
Mais ces lo ix , qui les a faites ? quand les a-t-on
faites ? comment les a-t-on faites ? quelles font celles
qu'il faut laitier agir & laiffer lubfifter? quelles
font celles qu il faut changer ? quand faut - il les
changer ? comment faut-il les changer ? Toutes
questions fort importantes , auxquelles on ne répond
point par ce beau mot : les loix. M. le Dauphin
«voit raifon, la charge d’un roi eft bien difficile à
remplir.)
ANAXIMANDRE, ( Hift. une. ) philofophe de
Milet , difciple & fucceüeur de Thaïes. Pline lui
attribue l’invention de la fphère ; Strabon le fait
auteur des premières cartes géographiques, & Suidas
, des horloges : il fut le premier qui eut & qui
donna des idées'précifes des équinoxes & des folf-
tices ; il eut en tout des notions allez exaéies fur
l’aftronomie & la géographie. On le regarde encore
comme l’inventeur du gnomon ou de l’art de
faire des cadrans : il croyoit le foleil auffi gros que
la terre ; c’étoit un grand avantage qu’il avoit d’avance
fur Anaxagore, qui environ un fiècle après
ofoit à peine le croire auffi grand que le Pélopo-
nèfe. On voit par-là auffi de combien l’école de Milet
précédoit celle d’Athènes,& combien l’Afie mineure
l ’emporta d’abord fur la Grèce , qui fut fi effarouchée
de la proportion d’Anaxagore. Anaximandre
avoit appris de Thalès fon maître, que la lune n’eft
point-lumineufe par elle-même, & qu’elle emprunte
fa lumière du foleil, ainfi que la terre ; il en avoit,
dit-on, conclu par analogie, que la terre & la lune
tournoient autour du foleil. C ’étoit un grand pas
de fait dans la connoiffànce du fyftème du monde;
mais s’il eft v ra i, comme le difent Pline & Cicéron
, qu’il ait prédit un tremblement de' terre qui
renverfa la ville de Sparte, & qui fit tomber fur
les maifoas une partie du mont Taygète ; s’il eft
v ra i, qu’en confequence de cette prévifion, il ait
averti les Lacédémoniens defortir de Sparte & de
camper, & que par-là il ait fauvé la vie à tout un
peuple, il faut avouer d’un côté qu’il avoit des
lumières bien fupérieures à celles des philofophes
mêmes de nos jours ; de l’autre, qu’il avoit un
grand afeendant fur les efprits & un grand talent
pour perfuader ; car on ne déplace pas aifément
tout un peuple par la feule crainte d’un danger
que rien n’annonce, & chez nous toute l’autorité
'de la police a bien de la peine à obtenir des bourgeois
de Paris qui habitent fur les ponts, qu’ils
veuillent bien déménager dans les temps ou les
glaces & les groffes eaux menacent le plus évidemment
les ponts de leur chute. Anaximandre vivoit
vers l’an 545 avant. J. G.
ANAXIMÈNE , ou ANAXIMENES, {Hifi. ancd)
Il y a deux philofophes célèbres de ce nom dans
l’antiquité. Anaxïmene de Milet„ & Anaxim'ene de
Lampfaque. .
Le premier étoit difciple d’Anaximandre; Pline lui attribue le premier cadran folaire qui ait été
fait. Il tint l’école de Milet après Anaximandre fon
maître, à qui Diogène de Laërce âttribue cette in*
vention du premier, cadran folaire. La chronologie
• eft un peu embrouillée fur ce qui le concerne; on
voit feulement qu’il vivoit environ cinq fiècles
avant J. C.
Anaxim'ene de Lampfaque , fils d'Ariftoclès, difciple
de Diogène le cynique, & maître d’éloquence
d Alexandre le Grand , eut le bonheur de fauvei?
fa patrie , qu’Alexandre vouloit détruire , parce
quelle avoit pris parti contre lui pour Darius»
Alexandre , qui ne pouvoit s’accoutumer à la ré-
fiftance, etoit dans une fi violente colère contre
la ville de Lampfaque, qu’en voyant paroître
Anaxim'ene, dont il prêvoyoit les foüicitations, il
jura que fa réponfè feroit contraire à la demande
de ce philofophe. Anaxïmene , qui entendit ce ferment
, demanda la ruine de Lampfaque, & Alexandre
appaife par cette plaifanterie, épargna cette
ville. On dit que ce même Anaxïmene, irrité contre
Théopompe, adreffa,fous le nom de cet liiftorien,
aux principales villes de la Grèce , des écrits faty-
riques faits pour nuire à leur auteur , & qu’il avoit
fi bien imite le ftyle de Théopompe, que tout le
monde s y méprit. Il avoit écrit l’hiftoire ancienne
de la Grèce, & les vies de Philippe & d'Alexandre*
Il avoit un neveu, fils de fa feeur, nommé
Anaxïmene comme lu i, & diftingué par le titre
d’hiftorien, auteur d’un traité hïflorique de la mort
des wis, cite par faint Clément d’Alexandrie, par
Athénée & par Etienne de Byfance. Voffius, dans
fes hiftoriens grecs , parle de ces deux Anaximènesi
ANCH1SE ou Ansegise, .{Hifl.de France. )
fils de Saint-Arnoul, époufa Begge, fille de Pépin
de Landen , ou Pépin l’ancien, collègue de Saint-
Arnoul dans l’inftitution du roi Dagobert, & fut
père de Pépin de Hériftal, ayeul de Pépin le Bref*
Anchife eft le fécond des auteurs connus de la race
Carlovingienne. Il fut tué à la chaffe l’an 679 , &
à ce qu’on croit, par un ennemi.
ANCILLON, (D avid & Charles) (Hift.
mod. ) proteftans&réfugiés célèbres; David, c’eft
le père, eft connu principalement par la vie du mr-
niilre Guillaume Farel, il l’eft encore plus par fon
fils ( Charles ) qui a donné entre autres ouvrages
des Mélanges critiques de littérature , recueillis
des converfations de /on père. Ses autres ouvrages
font : un hifioire de Vétablijfement des François réfu*
giés dans lés états de Brandebourg, Berlin-, 1690;
in-8°. Une vie de Soliman I I , 1706. in-40. Un traité
des eunuques , 1707. m-i 2. Des Mémoires fur
plufieurs gens de lettres , 1709. in-12. Ses mêlan*
ges critiques, 6>c.fo n t de 1698, 3 vol. 1/2-8°. Son
traité des eunuques a été publié fous le nom de
C. Ollincan, c’eft l’anagramme de C. Ancillon.
Le père & le fils moururent à Berlin. David en
1692. Charles en 1715.
ANCOURT. Foyei d’Ancourt.
ANCRE. . ( le maréchal D’ ) Voyer CONCINI.
ANCUS M ARTLUS ( Hifi. Romaine. ) quatrième
roi de Rome , fut un prince religieux &
bîenfaifant, comme Numa Pompilius, dont il étoit
petit-fils. On le foupçonna d’avoir avancé les jours
d’Hoflilius fon prédécefleur pour régner en fa place;
mais la modération qu’il fit paroître dans toute fa
conduite, diffipa tous ces vains bruits femés par
les rivaux de fa fortune. Après la mort du roi Hofti-
lius, tous les fuffrages»fe réunirent en fa faveur ,
fans cm’il fe fut abaifle à les briguer. Comme la
piété lui étoit plus naturelle que la valeur , il prit
pour modèle Numa, fon aïeul, dont il avoit les
inclinations pacifiques. Ancus, en adoptant comme
lui un fyftême pacifique, fit d’un peuple de foldats
autant de citoyens. Les inftitutions de Numa pref-
que oubliées pendant le règne orageux d’Hoftilius,
reprirent leur vigueur ; & pour qu’on ne pût point
alléguer de motifs pour fe difpenfer de les obfer-
v e r , il les fit graver fur des feuilles de chêne qu’il
fit afficher dans les places publiques.
mourut l’ân de Rome 136 , après un règne de
vingt - quatre ans. ( T - N. )
ANDERSON ( ( Larz ) ( Hifioire de Suède. )
chancelier & premier miniftre de Guftave Va fa,
roi de Suède, eft celui qui introduisit le Luthéra-
nifme dans ce royanme.
Anderson eft encore le nom d’un Jurifconfulte
anglois , célèbre fous le règne d’Elifabeth. Celui-
ci fe nomjnoit Edmond. On a de lui des ouvrages
de Jurifprudence eftimés. Il mourut le 5 fep-
tembre i6o/.
} ANDOCIDES , ( Hiß. anc. ) C’eft le nom
d’un orateur d’Athènes, fouvent exilé , dont il
nous refte quatre difeours publiés à Bâle en
1566 , inr-folio. On les trouve auffi parmi les
oratores grceci d’Etienne. Il naquit vers l’an 468 ,
avant J. C.
Ses moeurs douces & faciles, fon exactitude à
remplir les devoirs de la religion , lui concilièrent
Taffeétion du peuple ; mais les Latins s'imaginèrent j
qu’un prince dévot devoir être fans talent & fans I
Courage. Ces peuples humiliés par Hoftilius, crurent
que l’occafion étoit venue de rentrer dans i
leur ancienne indépendance. Ancus , fans goût &
fans talent pour la guerre , donna fa confiance j
•à un Corinthien, nommé Lucumon, qu’il fit général
de fa cavalerie, & qui fut l’inftrument de /
fes vi&oires ; Ancus fe mit à la tête d’une armée j
compofée des vieux foldats d’Hoftilius. Les combats
n’étoient alors qu’un choc de deux corps , dont j
la première fecouïle décidoit du fuccès. Toute la
fcience militaire fe bornoit au choix des campe-
fneris, & des moyens*de trouver des fubfiftances.
Le courage impétueux du foldat faifoit le refte. Les
Romains ne trouvèrent point d’ennemis à combattre,
ils allèrent les chercher dans leurs remparts
où ils étoient renfermés. Les Piloriens &
les Fidenates furent affiégés & contraints de fe rendre
à la diferétion du vainqueur ; tous les Latins
furent pafles au fil de 1 épée. Les Sabins &
les Véjentins , entraînés dans la révolte des Latins,
eurent la même deftinée ; les Volfques, cotira- J
geux, mais fans difeipline & fans fubordination,
furent vaincus & punis. Plus la guerre étoit op- I
pofée aux inclinations d'Ancus, plus il exerçoit de !
vengeances fur ceux qui l ’a voient forcé de prendre
les armes.
Ancus employa le loifir de la paix à conf- j
truire des monuraens utiles. Ce fut fous fon rè- J
•gne que le mont Aventin fut revêtu d’une mu- j
raille. Il fit conftruire fur le Tibre un pont qui ou- j
v ïit une communication facile entre les difFérens I
quartiers de Rome, & il établit un corps de trou- «
pes fur les bords du fleuve , pour réprimer les |
incurfions des Etrufques. Ce fut lui qui jetta les j
■ fondemens dune ville, à l’embouchure du Tibre,
pour en faire le grenier de Rome. Cette ville eft j
connue aujourd nui fous le nom d Ojlie, Ancus j
A N D R A D A , ( de Pa y v a d’ ) {Hiß. mod. )
C ’eft le nom d’une maifon illuftre en Portugal,
qui a produit trois frères connus par des écrits ;
l’un nommé Diégo , a écrit pour la défenfc du
concile de Trente ; c’étoit un théologien : François
étoit un hiftorien ; il a écrit la vie de Jean I I I ,
roi de Portugal ; il fut hiftoriographe de Philippe
III , roi d’Efoagne. Thomas fut un faint, il
commença la réforme des Auguftins déchaufles ;
ayant fuivi dom Sébaftien dans fa malheureufe
expédition d’A f r iq u e i l fut prifonnier ou captif
chez les infidèles. S’il eft vrai qu’ayant reçu de la
comteftè de Lignérèz, fa feeur ( Yolande d’An-
drada ) une fournie pour fe racheter, il ait mieux
aimé employer cette fomme à racheter d’autres
captifs & qu’il ait voulu refter dans les fers pour
fournir du moins des confolations & des fecours
à ceux qu’il n’avoit pas pû délivrer , c’étoit un
héros chrétien. Il n’a fait que des livres afcéti-
ques. Il mourut en 1582, & Diégo, en 157,8.
A n d r a d a eft encore le nom d un jéfuite mif-
fionnaire, Portugais, qui a laifle une relation de
la découverte qu’il avoit faite en 1624 , du Cathay
& du Tibet. Il fe nommoit Antoine, il mourut en
1634.
ANDRANODORE, ( Hiß. de Syracufe. ) gendre
d’Hieron, afpira - après lui à la tyrannie de
Syracufe. Le féilat lui envoya des députés pour
l’engager à fe défifter de fes prétentions ; mais
foliieité par fa femme il perfifta à regarder la fou-
veraineté comme fon héritage. Le peuple furieux
demanda l’extin&ion de la race de fes tyrans ; An-
dranodore , .avec fa femme & fes enfans , fut
immolé à la liberté publique. Ce fang ne fut
point encore fuffifant pour appaifer la ra<»e des
Syracufaihs ; ils fe tranfportent à la maif >n d’Hc-
raclée , qui étoit de la famille du tyran. Cette
femme voyant le glaive des aflàffins levé fur
elle , s’écria : Epa >gne^ du moins mes filles , que
leur enfance , que leur nnocehce vous touchent. Rien
ne ries, toucha ; ils frappent les filles avant la mère.