
même Ariflacridas ayant entendu tin homme qui
s’écrioit : Malheureux Spartiates , ' vous fer'e^ donc enclaves
des Macédoniens ! il répondit : Eh ! pourquoi
donc efclaves ? qui peut les empêcher de mourir libres,
en combattant pour la patrie ?
ARISTAGORAS, ( Hijl.anc. ) fils de Melpagc-
ras , gendre & coufin d’Hiftée , fouverain de Milet.
Sa fierté ne lui permettant pas de voir tranquillement
Athènes, fa patrie, fous la domination desPerfes,
il forma le projet de l’affranchir. Son a&ivité. égalant
fon génie, il mit une flotte en mer, & s’avança
jufqu’à Sardes qu’il réduifit en cendres. Darius en
conçut un reffentiment fi v if, qu’il recommanda
à fes principaux officiers de l’entretenir de cette
révolte tous les foirs avant le fouper, & de l’exhorter
à laver cette injure dans le fang du rebelle.
Ariflagoras recula fon châtiment par des vi&oires :
mais fes compatriotes ne pouvant réfifter à’ la fu-
périorité des Perles, il fut défait & tué vers la
lbixan te-dixième olimpiade, après avoir foutenu
fix ans de guerre. L’hiftoire fait mention de plu-
fieurs autres Ariflagoras, dont l’un avoit fait des
recherches fur l’Egypte. On croit que celui-là eft
le même dont parle Diogène Laërce dans fa Vie
de Chinon. Il vivoit fous le règne de Ptolomée
Philadelphe. (T—N. )
ARISTANDRE, devin & interprète de fonges
qui flattoit Philippe & Alexandre , & qui, à la bataille
d’Arbelles fit, dit-on , remarquer aux troupes
une aigle qui planeit fur la tête d’Alexandre. Le
Brun n’a point oublié celte aigle dans le tableau qui
r.epréfente cette bataille.
ARIST ARQ U E , (Hifl. anc.) eft le nom de
trois perfonnages célèbres dans l’antiquité.
i° . Arist arque de Samos, eft un des premiers
aftronomes qui ait dit que la terre tourne ; les
prêtres, dit-on , l’accusèrent d’irréligion à ce fujet,
parce que, difoient - ils , il troublôit le repos des
dieux Lares. Sans favoir précifément en quel temps
vivoit ce philofophe, on fait qu’il vivoit avant
Archimède. Il ne nous refte de lui qu’un Traité de
la grandeur & de la diflance du foleil & de la lune ,
qui fe trouve dans le. troifième tome des mathé- -
manques de Wallis, & qui a aufli été imprimé à
part, à Pefaro i <>72. in-40. & à Oxford, 1688 in-S°.
a°. Aristarque de Samothrace ; c’eft celui qui
eft fi connu par la critique févère qu’il exerça fur
flomére, fur Pindare, fur Aratus, &c. mais fi fa
critique eft taxée de févérité, elle ne l’eft pas
d’injuftice, & le nom d’AriJlarque fe prend toujours
en bonne part, comme celui de Zoïle en mauvaife :
Fiet Arijlarphus ; neç dtcet, çur ego atnicum
Qffendam in nugis ?
.On crpit que c’eft Ariflarque qui divifa l’Iliade
& rOdyffée, chacune en vingt-quatre livres. Il fut
chargé de l’éducation de Ptolomée Philometorvers
l’an 148 de J. C. Il mourut à 72. ans dans l’ile de
Chypre. On dit que jugeant fa maladie incurable ,
£ ç’étoit une hydrppifie ) il fe laifla mourir de faim.
' 3*. A r ïSt à r Qu e , difciple & compagnon de
faint Paul dans fon apoftolat, le fut aulfi, à ce
qu’on croit dans fon martyre à Rome fous Néron.
ARISTÉE, ( Hiß. anc. ) fans remonter à Y Ariflée
de Virgile , qui n’appartient qu’à la fable, comme
fon fecret pour, réparer Ja race des abeilles n’appartient
qu’à la mauvaife phyfique, on trouve quelques
perfonnages célèbres de ce nom. i°. AristÉE le Proconéfien, hiftorien & poète
grec , car les poètes ont été par-tout les premiers
hiftoriens, vivoit du temps de Cyrus & de Cræfus
vers l’an 556 avant J. C. Il avoit fait fur la guerre
des Arimafpes ou Scythes hyperboréens, un poème
dont Longin .& Tzetzès rapportent quelques vers.
a0. Aristée , contemporain d’Alexandre le
Grand, & ami d’Euclide ; celui-ci, pour ne pas
nuire à la réputation d'Ariflée, ne voulut pas écrire
fur un fujet qu'Ariflée avoit traité, comme M. de
Fontenelleadit que c’étoit peut-être par amitié pour
lui que M. de la Motte n’avoit pas publié fes idylj.es.
30. Aristée , eft encore le nom d’un officier de
Ptolomée Philadelphe , roi d’Egypte, qui fut, dit-
on , envoyé par ce prince à Eléazar, grand-prêtre
des Juifs, pour lui demander des perfonnes intelligentes
& propres à remplir le projet qu’il avoit
de fe procurer une bonne traduction grecque de la
bible faite fur l’hébreu ; c’eft Ja fameufe verfion des
feptante. Il y a une hiftoire fabuleufe & apocryphe
de cette verfion fous le nom d’Ariflée , com-
pofée après coup par un juif hellénifte d’Alexandrie.
Toute cette hiftoire n’a d’autre fondement
réel, finon que Ptolomée Philadelphe fit traduire
en grec le pentateuque feulement,
ARISTENETE, auteur grec du cinquième fièele,
mort dans un tremblement de te,rre qui renverfa
la ville de Nicomédie. On a de lui des lettres dont
le Sage a donné en 1695 une traduction françoife.
ARISTIDE , (Hifl.anc. ) athénien., dit 1 ofjufle.
Un roi peut recevoir ce titre glorieux pour être
né fous le figne de la balance ; un citoyen d’une
république libre ne l’obtient que quand il l’a mérité.
La vie entière d'Ariflide fut une fuite d’aétions
juftes, à l’égard de tout le monde , & de ferviCes
défintéreffés, rendus à la patrie. Rival de Thémif-
tocle, traité par lui en enneqii, il fut toujours uni
avec lui pour le bien de l’état. Thémiftocle le fit
exiler, quoiqu’innoçent, & lorfqu’à fon tour Thémiftocle
tomba dans une difgrace beaucoup plus
méritée, Ariflide refufa d’y contribuer & de fe
venger. C’étoit un fage ; c’étoit aufli un héros. Il
contribua beaucoup à la vi&oire de Marathon fous
Miltiade , & les lauriers de Miltiade ne le firent
pas fécher d’envie comme Thémiftocle. Il étoit uq
des dix chefs qui avoient chacun leur jour pour
commander l’armée ; il fentit tous les inconvéniens
de ce partage & de ce changement perpétuel du
pouvoir ; il donna l’exemple de déférer le com-r
mandement abfolu à l’expérience de Miltiade ; ij
combattit & vainquit fous lui; il combattit aufli
& vainquit fous Thémiffpcle à Salamine ; il çom,-
mandoit en chef à Platée; par-tout vainqueur ,
foit qu’il obéît, foit qu’il commandât. Elu tréfo-
rier-général de la république , charge annuelle, fon
adminiftration fidèle & défintéreflee mit dans un
grand jour les déprédations de fes prédéceffeurs,
fur-tout de Thémiftocle , & cette adminiftration
parut fort rigoureufe aux officiers fubalternes dont
il vouloit que les mains fuffent aufli pures que les
fiennes. Thémiftocle forma contre lui une brigue
puiflante , & le prévenant & l’accufant le premier
des vols dont lui-même étoit coupable , il parvint
à le faire condamner ; mais ce jugement étoit fi
manifeftement inique, fi contraire à toutes les idées
reçues, qu’il fallut le réformer : on remit à Ariflide
l’amende prononcée contre lui,& pour réparation,on
l ’élut encore tréforier pour l’année fuivante. Ariflide
alors laifla les fubalternes & tous les intérefles piller
l’état autant qu’ils le voulurent, & s’en f it , par
cette conduite , des créatures d’autant plus zélées ,
qu’attribuant ce changement de conduite à la crainte
de leur déplaire , & au fouvenir de ce qu’ils avoient
- pu contre lu i, ils crurent avoir intérêt de le confie
rver ; ils formèrent donc de noiVveau, mais en
fa faveur, une brigue puiflante, & le firent continuer
encore pour un an. Alors Ariflide fe montrant
tout entier : » Citoyens , dit-il en s’adreflant
au peuple, » c’eft donc ainfi que vous puniflez
j> ceux qui vous fervent, & que vous récom-
v peiifez ceux qui vous trahiffent ; l’année der-
» nière je vous avois défendu contre les bri-
« gands publics, vous m’avez condamné ^ cette
« année .je vous. ai livrés .à toute leur avidité ,
w vous me comblez d’honneurs ; mais ces honneurs
» feroient un affront, je les refufe. Je ne m’étois
» permis cette violation de mes devoirs que pour
J» votre inftruélion. Connoiffez donc enfin vos vrais
» intérêts ; apprenez à difcerner vos amis & vos op-
v pre fleurs,les bons & les mauvais citoyens,à encou-
» rager les uns,à réprimer les autres «. Thémiftocle,
à qui Ariflide avoit dit ce qu’il penfoit de fon avarice
& de fon peu de fidélité dans le maniement des
deniers publics , s’en vengeoit, en difant que le
mérite $ Ariflide à cet égard étoit celui d’un coffre
fort , qui garde & rend fidèlement l’argent qu’on lui
confie.Thémiftocle,Cimon & Périclès,dit Plutarque,
ont orné Athènes d’édifices & de ftatues, Ariflide l’a
enrichie de vertus. Il mérita le furnom de Jufle,
furnom , dit encore Plutarque ^véritablement royal
ou plutôt véritablement divin. Un jour qu’on jouoit
à /Athènes une pièce d’E fchyle, lorfque l’aéleur
récita ce vers qui contient l’éloge d’Amphiaraiis,
il ne veut point paroître jufle , mais l'être effectivement
, tout le monde jetta les yeux fur Ariflide,
& lui en fit l’application. Il eft dangereux, dans
une république, d’être trop eftimé. Thémiftocle
profita , contre Ariflide , de fes vertus même, &
de la gloire de ce grand perfonnage ; il le fit bannir
par l’oftracifme. On fait que dans raffemblée
du peuple où il fut banni, un payfan qui ne le
connoiffoit pas, & qui ne favoit pas écrire, s’a^
dreflàf à lui-même pour le prier d’écrire fon fuffrage
contre Ariflidé. Quel mal vous a - 1 - il fait ? dit
Ariflide. Aucun , reprit le payfan ; mais je fuis las
de l ’entendre toujours appeller le Jufle. Ariflide,
fans répliquer un feul mot, écrivit le fuffrage
du payfan, fut banni & partit en priant les dieux
de ne pas permettre que fa patrie fût forcée de le
regretter. L’irruption de Xercès dans la Grèce le
fit rappeller de l’aveu de Thémiftocle même,
qui fentit combien fon pays avoit befoin de lui.
Athènes & Lacédémone fe difputoient le commandement
de la Grèce. Lacédémone en étoit en
poffeflion ; Thémiftocle imagina un moyen de le
lui enlever. Il annonça que ce moyen demandoit
du fecret, & il pria l’aflemblée de nommer quelqu’un
.en qui elle eût confiance, pour recevoir fa
confidence, & fe concerter avec lui. L’aflemblce
nomma tout d’une voix Ariflide. Le projet de Thé- ’
miftocle étoit de brûler la flotte des Grecs, où
les Lacédémoniens dominoient, & par-là de réduire
la Grèce aux forces de terre , où Athènes avoit
tout l’avantage. Ariflide annonça au peuple que le
projet de Thémiftocle étoit très-utile, mais très-
injufte , & fur ce rapport, la vertu du peuple réveillée
par celle d'Ariflide , rejetta le projet. Belle
& noble condamnation du machiavellifme longtemps
avant fa naiffance ! La douceur , la fageffe ,
la juftice d’Ariflide firent ce qu’on n’avoit pas permis
à Thémiftocle d’exécuter par un crime. Les
Lacédémoniens voyant combien la conduite d'A-
riflide, oppofée à la perfidie de Paufanias leur général,
donnoit d’avantage fur eux aux Athéniens
dans l’efprit des alliés, renoncèrent fl’eux-mêmes
au commandement de la Grèce. Alors on fit Arifl
tide tréforier général des finances de la Grèce entière
, comme il l’avoit été des finances particulières
d’A thènes,' & dans ce nouvel emploi, comme
dans le premier, fon adminiftration fut toujours
pure & fainte, il trouva le fecret de refter toujours
économe & toujours pauvre. M. Rollin lui
applique ingénieufement ces trois mots de Sénèque à
une perfonne chargée d’un pareil emploi : Tu quidem
orbïs terrarum rationes adminiflras tam abflinenter quant
aliénas , tam diligenter qùàm tuas, tam religiofe quàm
publicas. Tels font en effet tous les devoirs d’un
miniftre des finances , les régir comme fon propre
bien , s’en abftenir comme du bien d’autrui, mettre
dans leur adminiftration cette exaftitude religieufe
due aux chofes publiques & facrées. Ariflide, dit
Plutarque , ne fut pas toujours en charge ; mais
il fut toujours utile à fa patrie. Sa maifon étoit
une école publique de vertu, de fageffe, de Politique.
Un fage vieillard, fans même fortir de fà
maifon , peut y exercer une forte de magiftrature
dont l’influence fe fait fentir à la république par
l’inftruâion de la jeuneffe. Plutarque [partage en
trois âges la vie des hommes d’état. Dans le premier,
ils s’inftruifent ; dans le fécond, ils pratiquent;
dans le troifième, ils inftruifent leurs fuc-
ceffeurs, Ariflide, après avoir commandé les ar