
B O R même temps , dans le temps de parues , temps de délivrance
& d'affranchi(fement, le meme vendredi joint,
jour confacré par fa mort , avoit mene captive la
captivité. Les prôteftans ne veulent pas qu on dife
que ces religieufes furent enlevées, parce que persuadées
par le livre de Luther contre les voeux
monaftiques , elles confentirent à leur enlèvement.
Ce confentement prouve que Lüther les aVoit
féduites, mais Koppem ne les a pas moins enlevées.
Du nombre de ces captives fi violemment rachetées
par Koppem , étoit Catherine de Bore , fille
de qualité , dont Luther étoit ou devint amoureux.
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Luther avoit condamné le célibat des prêtres,
fon parti avoit applaudi, Carloftad, fon difciple
indocile & fouvent révolté, voulut aller plus loin.
Sa folie étoit de réduire en pratique la tne.orie luthérienne.
Il fe maria, & ce fut moins par inclination
ou par goût que par le defir de faire une
chofe prefque encore fans exemple, quoiqu auto-
rifée par la doélrine de Luther. L’eglife romaine
frémit de ce fcandale, l’églife réformée en fui
troublée, Luther feul, quoiqu’il n’aimat pas quon
voulût l’interprêter, & encore moins qu on voulût
le furpaffer, Luther ne difoit rien en public ,
& dans fes lettres particulières il louoit l’aclion
de Carloftad : Carlofladii nuptitz mire placent, novi
puellam ; confortet eum dominas. C ’eft quilbruloit
d’en faire autant, .c’eft qu’il étoit alors amoureux
de Catherine de Bore ; il vouloit l’epoufer & elle
y conferftoit ; un feül frein les retenoit ; l’éleéleur
de Saxe confervant la modération de fon caraâere
au milieu de fon zèle pour le luthéranifme., ne
permettoit pas de faire tout ce qu’il permettoit
de dire, parce qu’il eft plus aifé de rétraâér ce qui
eft dit, que de détruire ce qui eft/fait. Le fcandale
des avions effrayoit fa fageffe , qui ne s’allarmoit
point de la liberté des écrits. Luther, qui le con-
noiflbit, défefpéra de vaincre fes fcrupules, &
fentant que pour continuer de ^pouvoir tout, il
ne falloit pas tout ofer, il fut fe contenir pendant
la vie de Péleâeur ; ce prince mourut le 5 mai
1525, & Luther s’empreffa de chercher dans les
tranlports de l’amour, dans les douceurs du mariage
, dans le plaifir piquant d’arracher une reli-
gieufe à fes voeux, le dédommagement de l’appui
qu’il perdoit, mais qu’il retrouva dans le nouvel
éle&eur Jean, & que les progrès de fa feâe com-
mençoient d’ailleurs 4 lui rendre moins néceffaire.
Ce mariage fut heureux, quoique la conduite
de Luther dans fon ménage, le fentît de la bizarrerie
de fon caraâère, Il s’enferma une fois dans
fon cabinet avec une provifion de pain & de fe l,
& il y refta pendant trois jours, fans s’embarraf-
fer de l’inquiétude qu’il donnoit a fa femme, qui
le eherchoit par-tout, & qui enfin fit enfoncer la
porte de fon cabinet, Luther, au lieu de lui faire
des excufes, feignit d’être fâçhé qu’elle eût troublé
£ês méditations, —
b o R Le père Mainbourg trouve Luther peu délicat
dans les goûts ; car il obferve que Catherine de
Bore, depuis fon enlèvement, avoit vécu pendant
deux ans d’une manière fort libre avec les écoliers
de l’univerfité de Vittemberg ; mais les prôteftans
traitent cette imputation de calomnie ; ce qu’il y
a de certain , c’eft que le bruit qui avoit couru
qu’elle étoit groffe avant fon mariage, fe trouva
faux.
Quand Lüther fut marié, il ne connut plus
perfonne qui ne dût fuivre l’exemple qu’il avoit
donné, il écrivit à l’archevêque de Mayence* prélat
très-orthodoxe, pour lui confeiller de prendre une
femme, lui alléguant ce paflage de la Genèfe : Il
n'eft pas bon à l'homme d'être feul. L’archevêque
le traita comme un fo l, & ne lui fit pas de ré-
ponfe :
Luther laifla de fon mariage trois fils, Jean ,
Martin & Paul; on ne fait d’eux que leurs noms.
Il laifla auffi deux filles.
Catherine de Bore, fa veuve, dont la conduite
fut toujours irréprochable, & pendant fon mariage
& pendant fa viduité, mourut le 20 décembre
1552, âgée d’environ cinquante-trois ans , fix ans
après la mort de fon mari.
BOREL , (P ierre) natif de Caftres , médecin
ordinaire du roi, de l’académie des fciences , mort
en 1689, eft auteur des ouvrages fuïvans : I
i° . Des antiquités de Cajlres, 1649, i/z-8®., à
Caftres.
20. De vero telefcopii inventore, 1651, i/z-40. , à
la Haye.
30. Tréfor des ' recherchés b des antiquités gau-
loties , 1655, in-40. , à Paris.
40. Hiftoriarum & obfervationum Medico-phyfica-
rum censuriez quinque , 1676, in-8°., à Paris.
50. Bibliotheca chymica, Paris, 1654, ia-12.
BORELLI,(Jean-Alphonse) ( Hift.litt. mod.)
napolitain, profefleur de philofbphie oC de mathématiques
à Florence & à Pile, eft auteur d’un
traité eftimé De motu animalium, deux vol. in-4*. ;
& d’un autre qui ne l’eft pas moins , De vi per-
cujjionis , in-4°. Né à Naples en 1608, mort en
1699 le dernier décembre à Rome, où il avoit
été appellé par la reine Chriftine.
BORGHÈSE, (Paul Guid o tto ) peintre &
poète italien, qui jaloux du Taflè, voulut ©ppofer
à la Jérufalem délivrée , la Jérufalem ruinée, poème
qu’il compofa dans le même genre, dans la même
forme, de la même mefure , du même nombre
de vers & fur les mêmes rimes que le poème du
TafTe , & qui, malgré toutes ces conformités avec
un fi bel ouvrage , eft aujourd’hui entièrement
ignoré. Bçtrgh'efe mourut, dit-on, de faim en i6a6
à foixante ans, ayant quatorze talens, ou métiers»
différenSf
N’en ayons qu’ un , mais qu’il (oit bon,
Borghèsl eft auffi le nom d’une mai fon corn-
fidérahle
B O R
ftdérable d’Italie, dont étoit le pape Paul V , mort
le 22 janvier 1621 , & fes neveux les princes de
Sulmone & le cardinal François Borghèjé, nommé
au cardinalat le 6 juillet 1729.
BORGHINI, ( V incent) ( Hiß. litt, mod.)
On fait cas .de fouvrage intitulé : Difcorfi di M.
Vincen\o Borghini, qui traite de l’orgine de Florence
, de fes'principales familles , de fes monnoies ,
-de divers points de fon hiftoire, Borghini, né à
Florence en 1515, fe fit bénédictin en 1531, &
mourut en 1580» ayant refùfé, dit-on, l’archevêché
de Pife.
Un Rafaëllo Borghini eft auteur de plufieurs
comédies, & d’un traité aflëz eftimé , qui a pour
titre : Ripofô délia Pïttura, & délia fcultura, in-S°.
Florence , 15:84.
BORGIA , (Hiß. mod,.) dont nous avons parlé
à l’article Alexandre V I , malheureufement le
plus célèbre de la maifon Borgia. Cette maifon
avoit déjà donné avant lui un pape à l ’églife,
c ’eft Calixte III, fuccefleur de Nicolas V en 145 5,
mort en 1458, Alexandre V I étoit propre neveu
de Calixte I I I , & malgré ce rapport, & quoiqu’ils
fe nommaffent tous deux Borgia, il n’eft pas sur
qu’ils fiiflent de la même maifon ; une foeur de
''Calixte III avoit époufé Geoffroy Lenzoli, dit
Borgia, père d’Alexandre VI. Or les auteurs varient
fur ce qui concerne l’origine de ce Geoffroy;
les uns croient qu’il étoit de la maifon Borgia,
les autres qu’il étoit d’une famille nommée Lenzoli
, très-noble & très-ancienne, & qu’en épou-
fantune Borgia, il prit le nom & le s armes de cette
maifon, dans laquelle il ne reftoit plus de mâle.
Une foeur d’Alexandre V f époufa auffi un Lenzoli,
nommé Pierre - Guillaume, chef de cette maifon.
Alexandre VI fit cardinaux trois de fes neveux,
du nom de Borgia, & un François Borgia, qu’on
croyoit bâtard d’Alphonfe Borgia, c’eft-à-dire du
pape Calixte III, avant qu’il fût pape, avant même
qu’il fut cardinal. Alexandre V I donna encore le
chapeau de cardinal à fon bâtard Céfàr Borgia,
qu’il avoit eu dans fa jeuneffe, ainfi que plufieurs
autres enfans de Julie Farnèfe, dite Vanofa. Nous
avons rapporté à l’article A lexandre V I ( Voye£
cet article ) une partie des crimes de ce Céfar,
digne objet de la prédilection d’un tel père. Alexandre
VI l’ envoya en France au commencement du
règne de Louis X I I , pour deux objets agréables a
ce prince ; il apportoit la bulle qui nommoit des
commiffaires pour juger du mariage de Louis XII
avec la fille de Louis X I , & pour le caffer, il ..apportoit
de plus la barette au cardinal d’Amboife.
Louis XII lui donna le duché de Valentinois. Les
hiftoriens le repréfentent comme complice de
l’empoifonnement projetté par Alexandre V I ,|&
dont par un mal entendu ce pape fut la viâime:
pour Céfar , ils difent que fa jeuneffe le fauva, en
lui donnant la force de réfifter à la violence du
poifon, qu’il avoit d’ailleurs affoibli , en mettant
beaucoup d’eau dans le vin empoifonné, dont
Hißoire. Tom. I. Deuxieme Paru
B O R <56 ƒ
il combattit l’a&ion par des remèdes pris à propos*
Un tiffu de perfidies & de crimes le mit plufieurs
fois en danger. Aflaffin , il penfa périr par le fer des
affaffins. Comblé des bienfaits de Louis XII, il le
trahit impunément; le pape Jules II qu’il voulut
tromper, mais qu’on ne trompoit pas auffi impunément
que Louis XH, le fit arrêter a Oftie ; il,
fut auffi prifonnier en Efpagne ; il s’échappa de fa
prifon, & s’étant retiré chez le roi de Navarre,
Jean d’A lbret, fon beau-frère , il périt glorieufe-
ment les armes à la main, en combattant pour ce
prince le 12 mars 1507.
On ignore jufqu’où il pouvoit avoir élevé fes,
vues ambitieufes ; maïs il avoit pris pour deyife r
aut Cotftar, aut nihil. On a beaucoup tourné & retourné
contre lui cette deyife:
Borgia Cafar erat fa c lis & notnine C e fa r J
A u t n ih i l , aut Cafar , d i x i t , utrumque fu i t .
A u t n ih il aut Ccefarvult dici Borgiayquidnié
Cùm fim u l & Cce fa r p oftït & ejfe n ih il•
Omnia vincebas , fperabas omnïa 3 C ce fa r ,
Omnia défichent, incipis ejfe n ih il.
Il y a encore eu quatre autres Borgia , cardinaux.
Saint François de Borgia, troifième général
des jéfuites , homme fi différent d’Alexandre V I ,
& de Céfar Borgia, étoit auffi de là même maifon.
Il étoit petit-neveu du dermef & arrière .petit-
neveu du premier. Il mourut à Rome le 36 feptem-
bre 15 72 , âgé de foixante-deux ans.
BORJON, ( Charles-Emmanuel) (#i/?. litt;
mod. ) jurifconfulte, compilateur utile en jurifpru-
dence. On a de lui un Abrégé des ailes, titres &
mémoires concernant les affaires du clergé de France,
& tout ce qui s'eft fait contre les hérétiques ; un
Traité des dignités temporelles ; un Traité des offices
eccléftaftiques ; un Traité des offices de judicature ;
une compilation du droit romain, du droit François,
& du droit canon accommodée à l’ufage
d’à préfent ; des Déciftons qui regardent les curés ,
ou il eft traité des vicaires de paroiffe , des dixmes,
des novales, des portions congrues. Ces décifions ont
été inférées dans le c@de des curés. Borjon étoit né
à Pontdevaux en Breffe, diocèfe de Lyon ; il étoit
avocat au parlement de Pans ; il eft mort à Paris
le 4 mai 1.691, à cinquante-Kuit ans.
BORNIER, (P hilippe) (Hift. litt. mod.) jurifconfulte
célèbre par fon livre intitulé : Conférences
des nouvelles ordonnances du roi Louis X I V ,
avec celles de fes prédéeeffeurs , livre d'un grand
ufage au barreau. Borner étoit lieutenant particulier
au préfidial de Montpellier. Il étoit né dans
cette ville le 13 janvier 1654, il y mourut le '22
juillet 1711. . ■ . .,
BORRI, (Joseph-François) aventurier oç,
charlatan diftingué parmi les gens de cette efpèce ?•
il tenta tous les moyens de tromper les hommçs 9
pppp.