
on boit de l’eau de ce puits par dévotion , & on
en envoie en préfens aux princes & aux personnes
diftinguées. Il entra à cheval dans la Caaba,
ou temple de la Mecque, le fouilla en difant :
Si défi le temple de Dieu , qu'il le venge & me
foudroyé ! Il enleva la fameufe pierre noire ,
objet particulier de la vénération des Mahométans,
qui la croyoient defcendue du ciel , elle avoit fêr-
v i , difoient-ils, de marche-pied à Abraham pour
construire la Caaba (car c’étoit lui qui l’avoit conf-
tfuite, ) 8c cette pierre s’élevoit ou s’abaiSToit au
gré du patriarche & félon fes befoins. Abudaher
n’avoit pas tort de fronder ces fuperStitions ; mais il
avoit tort d’égorger ceux qui y croyoient. Quelque
temps après, les Kargiatiens renvoyèrent par
mépris cette pierre aux Mecquois,& les Mufulmans
publièrent qu’ils y avoient été forcés par les fléaux
dont ils avoient été accablés en punition de
leur profanation. On rapporte l’expédition $ Abudaher,.
à l’an de l’hégire 317.
ABULFARAGE (G régoire) , connu comme
médecin & comme historien , étoit né à Malafia
près de l’Euphrate; on a de lui une histoire univer-
fêlle depuis la création du monde jufqu’à-fon temps,
laquelle eSt dans le cas d’être confultée pour la partie
qui concerne les Sarrazins , les Mogols 8c les conquêtes
de Gengiskan. Pococke a traduit cet ouvrage
d’arabe en latin, & l’a fait imprimer à O xford, en
1663 & 1672 , en 2 vol. in-40. Abulfarage mourut
évêque d’A lep , en 1286.
Abulfarage, eSt auflî le nom de trois poètes
arabes allez célèbres , 8c d’un vaëz ou prédicateur
de la même nation , dont les fermons font
eftimés.
ABULFEDA ( Ismael ) , eSt célèbre parmi
les princes qui ont cultivé les fciences ; il régnoit
à Hama en Syrie dans le quatorzième fiècle. On
a de lui une Géographie , une vie de Mahomet
& une de Saladin. Ces ouvrages font écrits en
arabe ; mais on en à des traductions latines, &
ils font eStimés. Abulfeda découvrit en 1320, la
véritable longueur de la mer CaSpienne , & réforma
fur ce point les erreurs de Ptolomée. Il
étoit né en 1273 » avoit commencé à régner en
j 310, & mourut en 1345.
ABU-MESLEM, {Hifi. des Arabes. ) grand capitaine
, gouverneur du Khorafan, elt célèbre dans
l ’hiftoire, pour avoir fait palier la dignité de calife
en 746 , de la race des Ommiades à celle des
Abalüdes : révolution qui caufa la mort à plus
de fix cens mille hommes, & dont il fut lui-même
la victime, ayant été maflàcré huit ans après par
tordre du calife Almanfor. ( A . R.')
A BYDÈNE, connu pour avoir cempofé une
hiftoire des Chaldéens & des AlTyriens , dont
Eufèbe rapporte un fragment dans le neuvième
livre de la préparation évangélique : on ne fait ‘
point d’ailleurs dans quel temps il ylvoit» ~ ' À
A CA C E , ( Hiß. Eccléfiafliq. ) il y a plufietir#
perfonnages de ce nom , célèbres dans l’hiltoire ec»
dléfiaftique :
i° . Acace , furnommé le Borgne , chef des
Acaciens , branche des Ariens , fucceflèur & difci-
ples d’Eusèbe de Céfarée , dont il a écrit la vie.
Il fit déposer faint Cyrille 8c bannir le pape L ibère.
Il mourut vers l’an 365.
20. Acace , patriarche de Conftantinople en
471 , luccefleur de faint Gennade. Ce fut lui qui
engagea l’empereur Zenon à publier Yhénoticon, édit
favorable aux Eutychiens. Condamné dans un concile
tenu à Rome, par le pape Félix III, il fe fé-
para de la communion romaine. Il mourut en 488.
Son nom fut ôté des Dyptiques de Conftantinople
en 5I9* 30. A c a c e , évêque d’Amide, fur le Tigre,'
en 420 , connu par un trait de bienfaifance fingu-
lier. Il vendit les vafes facrés de fon églife, pour
racheter fept mille efclaves Perfes , qui mouroient
de faim & de misère, il leur donna quelque argent
& les renvoya libres à Véranius leur roi ; ce prince
touché d’une telle génèrofité, en voulut connoître
l’auteur ; il eut avec Acace une entrevue , dont le
fruit fut la paix , entre Véranius 8c l’empereur
Théodofe le jeune, entre l’empire de Conftantinople
& l’empire des Perfes. Ce fait important montre
quel eft le pouvoir des bienfaits fur les fou-
verains & fur les peuples, aufli-bien que fur les
particuliers, vérité trop méconnue en politique.
La politique vulgaire trouveroit peut - être étrange
qu’en temps de guerre, un évêque françois employât
le tréfor de ion églife à délivrer des pri-
fonniers anglois, mais l’humanité profita du bien-
faitd’Acace,èc la politique même dut s’en applaudir,
puifqu’il procura un plus grand bienfait encore, la
paix entre deux grands empires.
4°. Acace ., évêque de Bérée en Paleftine
ami de faint Epiphane & de Flayien , perfécuta
faint Jean-Chryfoftôme , & ne s’en repentit qti’a-
près la mor-t de ce père de l’églife. Il aflifta au concile
sde Conftantinople en 381, & mourut vers
43 2 ; on a de lui quelques lettres dans les aéles
de quelques conciles.
ACCIUS , (L u c iu s ) ancien poète tragique latin
, dont il ne refte rien , mais qu’il faut bien
nommer, puifque Cicéron 8c Horace en ont parlé
comme d’un poète célèbre, vivoit environ un fiècle
8c demi avant J. C. On fait les titres de fes tragédies
, mais des titres n’apprennent rien ; on voit
feulement par les fiens, qu’il donnoit la préférence
aux fujets grecs. On comparait chez les Romains
Pacuvius 8c Accius, comme on compare chez nous
Corneille & Racine , & il y avoit entre eux à peu
près le même rapport de temps, c’eft-à-dire que
Pacuvius étoit vieux XorYcÿi Accius étoit jeune.
Anbigitur quoties uter utro f it prior , aufert
Facuvius Jodifamam feni$ t Accius alti.
Quintilien en porte à-peu-près le même jugement»
ACCORDS ( ÉTIENNE ' T abouüot , feigneur
des ) ( Hi(l, mod. ) avocat du roi au bailliage & à
la chancellerie de Dijon, eft principalement connu
par fes bigarrures, imprimées pour la première fois
à Paris en 1582. Il eft aufli 1 auteur dun autre
ouvrage à-peu-près du même genre, mais moins
connu,-intitulé * Les Touches, imprime à Paris en
1585. Ces deux ouvrages ont depuis été réunis
pour n’en former qu’un; il y a encore de lui d autres
opufcules. On lui reproche de l’obfcénité. Né
en 1549 , mort en 1590 V à Dijon.
ACCURSE, (Hifl. mod. ) eft le nom d’un fameux
jurifconfulte Florentin du treizième fiècle ,
qui profefla le droit à Bologne'1. Sa glofe fur le
droit, écrite en latin barbare, mais plus méthodique
que les précédentes , eut beaucoup de fuccès
6c lui a fait une réputation qui dure encore :
Tantùin Jeries junduraqut pollent.
Il a eu l’honneur rare, pour un commentateur,
d’être commenté lui-même comme le texte des
loix. On ne fait fur quoi étoit fondée la tradition
qui faifoit remonter jufqu’à lui l’origine de ce proverbe
long-temps ufité parmi les ignorans : Gm-
çuin é jl, legi non potefl ; n c’eft du grec, on ne lé
» peut lire ». Il eft prouvé qu'Accurfe favoit du grec.
Ses commentaires font imprimés avec le corps du
droit en fix volumes in-folio. Lion 1627. On l’ap-
pelloit Y idole •des jurifco'nfultes. On ne fait certainement
l’époque ni de fa naiflance ni de fa mort.
L’opinion la plus commune eft'qu’il mourut vers
l’an 1229 , âgé d’environ 78 ans. D ’autres placent
fa mort en 1260, 1265 , même 12.79. '
François Accurfe fon fils fe diftingua auflî dans
la fcience du droit ; il prarefieit à Touloufe.
Accurfe eft encore le nom d’un favant critique
du feizième fiècle , à qui on doit l’Ammien-Mar-
cellin d’Ausbourg, 1533 ; la première édition des
lettres de Cafliodore, des Diatribes fur Aufone,
8c d’autres auteurs. Ses noms de baptême étoient
Marie - Ange..
ACHAB , (Hi(l. facrée. ) roi d’Ifraël, étoit fils
d’Amri, auquel il fuccéda, il fignala fon règne,
qui dura 23 ans, par des aélions impies & tyranniques.
Il époufa Jézabel, fille d’Etbaal , roi des
Sidoniens, femme cruelle , impérieufe, & tout-
à-fait digne d’un fi méchant prince. Elle fut la complice
8c fouvent l’inftigatrice de fes crimes. Il commença
par fe livrer aux fuperftitions de l’idolâtrie,
fit élever un temple & des autels à Baal, perfécuta
8c fit mourir les prophètes ; & pour aggran-
tlir fes jardins , il s’empara de la vigne d’un bourgeois
de Jezrahel, nommé Nabotb, contre lequel
Jézabel fufcita de faux témoins pour le faire
mourir. Enfin ce roi indigne du trône perdit la vie
dans une bataille que lui livra Ben-Adad, roi de
S y r ie , l’an du monde 3107. { A . R.)
( I l eft parlé dans Jérémie, chap. 29 , "fr. 22,
d’un autre A chah , fils deCbolias, faux prophète. )
A CH AN , {Hiß. fzcrée.) à laprife dé Jéricho ,
mit à part, 8c cacha deux cens ncles d’argent, un
manteau d’écarlate 8c une règle d’or , contre la
défenfe expreflè que Dieu avoit faite aux Ifraélites
de fe rien réferver des dépouill s de ces peuples.
Les Ifraélites ayant été repoufiës au fiège de Haï,
jugèrent qu’il y avoit parmi eux un coupable. Le
fort ayant défigné Aclian, Jofué le fit lapider avec
fa femme 8c fes enfans. Haï fut prife.
ACHAZ , ( Hifloire facrée.) roi de Juda , fils &
fuccefleur de Joatham , porta la barbarie 8c la fu-
perftition jufqu’à immoler fon propre fils aux feux
dieux. Il fit lever le fiége de Jérufalem à Phacée ,
roi d’Ifraël, 8c à Rafin, roi de Syrie , qui s’étoient
ligués contre lui. Il fut vaincu enfuite par cé même
Phacée dans un combat, où il perdit un fils, deux
généraux, 8c cent vingt mille hommes. Après ce
défaftre, il implora le fecours de Theglath-Pha-
lafar, roi d’A fly r ie , qui le délivra de tous fes ennemis.
Achaç, pour reconnoître ce bienfait , lui
donna les richefles immenfes que renfermoit le
temple de Jérufalem, ferma ce temple , en éleva
un autre aux idoles du roi d’A fly r ie , fon libérateur
; 8c fe fournit de plus à payer un tribut à ce
monarque. Achaç mourut après 1111 règne de feize
ans , l’an du monde 3278.
A C H A Z I A , ou Ochosias , {Hiß. f i e . )
nom propre, qui fignifie, celui que V.Eternel a pris.
C ’eft le nom du fils 8c du fucceflèur d’Achab , roî
d’Ifraël, dont il eft parlé au quatrième liv. des rois ,
j. 2. II. chron. xxx. 35. Imitateur de fon père 8c
de fa mère, il rendit un culte à Baal, 8c s’attira
l’indignation de Dieu. Il voulut faire un traité
de commerce 8c de navigation avec Jofa-
phat , roi de Juda ; mais le prophète Eliéfer
annonça à celui-ci . que l’entreprife n’auroit aucun
fuccès àcaufedelaperverfité de fon aflocié. Dans le
temps qii Acha^ia étoit occupé des moyens de fou-
mettre les Moabites, qui, après avoir été réuni*
au royaume d’Ifraël, s’étoient révoltés contre lui,
un accident fatal, joint à fon imprudence, vint
déconcerter fes projets. Une chute qu’il fit
d’un endroit élevé de fon palais , lui rap-
pella l’idée de la mort ; idée qui le remplit de
crainte. Pour calmer fes frayeurs, il envoya des
mefiagers à Hekron, chargés de confulter Beelfe-
bul , 8c de s’informer fi cet accident ne feroit
point mortel. Elie eut ordre d’aller au-devant de
ces mefiagers, de leur reprocher leur crime à l’égard
du roi d’Ifraël, 8c de leur annoncer la mort
de leur maître. Tout ayant été fidèlement rapporté
à Achafia, il comprit que celui qui leur avoit
parlé étoit Elie , 8c il envoya un détachement de-
cinquante hommes, avec un capitaine, peur le
faifir 8c l’emmener. Elie fit tomber le feu du ciel fur
deux troupes de foldats q\\ Achafa avoit envoyées
fucceflivement ; 8c il en eût fait autant à la troi-
fième, fi l’ange de Dieu ne lui eût ordonné d’aller
parler lui-même au roi. Il lui répéta ce qu’il avoit
Ce *