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ARETAS I , {Hift. des Arabes. ) chef ou roi
d’une tribu des Arabes Nabatées ou Nabathéens.
On ne fait à quelle époque rapporter le commencement
de fon règne. Ayant été appellé par les
habitans de Damas qui étoient en guerre contre les
Juifs, il marcha à leur fecours vers l’an 84 avant
notre ère. Après avoir délivré Damas, il pour-
fuivlt les Juifs jufques dans le centre de leur pays,
& remporta fur eux une fameufe viâoire , près
d’un lieu nommé Adida. Aretas fît une fécondé
expédition en Judée , & prétendit contraindre
Ariftobule I I , fils d’Alexandre Jannée, à rendre
le fceptre des Juifs à Hircan , frère aîné de ce
prince. Son armée, compofée de cinquante mille
hommes , tant Arabes que Juifs, étoit devant Jé-
rufalem , qui délibéroit fi elle lui ouvriroit fes
portes , lorfque Schorus, lieutenant de Pompée,
l ’obligea de lever le fiège. Une défaite qu’il efiiiya
dans un lieu nommé Pdpiron , lui fit abandonner
le pays ; il rentra en Arabie , .& craignant pour
l’évènement de cette guerre , il défarma le général
romain par un préfent de trois cents talens. Ce
prince eut encore avec les Juifs plufieurs démêlés ,
dont, fuivant Jofephe , le fuccès lui fut toujours
contraire : on place ordinairement fa mort vers l’an
166 avant J. C. Jofephe, Ant. Judaïques. ( T -n . )
A r e t a s I I , autrement Eriée , arrière-fucceffeùj-
d’Aretas I. Il paroît que de fon temps les Arabes de
fa tribu étoient obligés à quelques devoirs envers^
les Romains. En effet, dès qu’il fut reconnu pour
r o i , il envoya des ambaffadeurs à Rome pour faire
confirmer fon éleéfion par l’empereur, & lui offrir
une couronne d’or d’un très-grand prix. Augufie
rejetta ces préfens , & refufa d’admettre les ambaffadeurs
à fon audience : le motif de ce refus fait
honneur à l’empereur. Aretas étoit accufé d’avoir
fait empoifonner Obadas fon prédéceffeur ;lorfqu’on
eut découvert que c’étoit une calomnie , SyIléus, •
qui en étoit l’auteur, fut jugé digne de mort, &
fubit cet arrêt : Augufie rendit auffr-tôt fa faveur
au prince Arabe ; l’hifioire ne l’accufe pas d’en
avoir abufé , il rie fit aucune entreprife dont les
Romains euffent à fe plaindre. Suivant l’auteur des
antiquités juives , Aretas remporta une grande victoire
fur le tetrarque Herode, qui venoit de lui
renvoyer fa fille pour époufer Herodiade : on ne
fait ni le genre, ni l’année de fa mort. Des écrivains
donnent à ces deux Aretas la qualité de rois
des Arabes ; cette manière de s’exprimer eft peu
exaâe, elle feroit entendre que l’Arabie étoit gouvernée
par un feul fouvërain , tandis qu’elle en
avoit une multitude tous indépendans les uns des
autres : ces rois n’étoient proprement que des chefs
décorés du titre d’émir , qui répond au mot capitaine
ou duc. Jofeph. Ant. Jud. ( T—N. )
ARETIN , {Hift. mod. ) nom donné à quelques
hommes célèbres , parce qu’ils étoient nés à Arezzo
en Tofcane.
i° . A Guy A ret in , ou d’Arezzo, moine béné- ?
dictin, qui dans l’onzième fièele inventa la mufique
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a plufieurs parties, trouva les lignes, la gamme &
les fix notes, U t, Re, M i, Fa, Sol, La.
20. A Léonard Bruni, né en 1370, mort en
i 444î chancelier de la république de Florence, &
employé par elle en diverfes ambaffades ; il eft un
de ceux qui firènt époque à la renaiffànce des lettres
, & c’eft par la littérature qu’il eft connu, plus
que par la politique. On a de lui d’affez grands
ouvrages hiftoriques ; par exemple trois livres de
la guerre punique d’après Polybe ; quatre de la
guerre contre les Goths ; douze de l’hiftoire de Florence
, &c. Il a donné des traductions latines de
quelques vies de Plutarque , ainfi que des Politiques
Sc des (Economiques d’Ariftote, oc il a traduit en
italien fon hiftoire de Florence , compofée d’abord
en latin. On a de lui encore un traité de ftudiis &
litteris, & des épîtres ou lettres eftimées. Erafme
parle affez avantageufèment de Léonard Aretin.
A Pierre Aretin, & c’eft le plus célèbre.
Il etoit bâtard de Louis Bacci, gentilhomme d’A -
rezzo. Il fe rendit, par fes fatyres, redoutable aux
plus grands princes de fon temps ; il fin appellé en
-conséquence le fléau des princes. On l’appelloit aufïï ,
-ou il s’appelloit lui-même le fecrètaire du monde, &
Xoracle delavèrité. Ce perfonnage rempli avec intégrité
par un homme vertueux & toujours jufte »
feroit noble & utile ; mais où vivroit un tel homme ?
.c’eft le cas de ce vers :
Die ubi conflflam j coelum terrajqiie moveho. -
Où vivoit Y Aretin, dira-t-ori? U Aretin étoit politique
encore plus que hardi, il étoit même v i l ,
il l’étoit dans tous les fens ; il trafiquoit de fes fatyres
, & vendoit jufqu’à fon filence. Charles-
Quint ayant été repouffé dans une expédition
contre Alger en 1542, envoya une chaîne d’or à
Y Aretin pour lui fermer la bouche : Elle eft bien
légère pour une f i lourde faute ; dit Y Aretin en la pe-
fant. François I , en 1533 j lui en avoit aufii envoyé
une qu’il lui promettoit depuis trois ans ,
comme Y Aretin prend foin de le lui rappeller dans
une de fes lettres ; car il mendioit avec la plus au-
dacieufe & la plus méprifàble franchife. Un fran-
£ois lui confeillant où le priant de bien traiter
François I dans fes écrits, Y Aretin lui répondit :
François I fut long-temps Vidole de mon coeur ; mais
le feu qui brûloit fur fon autel, s*eft éteint, faute d’ai
liment, je ne vis pas de fumée.
On lui parloit des honneurs qui lui avoient été
prodigués à Rome. Les baifers du faint père, dit-il,
ne font pas des lettres de change.
Au refte, il prétendoit, & il pouvoit avoir rai-
fon , que l’univers lui de voit quelque reconnoif-
fance du foin qu’il prenoit de faire parvenir la vérité
jufqu’aux rois ; on peut dire en effet de la vérité
ce qu’on a dit de la liberté :
Que fon nom facré
A la cour des. tyrans eft tout bas adoré.
Le marquis du Guaft, ce courtifan dévoué ai
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Charles-Quint, exhorta par lettre Y Aretin à continuer
d’inftruire & de corriger les princes, parce
qu’ils en avoient befoin.
'UAretin.\oig)n6xt un orgueil déméfuré à. une impudence
cynique. Il fit frapper une médaille qui
le repréfentoit affis fur un trône , recevant les envoyés
& les préfens des rois ; il s’y donnoit l’épithète
de divin , parce qu’il frappoit comme un Dieu
les têtes des rois. Si quelques princes lui firent des
préfens , d’autres lui firent donner des coups de
bâton. L’églife a condamné comme impies quelques
uns de fes ouvrages. Les figures gravées par
Marc-Antoine de Bologne, fur les deffeins de Jules
Romain , d’après quelques ouvrages de Y Aretin,
font paffées en proverbe comme modèles d’indé-
c.ence. A côté de ces ouvrages, on trouve dumême
auteur la vie de fainte Catherine de Sienrie, celle
de la Vierge & les pfeaumes pénitentia'ux. Il y a
de lui quelques comédies ; mais c’eft là fatyre qui
domine dans fes écrits. On lui a fait en italien une
épitaphe qui a été rendue ainfi en françois :
Le temps , par qui tout fe confume ,
Sous cette pierre a mis le corps üé VAretin de qui la plume
Bleffa les vivans & les morts :
Son encre noircit la mémoire ,
Des monarques de qui la gloire
Eft vivante après le trépas :
Et s’il n’a pas contre Dieu même
Vomi quelque horrible blafphême ,
C’eft qu’il ne le connoilToit pas.
Si ce dernier trait accufe la perfonne d’impiété,
îl en abfout les ouvrages. Pierre Aretin mourut à
Venife yers l ’an 1556.
ARGALUS , ( Hift. de Lacédémone. ) fucceffeür
d’Amiclès au trône de Sparte, n'a fauvé que fon
nom du naufrage des temps. La fable même n’en
fait aucune mention , ce qui femble indiquer qu’il
fut fans vices & fans vertus. ( T—N. )
ARGENS, (le marquis (YArgens, Je an -Ba p t is t e
d e B o y e r ) étoit fils du procureur-général du parlement
d’Aix. Il fervit, & fut bleffé au fiège de
Kell en 1734. Il le fut bien plus encore quelque
temps après d’une chute de cheval, qui le mit hors
d'état d’y remonter, & l’obligea de quitter le fer-
vice. On ne le connoît plus que comme auteur,
& c’eft à ce titre qu’il a dû celui de chambellan
du r°i de Pruffe, auprès duquel il paffa vingt-cinq
ans de fa vie. On connoît fes Lettres Juives, fes
Lettres chinoifes,{es Lettres cab ali [tiques,Y<l P hilojophie
dp. bon f ens fes Mémoires, tous ouvrages médio-
crement eftimés , mais affez lus des jeunes gens, à
caufe de la hardieffe & de la liberté de penfer dont
r<autellr fe piquoit. Il avoit traduit, avant l’abbé
Batteux> Ocellus Lucanus , & Timée de Locres. Il
revint mourir dans fa patrie. Né en 1704 à A ix ,
il molirut en 1771 au château de madame la baronne
de la Garde, fa foeur, près de Toulon.
. ARGENSON, ( de V o y e r d e Pa u lm y d ’ )
{.Hift, mod. ) grande & ancienne rnaifon de Tou-
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raine , qui remonte , dit M. de Fontenelle, par des
titres & par des filiations bien prouvées, jufqu’au
temps de faint Louis & des croifades. De cette
rnaifon, étoit Marc-René de Voyer de Paulmy
d’Argenfon, qui a donné tant d’importance à la
place de lieutenant de police, qui a été garde des
fceaux fous la régence, & dont M. de Fontenelle
a fait un fi bel éloge. Il fut i°. père du marquis d’A rgenfon
, miniftre des affaires étrangères, père de.
M, le marquis de Paulmy, 20. de M. le comte d’A rgenfon
, miniftre de la guerre , père de feu M. le
marquis de Voyer.
A R G E N T I E R , {Hift. mod.) fignifioit autrefois
en France le furintendant des financés du
roi. Le fameux Jacques Coeur étoit argentier du roi
CharlesVïï. (G )
APvGENVILLE, (A ntoine Jojeph DezàE-
LIER D’ ) ( Hift. mod. ) fils d’un libraire de Paris ,
maître des comptes , amateur inftruit & éclairé des
arts & des fciences, eft auteur de plufieurs ouvragés
élémentaires utiles, de Y OryÜologie, de la Con~
chilïologie , à laquelle on joint la Zoomorphofe,
la Vie des Peintres, des deux Voyages pittorefques
de Paris & des environs ; de la Théorie & pratique
du jardinage, tous ouvrages connus. Mort le 30
novembre 1765.
ARGIS, (Boucher d’ ) ( Hift. litt. mod.) avocat
célèbre de ce fièele, auteur de plufieurs ouvrages
de jurifprudence eftimés , & , d’un grand
nombre d’excellens articles de jurifprudencë & d’h if-
toire inférés daris l’Encyclopédie.
ARGONNE, (dom Bona venture d’ ) ( Hift.
litt, mod.) né à Paris en 1640, mort chartreux à
Gaillon , près de Rouen, en 1704. C’eft lui qui eft
auteur des Mélangés d’hiftoire & de littérature, pu-
'bliés fous le nom de Vigneul de Marville , en trois
vol. in-12. dont l’abbé Banier a fait prefque tout
le dernier. L’édition de 1725 eft la meilleure. On
a du même chartreux un Traité do. la letture des
pères , & un de Véducation.
ARG O U , (G a b rie l ) avocat célèbre, auteur
d’un des meilleurs ouvrages élémentaires de jurifprudence
, tout le monde le connoît ; c’eft VInfli-
tution au droit françois, en deux vol. in-12. C ’eft
le pendant de YInftitution au droit eccléfiaftique de
l’abbé Fleury, fon ami , à l’inftigation- duquel il
compofa cet excellent ouvrage. Argou étoit du Vi-
; varais , & mourut au commencement de ce fièele.
ARGUES , ( Gérard des ) ( Hift. litt. mod. )
géomètre du dix-huitième fièele , ami de Defcartes,
& auteur de divers ouvrages de géométrië , tels
qu’un Traité de perfpe&ive, un Traité des ferions
' coniques , un Traité de la coupe des pierres , un intitulé
: la Pratique du trait.
ARIADNE, ( Hift. rom.) fille de l’empereur
Léon I , femme de l ’empereur Zénon, devint
amoureufe d’Anaftafe, jeune homme de baffe naif-
fance. Elle entreprit de le faire empereur. Son mari
s’étant enivré dans un grand repas, foit de lui-
même, foit qu’on l’y eût aidé, elle le fit, -dit-on 3
Eeç %