
comme le rapporte Matthieu Paris dans fou hijlùire
d’Angleterre fur l’année 746. Clément V , en 130 5 ,
fe fit payer les Annates de tous les bénéfices quelconques
, vacans en Angleterre pendant deux ans
comme l’écrit Matthieu de JVefiminfier, ou pendant
trois ans , félon Walfingham. Les Armâtes furent
depuis établies dans tout ce royaume , jufqu’à
Henri V III, qui les abolit.
Par le concordat fait entre la nation Germanique
& le pape Nicolas V , en 1448, on régla
que tous les évêchés 8c les abbayes d’hommes
payeroient l'Annate ; que les autres bénéfices n’y
îeroient fujets, que quand le revenu feroit de vingt-
quatre florins d’or. Charles V fit des efforts, inutiles
pour abolir les Armâtes en Allemagne ; &
l’article de l’ordonnance d’Orléans, qui les abro-
geoit en France , fut révoqué par l’édit de Chartres
en 1562.
Paul I I , fit une bulle en 1469, pour ordonner
qu’on payeroit les Armâtes de quinze ans en quinze
ans pour les bénéfices fujets à ce droit, qui feroient
unis à quelque communauté. Ses fucceffeurs confirmèrent
ce réglement. Fagnan remarque que quand
il arrive plufieurs vacances du .même bénéfice dans
la même année , on ne paye qu’une feule Annate:
ce qui prouve, ajoute-t-il, que ce n’eft point pour
la collation des bénéfices , mais pour fi entretien
du pape & du facré collège. Voye\g ce canorùfle,
Fevret, le P. Alexandre', M. de Marca , &c. Tho-
maflin , Difcipline de Végl. part. I V , lïv. I V , ch:
- xxxv & xxxvj. F leury, Infiit„ au droit eccléf. tom. I ,
part. X V I I y chap. xxjv.pag. 424. (^A. R.')
ANNE, ( Hiß. facrée. ) mère de Samuel j Anne,
femme de Tobie l’ancien ; Anne , la prophéteffe,
dont il eff parlé dans Saint Luc ; Anne ,. femme de
faint Joachim, & mère de~la fainte Vierge, font
les perfonnes les plus diftinguées fous ce nom dans
l’ancien & le nouveau teftament.
A nne , ( Hiß. anc. ) foeur de Pygmalion & de
Didon , ( f i pourtant ces noms n’appartiennent
pas plus à la fable qu’à l’hiftoire) fe retira de Tyr
à Carthage avec Didon, vers l’an 888 avant J. C.
A nne Comnène, (Hifl.mod.') fille de l’empereur
Alexis I , de la maifon Comnène, a écrit
la vie de Ion père, comme nous l’avons .dit à l’article
d’A lexis; cette vie *eft un ouvrage célèbre,
tant par fon mérite que par le jour qu’il répand
furl’niftoîre de la première croifiade & fiir les intérêts
divers.des croifés & des Grecs, réunis contre
les infidèles, mais fort mal-unis entre eux ; il
faut regarder cette vie d’Alexis comme une apologie
cfe la conduite de ce prince à l’égard des croifés
, qui l’ont accufé d’infidélité, même de perfidie.
Anne fait retomber ces reproches fur les chefs
des croifés , qu’elle maltraite beaucoup, nommément
Boëmond, fils de Robert Guifcard, ennemi
naturel d’Alexis, aux dépens duquelce Robert Guifcard
s’établiffoît en Italie. Des auteurs ont attribué
à l’amour l’animMité de la princeffe Anne contre
Boëmond, il feroit affez fimple de l’attribuer à la
haine., mais l’autre idée l’a emporté ,.comme plus-
romanefque. A la mort d’Alexis arrivée en 1 1 18,
Anne Comnène voulut enlever la couronne à fon
frère Jean Comnène, pour la procurer à fon mari
Nicéphore Brienne, prince doux & jufte, qui re-
fufa de fe prêter à un pareil projet. Les hifioriens-
vulgaires, qui ont beaucoup de foible pour les
crimes politiques & qui les aiment fur-tout dans une
femme, n’ont pas manqué d’exalter beaucoup la
noble ambition d'Anne Comnène, & de traiter avec
beaucoup de mépris Nicéphore Brienne, dont ils
ont taxé la modération d’indolence & de lâcheté«-
Anne Comnène aimoit les fciences 8c les favans ,
voila l’éloge qui lui eff dû ; il h’y avoit qu’une-
princeffe fupérieure à fon fexe , à fon rang & à fon
fiècle , qui pût au douzième fiècle écrire l’hiftoire
d’une manière qui la fît paffer-aux fiécles fuivans. Le
' favant Ducange a donné de l’ouvrage dû Anne Comnène
, une édition au Louvre 1651, in-folio, qui
fait partie de la Byzantine, & le préfident Coufin
a traduit ce même ouvrage , qui s’étend depuis-,
l’an 1081. jufqu’à l’an 1118. Anne de France , (Hiji. mod.') dame de-
Beaujeu, fille de Louis X I, & foeur de Charles VIÏI*
époufa en 1474. Pierre-de-Bourbon-Beaujeu , qui-
devint duc de Bourbon en 1488 , par la mort
du connétable Jean de Bourbon ; fon frère. La.
dame de Beaujeu eff le feul exemple en France,
d’une foeur de roi qui ait paru avoir la régence
pendant le bas âge de fon frère. Nous diforis ,
qui ait paru avoir la régence, car elle ne l’eut
pas formellement, Charles VIII étant monté fur
le trône à treize ans & deux mois, & étant- dès-
lors réputé majeur ; mais cette majorité purement
légale n’empêcha pas que Louis X I , en mourant
ne confiât à la dame de Beaujeu fa fille, l’adminifi
tration du royaume & le gouvernement de la.
perfonne du roi. Elle s’en montra, digne par
les talens & fon courage , fur - tout par fon habileté.
Les états-généraux affemblés à Tours,en-
1484, confirmèrent ïa difpofition de Louis XI v
malgré l’oppofition du duc d’Orléans, qui fut depuis
le roi Louis XII , 8c qui étant alors le premier
prince du fang, & Fhéritier préfomptif, ré-
clamoit la principale autorité. Cette rivalité fit naître
des troubles que la dame de Beaujeu fut diffiper j
elle mena elle-même une armée en Guyenne contre
les rebelles , & mêlant -les négociations aux
hoffilités, elle détacha du parti du duc d’Orléans
les principaux chefs, Louis II de la Tremoille, l’un
des plus habiles généraux de ce temps, gagna le
18 juillet 1488, la bataille de S,- Aubin du Cormier
, où le duc d’Orléans fut fait prifonnier. La
dame de Beaujeu le fit enfermer à la tour de Bourges.
Des auteurs modernes, qui pourraient avoir
confondu la dame de Beaujeu, loeur de Charles
V I I I , avec la ducheffe d’Ângoulême rrtère de
François I , & le duc d’Orléans avec le connétable
de Bourbon, ont dit, que la dame de Beaujeu
avoit à punir dans le duc d’Orléans, le mépris
&ont îl ayolt payé l’inclination qu’elle avoit pour
lui. « Brantôme dit formellement, que fi le duc
n d’Orléans eût voulu un peu fléchir à l’amour
y> de madame Anne de France, il auroit eu bonne
» part au gouvernement , car elle en étoit un peu
» èprïfe \ r> mais Brantôme qui n’étoit contemporain
ni de Charles V I I I , ni de François I , &
qui d’ailleurs étoit très-fujet à erreur-, pourrait bien
avoir donné l’exemple de confondre les temps 8c
les personnes. Charles VIII , qui commençoit à
s’ennuyer de la tutelle de fa foeur, ne la confulta
pas pour rendre la liberté au duc d’Orléans, qui
fortit de fa prifon eu 1490, & qui, l’année fuivante,
conclut le mariage de Charles V I I I , avec Anne
de Bretagne. Depuis ce temps il n’eff plus .queftion
de la daine de Beaujeu; on ne la voit reparoître
que dans le temps de l’injufte procès , fufeité au
connétable de Bourbon Charles, poiir la fucceflion
des biens de là maifon de Bourbon. Pour réunir ces
biens, le connétable avoit épôiifé fufanne, fille de la
dame de Beaujeu; il n’en avoit pas eu d’enfans,
mais dans ce cas prévu , Sufanne lui avoit fait une
donation de tous fes biens ; la dame de Beaujeu
défendit fon gendre 8c les difpofitions de fa fille
avec le même courage qu’elle avoit déployé autrefois
au milieu des troubles civils ; mais la du-
çheflè d’Angoulême qui vouloit. opprimer le connétable
de Bourbon , pour fe venger de fon indifférence
, étoit alors ce que la dame de Beaujeu
avoit été autrefois, 8c le crédit de celle-ci n’étoit
plus qu’une vieille confédération qui ne pouvoit
balancer la toute - pùiffance de la ducheffe d’Angoulême.
La dame de Beaujeu mourut dès les
comme-ncemens de ce procès , en 1522.
Anne de Bretagne ( Hiß. mod. ) fille de
François I I , duc de Bretagne oc de Marguerite de
Foix , nâquit à Nantes en 1476; la Bretagne étoit
de fon temps un des grands objets de la politique
de fiEurope; le vieux duc François I I , defeeadoit
au tombeau, & n’avoit que des filles ; l’aînée, qui
refta feule dans la fuite, eff la fameufe Anne de
Bretagne dont nous parlons. Il pouvoit la faire impératrice,
en la mariant à Maximilien d’Autriche,
veuf de Marie de Bourgogne, depuis 1482. Il pouvoit
la faire reine de France en la mariant à Charles
VIII ; il l’eût faite encore reine de France en la mariant
au duc d’Orléans , qui fut dans la fuite Louis
X I I , mais qui n?étoit alors qu’un mécontent per-
fécuté par la dame de Beaujeu. Il pouvoit la faire
reine d’Angleterre, en la mariant à Richard III,
qui devint veuf vers ce temps, ou à fon rival,
le comte de Richemont, qui fut dans la fuite le roi
Henri V I I , mais qui n’étoit alors qu’un proferit
auquel le duc de Bretagne donnoit un afyle, ainfi
qu’au duc d’Orléans. Il pouvoit fans confondre ainfi
fa petite fouveraineté dans une grande monarchie ,
former une nouvelle maifon de Bretagne en donnant
fa fille à quelque feigneur particulier, qui lui
auroit dû fia grandeur. Ce dernier parti eût peut-être
été le plus noble ; celui de s’unir à la France étoit le,
plus raifonnable ; mais le plus héroïque & le plus
romanefque eût1 été de donner la princeffe de Bretagne
à un proferit, tel que le comte de Richemont,
en détrônant un tyran tel que Richard, ou au duc
d’Orléans, qui, dit-on, aimoit la Princeffe & en
étoit aimé. Tous ces projets occupoient tou r-à-
tour l’efprit hardi, maisinconffant de Landais, qui,
de fils d’un tailleur étoit devenu favori & premier
miniftre du duc de Bretagne. Les feigneurs Bretons
indignés de fon faffe & de fon infolence, l’arrêtèrent
dans l’appartement du duc de Bretagne, & le
livrèrent à la juftice. Pendant que le duc s’infor-
moit de l’état du procès , & déclàroit qu’il faifoit-
grâce à Landais à tout événement, ces feigneurs
faîfoient pendre Landais publiquement, & le duc
feul l’ignoroit. Toutes les puiffances de l’Europe
avoient recherché la faveur de cet homme pour
obtenir la main de la princeffe de Bretagne ; Maximilien
fur-tout, après avoir enlevé à la France l’hé*
ritière de Bourgogne, cherchoit encore à lui enlever
l’héritière de Bretagne. Les troubles que fai-
foient naître dans cette province l’imbécillité du
vieux duc François I I , l’infolence de Landais fon
miniftre , l’infolence peut-être plus grande encore
des feigneurs qui firent périr ce miniftre, le défir
qu’avoit le duc de vanger fon favori, & fur-tout
d’échapper à fes tyrans, ces troubles , difons-nous
avoient donné au confeil de France l’idée de conquérir
la Bretagne; on pouvoit, fans prendre tant
de peine, fe contenter de réunir cette province à la
couronne par le mariage de Charles V I I I , avec
Anne de Bretagne ; mais on avoit alors en France
des vûes plus ambitieufes, on efpéroit que Charles
VIII foumettroit là Bretagne par les armes, & qu’il
acquerroit les comtés d’Artois & de Bourgogne,
par un mariage qu’on projettoit entre ce prince
8c Marguerite d’Autriche , fille de Maximilien
8c dé Marie de Bourgogne. Maximilien confen-
toit à ce mariage & à ces conditions, mais il ne
difoit pas tout fon fecret à la France. Tandis qu’il
paroiffoit uniquement occupé du mariage de fa fille,
il époufoit par procureur cette même Anne de Bre-
tagne que Charles VIII opprimoit, & parlà il de-
venoit le défenfeur de cette princeffe contre la
France, comme il l’avoit été de Marie de Bourgogne.
D’un autre côté la France, tandis qu’elle
déchirait la Bretagne, étoit elle-même divifee, le
duc d’Orléans, forcé de chercher un afyle en Bre-
tagne, s’ attaehoit à la princeffe Anne, prenoit fa
défenfe, perdoit pour elle la liberté à la bataille
de Saint-Aubin du Cormier. Cet échec étoit la perte
de la Bretagne ; la fituation de la Princeffe Anne
étoit digne de pitié ; fon père mort, fes amis dans
j les‘ fers, fon mari ne pouvant ou n’ofant la défendre
, la Bretagne alloit paffer fous la domination
de la France. Anne eut recours au roi d’Angleterre.
C’étoit ce comte de Richemont, dont nous
! avons parlé, ce prince qui avoit trouvé fi long-
temps un afyle à la cour de Bretagne, vainqueur
de Richard I I I , qui ayoit péri dans le combat où