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uns difent quarante ) de fuite chaque fois. Il êtoît
de la Calabre ; il vivoit à Naples , il mourut à
Paris en 1639, pour avoir pris de l’antimoine malpréparé.
C AM P A N U S ou C A M P A N I , (Jean-Antoine
) ( Hiß. litt. m od. ) italien, berger , puis
valet de cure, parvenu comme Amyot à l’épifco-
pat par fes talens, eut les évêchés de Crotone &
de Téramcy Employé en différentes négociations
en Allemagne & mécontent de ce pays , il fe donna
le plaifir de l’infulter du haut des Alpes d’une manière
puérile & indécente, par ce vers]:J
■ Afpics nudatas , barbara terra t natet.
qu’il accompagna ,de l’a&iôn que ce vers défigne.
Le cardinal BefTarion étoit fon ami, Campani
fit à fa louange vingt vers lyriques, qui furent chantés
par des muficiens dans une efpèce de fête qu’il
lui donna , ces vers firent tant de plaifir au cardinal
, qu’il donna vingt ducats à chacun des muficiens.
Campani feignoit d’ignorer l’auteur des vers ,
le cardinal lui prit la main, en difant : ou font ces
doigts qui ont écrit de moi tant de menfonges ? & il
mit à un de fes doigts une bague de foixante ducats.
On a de Campani divers ouvrages en proie
& en vers ; né en 1427, il mourut à Sienne en 1477*
CAMPIAN, ( Edmond ) jéfuite pendu à Londres
en 1581 fous le règne d’Elifabeth, par une
rigueur pour le moins exceflive & imprudente,
pour avoir fait en faveur de l’églife romaine un
écrit intitulé : les dix raifons. Un autre jéfuite, Paul
Bombino , a écrit l’hiftoire de la vie & du martyre
de fon confrère qu’il appelle le trois fois heureux
Edmond Campian, prince de nos martyrs anglois.
CAMPISTRON, ( Jean-Galbert ) ( Hiß. litt,
mod. ) auteur de pluneurs tragédies connues, dont
les meilleures font Andronic & Tiridate : on a dit
qu’il avoit confolé la France de la perte de Racine,
lur quoi M. de Voltaire a dit :
Solatia ludût
E x ig u a ingentis.
On joue encore fon jaloux défabufé. Il eft aufli
l’auteur de quelques opéras, tels cpfAcis & Galatée ,
Achille , le triomphe d’Hercule , fur lequel on a fait
l ’épigramme que voici :
A force de forger on devient forgeron î
II n'en eft pas ainfi du pauvre Campiß ran ,
Au lieu d’avancer il recule ,
Voyez Hercule.
Il étoit attaché en qualité de fecrétaîre des com-
mandemens au duc de Vendôme ; auffi pareffeux
que fon maître , il brûloit les lettres qu’on .écrivoit
au prince, au lieu d’y répondre. Le prince le voyant
de loin jener au feu quantité de papiers » dit : voilà
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Campijlron qui fait fes réponfes. En revanche Cam*
piflron le fuivoit par-tout dans le danger. A la bataille
deSteinkerque ,1e duc de Vendôme le voyant
toujours à fes côtés, lui dit: Que faites-vous ic i,
Campijlron P — Monfeigneurj’attends qu il vous plaife
de vous en aller. ( Voye^ l’art. A lberoni)
Campijlron naquit à Touloufe en 1650, & y
mourut en 1723 ; il avoit époufé mademoifelle de
Maniban , foeur du premier préfident du parlement
de Touloufe & de l’archevêque de Bordeaux, il
avoit été reçu à l’académie françoife en 1701.
Louis de Campijlron, fon frere , étoit jéftiite, &
faifoit aufli des vers. Il fit en profe les oraifons
funèbres de Louis XIV & du dauphin.
CAMPS, (François de) ( Hijl. litt. mod.)
l’abbé de Camps, abbé de Signy. On a de ce favant
plufieurs differtations curieufes fur notre hiftoire &
notre droit françois. Il eût été bien placé à l’académie
des belles-lettres : mort en 1723, à quatre-
vingt ans.
C A M U S , ( Jean - Pierre ) ( Hijl. litt. mod. )
évêque de Belley,homme de beaucoup d’efprit,
d’une grande vertu & d’une grande gaîté; mais
I dont les mots qu’on a cités & retenus-; tomboienc
! fouvent dans le bas & tenoient des pointes & des
quolibets. Il avoit une averfion extrême pour les
moines, fentiment qui étonnoit alors dans un évêque
& qui lui a fait une forte de réputation ; ils
étoient lans cefle l’objet de fes plaifanteries & de
fes turlupinades ; il comparoit les moines mendians
avec leurs courbettes à une cruche qui fe baille
pour s’emplir. Les moines, difoit-il encore, reftem-
blent aux finges ; plus ils font élevés , de plus loin
on leur voit les fefles. Il alloit au-delà du livre
des conformités furie parallèle de S. François avec
| J. C .; mais, c’étoit en fens contraire. J. C. dïfoit-
! il avec cinq pains & trois poijfons, ne nourrit que
I cinq mille hommes & qu’une feule fois en fa vie 3
S\ François, avec une aulne de toile nourrit tous les
jours par un miracle perpétuel, quarante mille fai-
néans. Pour rendre la chofe plus piquante, on place
ce trait dans un panégyrique de S. François qu’il
prêchoit dit-on, aux cordeliers.
Il refpeâoit le monachifme, & n’en vouloir qu’au
I relâchement des moines de fon temps. « Dans les
| 35 anciens monaftères, difoit-il, onvoyoit de grands
v moines , de vénérables religieux ; à préfent, illic
» pafferes nidificabunt, on n’y voit plus que des moi-
» neaux.
Les moines lui firent parler en leur faveur par
le cardinal de Richelieu ; « je ne vous eonnois point
« d’autre défaut, lui dit ce miniftre ; fans cet injufte
» acharnement contre ces pauvres religieux, je vous
» canoniferois. — Monfeigneur , nous aurions tous
» les deux notre compte, vous feriez pape & moi
» faint. »
Si les nouveaux moines lui étoient odieux, les
faints nouveaux lui étoient fufpe&s. « Je donne-
» rojs, difoit-il 3 & toujours en chaire, cent de nos
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* faints nouveaux pour un ancien. Il n’eft ch a fie
»> que de vieux chiens. Il n’eft châfle que de vieux
» faints. Langage bien étrange pour la chaire, fi
pourtant il eft vrai qu’il ait été tenu en chaire. Il
a bien plus l’air d’un propos de fociété.
Ce n’étoit pas non plus vraifemblablement en
chaire , qu’il difoit qu’après la mort, les papes n’é-
toient plus que des papillons, les fires que des cirons,
les rois que des roitelets.
Mais c eft en chaire , & dans un fermon imprimé,
foîemnellement prêché dans l’aflemblée des
trois états du royaume , le premier dimanche de
Lavent 1614, qu’il s’exprimoit ainfi : Qu'euffent dit
tios pires de voir pajfer les offices de judicature à des
femmes & à des enfans au berceau ? que rejle-t-il plus
/mon, comme cet empereur ancien , d’admettre des
chevaux au fénat ? Et pourquoi non, puifque tant
d’ânes y ont entrée.
C ’étoit un refte de l’éloquence des Menot &
des Barlette ; mais voici qui n’en eft pas, & qui
fut dit aufli en chaire à Notre-Dame par le même
M. Camus y avant de commencer fon fermon.
» Meilleurs, on recommande à vos charités une
» demoifelle qui n’a pas alfez de bien pour faire
•> voeu de pauvreté ».
C ’étoit en chaire aufli qu’il difoit, (& ce mot
vaut bien tous les autres ) » Mes frères, l’évan-
9> gile dit : Aimeç vos ennemis, & moi je vous dis :
vl Aimeç vos amis, v.
Il définilfoit la politique, telle qu’il la voyoit
fous le cardinal Mazarin : Ars non tam regendi quàm
fallendi homines, l’art, non de régir , mais de
tromper.
■ II refufa les évéchés d’Arras & d’Amiens, &
s’en tint conftamment à fon évêché de Belley. La
petite femme que j ’ai époufée , difoit-il , ejl ajfeç belle
pour un. Camus9 mot de mauvais goût, mais d’un
grand fens.
Il quitta cependant cette femme , mais ce ne
fut pas pour une autre, ce fut pour ne s’occuper
dans la retraite que de l’éternité. Il choifit pour
afyle l’hôpital des Incurables; il y mourut en
1*652.
On a de lui près de deux cens volumes, tous
afcétiques.
L’évêque de Belley étoit de la famille de MM.
Camus de Pont-Carré de Viarmes, qui a donné
une longue fuite de magiftrats,, confeillers au
parlement de Paris, premiers préfidens du parlement
de Rouen, confeillers d’état, &c.
Il faut diftinguer cette famille de celle de MM.
le Camus, qui a produit le cardinal le Camus,
évêque de Grenoble , prélat d un grand mérite ; un
lieutenant-civil célébré ; plufieurs procureurs-généraux
& premiers préfidens delà cour des aides , &c. Camus, (Charles-Etienne-Louis) {Hijl. litt. ; mod. ) de l’académie des feiences, examinateur des |
ingénieurs. & du corps royal de l’artillerie de
France profefleur & fécretaire perpétuel de l’academie
d’archite&ure, a compofé des livres çlémen-,
,C A N 747
terres de mathématiques, de méchanique, d’Arith-
métique. Mort le 4 mai 1768 à cinquante-huit
ans.
CAMU SAT, ( Jean ) ( Hijl. litt. mod. ) premier
imprimeur de l’académie françoife , mort en
1739* Camusat, (Nicolas) chanoine de Troyes, favant
homme, a écrit fur les antiquités du diocèfe
de Troyes, a laifle une hiftoire des Albigeois 8c
des mélanges hiftoriques. Mort en 1655.
, Denis-François Camusat , fon petit-neveu, eft:
1 auteur de l’hiftoîre des journaux, d’une bibliothèque
françoife , ou hiftoire littéraire de la France,"
& de mélanges de littérature. Né à Befançon en
1697, mort à Amfterdam en 1732.
CAN ADA ou C AN AD E , ( Hijloire mod. ) on
nomme ainfi la mefure de vin ou d’eau qu’on
donne par jour fur les vaifleaux portugais, à chaque
matelot ou homme de l’équlpaee. ( A. R.}
CANANÉENS, f. m. p\. {HiJ}. facrée.) Les
Cananéens|, divifés en plufieurs peuples , habitoient
des contrées differentes, qui toutes avoient la mer
a 1 occident & le Jourdain à l’orient. Nous ne"
connoiflons ni leurs moeurs, ni leur légiflation ,
ni leur conflitution politique. C’eft dans les archives
des autres nations, & fur-tout dans nos annales
facrees, qu’on peut raflembler quelques traits
epars, mais infuffifans pour en donner une jufte
idée. L’opinion reçue les fait defeendre des fils de
Canaan, qui tous formèrent differens peuples,
dont le plus nombreux fut connu fous le nom de
Cananéens. Les plus célèbres furent les Moabites,
les Madianites, les Ammonites, les Amalécites,
les Iduméens & les Philiftins. Les autres, entièrement
obfcurs, n’ont fauvé que leur nom de l’oubli.
Tels furent les Héthéens,les Jabufiens on Jébuféens,
les Amorrhéens & les Héviens. Ceux des Cananéens
qui fe fixèrent fur les bords de la mer ,
s occupèrent du commerce : les Grecs ne les ont
point diftingués des Phéniciens. Leurs villes principales^
étoient Hébron, Béthel, Sichem & Jébus
qui dans la fuite fut appellée Jérufalem. Ceux qui
pénétrèrent dans l'intérieur des terres, trouvèrent
des provifions abondantes dans les produâions de
leurs champs. Ils avoient quelques villes murées :
mais leur penchant pour la vie nomade en fit un
peuple de brigands, qni ne vécut que de fes larcins
& du bétail qu’il conduifoit avec lui. Les dif-
férentes tribus qui compofoient la nation, quoi-
qu indépendantes les unes des autres , avoient
entre elles une alliance fédérative qui afliiroit leur
• réciproque, & toutes s’armoient pour la
défenfe commune contre les invafions de l’étranger.
Il femble que leur conftitution ait été le
modèle du gouvernement des Suifles. L’amour de
la liberté fut une vertu nationale; mais plutôt un,
fentiment aflez général alors parmi tous les. peuples.
Ils n’avoient point de maître , mais ils ref-
1 pectoient des chefs qui , fubordonnés comme eux
l a la lo i, étoient comptables de leur conduite à 1*
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