
de ce dernier, le préfident Hénault, « C ’étoit un
» homme tout fait pour être aimé de la populace:
v aufli l’avoit-on nommé le roi des halles , dont il
» partait le langage : grand, bien fait de fa per-
j> fonne, adroit aux exercices, infatigable, rem-
j> pli d’audace, les manières groflières, que l’on
» prenait pour de la franchife, mais artificieux,
» & aufli fin que le peut être un homme de peu
?> d’efprit. Il crut, & il le perfuada à toute la cour,
» qu’il alloit jouer un rôle dans les commence-
» mens de la régence. «
Sorti de Vincennes, il devint le héros delà guerre
de Paris il partageoit, avec le coadjuteur, la faveur
populaire.
Lorfqu’en 1652, le prince de Condé commença
la guerre civile, le duc de'Beaufort & le duc de
Nemours, furent.fes lieutenans; ces deux princes,
quoique beaux-frères, & engagés dans la même
caufe, ne purent s’accorder : après bien des querelles
, ils fe battirent en duel, & le duc de Beau-
fort tua le duc de Nemours.
Lorfque les troubles furent diflipés, que tout
fut rentré dans l’ordre , & que l’autorité de
Louis XIV fut partout reconnue, & par-tout
affermie, le duc de Beaufort ne fut plus comme
les Condés, les Turennes & les Luxembeurgs,
qu’un fujet fournis, qu’un héros utile. En 1664,
Louis XIV voulant punir, comme on difoit alors,
les corfaires de Gigérien Afrique, chargea le duc
de Beaufort de cette expédition. Gigéri fut pris le
22. juillet ; mais fuivant les viciflitudes de la guerre,
il fut repris le 30 octobre.
En i66<; , le duc de Beaufort battit deux fois
fur mer les corfaires d’Alger.
En 1666 , l’Angleterre & la Hollande étant en
guerre, Louis XIV , preffé par les inftànces des
Hollandois , & lié par des traités récemment conclus
avec eux, crut ne pouvoir fe difpenfer de
déclarer la guerre à l’Angleterre ; mais difpofé
favorablement pour Charles I I , par la ducheffe
d’O rléans, Henriette-Anne-d’Angleterre , il fit
cette guerre en médiateur plus qu en ennemi, le
duc de Beaufort eut ordre de joindre fa flotte aux
flottes hollandoifes, & cette jonâion ne fe fit pas, foit
que les vents s’y oppofaffent, fojt que les ordres ap-
parens fuffent contrariés par des ordres fecrets.
En 1669, les Turcs ayant afliègé Candie , qui
appartenoit alors aux Vénitiens , le roi envoya
au fecours de cette place le duc de Beaufort &
, 1e maréchal de Navailles , qui en retardèrent
la prife de plus de trois mois. Le duc de
Beaufort fut tué dans une fortie le 25 juin,
ou du moins il difparut, & on ne put retrouver
fon corps. En conféquence il eft un de ceux qu’on
nomme comme ayant été le prifonnier au mafque
de fer. Mais quelle raifon , quel intérêt Louis X IV
auroit - il pu avoir de traiter avec cette rigueur
un prince devenu ; depuis fi long-temps , un fujet
fidele, honoré de fa confiance & s’en étant montré
digne en toute oecafion ?
BEAUFREMONT, ( HÏJl. mol ) nom d’une
ancienne & illuflre maifon de Bourgogne, qui
compte plufieurs alliances avec la maifon de France.
Les perfonnages les plus célèbres de la maifon de
Beaufremont, font :
i°. Pierre, qui en 1443 fit publier, à l’exemple
des anciens preux, que douze chevaliers garde-
roient, à une lieue de la ville de Dijon, un
pas d’armes, près d’un arbre, que Paradin nonime
Varbre des Hermites, & d’autres f arbre de Charte-
magne.
2°. Nicolas, dont la harangue à Henri I I I , aux
états de Blois de 1576 , a été imprimée. Nicolas
étoit favant & fut célébré par les favans de fon
temps. On a de lui une traduction du traité de
la Providence de Salvien , prêtre de Marfeille s
publiée à L y on , chez Rouville , en 1575. Il mourut
le 10 février 1582.
30. Claude, fon fils, baron de Sénecé , dont on
a aufli plufieurs ouvrages, tels qu’une harangue à
Henri III aux états de Blois de 1588; un remerciement
fait au nom de la noblejfe de France aux
mêmes états. Le père le Long lui attribue une
efpèce de relation des états de Blois de 1576, intitulée
: Recueil de ce qui s'eflrtégocié en la compagnie
du tiers-état de France en Faffemblée générale des
trais [états, ajflgnée par le roi en la ville de Blois,
le /ƒ novembre 1^76. Mort en 1596.
40 Henri, fon fils , chevalier de l’ordre du roi,
mort le 22 octobre if>22 , d’une blefliire reçue au
fiège de Royan. On a de lui des réponfes au discours
du Cardinal du Perron & diverfes harangues
faites aux états de 1614. Un minime, nommé du
Rofier, a fait fon éloge fous- ce titre emphatique :
Y Immortalité du-Phoenix, tirée de la glorieufe fin de
mejjire Henri de Beaufremont.
50. Claude , fait évêque de Troyes en 1561, à
la place d’Antoine Caraccioli, qui s’étoit fait protestant.
Mort le 24 Septembre 1593.
6°. Henri, fils du premier Henri, mentionné
fous le numéro 4 , fut tué de fang-froid à la bataille
de Sedan, le 6 juillet 1641.
7®. Le marquis de Liflenois, tué au fervicè de
la France, à la bataille du jour de Saint François à
Etheim , en 1674.
8°. Le marquis de Liflenois, fon neveu, bleffé
à Munderkingen , en 1703 , .aux lignes de Schel-
lemberg , près Donavert en 1704 , tué dans une
fortie de la ville d’A ire, le 24 Septembre 1710.
9°. Enfin, Louis-Benigne , marquis de Beaufremont
, père de M. le prince de Beaufremont ,* &
mari d’Hélène de Courtenay, héritière de cette
hranche de la maifon de France, iffue de Louis-
le-Gros. Il fut bleffé avec le marquis de Liflenois,
fon frère, à Schellemberg , en 1704. Il le fut à
Malplaquet, le 11 fèptembre 1709 ; il fe diflingua
au combat d’A rleux, le 12 juillet 1711.
BEAU JEU , ( Hifl. de Fr. ) ancienne maifon ,
qui remonte vers le milieu du dixième Siècle, &
dont étoit le maréchal de Beaujeu, fait maréchal
de France en 1347 , & tué en 13 5 1, au combat
d’Ardres contre les Anglois,
C’eft par cette maifon de Beaujeu , que le Beau-
jolois & la principauté de Dombes ont pafîe dans
la maifon de Bourbon , par la ceflion qu’en fit
le 23 Juin 1400, Edouard de Beaujeu, fécond du
nom , au duc de Bourbon Louis II. Cet Edouard
de Beaujeu avoit enlevé une fille à> Villèfranche
& fait jetter par les fenêtres un huiflier qui lui
fignifioit un ajournement fur cette accufation de
rapt. Edouard étant arrêté & amené à Paris y- céda
Ses terres au duc de Bourbon, oncle maternel du
roi Charles V I , pour fe tirer d’affaire.
BEAUMANOIR, ( Philippe de ) ( Hijl. de Fr.)
écrivit vers l’an 1283 , les coutumes de Beauvoifts,
dont la Thaumaflière a donné une bonne édition,
à Bourges, 1690, in-folio. Bea'umaisoir de Lavardin , eft le nom
d’une ancienne maifon de la province du Maine,
dont étoit le maréchal de Lavardin , mort en
16 14 , l’un des fept feigneurs de la cour de
Henri IV , qui eurent le malheur de fe trouver
avec lui dans fon carroffe lorfqu’il fut aflafliné.
De cette même maifon étoit encore le marquis
de Lavardin, ambaffadeur de France à Rome , en
1 6 8 7 ,'dans le temps de l’affaire des franchifes, ;
êc qui pour défendre jufqu’à un droit injufte de la j
couronne dont les intérêts lui étoient confiés,
brava hautement l’excommunication lancée par le ;
pape Innocent XI.
Mais comme dans les grandes maifons les grands
défaftres font Souvent à côté des titres de gloire
& des monumens de vertu, de cette maifon de
Beaumanoir étoit aufli le baron de Fontenelle,
traîné fur la claye & roué v if en 1602 , moitié
pour avoir été mêlé dans les intrigues & les conspirations
du maréchal de Biron , moitié pour
avoir exeçcé d’horribles cruautés en Bretagne au
nom de la ligue.
Les Beaumanoir du Maine étoient vrai-fembla-
blement une branche des Beaumanoir de Bretagne,
dont étoit ce fameux Beaumanoir, chef du parti
Breton & François dans le combat des Trente
en 1350, & qui a'voient pour devife : Beaumanoir,
bois ton jang, parce que Beaumanoir ayant
demandé à boire au milieu du combat, dans un
moment où perdant beaucoup de Sang, il fnccom-
boit à la Soif & à la fatigue, un des chevaliers
bretons lui cria : Beaumanoir, bois de ton fang9
ta Coiffe pajjera. •
De cette même maifon des Beaumanoir de Bretagne
étoient Jean & Robert, lires de Beaumanoir, dont
l’aventure fut célèbre en 1386. Jean fut aflafliné
par un de fes fermiers dont il entretenoit la fille. Le
fermier fut arrêté ; mais il avoit un complice qui
fe fauva. Le fermier déclara que ce complice avoit
été envoyé par le lire de'Tournemine, & il faut
©bferver que ce fire de Tournemine , avoit époufé
la veuve de Jean de Beaumanoir. Robert de Beaumanoir,
frère du mort, fe porta pour fon vengeur,
& pour accitfateur de Tournemine. On Somma
la veuve de fe joindre à fon beau-frère contre fon
Second mari , ce qu’elle refufa, peut-être parce
étoit fa complice, comme on le crut,
d’après fon refus ; mais eût-elle été innocente
, fa conduite pouvoit être la même. Quoi- ■
qu’il en foit, Robert de Beaumanoir & le fire de
Tournemine iettèrent leur gage de bataille devant
le duc de Bretagne. Le combat eut lieu ,
Tournemine fut vaincu, il alloit être livré à la
rigueur des loix ; Son généreux vainqueur obtint
fa grâce.
BEAUMELLE, (L aurentAngliviElde la)
( Hiß. litt. mod. ) connu par fes Mémoires de madame
de Maintenon , & par fes démêlés avec
M. de Voltaire, dans lefquels il n’eût pas toujours
raifon ; il voulut apprendre à faire des vers à l’auteur
de la Henriade. Ses autres ouvrages font moins
Connus. Le hafard feinbloit lui ouvrir la route de
la faveur & de la fortune, lorfqu’il mourut en
1773;
BEAUMONT. ( Hifl. mod. ) La maifon de
Beaumont en Dauphiné, dont étoit le dernier archevêque
de Paris , réunit tous les cara&ères qui
conftituent les -races d’ancienne chevalerie ; une
exiftence prouvée depuis fept Siècles ; une filiation
non interrompue depuis plus de cinq ; le voyage
d’outre-mer ; une fuite de chevaliers, titre qui n’é-
toit alors que lé prix du mérite & de la valeur ;
des fervices ^rendus aux dauphins & continués à
nos rois.
La foule des perfonnages, qui rempliffent une
généalogie , n’intéreffe que la maifon à laquelle ils
appartiennent. Ce qui rend une généalogie intérêt
fante pour le public, ce font les perfonnages qu on.
voit figurer avec éclat dans l’hiftoire ; la maifon
de Beaumont en offre plufieurs de ce genre,
i°. Amblard de Beaumont , premier de ce
nom, appellé dans la famille le grand Amblard,
principal miniftre du dauphin Humbert TI, ajouta
beaucoup par fes talens & fes fervices, à la con-
fidération dont fa maifon jouiffoit depuis trois fiê-
èles. .
Cette maifon conferve parmi fes titres les plus
précieux, celui où le roi Philippe-de-Valois re-
Connoît que les peines & les travaux d'Amblard de
Beaumont, ont déterminé la donation qu’Humbert
fit du Dauphiné à la France, Ce monument eft de
l’an 1343- , , , .
Charles V , n’étant encore que dauphin , s exprime
ainfi fur le même fujet dans des lettres
de l’an 1351 : Confideratione habita ad proeditfum
dominum Amblardum, dominum Bellemontis , militem ,
fidelem noftrum carijfimum, qui circà tranflationem
Delphinatûs , in nos fattam, à principio , medio &>
efellualiter in ejfe&u, cunftis follicïtudinibus labora-
verit, &c.
Il rend lé même témoignage à Amblard, dans
des lettres datées de l’annee fuivante.
Mais on pourroit croire qu'Amblarddans cette
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