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» ce fpe&aele - ; mais vous en eufliez été émue
” comme toute la compagnie, qui s’émut fi for-
” tement, que j’en vis la clameur des enquêtes
»> commencer à s’affoiblir. » A ce *écit, nous concevons
l’idée d’un grand effet, & nous.croyons à
l’éloquence d’Omer - Talon. Nous devons croire
aufli à celle de Jérôme Bignon ,. lorfque- nous,
voyons un Magiftrat, tel que M. le premier pré-
fident de Lamoignon, en parler avec des tranfports
d’admiration, peindre l’attachement plein de ref-
pecl que le préfident de Lamoignon, fon père,
avoir pour cet éloquent & vertueux orateur ; c’eft
de tous les hommes celui que M. de Lamoignon
a le plus aimé, & qu’il a rendu le plus cher à fa
famille; il menoit fon fils, encore enfant, entendre
ce grand magiftrat parler au nom des loix
dans les caufes importantes.; il enflammoit ce
jeune homme du plaifir de l ’admirer, du defir de
Limiter. « Je ne puis exprimer, dit le premier préfident
, » combien cette penfée que mon père
» m’avoit infpirée , m’a été avantageufe; elle m3a 3> fait rechercher l’amitié de cet incomparable
« magiftrat , qui m’a fervi d’un véritable père,
3» après que Dieu eut retiré ,1e mien ; je ne puis
» affez dire combien je fuis redevable^ fes exem- 3’ pies & à fes. confeils, foit pour le choix de
33 mes études,, foit pour la conduite de ma v ie , 3» .& je délire que la reconnoiflance du bien q^e
33 ce grand perfonnage m’a fait en toute çecafion ,
33 foit continué dans toute ma poftérité à l’égard
33 de la. fienne. 33
Par une fuite de ce fentiment , te premier préfident
laifla par fon teftament, le portrait de Jérôme
Bignon , au préfident d.e Lamoignon , fon
fils aîné , alors avocat-général : c.ette claufe du
teftament eft remarquable.
33 Je donne à mon fils , avocat-général, le por-
» trait de M. Bignon, avocat - général, afin que
33 ,l’ayant devant les y e u x , ce grand & faint hom-
33 me lui ferve d’exemple, v
Pareille claufe dans lé teftament de M. le préfident
de Lamoignon, fils du premier préfident.
« Je donne à mon fils l’avocat-général, le por-
33 trait de M. Bignon. 33
. C e fils , avocat général alors, eft celui que nous
avons v u chancelier, & le portrait dé ÈL Bignon
appartient aujourd’hui à M. de Malesherbes.
Jérôme Bignon refufa la place de fur-intendant
des finances. Il mourut le 7 avril 16.56. I l étoit
né le 24 août 1590. I l avoit commencé des notes
fur Grégoire de T o u r s , & un traité des Origines
du Droit François.
L ’abbé B ign on , qui après lui a le plus ajouté
à la gloire de fon nom , étoit fon petit-fils. Il
pafla les plus .belles années dans la retraite, uniquement
appliqué à l’étude ; il en fo r t itp o u r remplir
différentes places, dont la: réunion forma pour
lui comme une efpèce de place unique, qui n’a
jamais été remplie de cette manière, que par lui
foui x il fut pour ainfi-dire le. préfident général &.
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nniverfél de la littérature. M. de Pontchartraîn J
fon oncle maternel, lui confia le département des
académies des infcriptions & des fciences ; elles
n’étoient prefque encore que de fimples affociations
littéraires ; leur êtabliffement n’étoit pas revêtu de:
la forme, qui féule pouvoit les rendre durables.
L’exemple de ce qui étoit arrivé après la mort de
François I , & après le miniftère du Cardinal, de
Richèlieu, c’eft-à-dire, la ceflation de la plupart
des grâces & des encouragemens accordés aux
lettres, faifoit craindre pour les établiflemens littéraires
de Colbert. M. Fréret applique à ces éta-
bliffemens, alors mal affermis, ce que Tite-Live
dit de la puiffance de Rome naiflante,. avant que
Romulus eût pourvu à fa durée ; hominis oetatem
duratura magnitudo erat. M. l’abbé Bignon procura
en 1699, un réglement très-étendli à l’académie
des fciences, & én 1701, un pareil à l’académie
des infcriptions & belles-lettres. En 1713 ,. il ol>
tint encore pour les académies dés lettres-patentes
qui confirmoient leur êtabliffement, & dans lef-
quelles le roi déclaroit que cette grâce avoit pour
motif Vejlime & la conjidératioh que les deux aca-:
demies avoient ac qui fes. .« Alors , dit M- Fréret , '
33 les académies commencèrent à faire véritable*
33 ment partie de l’état, & à y tenir un rang. 3>
M. l’abbé Bignon donna aufli, en 1701, au
journal des favàns, la forme qu’il a confervée
depuis. Il avoit été pendant long-temps l’ouvrage'
d’une feule perfonne ; M. l’âbbé Bignon jugea qu il
devoir être l’ouvrage d’une lociété, qui réuniroit
néceffairement plus de lumières & dés talens plus
variés qu’un feul homme n’en pouvoit pofféder ;
il comprit d’ailleurs que la fonclion délicate de
juger les produirions de fiés contemporains, de
fes rivaux, de fes égaux, fouvent même de fes
fupérieurs , -étoit une forte de magiftrature qui ne
devoir pas être abandonnée à tout le monde, &
qui ne pouvoit être exercée légitimement que par*
un corps qui. travaillât fous la dire&ion du chef
de la magiftrature. Toutes les dérogations apportées
après-coup à ce principe par une indulgence
exceflive ou par un refpeét mal?. entendu pour la
liberté, font autant d’abus, dont l’èfféf a été de
corrompre les lettres & de les avilir.
En 1718, M. l’abbé Bignon eut l’intendance de
la- bibliothèque du roi, que Jérôme Bignon ,. fécond
7du nom, fon père, & Jérôme I , fon ayeul?
avoient eue fous le titre de ntaîtrije de la librairie du
roi , depuis 1642 jufqu’en 1684 : & lorfqu’ên
1656, M. Colbert obtint pour fon frère, depuis
évêque de Luçon, la garde de la bibliothèque du roi,
yacante par la mort de M. D upuy, ce fut entre les
mains de Jérôme Bignon , que l’abbé Colbert
prêta ferment. En. 1684, M. de Louvois avoit
acquis de M. Bignon, père de M. l’abbé Bignon,
la charge de maître de la librairie. Après la mort de
M. de Louvois, ce titre ayoit été;réuni à celui de
garde de la bihliothéque, & la bibliothèque fut
comprife, ainfi que tout ce qui regarde les lettres.à
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i3ans le département de la maifon du roi. M. l’abbé
Bignon renouvel la & ranima la bibliothèque du
roi, comme il avoit fait les académies & le journal
>-<Lles favans.
M. l’abbé Bignon fut nommé Confeiller d’état
■ en 1701. Il partageoit entre les fondions de la
magiftrafure & les travaux de la littérature, une
vie fans ceffe occupée qui commençoit pour ltii
tous les jours dès quatre heures du matin. Il avoit
prêché avec fuccès dans Paris : il avoit été reçu
•en 1691,.à l’académie des fciences; en 1693 , à
l ’académie des infcriptions & à l’académie fran-
■ çoife, dont celle des infcriptions, dit M. Fréret,
étoit commë une efpèce de Colonie. *
M. l’abbé Bignon j ïié le 19 feptembre 1662,
mourut le 14 mars 174?..
Tous les écrits du temps font remplis de fes
éloges. Rouffeau feul a fait des fatyres contre lui ;
•on dit que c’eft à lui qu’il en veut dans l’épi-
gramme :
Chryfologire toujours opine ;
C’eft le vrai grec de Juvenal, &çi
dans l’épigramme fuivante :
Bien que votre ton fuffifanV
Prête un,beau champ à la fatyre, &ci
Uorfinia novit dé Juvenal, pris en bonne part,
pouvoit convenir à M. l’abbé Bignon; mais quel
rapport pouvôit-il y avoir entre un confeiller
d’état, neveu du chancelier, & Gràtculiis efuriens.
Le frère ainé de M. l’abbé Bignon étoit honoraire
de l’académie des belles-lettres; il avoit été
intendant d’Amiens * confeiller d’état, prévôt des
marchands; C’eft Jérôme III. Il eft mort en 1726.
Un autre frère de l’abbé, Armand-Roland, mourut
confeiller d’état & intendant de Paris, le 20
février 1724.
II . fut père de Jérôme IV , né le 21 Février
i ^99 j fait maître des requêtes en 1728, biblioN-
diécairè du roi en furvivance en 1722 , intendant
de la Rochelle en 1726 , de Soifions en
17363. honoraire’ de Facadéniie des bellés-lettres,
le 26 janvier 1741.; confeiller d’état, le 2 février
1.743, & nommé le même jour à l’intendance de
l’armée de Flandre4 mort le 8 Mars 1743', fix
jours avant l’abbé Bignon, fon oncle.
Armand-Jérôme, frère de Jérôme IV , né le
27 o&obre 1711,, confeiller d’état, commandeur,
prévôt & makre des cérémonies des ordres, bibliothécaire
du roi , prévôt des marchands, l’im
des quarante de Facadémie françoife , honoraire
de l’académie des infcriptions & belles - lettres ,
mort le 8 mars 1772, a eu pour fils Jérôme Frédéric
Bignon, aéhiellement confeiller d’é tat, bibliothécaire
du roi, & honoraire de l’académiè des
infcriptions & belles-lettres.
B IG O T , adj. pris fub; ( Hifl. & ïïior. ) nom qu’on
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donholt à une perfonne opiniâtrément attachée à
une opinion. Ce mot vient de l’allemand bey-Gott,
ou de l’anglois by-God, qui fignifient également
par Dieu.
Cambden rapporte une origine affez fingulière
de ce mot : il ait que les normands furent appellés
bigots, à l’occafion du duc Raoul ou Rollon, qui
recevant en mariage la princeffe Gifla ou Gifele,
fille de Charles-le-Simple , roi de France, & avec
elle l’inveftiture du duché de Normandie, refufa
de baifer les pieds du roi en figue de vaffelage ,
à moins que le roi lui même ne l’aidât à faire
cette action; & que preffé de rendre l’hommage
en la forme ordinaire, il répondit : no by God,
nom par Dieu ; & que de-là • le roi prit occafion de
l’appeller bigod ou bigot ; nom qui paffa enfuite à
fes fujets.
Dans un fens moral bigot eft un terme odieux
qui fignifie un faux dévot,une perfonne qui fcrupuleu-
feruent attachée aux pratiques extérieures de la
religion, en viole les devoirs effentiels. ( G )
BIL ou BILL,' terme de droit ufité en Angleterre ,
qui fignifie la déclaration par écrit d’un grief où
préjudice que le cemplaignant a fouffert de la partie
qu’il dénonce, ou la dénonciation d’un.délit commis
envers lu i , par contravention à quelque loi ou
réglement de l’état.
Ce bil ordinairement fe préfente au lord
chancelier, fur-tout lorfqu’il s’agit d’injures atroces
faites ‘à des perfonnes ayant jurifdicfion : ce qui eft
établi par les réglemens qui concernent cette matière.
Ce bil Contient l’expofition du fait & des
dommages qui en réfultent, avec la fupplique d’une
permiftion de procéder contre le défendeur, pour
en obtenir la réparation civile’.
Le bil, en parlement, fignifie un projet d’afre ou
d’arrêté, contenant des propofitiöns que Fon pré-
fente d’abord aux chambres, afin qu’elles y foient
approuvées, & puis au roi, pour leur donner force
de loi. ( A . R. )
BILDERBEK , ( Christophe - Laurent )
( Hiß. litt. tnod. ) la réputation d’Abbadie, doit
s’étendre jufques fur fon traduâeur allemand,
Bilderbek, qui a procuré à fon fameux traité de
la vérité de la Religion Chrétienne , autant de fuc-
eès en Allemagne, qu’il en avoit eu dans le ’refte
de l’Europe: Bilderbek mourut en 1749. C’étoit
un jurifcpnfulte Hanovrien, confeiller à Zell. On
a aufli de lui quelques ouvrages de Jurifprudence.
BILLAUT. Voye^ Adam , & corri gez la date de
fir ’mort, en lifant 1662 au lieti de 15 62.
BILLI, (J acques d e ) {Hiß. litt, mod.) né à
Guife & fils dû Gouverneur de cette ville. On a
de lui des traduirions des pères Grecs, en latin ;
les plus eftimées font celles de Saint-Grégoire de
Nazianze, clé Saint-Ificîore de Pelufe, & de Saint-
Jean-Damafcène. Il a compofè de fort chef quelques
ouvrages, même des poèfies françoifes, dont
il n’y a rien à dire, finon qu’elles font du ferzième
fiècle , & qu’il n’y a de vraie poéfie françoife
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