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la lettre du duc Eudes , & , i ° . cette lettre peut
n’avoir point été écrite, a0. En fuppofant qu’elle
l ait été j elle pouvoit ne point contenir le calcul
ridicule dont parle Anaftafe, aufli bien que Paul
Diacre. 30. Si la lettre conteiîôit ce calcul, il n’en
eft pas plus vraifemblable, & c’étoit fans doute
une fanfàronade du duc Eudes. 4*. Quant à la
bataille dont Anaftafe a voulu parler , & à laquelle
il applique la même circonftance que Paul Diacre
rapporte de la bataille de Poitiers, ces deux auteurs
peuvent fe concilier, li l’on fuppofe que le
çape, à qui la lettre du duc Eudes fut adreffée,
etôit au lieu de Grégoire I I , Grégoire I I I , fon
iùccefleur ; entre deux papes* confécutifs du même
nom, on a pu fe tromper fur le nombre qui les
défigne ; & 50. Enfin ,, de ce qu’Anaftafè nomme
le duc Eudes, il ne s’enfuit pas nêceflairement
qu il parle de la bataille de Touloufe ; car des auteurs
croient que le duc Eudes ètoit aufli à la bataille
de Poitiers. Ce point du moins eft refié incertain
dans l’hiftoire, & tout eft incertain avec des chroniqueurs
qui ne défignent rien , qui ne diftinguent
rien, qui ne marquent ni les lieux, ni les temps,
qui défigurent, dégradent & exagèrent tout.
ABDERE , ABDÉRITES , ABDÉRITAINS,
(.Hijl. anc. ) Abdere, ville de Thrace , fi célèbre par
la fiupiditê de fes habitans, que Juvenal rappelle
vervecum patria: s en obfèrvant cependant que Dé-
mocrite étoit né dans cette v ille, qui fut aufli la
patrie de plufieurs autres phïlofophes célèbres
Quorum prudenùa monfirat
Summos poffe viros & magna exempta daturos--
Veryecum in patriâ crajfoqpe fub a'ùx-'nafci..
Il paroît qu’au, moins l’air de ce pays, comme le
dit Juvenal , étoit épais & mal-fain.
Martial dit aufli en très-mauvaife part:
Aderitance peclora plébis haies.
Lucien Sa plufieurs autres écrivains aflurent que
dans un certain temps de l’année, pendant la chaleur
apparemment, les Abderitains avoient pref-
que tous le tranfport au cerveau, qu’ils couroient
au milieu des rues, en récitant des vers de tragédies
, & que ces mots : O amour ! tyran des dieux
& des hommes ! étoit leur refrain ordinaire. Démo-
crite, qui rioit de leur folie, leur parut fou lui-
même, ils firent venir Hippocrate pour le traiter;
Hippocrate les afliira que Démocrite étoit très-fain
& trés-fage , & il leur propofa de les traiter eux-
mêmes; offre qu’un peuple ne croit jamais avoir
hefoin d’accepter. Bayle regarde comme une efpèce
ÿauto-da-fé l’ufage où. l’on étoit à Abdere, ielon
Ovide, de dévouer une perfonne avant de l’af-
fpmmer g coups de pierre :■
A u t te devoveat certes A b èe ra- diehusr
Saxaque devotum grandine pliera pétant.
C ’étoit, dit Bayle , un a été de religion ; mais fi
çet acte n’avoit aucun rapport à la croyance , fi ce
n'étoit qu’un appareil de plus ? ajouté à la cou dam-
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nation des criminels pour infpirer plus d’horreitf
& d’effroi, l’ufage $ Abdere , loin d’être aflez mauvais
pour mériter d’être comparé à lin auto-âa-fé ,
pouvoit avoir quelqù’avaritage.
ABDIAS, (, Hijl. Sainte. ) le quatrième des
douze petits prophètes, vivoit fous le -règne d’E-
zéchias, vers l’an 726 avant Jéfus-Chrift. 11' ne
faut pas le confondre avec plufieurs autres Abdias 9.
dont il eft parlé dans l’écriture , fkvoTr; i° . un
tréforier de David ; 20. Un général des armées du
même ro i; 30. Un intendant.de la maifbn d’A-:
chab, qui cacha dans une caverne d’une monta-,
gne à laquelle il donna fon nom , cent prophètes
pour les foufiraire à la fureur de Jézabel; 4°. Un
lévite qui rétablit le temple fous le règne de Jofias. Abdias, de Babylone , ( Hijl. Eccléf.') eft auteur
d’une Hifioïre du combat des Apôtres. Il dit«,
qu’il avoit vu Jéfus-Chrift , qu’il ‘étoit du nombre
des foixante & douze difciples, qu’il fuivit en Perfa
S. Simon Sa S. Jude , qui l’ordonnèrent premier
évêque de Babylone. En même temps il cite Hé-
gêfippe, qui n’a vécu que cent trente ans après l’a£.
cenfion de Jéfus-Chrift, il dit , que fon ouvrage r
écrit d’abord en hébreu , a été traduit en grec ;
par fon difciple, nommé Eutrope ; & du grec en
latin, par Jules Africain, qui vivoit en 2-2.1. W o l-
fang Lazius , qui trouva le manufcrït de cet ou*-
Vrage dans le monaftère d’Ofliak en Carinthie
îe ht imprimer à Balle,.en 1551, comme un monument
précieux. Il y en a eu plufieurs autres
éditions ; l’impofture d’Abdias eft yifible , & reconnue,
ce qui n’eft pas toujours la même chofe*
ABDOLON ŸME ou ABDALONYME, {H ijl
de Sïdon, ) ce phénicien nous fournit un exemple
des caprices de la fortune qui fuit ceux qnf
la cherchent & qui cherche ceux qui la fuyenf»'
Alexandre,après avoir conquis la ville de T y r , avoit
ôté la couronne à Straton, roi des Sidoniens, pour le
punir d’avoir embraffé le parti de Darius. Ephefi-
tion fut chargé de choifir , ponr remplacer Straton^
celui des Sidoniens qui en paroïtrôit le plus digne*.
Epheftion offrit le trône à deux frères , chez lesquels
il étoit loge, 8t qui par leur naiftance Sc
leurs richefles étoient les plus confiderables dus
pays -y flsjïarurent .en être dignes par le refus
qu’ils firent d’y monter : ils alléguèrent que n’étant
point du fang des rois , les Ioix leur défen-
doient d’afpirer à la. royauté. Epheftion., é'tonné
de cette modération, s’écria- : ô âmes héroïques qui
comprenez qu’i l y. a 'plus de gloire à refujer le trône
qu’ à y monter ,, je ne puis vous donner un plus
grand témoignage de mon ejlime & de ma confiance,
que de vous déférer l’honneur de nommer vous-mêmes
un roi. Ces deux vrais citoyens ne confultant que-
l’intérêt & l’honueur de leur patrie , défignent
un defeendant, fort éloigné des anciens rois de
Sidon. C’étoit Abdolonyme, homme vertueux &
Ample1, qui, loin du bruit des armes & de toute
ambition, cultivoit en paix un jardin , né'ceflaire.
& fuflifant à fa fubfiftance. Sa pauvreté étoit celle»
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ITun homme de bien, qui avoit une répugnance
naturelle pour les moyens ordinaires de s’enrichir
Sa de s’élèver. Paifible dans fon heureufe obfcu-
rité , il ignoroit jufqu’aux révolutions arrivées
dans fa patrie. Les deux frères le trouvèrent arrachant
les mauvaifes herbes de fon jardin. Quand
il les entendit parler de feeptre & de couronne ,
il crut que c’étoit une plaifanterie, & comme il
n’y avoit point donné lieu , il leur repréfenta
qu’il n’étoit ni jufte, ni noble d’infulter ainfi à fa
vieillefle & à fa pauvreté. « Ce n’eft point un
»> jeu , lui dirent - ils, Sage vieillard, montez fur
»> le trône, & portez y le fouvenir de cette pau-
w vreté vertuenfe , qui a été pour nous un des
» plus puiffans motifs de vous choifir. »
Amené devant Alexandre , il parut avec un
maintien modefte qui ne démëntoit pqint la dignité
d’un roi. Alexandre, en jugea ainfi & admira
le courage avec lequel il avoit fupporté la
pauvreté. « que les dieux , répondit Abdolonyme
Y) me' donnent autant de force pour porter le
» poids de la couronne ! Ces bras fuffifoient à
v> mes befoins & à mes voeux. Je n’avoisrien,
» rien ne me manquoit. « Tel eft le récit de
Quinte - Curce, & le difeours qu’il met dans la
bouche d’Abdolonyme. Ce récit a fourni à M. de
Fénelon, l’épifode cTAriftodème dans Télémaque,&
à M. de Fontenelle le fujet d’une de fes comédies.
_ ABDON , ( Hijl. Sainte. ) fils d’Illel , de la
tribu d’Ephraïm ^ le dixième juge d’Ifraël, fuc-
<iéda à Ahialon, l’an du monde 2840 , & jugea
Ifraël pendant huit ans. Il eut une belle & nom-
breufe poftérité compofée de quarante fils & de
trente petits-fils, qu’il eut la fatisfaâion de voirpref-
que tous établis. Il mourut l’an du monde 2856,
& fut enterré à Pharaton, dans le lot d’Ephraïm,
qui étoit le lieu de fa naiftance.
- L’Ecriture fait mention de plufieurs autres Abdon ;
1. Abdon , de la tribu de, Benjamin , & fils de
Jehiel ; 2. Abdon , fils d’Àbigabaon & de Maa-
cka ; 3. Abdon , fils de Micha, qui fut envoyé par
le roi Jofias à la propheteffe Holda, pour lui demander
fon avis fur le livre de la loi qui avoit
été trouvé dans lè temple. ( A . R, )
ABEILLE, ( l’Abbé) poète françois ,né à Riez en
Provence, en 1648, fut reçu de l’académie fran-
çoife , en 1704. & .mourut à Paris, le 22 Mai 1718.
C ’eft prefque tout ce qui refte à dire de lu i; il
paroît qu’une humeur enjouée, une figure ridicule
Sa le talent de contrefaire plaifamment, lui procurèrent
des fuccès dans le monde & à la cour ;
ces fuccès paflent avec la perfonne & de bons
ouvrages reftent ; il n’en» eft point refté de
Gafpard Abeille ; c’eft prefque de l’érudition, &
une érudition inutile, de favoir qu’outre des odes
& des épîtres en vers , il a donné en 1674. Ar-
gélie , tragédie ; en 1676, Corïolan, tragédie ; en
1681 , Lyncèe, tragédie ; en divers temps, Soliman,
Hercule, tragédies, dont la dernière fut donnée fous
le nom delà Tuillerie, & deux opéra, Héfione &
A B E Tipî'
[Ariane ; Il a fait encore deux autres tragédies , Si-
lanus St la mort de Caton, qui n’ont été ni jouees , m
imprimées, mais qui apparemment avoient ete
lues avec grand fuccès dans des fociétés particulières
, puifqu’un grand prince difoit, que
d’Utique étoit moins Caton, que le Caton de L Abbe
Abeille. C ’eft de la tragédie d'Argélie , quon a dit
qu’elle commençoit, par ce vers :
Vous fouviem-il , ma foeur> du feu, roi notre père ?
A quoi un fpe&ateur prévenant la réponfe, répondit
par ce vers de Jodelet-prince :
Ma foi » s’il m’en fouvient > il ne m’en fouvient guère.
Ce qui, dit-on, fit tomber la pièce.' L’abbé
Abeille foutenoit que cette tradition étoit faufle,
& qu’il n’avoit jamais fait le vers qu’on prétend
avoir donné lieu à cette plaifanterie.
Gafpard Abeille? avoit un frère, nommé Scjpion
A b e il le chirurgien célèbre, qui a fait une hijloirè
des os , publiée-en 1685 , in-12. ouvrage eftimé ,
& un autre ouvrage intitulé Le parfait Chirurgien
d’armée , publié en 1696 , in-12. Il mourut en 1697.
Il avoit un fils, qui a donné en 1712. La Fille
valet Sa Crifpin jaloux , comédies.
AB E L , ( Hijl. Sainte. ) fécond # fils d’Adam ,
naquit l’an au monde 2 , & fut tué par fon frere
Caïn , environ l’an du monde 130. Voici ce que
nous apprend la Genèfe à ce fujet : « Caïn &
| » Abel, inftruits par Adam leur père, de leur de-
| » voir envers le Créateur , liii offrirent chacun
I » les prémices de leurs travaux. Caïn étoit labou-
» reur, Sa Abel pafteur de troupeaux ; le premier
« lui offrit les prémices de fes fruits, & l’autre, la
» graiffe ou le lait de fes troupeaux. Dieu témoigna
» qu’il avoit pour agréable l’oftrande d'Abel, fans
n témoigner agréer de même celle de Caïn. Celui-ci
» en conçut une jalpufie & une haine violentes con-
j> tre fon frère, qui le portèrent à le tuer » M. Geft-
ner, excellent poëte allemand, a fait dans fa langue
un poëme fort eftimé , intitulé la mort d’Abel,
dont nous avons une bonne tradu&ion françoife,
par M. Huber. (A . R. )
Abel, {Hijl. de Danemarck.) roi de Danemarck,
étoit fils de Waldemar I I . Celui-ci, avant de
mourir, défigna Eric pour fon fuccefleur , &
donna au jeune Abel leJuthland en apanage; les
deux autresenfans de Waldemar, Canut & Chrif-
tophe eurent, l’un le duché de Blekin, l’autre l’ifle
de Langeland. Après la mort.de Waldemar, Eric
fut couronné en 1241. Abel avoit époufé Mechtilde,
fille d’Adolphe, comte de Holftein : ce prince avoit
toujours confervé une haine implacable contre le
Danemarck ; Sfes enfans , dont Abel étoit tuteur ,
avoient hérité de cette haine ; quelques feigneurs
allemands s’étoient liés d’intérêt avec ces dangereux
orphelins. La ville de Lubek, dont l’inimitié
n’étoit què trop juftifiée par tous les efforts que
les rois de Danemarck avoient faits pour détruire
cette république, entra dans la même ligue,