
divers aüitres ouvrages afcétiques & polémiques
moins importans. Mort en 1763, âgé defoixante-
dix-fept ans.
BESSARION, fameux cardinal du quinzième
fiècle, appartenoit à l’églife grecque avant d’appartenir
à l’eglife latine. Il étoit de Trebifonde ; il fut archevêque
de Nicée & patriarche de Conftantinople.
Il voulut réconcilier l’églife grecque avec l’églife latine
, projet formé tant de fois inutilement. Il fit entrer
dans fesvues l’empereur Jean Paléologue , & fe
fit envoyer par lui en Italie poiir-cette grande
affaire. Il parut au concile de Florence en 1438. La
harangue qu'il fit aux pères de ce concile, fe trouve
dans les aaes de ce concile même. Son zèle, pour
la réunion l ’ayant rendu fufpeél aux Grecs j, il fe
fixa en ^Italie, où fon éloquence & fa fcience l’a-
yoient fait accueillir , avec beaucoup de refpeéls.
Le pape Eugène IV le fit cardinal en 1439 : oh:
croit qu’il auroit été pape fans l’oppofitioii: d’un
cardinal Alain, qui repréfenta que le choix d’un
grec feroit injurieux à l’églife latine , raifion qui
frappa les cardinaux.. Sâ maifon étoit le. rendez-
vous, de tpus les faVànS ,de fon temps, -grecs , ita-;
liens; & autres. Les Argyrophilë , lesTneéciore de
Gaza , les Pogge, les^ Laurent Valle'.,; les Piatiney
&c. tenoiept leurs favantes .conférences; dans fa
bibliothèque. Il fut employé avec, fijcc.ès &, 'avec-
éclat en différentes légations. Celle de .France lui
devint funefte par un trait d’humeur de Louis XI.
L’objet de cette légation étoit de réunir lès princes
chrétiens contré les Turcs, qui déjà depuis.longtemps
(en 145 3 ) avoient pris Conftantinople. Pour
y parvenir ', il falloit d’abord réconcilier Louis XI
avec fon rival le’ duc de Bourgogne , Charles le
Téméraire; l’ombrageuX Louis Ou fut que;'lë cardinal',
ayant de paroître devant lu i, avoitécrit an
duc de Bourgogne fur l’objet de fa légation, ou
félon, d’autres , il fe trouva, blèffé de .ce que ,1e
cardinal Beffqrion lui demandoit avec trop d’mftanc.e
la liberté du cardinal Balue, ce qui étoit un des
objets de fa légation.- Quoi' qnTil fo it , il prit
Bejfarion par fa longue barbe à l a grecque, & lui
dit, du ton le plus.infultant:
Barbara grceca genus retinent 'qUad 'habere folebant. ' /
Ce vers technique, de grammaire, figriifie feuler
ment que les- noms. . harbâres /qonferyenï' dans la ;
langue grecque, le même'genre»cpfils:ent;daflséleuT
langue! originale.: Le /ei|s que Louis: XL ÿ ajttaehdtt
çontenoit rün reproche pour Beffifion. de ri’avoir pu
dépouiller la rufticité barbare dé fon pays!, eil traitant
avec.des François-, reproche bien in.jitfte(, & ;
pour Bejfarion , 8c pour la Grèce, :dont la. France
étoit à peine en état, alors de recevoir, les. içgqps j
de politefle & d’urbanité, quellehçréçftteffenet ;
dans la fuite que par l’entrëmlfe-ae ritaiiè.y'entre !
Louis XI 8c Bejfaripn j c’étoit affur^mèrit Louis X ï '
qui étoit le barbare. Le malhèiizçpx.Beffaion, '
accoutumé partout'ailleurs à desbommagès pe’rfon - ;
fiels & à des marques d’eftime qu’il méritoif j enf
la foibleffe de ne pouvoir fupporter cet affront ;
il en motirut de douleur à Ravenne en retour-'
nant à Rome. Ce fut en l’année 1472 , le 18 novembre
; il étoit âgé de foixante-dix-fept ans. Il
laiffa, fa bibliothèque au fénat de Venife, qui la
conferve encore avec refpeél & avec reconnoifiance.
On a de ce cardinal quelques ouvrages , entre autres
une Défenfe de Platon, qui eff rare. On en-
trouve quelques-uns dans la bibliothèque des pères.
BESSET, (H enri d e ) ( Hifl. litt. mod.) plus-
connu fous le nom du fieur de la Chapelle-Milon ,
contrôleur des bâtimens après M. Perrault , &
infpeéfeur des beaux- arts fous le marquis de Vil-
lacerf, fut chargé, de fe trouver aux affemblées de
l’académie des infciiptions & belles-lettres , qu’orç-
appplloit alors la petite académie', & qui n’étoit
compofée que .de quatre académiciens,, il fut le
cinquième ; & comme il fut chargé, ainfi que
Pavoit été M. Perrault, de tenir la plume & décrire’
les délibérations^ on peut le regarder comme ayant
été le fécretaire de .cette académie naiffante. Il
mourut en .1^94. Il eft auteur d’une relation très-
eftimée-, des,campagnes de Rocroy & de Fribourg:
en 1643. oc; 1,644, imprimée dans divers recueils*»,
BESSIN, (dom Guillaume ) bériédiâin de là
congrégation de fàint M'aur , a donné une éditiorfc
des Conciles de Normandie , 1 7 1 7 , infol. Il a et*
part à l’édition des oeuvres de faim Grégoire lé
Grand , donnée pat* les PP. de Sainte-Marthe. Mort
à Rouen en 172,6*.. ? -,
;; b ê t h e n c o ü r t , (Jean de) I mji. mod. >
gentilhomme normand..fut non feulement leprer
mier françois ,.mais le premier homme de l’europe.;*
qui fit des decouvertes, importantes fur mer, Ii les-
fit long-temps, avant ces grandes découvertes delà1
route aux; Indes^Orientales par le cap de Bonne-
Ëfpérance , & de l’Amérique ou -ïndëS Oceidenr
taies,& pri;peu£ dire que fa découverte fut qçmmele
premier,pas, qui copduifit à qeiles dont nous- venons-
de. parler , oc qui. changèrent entièrement la.yfaçé
dje T univers & dans l’ordre pîayfique & dans l’ordre'
politique. Béthencourt doit être, regardé comme le
précurfeiir des Vafquez de Garna, & des.Chrif-
toph.e.;Colomb,.& la France, fi .elle eût fuie fer
,condér Sc -l’ençourager, auroit pu avoir la■ première
-gloire de ;ees grandes expéditions ^ritimes.i
. ; Apr-^Sj.Ja, mjprt.,oè..Ç%rlei^gp^j^.,qur lés -pir
•rateries Ips- incurfions dgs Sarrafinsj^ des;Norr
mands. a;voi^n t^fait, ;ten,tir la. néc^tté ;d>ayoir : u n.e
marine , cette partie effendelle de la puiffancé d’un
.éfat: ayoit .étéisuf^ .négligée qu’auparavant.. Saint
Louis fit quelques efforts pour la recréé^. Nous-
ypyqps-Bhiljppe. de-j^lpis,.avoir une'qerpèçe, de
marine perdre;1*4 bataille de -l’Eclufe, ; .maft.-f^
fiqt-te. étpit c:om,pôfée de -vai-fièaux étrangers.& , de
yaiffçaùX: (marchands. -qu’pn louoit ,8c =qu’©n armoit
en guerre comme on pouvoit. Les efforts de Charles
v furent plus heureux, grâce aux foins de fbiï
amiral Jean de Vienne.' Ce fut fous les aufpices de
Æet amiral que Jean de Béthencourt, fon coufin,
commença fes courfes fur mer ; mais cet amiral
étant mort, Charles VI étant devenu fou, les ducs
d’Orléans & de Bourgogne s’arrachant tour-à-tour
le gouvernement, c’eft-à-dire le pouvoir de dépouiller
& d’opprimer les peuples, la marine fut de
nouveau abandonnée , 8c Jean de Béthencourt, pour
continuer fes courfes & fuivre fes projets de découvertes,
fut obligé, à la honte de la France,
de recourir à une puiffance étrangère beaucoup
plus foible ; il découvrit les ifles Canaries en 1402,
.& avec les fecours de Henri I I I , roi de Caftille,
il conquit cinq de ces ifles; Henri III l’en nomma
Souverain , avec le titre de roi, fous la condition
de l’hommage à la couronne-de Caftille. Pierre de
Béthencourt, un des defcendans de Jean, & qui
n’eft mort qu’en 1667, fonda dans les Indes Occidentales
une congrégation ou ordre de religieux
hofpitaliers, fous le nom de Béthlèémïtes.
BÉTHISAC ou BÉTISAC, ( J ean de) {Hifi.
'de Fr.') On vit avec plaifir, en 1389, le roi Charles
V I , préférant l’intérêt public à l’intérêt particulier
de fa maifon, ôter le gouvernement du
Languedoc au duc de B erry, fon oncle, qui défo-
loit cette province par fes exaûions, & livrer au
fupplice Béthifac, favori de ce duc, & miniftrè de
fes brigandages. Mais fouvent dans les temps de
fuperftition & d’ignorance, on fait mal le peu de
bien qu’on veut faire. Le fupplic-e de Béthifac offre
un de ces traits marqués , qui caraélérifent l’efprit
d’un fiècle ; peut-être étoit-il jufte de punir cet
homme, mais il étoit honteux de le trahir. C ’étoit
lui principalement qu’accufoient les plaintes des
Languedociens, 8c les richeffes dépofoient contre
lui. Pour toute défenfe, ildifoit aux juges, qui lui
demandoient compte des tréfors qu’il avoit amaf-
Tés : Mejfeigneurs, monfeigneur de Berry veut que
fes gens deviennent riches. C ’étoit dire en d’au-
tie s termes : Monfeigneur veut que les peuples foient
opprimés. Cette réponfe ne l’eût pas fauvé; mais le
duc de Berry écrivit aux juges qu’il avouoit Bétki-
fac de tout ce qui s’étoit fait pendant fon adminif-
tration. Ce mot eût été décifif, fi la perte de
Béthifac n’avoit pas été rèfolue , & fi, dans Fim-
poflibilité de punir le duc de Berry lui-même, on
n’avoit voulu le punir du moins dans la' perfonne
de fon complice. On eut recours à l’artifice. Un
faux ami vint voir Béthifac dans fa prifôn , & lui
dit qu’il devoit être exécuté le. lendemain , qu’il
.n’avoit plus qu’un moyen d'échapper au fupplice ;
que ce feul moyen étoit qû’il s’avouât coupable
de quelque crime , qui fût de nature, à le faire renvoyer
devant les juges eccléfiaftiques ; qu’alors on
le méneroit à la cour d’Avignon , où il. feroit facile
au/duc de Berry de le faire abfoudre. Béthijac fmvlt
ce confeil, il. déclara aux juges qu’il étoit hérétique
piatérialijle; qu’il ne croyoit ni à la Trinité, ni
a l’incarnation du verbe, ni à l’exiftence de l’ame.
Sainte Marie ! s’écrièrent les juges avec un étonnement
affeâé , Béthifac, vous erre^ grandement'
contre l ’églife, vos paroles demandent le feu. Je ne
fais, reprit-il du ton le plus indévot qu’il put prendre
, f i mes paroles demandent feu ou eau ; mais fa i
tenu cette opinion depuis, que fa i eu cor.noiffance , &
la tiendrai jufqu’à la fin. On rapporta ces difcours
au ro i, fans l’inftruire de l’artifice. C’efl un mauvais
homme , dit le ro i, il ejl hérétique & larron *
nous voulons qu ïl foit. ars & pendu , ne jà pour bel
oncle de Berry , j l n’en fera excufé ni déporté. On
renvoya Béthifac aux juges d’églife, devant lefquels
il perfifta dans fon aveu, 8c qui le livrèrent fur
le champ au bras féculier. A la vue du bûcher,
il voulut fe rétra&er & protefter ; on ne lui en
donna pas le loifir, on le jetta dans les flammes,
tandis que publiant avec horreur l’indigne artifice
dont il, étoit la viéiijne, il appelloit en vain à fon
fecours 8c fon maître & la vérité. Le roi le vit
brûler ; car alors les regards des rois fe fouilloient
trop fouvent de ces affreux fpeôacles, tant en
France qu’en Angleterre. Le duc de Berry jura
de le venger; mais il ne fut pas plus confiant dans
cette réfolution qne -dans toutes les autres.
BETHSABÉE, ( Hifl. des Juifs.) femme d’Urie,
fe laiffa féduire par le roi David. Ce prince l’ayant
vu fe baigner j fut fi touché de fa beauté , qu’il la
fit venir dans fon palais & en abufa. Urie étoit
abfent depuis quelque temps. Bethfabée s’apperçut
qu’elle étoit enceinte & avertit le roi. David fit
venir Urie qui étoit à l’année devant Rabbat, capitale
des Ammonites, fous prétexte de lui donner
des détails du fiége. Urie fut très-bien âtcueilli
du roi, qui le renvoya chez lu i, .comptant - qu’il
verroit fa femme , & mettroit ainfi l’honneur
de Betkfabèé à couvert ; mais Urie , qui étoit
garde du roi, coucha dans le palais & n’alla point
dans fa maifon, quelques inftances que lui en fît
le roi.. David voyant que cette rufe ne lui réuf-
fiffoit pas , renvoya Urie à l ’armée, & commanda
à Joab , quiconduifoit le fiége de Rabbat, de l’ex-
pofer au plus grand danger. Cet ordre fut ponctuellement
exécuté. Urie fut tué. Bethfabée époufa
David. Elle mit au monde Salomon, fucceffeur
de David. Le prophète Nathan eut le courage de
reprocher en face au roi l’indignité de cette, aaion,
{ A .R . )
BÉTHUNE, ( Hifl. mod.) grande & ancienne
maifon,’ qui tire fon nom de la ville de Béthune
en Artois, & qui a produit plufieurs hommes il-
luftres , tels que Jean de Béthune, tué à la bataille
d’Azincourt en 1415 ; Antoine, fon fils,tué dans
une. émeute des communes de Laon en 1430. Mais
le plus illuftre de tous , eft Maximilien I , duc de
Sully, pair de France , grand-maître de l’artillerie,
maréchal de France , prince fouverain d’Henriche-
mont 8c de Boisbelle, marquis de Rofny, & c . ,
l?ami de Henri IV , le bienfaiteur de la nation, le
reftaurateur des finances, gloire que fi peu de
miniftres ont obtenue ou même ambitionnée. Né à
Rofny en 15 5 9 , mort çnfpn château de Villeboïï
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