
nefle fit craindre qu’ils ne fuflènt encore trop foi-
blés pour foutenir le poids des affaires , & leur
père trop prévoyant,' leur nomma à chacun un
tuteur pour les inftruire dans l’art de gouverner.
Le malheur des fouverains eft de donner leur confiance
à leurs flatteurs. Arcadius fut mis fous la;
tutelle de Rufin, & Honorius fous celle de Stili-
con. On partagea l’empire pour éviter les haines
qui naiffent de la rivahté du pouvoir. Conflanti-
nople fut le fiège où Arcadius établit fa domination
ju i s étendit fur tous les peuples de l’Orient : Rome,
fousHonorius, redevint la capitale des nations
- 1 Occident & du feptentrion. Chacun content
de fon partage, fembloit promettre à la terre un
ca" ? e (^urahle , fi les tuteurs ambitieux fe fuffent
refferres dans les bornes de leur devoir. Rufin,
que l’habitude de commander dégoûtoit de la vie
privée où la majorité de fon pupille alloit le condamner
, cnit devoir fe rendre néceffaire, en replongeant
l’état dans la confufton. Les richeffes
qu il avoit accumulées par fes exactions, lui fer-
Virent à préparer l’invafion d’Alaric , roi des Goths
dans l’Italie, & il eut l’adreffe de lui perfuader
ou Arcadius intimidé par fes armes, abdiqueroit
fans effufion de fang un empire que ce tuteur parjure
ambitionnoit pour lui. La conjuration fut découverte
, & les foldats indignés lui tranchèrent la
tê te , qui fut envoyée à Conftantinople, où elle fut
expofée fur une des portes He cette capitale , pour
prévenir la tentation de ceux qui auroient voulu lui
relfembler.
( Abfiuïit hùtic tandem Rufini pana tumultum j;
Abfolvitque deos.
Clàudien. )
Le gouvernement de l’Afrique, qui étoit de la
dépendance d’Honorius, étoit confié à Gildon, qui
voulut en envahir la fouveraineté ; mais ce gouverneur
infidèle ayant trempé fes mains dans le
fang dè fes neveux, attira fur lui les’ armes de
leur père Marellus, qui le-vainquit & le fit étrangler.
Marellus, fier de fa viftoire, regarda l’Afrique
comme fon héritage. Honorius, qui tailla fon
armée en pièces, le traita en rebelle. Stilicon ,
beau-père d’Honorius, eut l’ambition de placer fon
. fils fur le trône , & pour y réuffir, il fufcita dés
ennemis à fon gendre jufqu’aux extrémités du nord.
Les Suèves , les Vandales & les Allemands firent
une irruption dans l’Italie avec une armée de deux
cents mille hommes, fous la conduite de Radagufei
Ce chef de brigands, plus propre à piller qu’à combattre,
fut vaincu & jetté dans une prifon où
il fut étranglé. Son armée fe réunit & élut pour
chef Alaric qui l’an 411 fe rendit maître de Rome.
Le perfide Stilicon ne jouit pas du fruit de fon
crime, fa trahifou fùt découverte, & il fut condamne
a la mort avec fon fils. Honorius fut dans
la fuite plus réfervé à donner fa confiance. Son
règne qui avoit été fi orageux devint plus tranquille;
il mourut à Rome, & laifla fes états à fon
fils Théodofe, ( T—n. )
ARCÉSILAS, (Hiß. anc.) difciple & fucceffeur
de Crantor, dans l’école platonique, forma la feâë
appellée la fécondé académie. Ses principes étoient
ceux du pyrronifme. On a retenu de lui quelques
mots & quelques traits. Horace préféroit Homère
pour la philofophie même à Chryfippe & à Cran-
t©r : foit qu A reißlas, quoique difciple dè Crantor ,
eut penfé d’avance comme Horace, foit qu’il n’ai-
mât Homere que comme poète, il ne pouvoit fe
laffer de le lire; il ne l’appelloit que fes amours,
Il^difoit que la mort etoit le feul mal qui ne chagrinai
que dans l abfence. On obfervoit devant lui qu’on
voyoit beaucoup de philofophes abandonner leurs
leéles pour celle d Epicure, & qu’on ne voyoit
point d’épicurien abandonner la feéfe d’Epicure
pour une autre. C efi , dit-il, que d'un homme on
fait aifement un eunùque, 6» que d'un eunuque on ne
fauroit faire un homme. Malgré une condamnation
fi forte de lepicurifme, Arcéfilas mourut-en épicurien
, c’eft-a-dire d’un excès d’intempérance, ce
fut vers lan 500 avant Jéfùs - Chrift. Il avoit 77
ans ; il étoit né à Pitane en Eolide.
ARCHELAUS, ( Hifi. anc. ) Ce nom a été celui
de plufieurs perfonnages affez célèbres en différens
pays, en differens temps , & dans différentes conditions.
i°. Archelaus , (Hiß, de Lacédém. ) roi de-
Sparte, régna pendant foixante ans; l’hiffoire ne
nous a tranfmis rien de mémorable touchant ce
prince , qui ne nous eff connu que par la conquête*
dEgis, ville frontière de Laconie , qui s’étoit liguée
avec les Arcadiens, alors en guerre avec'
Sparte ; il régna conjointement avec Charillas, qui
ne nous eff connu que de nom. ( T - n . )
’ 2°- Archelaus , ( Hiß. de Macédoine. ) fils naturel
de Perdiccas, s’empara de la couronne de
Macedoine, après avoir fait mourir les heritiers
legitimes. Cet ufurpateur fut un grand prince , du
moins ce fut un tyran qui eut de la grandeur ; il
rendit fon royaume floriffant, il protégea les lettres
, il appella Socrate à fa cour ; mais Socrate n’y
vint point, la tyrannie l’effraya. Archelaüs futaf-
fafliné vers l’an 399 avant J. C.
A rchelaus. (Hiß. d'Egypte. ) Après l’expul-
fion de Ptoloméè Auletes, fa fille Berenice fut élevée
fur le trône d’Egypte qu’elle n’ambitionnoit
pas, & ce fut pour adoucir le poids des affaires,
qu’elle époufa Archelaüs? grand-prêtre de Comane,.
dans le Pont. Ce n’étoit point un fpeélacle rare en.
Egypte , de voir le feeptre dans les. mains d’un
miniffre de l’autel. Affocié au gouvernement , il
montra qu’il pdffédoit tous les talens qui conftituent
le grand capitaine & le politique le plus raffiné.
Les temps étoient orageux, & il falloit des mains
habiles pour diriger les. rênes d’un empire agité par
tant de tempêtes.
Gabinius, fous prétexte de rétablir Auletes, s’en
approprioit les plus riches dépouilles. Archelaüs ofa.
s’oppofer à la fortune des Romains. Il leva une
nombreufe armée. Mais les Egyptiens amollis par
les délices, fécondèrent mal fa valeur & fa prudence.
Tremblans & fans difeipline, ils ne favoient
ni combattre ni obéir. Toutes les fois que la nécef-
fité leur preferivoit de fe retrancher, ils refufoient
de remuer la terre pour s’en faire un rempart,
alléguant qu’un peuple libre & guerrier ne devoit
point s’avilir par un travail qui ne convenoit qu’à
des efclaves. Archelaüs, général d’une multitude
fans courage & fans difeipline, eut affez de confiance
pour en venir aux mains avec Antoine &
Gabinius. Il déploya toutes les reffources d’un
génie fait pour la guerre, mais étant mal fécondé,
il tomba percé de coups. Antoine, qui honoroit
le mérite jufque dans fes ennemis, lui fit rendre
les honneurs funèbres.( T - n . )
Cet Archelaüs étoit fils d’un autre Archelaüs,
général des armées de Mithridate , & il eut pour
petit-fils :
4°. Archelaus , (H iß. rom.) qui fut fait roi
de Gappadoce par Marc-Antoine, & qui le fecou-
rut contre Augûfte à la bataille d’Aétîum : Auguffe
lui pardonna; mais Tibère, pour de bien moindres
fujèts , le fit périr en prifon la feizième année
de L C . ç°. Archelaus, (Hiß. des Juifs.) fils d’Hé-
rode le Grand, lui fucceda dans le royaume de
Judée, non fous lé titre de r o i, mais fous celui
d’ethnarque, que lui accorda Auguffe , avec la
moitié feulement des états dont fon père avoit joui,
lui promettant qu’il lui accorderoit la royauté , s’il
s’en rendoit digne. Mais il gouverna la Judée avec
tant de violence & de cruauté, que les Juifs fe
révoltèrent contre lui, & portèrent leurs plaintes
à Auguffe, qui le fit venir à Rome pour répondre
aux accufations formées contre fon adminiffratiom
Il ne put fe juftifier. Auguffe le relégua i Vienne
dans les Gaules, où Archelaüs finit fes jours. (A. R.)
6°. Archelaüs eff encore le nom d’un philosophe
grec , difciple d’Anaxagorè , Sc qui eut l’honneur
d’avoir Socrate pour difciple. Il vivoit vers
l’an 444 avant J. C.
7 ° ..D’un célèbre fculpteur de l’Ionie, qui v ivo it,
à ce qu’on croit, du temps de l’empereur Claude.
Il fit en marbre l’apothéofe d’Homère. Ce monument
, l’un des plus beaux de l’antiquité, fut trouvé
en 165 S dans une terre appartenante aux princes
Colonnes, & où l’on prétend que l’empereur avoit
une rnaifon de plaifance. Le P. Kircher, Cuper ,
Spanheim & d’autres antiquaires ont donné la def-
eription & l’explication de ce monument.
8°. D ’un évêque de Méfopotamie, qui difputa
Pan 2.77 contre Manès. Les aéles de cette conférence
exiftent encore dans une traduction-latine.
ARCHIAS , ( jHiß. anc.) Poète grec, connu
par le plaidoyer que Cicéron fit pour fa défenfe.
ARCHICAMERIERokARCHICHAMBELLAN,
f. m. (Hiß. mod. ) officier de l’empire d’Allemagne,
qui n’a pas les mêmes fonctions que le grand-chambelîan
en France , & dont la dignité n’eff, à pro*
prement parler, qu’un titre d’honneur.
L’éleCteur de Brandebourg eff archichambellan de
l’empire, comme il eff porté par la bulle d’or, & .
en cette qualité il porte le feeptre devant l’empe-*
reur & marche à la gauche de l’éleCteur deSaxc.»
Dans le feffin qui fuit l’éleCtion de l’empereur, i 1
eff à cheval comme les autres électeurs, porte uri
haflin & une aiguière d’argent avec une fervietn 5
fur le bras , pour donner à laver à ce prince : c.®
n’eft guère qu’en cette occafion quJil exerce liés
fonctions de fa charge , & même il peut être fu p-
pléé par un vice-gérent, qui eff le prince d’Hohdnr
zollern , aufli de la rnaifon de Brandébourg. He'dT,
Hiß. de l'Emp. (A . R .)
ARCHICHANCELIER, f. m. (Hiß. mod.)g\and
chancelier ; c’étoit anciennement le chef des notaires
, c’eft-à-dire des fecrétaires d’état.
On trouve cet office établi en France fous les
rois de la première & de la fécondé race L & enfuit
e fous les empereurs. Comme ils avoïent trois
différens gouvernemens ; favoir , l’Allemagne y
l’Italie & le royaume d’A rles, ils avaient trois
archichanceliers , ce qui fubfiffe encore en Allemagne
; l’archevêque de Mayence eff archichancelier
d’Allemagne ;' celui de Cologne l’eff de. l’Italie, &
celui de Trêves a le titre iïarchichancdier d’Arles..
Bern, de Mallincrot, dans fon traité de Archi-
cancellarïis lmp. rom. montre que ces trois archevêques
furent archichanceliers avant que d’être électeurs.
On trouve aufii dans l’hiftoire des archiçhan-
celiers de Bourgogne , que ce titre fut donné par
l’empereur Frédéric I à l’archevêque de Vienne.
Des trois éleéleurs archichanceliers de l’empire
celui de Trêves & celui de Cologne n’ont aucune
fonction ; l’éle&eur de Mayence feul en fait les
fondions , ce qui rend fa dignité très-confidérable ;
car en cette qualité il eff le doyen perpétuel des
éleéleurs & le garde de la matricule de l’empire.
Il a infpeéfion fur le confeil aulique , fur la cliâm-1
bre impériale de Spiré, & en cas de vacance du?
fiège impérial, le droit de convoquer les diètes
d’éleétîon. Non feulement il a en fa poffeffion les
archives de l’empire, pour ce qui concerne l’A llemagne
, mais encore tous les diplômes, titres Si-
papiers dès affaires d’Italie. Il a à la cour impériale
un vice-chancelier qui garde ces archives, & en
délivre des expéditions. L’abbé de Fulde a auiïi le
titre d'archichancelier de l’impératrice, qui lui fut
confirmé par l’empereur Charles IV en 1368. Heiff,
hiß. de -VEmp. (G)
ARCHIDAME , ( Hifloïre de Lacédémone. ) oit Archidamas. Il y a eu deux rois de ce nom
célèbres à Sparte : le premier monta fur le trône
de Sparte au milieu des calamités publiques. Athènes,
avoit repris fa fupériorité, l’état étoit déchiré de-
faélions. Un tremblement de terre bouleverfa toute;
la Laconie, qui refta prefque fans habitans. Les
Ilotes eijnçjnjs fecrets des Lacédémoniens, qux