
Je l art de convertir l’or en pierre. C ’étoit réduire &
7 ?rK pîer5e ^ ^eur jlî“ e valeur. Anaxagoras.
1 3 . j 0n^ ne ^ans Plonie, vers la feptième
olympiade, environ cinq cents ans avant J. C.
mourut à Lampfaque, la première année de la
quttre-vmgt-huitième olympiade, 428 ans avant
J. C. A fa mort , fes amis lui demandèrent s’il
vouloit que Ton corps fut porté à Clazomène ?
Croyez-vous , leur dit-i^, que le féjour qui m'attend
Joit plus vo'tfin de Clamofene que de Lampfaque?
L honneur d’avoir été le premier philofophe qui ait
publie des livres , relie encore indécis entre Ana-
x“£oras & Alcméon , difciple de Pythagore, & telle
elt 1 opinion ou plutôt l’incertitude commune; mais
iamt Augufiin attribue des livres à Thalès; félon
buidas, la tradition des Grecs étoit que Phérécydes
etoit le premier qui eût fait des livres. Or Thalès
oc même Phérécydes font plus anciens qn'Ahaxa-
goras, ou Anaxagore , car Ion nom elf affez connu
pour pouvoir prendre la terminaifon françoife. H
a\ oit écrit entre autres chofes fur la quadrature du
cercle.
Diogène Laè'rce parle de trois autres Anaxagoras
moins connus; le premier, orateur & difciple de
oocrate ; le fécond, fculpteur ; le troifième grammairien
& difciple de Zenodote.
ANAXANDRE , ( Hifl. de Lacédémone ) roi de
Lacédémone, fut un prince féroce par caraéïère &
par éducation. Les inftitutions de Lycurgue qu’il
obfervoit dans toute leur rigueur§ avoient encore
fortifié ce fond de férocité qu’il tenoit de la nature.
Roi citoyen dans Sparte, il vouloit être tyran chez
les voifms. Les peuples nouvellement fùbjugués
furent traités en efclaves , & la dureté de fon eou-
vernemeet fut la caufe de la fécondé guerre contre
les Mefféniens ; ces peuples épuifés par la rapa-
o te des exa&eurs , fe fouvinrent qu’ils avoient été
libres. Ils mirent à leur tête un jeune audacieux
qui ht trembler fes maîtres. Anaxandre, inftruit de
ce foulevement, regardoit ce feu comme une foi-
ble étincelle ; il marche contr’eux moins pour les
combattre que pour les punir : mais il éprouva
que ceux qu’il traitoit en efclaves étoient des hommes
qui favoient mourir. Une fanglante défaite
qu’il effiiya, mit Sparte fur le bord du précipice.
Ces fiers tyrans de leurs voifms envoyèrent con-
fulter l’oracle de Delphes qui leur répondit, qu’/Zr
fie ferment vainqueurs que quand ils auroient Un Athénien
à leur tête. Cette réponfe humilia leur fierté;
mais trop fuperfiitieux pour être rebelles à la voix
d une pretrefîe , ils s abaifîerent à demander aux
Athéniens un général ; on leur envoya Tyrtée ,
poète de profeffion qui n’avoit jamais fait la guerre ’
& qui fut reçu comme un dieu tutélaire par les
Lacédémoniens. On lui déféra le titre de général,
mais Anaxandre s’en réferva toutes les fondions. ,
Les deux partis fe livrèrent un combat où la for- !
tune fe déclara pour les. Mefféniens. Tyrtée fit
des vers qui confolèrent les vaincus, & qui dit -
«n, relevèrent leur courage. Les Spartiates en - J
gagèrent un nouveau combat & remportèrent une
vi&oire complette. Anaxandre fut profiter de fes
avantages : il mena fon armée contre Ira où les
Mefïeniens avoient raffemblé toutes leurs forces ;
ils foutinren t un fiège d’onze ans. Anaxandre, moins
rebuté qu’aigri de leur réfiftance, fappa les murs
& s'introduisit par la brèche dans la v ille, où l’on
vit la plus affreufe fcène de carnage. Les femmes,
les vieillards & les enfans oubliant leur foiblefTe,
combattirent comme des forcenés qui ne deman-
doient qu’a mourir : ceux qui furvécurent à cette
aétion furent réduits à la condition dés Ilotes. Voilà
tout ce qu’on fait d'Anaxandre. (T -N .)
( On lait encore de lui , parce que Plutarque le
rapporte , qu’il répondit à ceux qui lui demandoient
pourquoi les Lacédémoniens , n’avoient point de
trefor public, que c’étoit de peu r qiïon ne corrompît
ceux qui en auroient les clefs.')
ANAXANDRIDE, ( Hifl. de Lacédémone. ) roi
de Sparte, n’eft connu que par deux traits qui
ont perpétué fa mémoire. i°. Ce fut fous fon régne
que les Lacédémoniens fatigués du loKir de la paix,
cherchèrent un vain prétexte pour faire la guerre
aux Tégéates. La Pythie qu’ils confultêrent, ré-
pondit qu’iéî feroient vainqueurs ; s'ils pouvoient recouvrer
les os drOrefte, fils d'Agamemnon, inhume à
Tegée. Un certain Lychès le tranlporte dans cette
ville & acheté un fond qui avoit appartenu à ce
prince , il fouille & découvre une urne qu’il rapporte
à Sparte, prétendant qu’elle rcnfèrmoit les
dépouilles mortelles d’Orefle. Il fut cm , parce
qu’on deliroit qu’il dît vrai. Les Lacédémoniens
pleins de confiance dans ce dépôt, marchent contre
les Tégéates & les rangent fous leur domination
: cette guerre coirvrit_de gloire Anaxandride.
20. Ce prince avoit une femme qui ne lui donnoit
point de pofterité. Les Lacédémonien^craignant
de voir fa famille éteinte, lui députèrent les épho-
res pour lui repréfenter la néceflité de répudier fa
femme & d’en prendre une autre qui pût lui donner
un fucccffeur. Anaxandride répondit, qu’iZ ne
pouvoit confentir à un divorce qui femeroit l'armer-
tume^ fur le refie de fa vie. Les éphores ne pouvant
le réfoudre à rompre fon premier engagement,
lui prepofèrent de prendre une fécondé femme, &
de faire taire la loi qui réprouvoit cette double
union; il y confentit avec peine , & il eut de
cette fécondé femme un fils nomme Cléomène:, qui
régna après lui. Sa première femme fi long-temps
ftérile, lui donna dans la fuite trois fils; favoir,
Doreus, Leonidas & Cléombrote. Anaxandride vi—
voit du temps de Créfus , roi de Lydie. ( T n. ) Anaxandride eft auffi le nom d’un poète
comique, qui vivoit du temps de Philippe, roi de
Macédoine, & dont nous n’avons pas les comédies
, qui étoient, dit-on , au nombre de foixante-
cinq. Il paffe pour le premier auteur qukait mis
fur la fcene , les amours & les intrigues des fubor-
neurs, & qui ait averti les jeunes filles des dangers
de cette paffion , & des artifices dont elles
foüvoient être les vi&imes. On dit que les Athé- 1
niens, par une intolérance qui n’eft pas plus rare
dans les républiques que dans les monarchies , le
condamnèrent à mourir de faim, pour avoir cen-
furé leur gouvernement dans une de fes comédies.
' ■ . , »,
ANAXARQUE , ( Hifl. anc. j Philofophe d’Ab-
dère, favori d’Alexandre le Grand, & digne de
l’être par la liberté hardie avec laquelle il fe mo-
uoit en fa préfence de la manie qu’avoit Alexan-
re d’être Dieu. Alexandre s’étant ' blefie &
faignant : Eh bien / lui dit Anaxarque , efi-ce là du
fang des dieux? Mais le même Anaxarque n’efl:
plus qu’un favori ordinaire , lorfqu’Alexandre
ayant ordonné à fes tréfojâers de donner au philofophe
tout ce qu’il demanderoit, il demanda
cent talens' , ç’e f t - à - d i r e , trois cents mille
livres. Alexandre qui vaifemblablement en fut un
peu furpris, couvrit fon imprudence & cette avidité
d’un voile d’héroïfme , en s’écriant : c'efl à
préfent que je’ reconnois combien Anaxarque efl de mes
amis & combien il craïndroit qu Alexandre ne s'avilît
par.(des préfens indignes de fa grandeur. Tout cour-
tifan auroit eu, s’il l’eût ofé, cet égard pour Alexandre,
& l’antiquité qui a vanté ce mot, auroit dû
obferver au contraire qu’Alexandre donnoit à fon
ami ou la fubflance de fès fujets , ou des dépouilles
enlevées à de légitimes pofîefleurs, cruel &
injufte, dans l’une & l’autre cas. Combien eft
fupérieur à Anaxarque abufant ainfi des bontés
de fon maître , ce bramine Sifla, fils de Daher ,
qui ayant donné au roi des Indes une leçon im-
. portante , & pouvant choifir fa récompenfe , fit
de fa demande même une leçon nouvelle pour le
roi , qui en avoit encore befoin. Voici le fait : nous
copions les propres termes de l’hiftoire de l’académie
Royale des Infcriptions & belles - lettres ,
tom. 5 , page 254. « Le prince fenfible & recon-
» noiflant laifla au Bramine le choix de fa récom-
» penfe. Celui-ci demanda qu’on lui donnât le
» nombre de grains de bled que produiroit le nom-
•» bre des cafés de l’échiquier, un feui pour la
» première , deux pour la fécondé, quatre pour
■ a la troifième , ainfi de fuite , en doublant toujours
jj jufqu’à la foixante-quatrième-.
« Le ro i, étonné de la modicité apparente de la
»j demande, l’accorda fur le champ & fans examen ;
>j mais quand fes trêforiers eurent calculé, ils
jj trouvèrent que le roi s’étoit engagé à une chofe
jj pour laquelle tous fes tréfors ni fes vaftes états
» ne fuffiroient point. On a évalué en effet la fomme
jj dé ces grains de bled à 16384 villes, dontcha-
jj cune contiendroit 1024 greniers, dans chacun,
yij defquels il y auroit 174762 mefures, & dans
» chaque mefure 32768 grains. Alors le bramine
♦ j fe fervit de cette occafion , pour lui faire fentir
jj combien il importe aux rois de fe tenir en garde
jj .contre ceux qui les entourent , & combien ils
jj doivent craindre que l’on n’abufe de leurs meil-
v leures intentions jj. <
Voilà la leçon qu’un philofophe tel qu’Anaxarque
devoir donner à Alexandre. Il en donnoit quelquefois
de plus dures, jamais de fi utiles. Un jour étant
à la table d’Alexandre avec Nicocréon , tyran do
Chypre , qu’il n’aimoit pas , & Alexandre lui ayant
demandé comment il trouvoit le repas, il n'y manque,
répondit-il, en regardant Nicocréon, que la tête a'un
tyran. Il eût pu ajouter avec autant de vérité , 6» celle
d'un conquérant; mais le conquérant étoit fon bienfaiteur
, & il étoit à fa table. Après ce m ot, il falloit ne
pas tomber entre les mains du tyran, Anaxarque
y tomba : jetté par la tempête fur les côtes de
l’ifle de Chypre , «après la mort d’Alexandre qui
eût pu le faiiver , il périt dans des fupplices, qui ne
purent triompher de fa confiance vraiment ftoïque.
Nicocréon , dans un accès de colère, le menaçant
de lui faire couper la langue, tu n en feras rien,
dit-il, petit efféminé. Il fe la coupa lui-même avec
lés dents, & la lui jetta au vifage. Nicocréon le fit
piler dans un mortier avec des pilons de fer. Alors
même Anaxarque bravoit encore les bourreaux :
Pilent leur crioit-il, pile^ l'étui d'Anaxarque, vous
ne pouve% rien fur fon ame. Jamais l’impaflibilité
ftoïcienne n’a été portée plus loin. Anaxarque étoit
de la fe&e des fceptiques. Il vivoit dès le temps
du règne de Philippe vers l’an 340 avant J. C.
A n a x a r q u e eft auffi le nom d’un capitaine
thébain dont Thucydide parle fouvent dans l’hiftoire
de la guerre du Péloponnèfe.
ANAXIDAME , ( Hifl. de Lacédémone.) fut le
collègue d’Anaxandre, roi de Sparte. Il paroît que
ce prince, occupé de l’adminifiration civile , fut fans
talent pour la guerre, puifqu’il n’eft point fait mention
de lui dans la guerre que les Spartiates firent
aux Mefféniens pendant fon règne. Il eut pour fuc-
ceffeur fon fils Ârchidame, quitranfmit ion trône
à fon. fils Argeficlès , princes pacifiques , qui ne
s’occupèrent que du bonheur de leur peuple. L’hiftoire
n’entre dans aucun détail fur leur règne, parce
qu’elle n’aime qu’à confacrer les auteurs des révolutions
& des calamités publiques , de forte qu’on
pourroit dire , à quelques égards , que les princes
font comme les femmes dont les plus honnêtes font
celles de qui on ne parle pas. ( T—n . )
(Mais comment a-t-on oublié ce mot qu’il répondit
à un étranger, qui lui demandoit qui gou-
vernoit à Sparte ? — Les loix.
On a voulu dans la fuite attribuer ce mot à un
moderne ( M. Quefnay ) ; mais ce n’étoit vraifem-
blablement qu’une application ou qu’une réminif-
cence. Voici ce qu’on lit à ce fujet dans le journal
des favans, juin, premier vol. 17 7 7 , pag. 336 de
l ’édition i/z-40. jj M. le Dauphin, père du ro i, di-
jj foit un jour devant M. Quefnay, que la charge
jj d’un roi étoit bien difficile à remplir. Monfieur,
jj je ne- trouve pas cela , dit M. Quefnay. — Eh I
jj que feriez-vous donc, fi vous étiez roi ? — Mon-
jj fleur, je ne ferais rien. s= Eh 1 qui gouverneroiti
n ;= Les loix jj.