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qu’aux dix-feptième & dix-huitième. La vie de
Jacques de B'dlï a été écrite en latin par un auteur
nommé Chatard , Paris 1/82 , i«-4°. On la
trouve aufli à la fin des oeuvres de Saint-Grégoire
de Nazianze, de l’édition de 1583. Jacques
de Billi eft mort en 158a, à 47 ans.
Le même nom eft aufli celui d’un jéfuite, dont on
a des ouvrages de mathématiques, né en 1602,
mort en 1679.
BIMAIDES, ( Hift. d’Egypte & des Turcs.) Les
Bimaides, dont le nom fignifie en langue copte,
defcendans de quarante chevaliers, tenoient un rang
diftingué dans l’Egypte ,lorfque les Mufulmans en
firent la conquête. Fiers de leur origine & pleins
de confiance dans leur nombre, ils refufèrent de
payer le tribut impofé par le peuple conquérant.
Le calife Mamoun , l’an 217-de l’hégire, paffa dans
l’Egypte pour étouffer cette femence de rébellion.
Les Bimaides réunifient leurs forces pour le combattre
; mais trop inférieurs en nombre * ils font
défaits , & ceux qui ne périrent point par l’épée,
furent condamnés, avecleursfemmes & leurs emans*
aux fondions de l’efclavage. ( T—N.)
B IN G , ( l’Amiral) V o y e^ Bvng.
B ION, poète gtec paftoral, traduit par Longe-
pierre; on a de lui peu d’ouvrages, mais ils font
d’un goût exquis ; il étoit de Smyrne, vivoit vers
l’an 288 avant J. C. & mourut empoifonné, au
rapport de Mofchus, fon difciple & Ion imitateur
heureux.
Il y a un autre B ion, dit le Boryfthénique, parce
qu’il étoit de BoryAliène en Scythie , heu qui a
donné fon nom au fleuve Boryfthène, ou qui l’a
reçu de ce fleuve ; ce philofophé fut d’abord disciple
de l’académicien Cratès, puis de Théodore ,
dit l’A thée, puis de Théophrafte, puis Cynique.
Il paroît que c’étoit un homme d’efprit, qui ne
s’arrêtoit à aucun fyflême, & qui les effayoit tous.
On a retenu de lui plufieurs mots. Il difoit qu’une
belle femme étoit le tourment de fon mari & le plaifir
des autres ; c’efi ce que M. de Voltaire a exprimé
dans ces deux vers :
Elle eft des autres l’agrément,
Et le mal de qui la poffède.
Et M. Greffet dans ces deux autres du Méchant :
Ou fi pour mon malheur ma femme étoit jolie,
Je ferois le manir de fa coquetterie.
Il difoit que le plus inquiet & le plus agité de tous
les hommes, eft celui qui veut être le plus tranquille
& le plus heureux, il craint fans celle de voir fa
tranquillité troublée, c’efi ce qu’Horace exprime
dans ces deux vers :
S i quidquid vidit melius , pejufye fu â fpe,,
D e f ix i s coulis t animoque & corpore torpet.
B I O
11 demandoit à un envieux qui lui paroiffoit
avoir l’air trifte : à qui donc eft-il arrivé du bien ?
Il avoit dit d’Alcibiade, ce qu’on a dit dans la
fuite de Céfar , que dans fa puberté , il avoit enlevé
aux femmes leurs maris, & dans fa jeunejfe aux
maris leurs femmes.
L’impiété, difoit-il, avant d’être athée ©u après
avoir ceffè de l’être, eft une compagne‘de la fécu-
rité qui la trahit, toujours. Si ce mot efl clair , il a
du fens.
Un jour Bien fe trouvant fur mer avec des pirates,
©n vit paroître un bâtiment : nous fommes
perdus, dirent les pirates, f i on nous connoît, &
moi, dit B ion, f i on ne me connoît pas. C’efi avec
beaucoup de précifion la penfée d’Horace :
Vetàbo j qui Cereris facrum
Vulgarit arcance, fub itfdem
Sit trabihus , fragilemque mecum
Solvat phafelum.
Il difoit à fes difciples : Quand vous fere% parvenus
À écouter avec la même indifférence les louanges
& les injures, vous pourrez croire que vous ave^
fait quelques progrès dans la vertu. Nous avons vu
des hommes affreux qui avoient fait ce progrès
dans le vice ; mais B ion vouloit dire fans doute ,
qu’il fout s’affurer de n’être ni corrompu par les
louanges, ni aigri par les injures.
B ion trouvoit quelque chofe de contradictoire
dans ce qui fe paffeit aux funérailles ; on brûle les
morts, difoit-il, comme infenfibles, 6* on les pleure
comme s’ils étoient fenfibles. Il n’y a point là de
contradiéfion, on les pleure comme devenus in-
fenfibles, après avoir été fenfibles ; d’ailleurs on
pleure pour fo i, non pour eux. Loelius dans le
Traité de l’Amitié de Cicéron , craint, que de
pleurer Scipion, fon ami, qui s’efl envolé dans
le fein des Dieux, ne foit d’un envieux plus que
d’un ami. Cui cenfemus curfum ad Deos facïliorem
fuïfj'e quàm Scipioni ? Quo circà moerere hoc ejus eyen-
tum, vereor ne invidi magis quam amici f i t .
B ion le Boryllhénique vivoit vers l’an 27 6 avant
J. C.
BIORN ou BERO, ( Hift. de Suède) roi de
Suède , fuccéda à Charles I au commencement du
neuvième fiècle. Ce fut fous fon règne que la
Suède fortit des ténèbres de l’idolâtrie & reçut la
lumière de l ’évangile. L’abbé Fleuri allure que ce
prince envoya des ambaffadeurs à Louis le Débonnaire
, pour lui demander des millionnaires au nom
de fa nation. Mais il fuffit de connoître la trempe
de l’efprit humain pour douter de ce fait. Un
peuple ne renonce point ainfi de lui-même à fes
préjugés. Ils lui font plus chers que -fes vertus &
fes intérêts même. Les Suédois étoient guerriers ,
leur religion étoit toute militaire; les héros de
leur nation étoient leurs dieux : tuer un ennemi,
c’étoit facrifier à la divinité ; périr les armes à la
main, c’étoit s’immoler foi-même. Eft-il poffiblc
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que cette nation féroce par caraClère & par principe
, eût demandé à des étrangers quelle haïf-
foit, une religion douce, qui nrenfeigne que l’amour
de l ’humanité, le pardon des injures & l’oubli
de foi-même ? Il eft plus probable que les premiers
millionnaires qui tentèrent d’introduire en
Suède le chriftianifme, furent perfécutés, & que
là perfécution, qui rend toujours floriffante la feCfe
qu’on veut détruire, leur donna des profélites.
Quoi qu’il en fo it , les peuples fe foulevèrent
contre Biom. Il ne gouvernoit que par les confeils
de Regner fon père, roi de Danemarck. La domination
danoife étoit odieufe aux Suédois ; il' fut
détrôné, s’empara delà Norvège, infefta les mers,
& de roi devint brigand. On ne fait au jufte ni le
genre, ni la date de fa mort. Il eft probable qu’elle
fut violente. Si l’on en croit l’hiftoire de ces temps,
parmi les rois du nord, il en eft peu qui aient a tteint
le terme marqué à leurs jours par la nature,
elle les fait périr tous au lit d’honneur, ou par la
main de quelque affafiin. ( M. d e Sa c y .)
B IR A G U E . ( Hift. mod. ) Le plus connu de
ceux qui ont porté ce nom eft le chancelier de Bi-
rague, ( René ) revêtu de cette dignité dans les
temps les plus affreux de notre monarchie, &
ayant eu le malheur «l’être du confeil où fut prife
la réfolution du maffacre de la faint Barthelemi.
Ce fut Charles IX qui lui donna les fceauxen 1570,
& qui le nomma chancelier en 1573 , comme pour
le récompenfer d’avoir donné .à ce maffacre une
forte d’autorité légale. On peut croire, & on crut
que le chancelier de l’H ôpital, fon prédécef-
feur,qui penfaêtre compris dans ce maffacre, ne
l’auroit point àutorifé. Birague n’étoit pas proprement
François, il étoit né à Milan dans le temps où la France difputoit aux Sforces ce duché , & il
s’étoit attaché à la France. On a cherché à diminuer
pour les François l’horreur du crime de la
faint Barthelemi', en obfervant que ce complot
avoit plutôt été formé par des étrangers que par
des François. Quels en furent, dit on , les plus
ardens inftigateurs ? C’eft Catherine de Médicis , ce
font les Guifes , les Gondis, c’eft Birague, tous
étrangers ; on conclud de-là qu^ ce crime nous
appartient un peu moins que les profcriptions n’appartiennent
aux Romains^ puifqu’enfin Sylla, Ma-
rius, Augufte , Antoine , étoient Romains ; mais
il n’y a rien à gagner à ces petites obfervations ;
Charles IX , & le duc d’Anjou fon frère, depuis
Henri III, n’étoient-ils pas de ce confeil finiftre
& n’en exécutèrent-ils pas de leur propre main
l’affreufe réfolution ? Tant de François qui mirent
tant de zèle à cette exécution par laquelle ils
croyoient expier toutes leurs fautes & gagner le
ciel, ne la follicitoient-ils pas par leurs voeux, &
ne l’auroient-ils pas confeillée s’ils avoient été admis
au confeil ?
Le premier préfident de Thou vouloit que les
François enfeveliffent dans un filence éternel cet
opprobre de leur nation ; il appliquoit à la faint
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Barthelemi des vers de Stace devenus fameux par
cette application même :
E x c id a t i l ia die s av o , nee poftera credant
Setcu.la 3 nos serti taceamus , & obruta multâ
N o iïc tegi proprice patiamur crimina gentis.
N o n , non , il faüt que les François en parlen t, il
faut qu’ils accufent leurs coupables ay eux pour
l’inftruélion de leurs derniers n eveux ; il faut qu’ils
difent eux - m êm es, & plus haut que toutes les
autres nations : voilà ce que les François ont é t é ,
voilà ce qu’ils peuvent redevenir. V oilà les fruits
du machiavellilme , du fanatifme, de cet efprit ce
fraude & de guerre que nous portons dans la religion
, dans la politique , dans la philofophie, dans
les fciences, dans les arts. V oilà les excès où peu t
entraîner cette ardeur p olémique, cette fureur intolérante,
que nous mettons à to u t , même à la
tolérance. Condamnons donc toujours, fans ménagement
& fans réferve , fans diftinétion de nationaux
& d’étrangers, les inftigateurs affreux,
les approbateurs coupables, les exécuteurs forcenés
du crime de la faint Barthelemi : célébrons
au contraire & béniffons à jamais la défobéiffance
vertueufe des Matignon , des Simiane , des
Chhrny , des le Veneur , des d’O r te s , des Saint-
Héran , des de T en d e , & c . prononçons fur-tout
avec des larmes de tendreffe & de vénération , le
nom de ce faint évêque de Lizieu x , Jean Hen-
n u y e r , q u i, en fauvant du* carnage les proteftans ,
en les recueillant dans fon palais, en leur prodiguant
les fecours de la charité , en ramena plus à
l’églife qu’on n’en égorgeeit ailleurs.
Difons que le Bourreau de L y o n , follicité par
des affaffins , de prêter fon miniftère aux maffacres
publics, rejetta la propofition avec ho rreur, & dit .*■
Je ne tue que des coupables, 6* je n’obéis qu’à des
jugement légitimes. Oppofons ces exemples aux
exemples du fanatifme fans déguifer ceux-ci.
Sauvons l’honneur de la nation, non en lui difii-
mulant fes erreurs paffées, mais en l’avertiffant fi
bien , en lui faifant tant d’horreur des crimes qui
peuvent la déshonorer , que jamais, fous quelque
prétexte que ce puiffe ê t re , foit religieux, foit
politique, ces crimes ne puiffent renaître. Birague
fut fait cardinal, un inftigateur de la faint Barthelemi
l’avoit bien mérité. C e fut Henri III qui demanda
pour lui cette grâce au pape Grégoire XIII ;
en même temps il lui reprit les fceaux, o u , fi l’on
v e u t , il l’en déchargea Birague fe plaignoit encore
; il é to it , difoit-il, cardinal fans titre, prét/e
fans bénéfice, & chancelier fans fceaux. Il mourut
en 1583.
TJn autre Birague, de la même famille, a plus
fait peut-être pour la gloire de ce nom par un mot
généreux accompagné d’une aétion brillante , que
le chancelier par toutes fes dignités. Il fervoit fous,
le premier maréchal de Brifiac dans les guerres
d’Italie. Il fut chargé par ce général d’affiéger une