
me culte & les memes cérémonies religieufes. Des
infpeéteurs févères furent nommés pour veiller à
l’exécution de cet édit. Un de ces magiftrats fut
envoyé aux Juifs pour leur prefcrire du fubftifuer
les rites de la Grece aux cérémonies & au culte de
•leurs pères. Il leur ordonna de dédier leur temple à
Jupiter Olympien, & d’y placer des idoles comme
dans ceux des autres nations qui fe fournirent fans;
murmurer à eetédit. Plufieurs Juifs tombèrent dans
l’apofiafie, le fimulacre.de Jupiter Olympien fut
placé dans le temple du vrai Dieu , le fan&uaire
.fut fouillé par le foerifice des animaux immondes.
Ceux qui perfévérèrent dans leur culte redoublèrent
l’horreur que les autres nations avoient pour
eux. Les Samaritains, pour faire leur cour au monarque
fyrien , nièrent d’être :des rameaux fortis
de la' même tige, falfifiant leur origine, ils fe
dirent defcendus des Mèdes & des Perlés. La foi
.ébranlée en ïfraël, n’y fut point tout-à-fait éteinte.
Quelques Juifs fidèles, à-leur Dieu, fe retirèrent
• dans des cavernes pour y célébrer le. fofeat ; la
-perfécution les y fuivit?: ils furent tous la proie
•des flammes. Plufieurs femmes, viéfimes de leur
.zèle > furent précipitées du haut des remparts avec
<leurs enfans qu’elles .tenaientTerrés dans leurs bras.
X ’anniverfeire du roi offrit de nouvelles fcènes
;d’atrocité ; il fut ordonné d’afliffer aux facrifices de
;Bacchus , avec une .couronne de lierre fur la tête.
.Plufieurs refusèrent d’obéir , on les fit affembler
dans un cercle que formoit l’armée ; on leur ordonna
de manger des viandes immondes,, 8c .tous
ceux qui réfi fièrent à l’appareil des tourmens, furent
mafiàcrésTans pitié. Le vieillard Eléafar aima
mieux fe voir condamner à la mort, que de manger
de la chair de pourceau. Sept frères firent le
même refus, & on les conduifit à Antioche avec
-leur mère, pour y attendre leur arrêt. Leur fermeté
fut -couronnée de la palme du martyre. Ce fut dans
cette perfécution que les enfans du pontife Matha-
rifias, célèbres fous-le nom de Machabées^ firent
-éclater ce courage héroïque qui a été confoeré dans
•nos annales feintes , 8c qu’au défaut des hiftoriens
profanes, nos écrivains fecrés .ont préferyd' de
l ’oubli.
Tandis que les fureurs de l’intolérance défokûent
ja Judée , le monarque perfécuteur célébeoit à
Daphné , fauxhonrg d’Antioche,, des jeux dont la
magnificence effaçoit .tout ce que les Romains
avoient offert de plus pompeux dans cesTortesde
felemnités. Apollonius , qu’il avoit laiffé en Judée,
yentretenoit le feu delà perfécution, & lesfup-
lices multipliés ne faifoient qu’augmenter le noTsa-
re des prétendus rebelles. Il fondit fur eux le jour
.•du fabat , & tous fe daifsèrent égorger comme
des agneaux fans-défenfe. Antïochus, irrité de leur
réfiffanc.e opiniâtre , crut qu’il étoit plus aifé de
les .détruire que de les affervir. Il lève une armée
formidable pour les exterminer , mais fes tréfbrs
éptiifés ne fui fourniffoient pas-les moyens de -la
faire fubfiffeti' il parcourut les .différentes provinces
de fa domination pour y recevoir les tributs ; Ton
char fe brife dans fa marche, & il tombe enfeyeli
fous les débris. Il mourut quelques jours après,chargé
d’ulcères, d’où s’exhaloit une odeur empoifonnée,
qu’on regarda comme une punition de fes crimes*
Ce prince fut un affemblage de grandeur 8c de foi-
bleffe, de vices :8c de vertus, parce qu’il fe montra
toujours tel- qu’il étoit-,Tans fe donner la peine
de mettre un frein à fes paffions. Toutes les villes
de fa domination éprouvèrent fes bienfaits ; plu-
fteurs furent embellies de cirques, de théâtres 8c
d’autres édifices pompeux. Ce fut fur - tout dans
le culte public qu’il fit éclater fa magnificence : les
temples, enrichis .parTes offrandes, lui parurent plus
dignes d’être la demeure de la divinité. Il régna
douze ans, 8c mourut l’an 49 de l’ère des Séïeu-
cides. Il efi repréfenté fur fes médailles avec des
attributs différens ; fur les unes, il tient un.foudre
dans fa.main droite, & une hache dans fa gauche ;
•idans d’autres, il a le front-ceint d’un diadème avec
la couronne rayonnante que-portoient les dieux ;
.mais.on ne lit fur aucune , ni le furnom de dieu ,
-ni celui â'épiphane.
.Antïochus V , ou Antïochus Eupator ,
n’avoit que neuf ans à la mort de fon père Epi-
phane , dont il fut le fucceffeur au trône de-Syrie.
Le furnom ; d’Eupator lui fut donné pour défigner
.qu’il étoit heureux d’avoir eu pour père ïm fi grand
roi. Epiphane.,) en mourant, confia à Philippe fon
frère de lait., l’éducation de fon fils, 8c l’admi-
niftraiion ,du ^royaume pendant'fa minorité; &
pour marque du pouvoir dont il le faifoit dépofi-
- taire, il -lui remit fon diadème, fa fimare 8c fon
anneau royal,, .pour les rendre à fon fils, lorfqu’il
auroit atteint l’âge de gouverner. Les volontés du
monarque mourant ne furent point exécutées.
Lyfias , parent d’Eupator, humilié de fe trouver
dans ladépendance d’un régent fans naiffance, dit
que c’étoif bleffer la majefté du trône que de donner
à un roi un tuteur. Lejeune prince fans expérience
, prit lui-même les rênes de l’empire, 8c
le premier ufage qu’il -fit de fon pouvoir, fut de
mettreLyfiasàlatête de fes armées, & de Te repofer
Tur lui du foin des affaires. Ce général véritablement
ro i, fans en avoir le titre , continua la guerre
allumée dans la Judée,, où il n’effuya que des revers
, quoiqu’il eût fous fes ordres toutes les forces
de la Syrie ; il fut vaincu par .une poignée de Juifs
commandés par Judas Machabée, qui lui tua onze
mille hommes d’infant&rie, & feize cents de cavalerie;
le refie de cette grande armée, faifie de
terreur, fe difiipa fans combattre. Un ange exterminateur
fit un grand carnage des ennemis du
peuple .de Dieu. Lyfias reconnut .enfin qu’un Dieu
combaitoit pour les Juifs ; & craignant de s’e-xpo-
fer à fes vengeances , il leur accorda la paix avec
la liberté de leut culte. Les généraux qu’il laiffa
pour la foire .obferver,, continuèrent leurs hofiili-
tés , & les revers qu’ils éprouvèrent, déterminèrent
Antïochus .à fe mettre à la tête de cent mille
femmes de pied, 8c de vingt mille chevaux. Il
marcha contre Jérufalem, réfolu d’en faire le tombeau
de fes habitans.. Judas Machabée, bien inférieur
en nombre, mais plein de confiance dans lè
ciel, forme le projet de l’arrêter dans fa marché,
& profitant des ténèbres, il fond avec.impétuofité
fur fon camp. Le carnage fut affreux jufqu’à la re-
ïtaiffance du jour, que le chef des Israélites fit fa
retraite. Le monarque revenu de fon premier étonnement,
fait avancer fon armée dans les défilés
qu’occupoit Judas Machabée, qui trop foible pour
réfifter, eut l’habileté d’échapper. Antïochus fe préfente
devant Jérufalem , dont les habitans épouvantés
abandonnèrent la défenfe ; mais Dieu qui
yeilloit à. fa confervation, fufeita un puiffant ennemi
à leur perfécuteur. P h ilip p equ e le père
d’Eupator avoit défigné pour. être fon tuteur, s’é-
toit vu honteufement dégradé par Lyfias ; ce fujet
difgracié s’étoit retiré dans les provinces .de Médie.
& de Perfe, où il fut intéreffer à fa vengeance les
foldats vétérans qui- avoient fervi fous Epiphane.
Il entra dans la Syrie, où il fe rendit maître d’Antioche
, & de plufieurs villes importantes. Eupator
alarmé de fes progrès, fent la. néoeflité de retourner
dans fes états. Il accorde la paix- aux Juifs,
fait relever les murs de leur temple, où il offre
lai-même des facrifices, avec les cérémonies judaïques.
Il reprend enfuite la rome d’A ntioche, qu’il
fit rentrer fous fon obéiffance. Philippe tombe en.
fon pouvoir, expire au milieu des fupplices., &
la rébellion efi étouffée. Ce fut dans ce temps que
les Romains , qui vouloient tenir tous, les rois dans
leur dépendance, lui envoyèrent- des ambaffadeurs
pour lui défendre, de rien £aire dans fes états fons
leur aveu. On lui preferivit de tuer tous les élé-
phans qui excéderoient le nombre accordé à fon
père par les traités. On coupa les jarrets à plufieurs
de ces animaux dans qui les Syriens mettoient
toute leur confiance. Ce fpeâ'acle jetta laconfter-
nation dans toute la Syrie. Un particulier. , dans
fen indignation contre les ambaffadeurs, poignarda
O&avius , chef de cette députation ; & cet affafli-
nat, qui i^ayoit point été commandé par le ro i,,
lui attira le reffentiment du peuple romain. Dé-r
métrius, fils de Séleucus, qui pour lors étoit en.
étage à Rome, profita de cette circonfiance pour,
rentrer dans l’héritage de fon père. Ilfe rendit en
Syrie, fans en demander .la,.permiffiôn au. fenat,
8c dès qu’il fut arrivé en Ly cie, il publia un ma- *
nifefte pour déclarer qu’il ne prenoit les armes que
contre le meurtrier d’Oélavius. G’étoit le voile dont
il couvrait fes deffeins.il marcha contre Apamée,
s’en rendit »maître, & dirigea enfuite fa marche
vers Antioche. Le jeune roi, accompagné de L y fias
, vint à fa rencontre fons efeorte &ians fuite. 1
Dès que Démétrius les eut en fon pouvoir, il les.
fit maffacrer, pour régner fans rivaux. Antïochus
Eupator ne régna que deux ans ; & l’hiffoire de fon.
règne efi celle de fes généraux & de fes miniftres;
c£fi pourquoi il efi. repréfenté fur fes médailles
fous la figure d’un enfant. Il mourut l’an 151 de
l’ère des Séleucides. Antïochus V I , fils d’Alexandre Eupator, 8c
petit-fils d’Antiochus le dieu, prit, comme fon
ay eul, le furnom de dieu , auquel i] joignit celui
à? Epiphane...
Il fut élevé en Arabie, pour n’être pas la viélime
des ambitieux qui fe (Kfputoient le trône de Syrie.
Diodote , qui prit foin de fon éducation , fe fervit
de fes droits & de Ton nom pour fe frayer un chemin
au. pouvoir fuprême. Démétrius Nicator , fe
croyant paifible poffeffeur du trône de Syrie , li-
centia fon armée, 8c laiffa fon royaume fans défenfe.
Diodote profita de cette imprudence pour
foire valoir les droits d’Antïochus, 8c fortifié de
l’alliance de Jonathas , il marche contre Démétrius,
fur lequel il remporte une pleine vi&oire. Antioche
lui ouvre fes portes , oc Antïochus,.proclamé
roi, prend lé nom de Nicéphore, qui ûgniûe vainqueur.
Il ne fut jamais vériablement roi, puifqu’il
ne fut reconnu que dans quelques contrées de la
Syrie ; & quoique les médailles lui donnent ce nom,
il efi certain que c’eft plutôt par égard pour fes
droits, que par la réalité de fa puiffance. Ce plian-
tôme de monarque ne régna que trois ans. Diodote
fe croyant affuré de l’affe&ion des foldats , le fit
maffacrer pour- fe fubflituer à fes droits, l’an 170-
dé .Père des Séleucides. Antïochus VII étoit fils de-Démétrius Soter,
& frère de Démétrius Nicator. Les voeux du peuple
& de l’armée l’appellèrent au trône de fes ancêtres,
que Tryphon avoit ufurpé. Dès. qu’il eut.
donné le fign al d’une révolution, les Syriens abandonnèrent
lé camp , de l’ufiirpateur., pour fe ranger
fôus le drapeau de l’héritier^ de leurs , rois.,
Tryphon étonne de cette défedion générale, n’eut
d’autre reffource que. la fuite ; après avoir erré
dans la Phénicie , il Te réfugia dans la ville d’Apa-
mée fa .patrie- IL y fut bientôt affiégé ; on afiure.
que pour foverifer fa fuite, il fema fur. toute fa^
route line quantité de pièces d’or que les foldats
qui le pourfuivoient s’occupèrent a ramaffer, 8c
que leur avarice rallentit leur aâivité. Apamée
n’oppofa qu’une foible réfifiance ; T iy -
phon fut tué les armes à la main, & félon d’autres ,-
il fut poignardé dans la maifon où il avoit pris-
naiffance. Antïochus, paifible. poffeffeur de l’hérii
tage de Tes pères , prit le furnom. d’Evergette , qui
fignifie bienjaifant. Jofephe efi le.feul qui lui drînne
celui de Soter 8c de pieux , qu’on ne lit fur aucune
de fes. médailles.. Eusèhe dit qu’il fut fur->
nommé fidetes, à caufe de fa paffion pour la chafle.
Les Juifs, dont il avoit été fami, &,dont il avoit
reçu du fecours , éprouvèrent fon ingratitude ; il
leur offrit l ’alternative , ou de lui refiituer Joppé,
Gaza -8c. la citadelle de Jérufalem-,. ou de lui payer
cinq eents talens pour, dédommagement;-il exigea
encore une pareille femme de toutes, les villes de
la Judée-,, en forme de tribut. Sur le refus qu’il
effuya, il .fit marcher contr’eux un de fes gêné?