
gpjij$ B A C
» l’Italie n’étatlt point, unie fousunfeul gouverne- '
» ment, & étant raffaftée peut-être de cette gloire
» littéraire qu’elle a poffédée dans les temps anciens
» & modernes, a trop négligé l’honneur d’avoir
j) donné naiflance à un fi grand homme ; » ( obfer-
vons qiie le reproche eft doux, elle a été jufqu’à
le perfécuter & le forcer à une rétractation plus
humiliante pour les juges que pour Galilée ) « au
5i lieu , pourfuit M. Hume, que l’efprit national qui
î> domine parmi les Anglois , leur fait prodiguer à
s> leurs meilleurs écrivains., parmi lefquels ils pla-
5> cent Bacon., des louanges & des acclamations
5> qui peuvent fouvént paroître, ou partiales ou
» excefîives. » M. de Leyre a donné en françois
une excellente Analyfe de la philofophie de Bacon,
en deux volumes in-12.
BACOUE , (Léon ) ( Hiß. litt. mod. ) le feul
huguenot converti que Louis XIV ait fait évêque. 11 le fut de Glandève en 1672, & de Pamiers en
1685. Il étoit cordelier ou récollet, il eut-l’obligation
de l’êpifcopat au duc de Mon taulier, qui
demanda & obtint pour lui cette récompenfé d’un
poème latin confacré à l’inftitution du prince, .
élève de Montaufier, & de Bofluet. Dans ce
-poème intitulé : Delpkinus , feu de prima principïs
inflitutione, l’auteur prend le jeune prince, comme
il dit :
Ipfâ genitricis ab alvo.
Le poème contient un julte éloge du gouverneur;
il fallait, dit-il, que la cour connût: .
Quantus eras , quantâque penù füb fronte modeßä
Condat inexhaiiftos animus virtutis honores.
Bacoue mourut le 13 janvier 1694, âgé, félon
les uns, de 86 ou 87 ans ; félon les autres de 94.
B A C O T I , f. f. ( Hiß. mod.) nom que les peuples
du Tonquin donnent à la grande magicienne,
pour laquelle ils ont une extrême vénération , &
-qu’ils eonfultent outre les deux fameux devins ,
le Taybou & le Toy-plouthouy. Lorfqu’une mère',
après la mort de fon enfant, veut favoir en quel
état eft l’ame du défunt, elle va trouver cette ef-
pèce de Sybille, qui fe met aufli-tôt à battre fon
tambour , pour évoquer l’ame du mort; elle feint
que cette aine lui appâroît & lui fait connoître
31 elle eft bien Ou mal: mais pour l’ordinaire elle
annonce, à cet égard , des nouvelles confolantes.
Tavernier , voyage des' Indes. (G )
BÄDAW ou Badaut , {Hiß. mod. ) les Pari-
liens qui faifoient un grand commerce par eau ,
furent ainfi appellés : en Celtique badaw. fignifië
hommes dé bateaux, hommes de vaijfeaux.
La rëflemblance de ce mot avec celui de badaut'?
autre terme de la même langue qui fignifië un
fo t , un niais, l’a fait confondre avec cë dernier;
& on en à fait un fobriquet aufli faux qu’injurieux
pour les habitans de la capitale. Differt. de M. Bulle
t, pag. 52, 1771. (C )
B A D
BADE , {Hiß. d’Allemagne.) nom cfune an-
cienne & illuftre maifon fouveraine d’Allemagne
dans la Souabe, on diftingue furtout dans cette
maifon deux branches confidérables ; celle de Bade-
Baden , branche aînée , & celle de Bade-Dourlach,
branche cadette. De cette maifon, & de la branche
aînée , étoit le fameux prince Louis de Bade 3Vnn
des meilleurs généraux de l'empereur Léopold:
ce fut lui qui, le 19 août 1691, gagna contre les
Turcs la fameufe bataille de Salai.kemen , célébrée
par Roufleau,
Il avoit, dès l’année 1688 , préparé & fécondé
la prife de Belgrade , exploit de l’éleâeur de Bavière
, par deux autres vi&oires remportées fur les
Turcs près de Paflarowitz au bord de la Morave ,
& fous les murs de Nifla.
Belgrade aflùjettie à leur joug tyrannique ,
Regrette encore ce jour où le fer germanique
Renverfa leur croiflant du haut de fes remparts ,
Et de Salankemea les plaides infe&ées ,
Sont encore huméftées
Du fang de leurs (oldats fur la pouflière épars.
Moins heureux contre les François, il avoit été
vaincu par le maréchal de. Créquy en 1678 ; il le fut
le 14 oâobre 1702, à Fredelingue par le maréchal
de Villars ; il prit fa revanche , en forçant, le 28
feptembre 1705 , les lignes d’Haguenau que le
maréchal de Villars ne fe trouva pas alors en état
de défendre.
Le prince Louis de Bade mourut le 14 janvier
1707dans fa cinquante-deuxième année, pouvant
encore perfectionner fes talens & ajouter à fà
gloire.
BADIUS , (Josse) en latin, Jodocus Badius
Afcenfius ( H iß . litt, mod.) imprimeur & favant
célèbre des quinzième & feizième fiècles. Son fur-
nom d’Afcenfius -vient de ce qu’il étoit né dans le
bourg d’Aflche, près de Bruxelles , & tous fes
noms ont la terminaifon latine’, parce que c’étoit
alors l’ufage parmi les favans. Ce fut Robert Ga-
guin , dont il avoit imprimé à Lyon l’hiftoiré de
France, qui le fit venir dans la capitale. L’imprimerie
qu’il établit à Paris fut célèbre, {Pretium
ajcenfianum ) il ;en fortit de bonnes éditions des
auteurs clafliques latins avec des explications &
des notes favantes dp Badius lui-même ; il publia
„ aufli plufieurs livres de fa compofition ; en voici
les titres : Pfalterium B. Mariai, (ce pfeautier étoit
en vers) Epigrammatum liber , Navicula fiultarUm
mulierum , De Grammatïcâ , De confcribendis epifio-
lis , Vit a Thomce. à Kempis.
Erafme avoit beaucoup à fe louer de l’amitié du
favant Budée , de Tempreflement fincère & généreux
avec lequel Budée avoit tout fait pour l’attirer
& le fixer eh France,. & pour lui ménager la
faveur de François I. Erafme fe permit un parallèle
peut-être plus déplacé qu’injufte, entre Budée &
l’imprimeur Badius , il parut même à quelques - uns
avoir donné la préférence au dernier. Ce parallèle
excita dans la république des lettres une rumeur
aflez défobligeante pour Badius. On s’éleva
de toutes parts contre Erafme : quel motif l’avoit
fait parler ? étoit-ce amitié pour Badius ? étoit-ce
jaloufie contre Budée ? Tous les gens de lettres ,
dont Budée étoit le 'bienfaiteur, furent indignés ,
& Tufan, quoiqu’admirateur d’Erafme, fit à ce
fujet une épigramme qui n’eft que trop bonne :
Define mirari quare pofiponat Erafmus
JBudcsum Badio , plus favet illé paru
» Ne foyez point furpris qu’Erafme préfère Ba~
a dius à Budée, il favorife fon femblable «.
Longueil avoit aufli fait un parallèle', mais entre
Erafme & Budée, deux hommes beaucoup plus
faits pour être comparés. Longueil s’étonnoit, dans
ce parallèle, que François I donnât la préférence
à Erafme fur Budée.
5» Le roi, répondit modeftement Erafme , ne
» m’a point donné la préférence , il n’a voulu que
s» réunir deux amis. Le plus grand honneur qu’on
55 puifle me faire eft de me mettre à la fuite de
55 Budée ; je fuis trop loué dans votre parallèle,
55 il ne l’eft pas aflez «.
Tout cela, en pareil cas, eft plus aifé à écrire
qu’à penfer Longueil crut s’appercévoir qu’Erafme
çonfervoit quelque reflentiment de fon parallèle ;
Budée en effet n’eft connu aujourd’hui que des favans
, la gloire d’Erafme eft bien plus étendue.
Erafme , de fon côté , put voir que Budée avoit
été bleffé d’être mis en comparaifon avec Badius.
Le réfroidiflement fut fenfible, Budée devint aigre,
& fe prêta de mauvaife grâce aux réparations
qu’Erafme voulut lui faire.. Les expreflions dures
& offenfahtes infectèrent leurs lettres ; il y en a
une de Budée avec cette infcription : Budée juf-
qiïà préfent ami d^Erafme x lui dit pour, toujours
adïeU.
Si Erafme avoit eu le premier tort, il eut le
mérite de le réparer, il répondit à cette cruelle
lettre : Quoique puijfe dire & faire Bùdée , Erafme
fera toujours fon ami. C ’eft la belle réponfe de
Curiace à Horace dans Corneille :.
Albe vous a nommé je ne vous connois plus.
■ Je vous connois encore ,. & c’eft ce qui me tue.
Erafme joignit les effets- aux paroles & dans une
nouvelle édition du Cicérionien, il fupprima ce
parallèle entre Badius & Budée qui avoit excité
tant d’orages, & qui pour avoir flatté un inftant
Badius, fut pour lui une fource trop féconde de
défagréraens. Ces; légers nuages qui s’étoient élevés
jufqu’àu trône de François I , & qui lui.avoient
déplu, parce qu’il s’agiflbit d’Erafme qu’il admiroit
& de Budée qu’il, aimoit* fe diflîpêrent înfenfible*
aient,. » f e ne.- fuis point réconcilié' ave£ Budée %
écrivoit Erafme à Egnatius, » je n’ai jamais cefle
5) un moment de l’aimer.
Badius tira au moins de cette querelle, l’avantage
d’unç augmentation de célébrité. Il mourut à Paris
vers l’an 15 36 : il avoit époufé la fille de Jean
Trefchel, imprimeur à Lyon. Son fils Conrad
Badius, devenu calvinifte, fut imprimeur & auteur
à Genève; fes deux foeurs , filles de Jodocus, épousèrent
, l’une Michel Vafcofan , l’autre Robert
Etienne , noms à jamais célèbres par l’imprimerie
& l’érudition.
BAGNI, ( le cardinal Jean François ) ( HifK
mod. ) ce prélat employé' dans plufieurs affaires
importantes par les papes Clément V I I I , Grégoire
X V , & Urbain V I I I , a une forte de célébrité qu’il
doit aux éloges des gens de lettres, & à l’avantage
d’avoir eu Naudé pour bibliothécaire , il étoit d’une
famille diftinguéë de Florence, né en 1-565 ,, mort
le 24 'juillet 1641.
BAGOAS, ( Hhfl'.. ahc.) e’èft le nom de deux,
eunuques fameux, l’un égyptien, l’autre perfan~
Le premier devint d’abord régicide par fuperftition»
Artaxereès Ochus ,- roi de Perfe, dont il étoit le
favori, le miniftre & le général , ayant tué ÔC
mangé le boeuf Apis, Bag&as ne put lui pardonner
cette profanation, il l’empoifonna-, & mit fur
le trône le plus jeune des fils de ce prince, nommé
Arsès , mais ne l’ayant pas trouvé aflez difpofé
à fe laifler gouverner, il le fit aflafliner , & mit
à fa place Darius Codomanus -, dont il voulut fe
défaire comme d’A rsès, & par la même raifon ;
mais Darius le prévint & le fit mourir lui-même*
vers l’an 336, avant J.' C.
L’autre Bagoas eft connu pour avoir été l’eunuqué
favori d’Alexandre, & pour avoir fait condamnera
mort, fur la dépofition de témoins fubornés , un fei-
gneur Perfan,nomméOrfines , dèfcendu de Cyrus v
qui avoit traité cet eunuque de- concubine*
BAGUETTE NOIRE , ( Hiflcjre moderne. )
l’huiflier de la baguette noire , c’eft le premier
huiflier de la chambre du roi d’Angleterre, appelle;
dans le livre noir , lator virgce nigree & hafliarius f
& ailleurs 7 - bajulïts. Sa charge êft de.
porter la- baguette devant le roi à- la fête de faine
George à 'W’mdfor; Il a aufli la gardé de là.
porte de la chambre du chapitre, quand l’ordre:
de la Jarretière eft affemblé ; & dans le temps-
que le parlement tient y. il gardé la chambre despairs.
Sa marque eft une baguette noire , qui a um
îion d’©r à l’extrémité. Cette baguette eft en Angle*
terre une marque d’autorité , comme les maffes-
le font en d’autre-s pays. (G)
BÀJAZET, ( Hïfl. des Turcs. ) • c’eft- fefiom-'dédeux
empereurs Turcs, nous ne diftinguerons ici:
que le premier,. qui eft le-plus célèbre dans l’hifi-
toire, & dont la deftinée eft une leçon pour les;
eônqpérans. Il fuccéda en 1389 , à fon père
Amurat I ,, & comme les, v.aftes projets de..;con-*-
quête auxquels.il alloit fe livrer. dévoient- le. tenir-
fouvent long^- temps éloigné de. fes états.. i£.