rois fainéans ) une efclave qu’il
avoit achetée de quelques pirates. Cette efclave,
c’eft la fameufe Batilde ou Bathilde ; les hiftoriens
la repréfentent comme Une femme d’une beauté
parfaite , & fa moindre perfection , félon eux, étoit
d’être belle. Elle étoit née en Angleterre ; & quand
elle fut reine , des flatteurs publièrent qu’elle def-
cendoit de quelqu’un des princes de l’heptarchie.
» On le crut, dit un hiftorien, parce qu’on l’ai-
« moit u. Ajoutons qu’en ne le croyant pas, on
ne lui ôtoit rien, & que Batilde devoit tout à
elle-même. Elle fut mère de Clotaire III, de Chil-
déric II &-de Thierry III.
Clotaire étoit fous la tutelle de fa mère , & les
talens & les vertus de Batilde fervirent quelque
temps de contrepoids aux vices encore cachés de
ce terrible. Ebroin , maire du palais, fuceeffeur
d’Erchinoald. Le gouvernement de Batilde, toujours
jufte-& d o u x ,.& (ce qui ne pouvoit être
1,’ouvrage que d’une femme ) toujours pacifique ,
& au dedans & au dehors, eft marqué par des réformes
heureufes.
On avoit laiffé fubfifter entre les Gaulois ou
Romains , & les Francs leurs vainqueurs, des
diftin&ions fâcheufes pour les premiers ; la politique
ne favoit point alors unir les peuples, & former
de tous les citoyens d’un même empire , une
feule famille. Une de ces diftin&ions étoit qu’on
affujettiffoit les Gaulois à une capitation fi dure,
que les enfans (qui aggravoient ce joug , parce
qu’il falloir le porter pour eux ) étant devenus un
fardeau infupportable , on fe privoit des douceurs
du mariage, ou l’on vendoit à vil prix ces enfans
à des juifs qui les alloient revendre chèrement dans
d’autres pays. Batilde défendit , fous des peines
rigoureufes, 'aux Gaulois & aux juifs , cet infame
commerce, & bien des gouvernemens s’en feroient
tenus là. Batilde alla plus loin; remontant à la
fource du mal, elle abolit cet impôt qui rendoit
une partie de la nation jaloufe & ennemie de
l’autre ; impôt d’ailleurs toujours, onéreux par l’arbitraire
, & par le défaut de bafe pour affeoir une
répartition jufte.
La piété tournoit la principale attention de Batilde
Vers le gouvernement des affaires eccléfiàfti-
ques ; les rois, foit qu’ils nommaffent direéfement
aux bénéfices, comme le prétendent plufieurs auteurs
, fok qu’ils ne fiflent que diriger les élevions
par leur influence, avoient fait de cette nomination
une affaire de finance : j? Ils vendoient lès
» évêchés; & les évêques, dit Mézerai, reven-
« doiënt en détail, ce qu’ils ayoient acheté en gros.
Batilde, toujours difpofée à prendre fur le fifc pour
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tous fes retranchemens que le bon ordre exigeoit,
fit encore ceffer ce commerce , & ne fouffrit plus
que la fimonie & la vénalité fouillaffent un mi-,
niftère effentiellement pur & faint.
Batilde (onda l’abbaye de Chelles pour les filles,
& celle de Corbie pour les hommes : on lui a
reproché d’avoir fait trop de bien aux moines ;
mais on ne confidère pas que les moines, occupés
alors à défricher les terres, à nourrir les pauvres,
à cultiver les lettres , étoient les meilleurs des
hommes ; que dans ces fiècles de guerre & de violence
ils recueilloient au fond de leurs retraites le
peu de paix qui reftoit fur la terre ; qu’en fin, par
leurs travaux & par leurs vertus , ifs etoient dignes
de toute la faveur des rois, & de toute la
bienveillance des peuples.
Batilde eut pour amis deux évêques ; faint Léger
, qu’elle fit évêque d’Autun , & Sigebrand ,
moins digne de fa confiance que le premier , &
qui ne fut pas choifi avec affez de circonfpe&ion*
On ignore quel étoit fon fiège ; mais il paroît qu’il
n’auroit dû être ni évêque ni miniftre. Ses moeurs
pouyoient éveiller la médifance & autorifer fes
foupçons à l’égard d’une reine encore jeune & belle,
& fe fafte qu’il mettoit à fa faveur, augmentoit
encore cet inconvénient; aufli la calomnie 11’a-t-
■ elle point épargné Batilde , qui trop fenfible pour
fon repos à cette injuftice , n’y oppofa cependant
que la patience & les larmes. L’orgueil de Sigebrand
voulut écrafer l’orgueil des grands ; fes grands
1e firent affafliner : on croit que ce fut l’effet d’une
intrigue tramée fourdement par Ebroin , qui vou-
loit donner des dégoûts à Batilde, pour réunir
toute l’autorité. Son artifice réuflit. Batilde, fati-
tiguée de la perverfité des hommes, fe hâta de
fe confacrer. à Dieu; elle en avoit formé depuis
long-temps le projet. Son ame douce & exempte
d’ambition, avoit toujours foupiré pour la retraite ;
elle envioit la paix qu’elle avoit procurée à tant
de cénobites dans fes faints afyles élevés par fes
foins; mais elle n’avoit voulu quitter la cour, que
quand fes enfans & fes peuples n’auroient plus
befoin d’elle. L’infulte qu’on lui fit dans la perfonne
d’un homme honoré de fa confiance, les calomnies
femées avec art contre elle-même par Ebroin , lui
firent devancer 1e temps qu’elle s’étoit preferit.
Quelques auteurs infinuent que fa retraite ne fut
pas volontaire, qu’elle ne fit que céder aux inf-
tances infolentes des grands, foulevés contre elle
par Ebroin. Si 1e fait eft v ra i, ces indociles fujéts
étaient bien peu dignes du bonheur dont ils avoient
joui fous fes loix. Quoi qu’il en foit, elle prit 1e voile
à Chelles, vers l’an 665 , & fut l’édification du
cloître après avoir été l’exemple du mondé.
» L’hiftoîre, dit M. 1e préfidènt Hénault, lui rend
n 1e témoignage quelle n’oublia point fur 1e trône
fon premier é t a t& q u è devenue religieufe , elle
v ne fe fouvint jamais qu’elle eût porté la cou-
« ronne «. On croit qu’elle mourut vers l’an
680. ,