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jj rier, car il me fait connoître de fi grands be-
» foins, 8c une fi grande néceffité de mes affaires,
j» que je ne crois pas que le roi mon frere veuille
» me laifler dans cet embarras «.
BARLAAM, (Hiß. mod.) homme affez célèbfe
du quatorzième fiècle, mais qui ne fut jamais trop
de quel pays ni de quelle religion il vouloit être,
8c qui fe partagea toute fa vie entre l’Orient &
l’Occident. Né à Seminare dans la Calabre , il
alla dans l’Orient, pour apprendre le grec, & s’y
fit moine de la règle de faint Bafiler II plut à An-
dronic le Jeune , alors empereur de Conftantinople,
qui le jugea propre à d’affez grandes affaires, Sc
qui le renvoya en Occident pour en traiter. Il ne
s’agiffoit pas de moins que de réunir l’églife grecque
avec l’églife latine ; mais un objet plus prefi
fant étoit de renouveller, s’il fe pouvoit,les croi-
jfades , & d'obtenir au moins des fecours des
princes chrétiens contre les Mahométans. C’étoit
en 1339 j dans le temps où Edouard III difputoit
la couronne de France à Philippe de Valois , 8c
où tous les princes chrétiens ne s’intéreffoient qu’à
cette grande querelle. Les lettres que Barlaam
écrivit fur l’objet de fa miflion exiflent, elles ont
été imprimées à Ingolftad en 1604 in-4? .E lles ne
produifirent rien. A fon retour en Orient, il trouva
que l’objet qui occupoit les efprits étoit une fe&e
de Quiétiftes, dont le chef étoit un moine de réputation
du Mont-Athos, nomme Palamas ; ces
myftiques , en appuyant leur barbe fur leur poitrine
8c en contemplant leur nombril, voyoient
la lumière du Thabor , 8c cette lumière étoit in-
créée. La grande règle feroit de ne jamais difpu-
ter contre des gens qui voient la lumière incréée ;
mais l’ufage eft qu’on difpute : Barlaam difputa ,
8c s’en trouva mal, ce fut lui qui fut hérétique,
les voyans étoient les plus forts , ils le firent condamner;
alors l'Orient lui déplut, il le quitta,&
il quitta en même-temps l’abbaye de Saint-Sauveur
de Conftantinople, qu’Andronic lui avoit donnée;
il revint'dans l’Italie, fon pays natal, où Pétrarque,
auquel il avoit appris , le grec, eut le crédit de lui
faire obtenir l’évêché de Gêraci, transféré aujourd’hui
à Locri, & dans lequel il mourut vers 1348.
En Grèce, il avoit écrit contre l’églife latine, en
Italie il écrivit contre l’églife grecque ; il difputa
fur la proceffion du Saint-Efprit, & la primauté
du pape ; ce qui a fait croire à quelques auteurs
qu’il y avoit eu deux Barlaam ,• mais être contraire
à foi - même, fur-tout dans des fituations contraires,
ii’eft pas une chefe rare parmi les hommes.
BARLETTA ou. Barlette ou Barlet, (G a briel)
.{Hiß. mod. ) un de ces prédicateurs ridicules
du quinzième fiècle., qui ont fait defcendre
• jufqu’à l’indécence de la farce & jufqu’à la turpitude
du b u r le fq u e l’art d’annoncer aux hommes
la parole de L ieu. Il y a eu plus de vingt éditions
des fermons de B ariette, La meilleure , ait-on, eft
celle de yçnife ? 1 5 7 7 ,deuxyol. in-8°. On difoit
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de fon temps : qui nefeit Barietarè, nefeit pmdicare.
Barlette étoit dominicain.
BARLGEUS , (Hifi. litt. mod.) Ceft le nom de
deux frères, dont l’un nommé Gafpard, miriiftre
en Hollande, fut privé de fes emplois par les Go-
mariftes, pour avoir pris la défenfe d’Arminius.
Par-tout de la perfécution pour des opinions, 8c
pour quelles opinions 1 II profeffa pourtant dans
la fuite la philofophie à Amfterdam, où il mourut
en 1648. On dit que dans fa dernière maladie, il
croyoit être tantôt de v erre, tantôt de beurre ,
ou de paille, & qu’il craignoit d’être cafté, fondu
ou brûlé. On a dë lui des harangues , des poéfies,
des lettres, 8c une hiftoire du Bréfil, Amftêrdam,
1647, in-folio.
L’autre, nommé Lambert, profefteur de grec
dans l’académie de Leyde, fut chargé , par les
états des. Provinces-Unies, de traduire en cette
langue , avec Jacques Revius , pafteur àDeventer ,
la confeftion des églife.s réformées. Il■ mourut en
1655. On a de lui le Timon de Lucien, avec des
notes, & un commentaire fur la Théogonie d’Héfioàe.
BARMEC1DES, ( Hijl. Ottcm.) les Baidécides
étoient une des plus illuftres familles de l’Orient.
Ils faifoient remonter leur origine jufqu'aux anciens
rois de Perfe. Quoique déchus cîe leur an-,
cien éclat, ils tinrent toujours le fécondj rang
fous les califes de Bagdad , & ce furent eux
qui firent conftruire à Balkh ,■ cette fuperbe mo.fi
quée couverte de riches étoffes de foie , & entourée
de cent foixante chapelles, où les pèlerins
faifoient leurs dévotions. Ceux qui avoient l’intendance
de cette mofquée portoient le nom de
b année y parce que cette dignité , qui donnoit beaucoup
de confidération, étoit. attachée à cette famille.
Les Barmécides occupèrent toujours les premières
charges de l’empire, 8c puiflans fans ambition,
ils n’infpirèrent jamais de défiance aux, califes
, qui les employèrent avec fuccès dans la
guerre & les négociations. Yahya fut celui de
cette famille qui jettaleplus grand éclat. Il exerça
la charge de vifir fous le calife Aroun Rashid, &
fit connoître qu’il étoit également propre à combattre
& à gouverner. Il eut quatre fils qui furent
les héritiers de fes talens & de fes vertus; mais
étant tombé dans la difgrace , ils eurent tous une
fin également malheureufe. Leurs parens & leurs
domeftiques furent enveloppés dans leur ruine.
Les peuples touchés de leurs malheurs 9 confer-
vèrent un tendre foüvenir de leurs fervices & de
leurs vertus. Les hiftoriens ont perpétué leur mémoire
avec autant de foin que celle des plus grandk
conquérans, 8c le nom de Barmécide eft toujours
précieux dans l’Orient. Rashid, après s’être fouillé
de leur fang innocent, défendit, fur peine de la
vie , de prononcer leur nom. Cette défenfe fit
beaucoup de prévaricateurs! Un vieillard nommé
Mondir,. fe rendoït tous les. jours auprès. de la
maifon qu’ils avoient habitée, pour y faire leur
panégyrique. Le eaüfe, étopné de cette audace >
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le condamné à' la mort : Mondir apprend fotl nf- '
tèt fans émotion , & il demande popr grâce de
parler au calife. On le fait comparoître devant fon,
maître, qui avoit été fon juge, &' au lieu de chercher
à le fléchir, il expofe, avec une éloquence
intrépide, les fervices que c^ux de cette famille
avoient rendus aux califes de Bagdat. Rashid charmé
de fa générofité, lui accorda la v ie , 8c lui fit
préfent d’un vafe d’or. Le vieillard l’ayant reçu
des mains de fon maître , fe profterna, félon l’ufage
de l’Orient, 8c s’écria; voici un nouveau bien-'
fait que je 'reçois des Barmecides. Ils font encore bien-
fai fans apres- leur mort. Ces paroles ont pafte en
proverbe, pour fignifier des fervices qui s’étendent
fur la poftérité. Mahomet fut îe feul des en fa ns
d’Yahia qui ne fut point enveloppé dans la ruine
de fa famille, .dont la proferiptiori fut prononcée
l’an . 187 de l’hégire. ( T—N . )
. BARNABAS, domcftîque de Bagao, eunuque
d’Àfîùérus, découvrit à Mardochée la confpiration
que fon maître avoir formée contre le roi, &
Mardochée en fit avertir Âflùérus par Efther. ( ƒ<?-
feph, antiq. judaiq. I. xi. c. 16. )
BARNABÉ, (Saint) ( Hiß. fàcrée. ) dont il eft
parlé dans les aétes des apôtres, comme d’un prophète
de Dieu, & d’un prédicateur de l’évangile ;
ce fut lui qui préfenta faint Paul aux apôtres après
fa converfion ; il alla prêcher la foi avec lui à
Antioche, à Séleucie , en Chypre, à Salamine, à
Paphos. Il avoit commencé par vendre un fonds
de terre, & en apporter le prix aux pieds des
apôtres.-( Atf. Apofi'. ch. 4, 9 , n 312, 13, )
. BARNÈS, ( Josuâ) ( Hiß.litt. mod. ) profefteur
en langue grecque à Cambridge, a donné des édi-'
fions d’Homère, d’Euripide , d’Anacréon. Il a de
plus donné de fon chef Yhifloire d’Eßher en vers
grecs ; la création du monde , 8c le cantique des cantiques
en vers latins, 8c un autre livre intitulé :
Anacréon chrifiianus. C’étoit un favant. Mort vers
1714*
Barnes eft encore le nom d’une malheureufe
viûime de l’inquifition , qui, à la vérité , ne mourut
point dans un auto-da-fé , mais dans les prifons
de l’inquifition de Rome, après y avoir langui trente
ans. Et quel étoit fon crime ? D’avoir fait un
livre intitulé : Catholico - Rornanus pafficus, parfaitement
oublié depuis long-temps , mais qui pou-
voit être eftimable, s’il répondoit au titre. Que de
cruautésî 8c pourquoi?
On a de lui un traité en latin contre les équivoques,
imprimé en 162.5. ^ fut emprifonné en
162,6. Il avoit été fupéfieur des bénédi&ins à Douay.
Il fe nommoit Jean.
Un autre Barnes , plus malheureux, nommé
Robert, fut brûlé à Londres en 1540, comme luthérien.
BARNEVELDT,. ( Jean d’Olden ) ( Hiß. des
Provinces-Unies. ) avocat-général des états de Hollande
, un des plus vertueux citoyens 8c des plus
wtiles miniftres que cette république ait eus, eft en
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iftèifle temps un des plus déplorables exemples de
l’ingratitude des républiques envers ceux qui les
fervent le mieux ; il l’eft aufli de l’ingratitude des
princes. C ’étoit Bamcveldt qui avoit engagé Jacques
I à reftituer aux Ilollandois les villes ae Flefi
fingue , de la Brille, & de Ramekens, fcrvice le
plus important qu’un citoyen pût rendre à fa patrie
qu’il droit par-là de la dépendance de l’Angleterre.
Barnêvcldt avoit pris foin de l’enfance du prince
Maurice, & luiavoit procuré le commandement des
armées de la république de Hollande à la mort de
Guillaume I fon père. Il avoit donc des droits à
la reconnoiffanee 8c de la république 8c du prince
d’Orange ; mais bientôt il s’apperçut que les princes
d’Orange , après avoir affranchi leur . patrie ,
àfpiroient à l’aflervir, 8c que le prince Maurice -,
dont l’éléyation étoit en partie fon ouvrage , ne
mettoit plus de bornes à fon ambition. La Hollande
étoit alors partagée en deux feéies principales, celle
des Arminiens 8c celle desGomariftes,qui différoient
entre eux fur les matières de la prédeftination 8c
de la grâce , à-peu-près comme nos Moliniftes 8ç
nos Janféniftes , les uns accordant plus au-libre
arbitre , les autres à la prédeftination ; les
Gomariftes comme plus durs , 8c dans lap
doârine 8c dans la conduite , durent Tern*
porter dans une république réformée , comme}
nos Moliniftes durent être plus favorifés dans
une monarchie. Le prince d’Orange fe fervit des
Gomariftes peut troubler l ’état 8c pour l’affervir ^
Barneveldt femit à la tête des Arminiens. Si ceux-
ci, ainfi que le difoit le chevalier Temple , fufpeéL
fur cette matière, comme attaché à la maifon
d’Orange, étoient plutôt un parti dans T état quune
feEle dans Téglife , c’étoit da moins le parti de la,
douceur , de la tolérance 8c de la liberté. Les Gomariftes
firent condamner les Arminiens au concile
de Dordrecht. Si on s’en fut tenu là , le mal
n’eût pas été grand peut-être, pourvu qu’on fe
, fupportât lès uns les autres. Mais les Gomariftes
VGuloient perdre leurs ennemis, on accufa Barnca
veldt d’avoir voulu livrer fa patrie aux Efpagnols ,
c’étoit comme fi on eût accufé Brutus de vouloir
livrer Rome aux Tarquins; mais l’efprit de parti
confond toutes les idées, 8c voit tout ce qu’il veut
voir. Des commiffaires Gomariftes condamnèrent
Barneveldt à avoir la tête tranchée à foixante 8c.
douze ans, ce qui fut exécuté le 13 mai 1619.
Barneveldtlaiftbit deux fils, René 8c Guillaume V
le reflentiment de la mort injufte de leur père, 8c
le defir de la venger, les engagèrent dans une
confpiration contre Maurice; eue fut découverte ,
Guillaume fe fauva , René fut pris ; fa mère demanda
fa grâce au prince Maurice : Vous ne in aveç
pas demandé celle de votre mari ? lui dit le prince :
Mon mari étoit innocent, répondit-elle , mon fils eft
coupable.
B ARO , (Balthasar) (Hi(l. litt.mod.) Ceft
le continuateur de YAfirée du c'ieva'ier d’Urfé. Il
étoit de l’académie françoife dès l’origine ; il a labiéf
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