
lit
* rochers font trop durs pour être brifés pàf ton
” iceptre. T11 voudrois nous foumettre à ton joug,
» commence par fpbjuger nos fentimens, change
» notre maniéré de vivre, & fonge auparavant
” au moyen de fubfifter dans un pays qui n’a que
” du ^ ble, des rochers & des métaux ; crois-nous.,
» laide vivre en paix des peuples dont tu n’as au-
« cun fujet de te plaindre, & qui ne veulent avoir
« rienademêler avec toi: voici des préfens que nous
” t apportons, puiiTent-ils t ’engager à ne yoir dans
” les Nabathéens que tes amis «.
Les Romains pénétrèrent dans l’Arabie, & n’en
furent jamais les conquérans. Quelques tribus vaincues
par Lucullus rendirent hommage à là majefté
du peuple romain. Arétas, prince d’une contrée,
fut forcé de recevoir garnifon dansPetra; Craffus,
jaloux d en faire la conquête, y entra avec une
nombreufe armée, qui périt dans les déferts, de foif
& de mifère : Elius-Gallus répara la honte- de ce
défaftre. C’eft le général romain qui a pénétré le
plus ayant dans ces immenfes déferts ; il eut d’abord
les plus brillans fuccès , mais les chaleurs meurtrières
lui enlevèrent fes meilleurs foldats ,& il fut
contraint de fe retirer en Egypte avec lés débris
de fon armée, dont les flatteurs d’Augufte célébrèrent
les viôoires ftériles. Caïus, fon petit-fils, re-
connoiflant l’impoflibilité de fubjuguer un peuple
qui n’efiimoit la vie qu’autant qu’il pouvoir vivre
libre*, porta le fer & la flamme dans leurs villes,
doit ils fàvfoient des incurflons fur les terres de
l’empire , & ilcrut avoir fait allez pour fa gloire,
de leur avoir ôté les moyens de nuire : depuis ce
temps, jufqu au règne de Trajan, on ne voit aucune
guerre entre ces deux peuples. Cet empereur
fit le fiège de la capitale des Hagaréniens, qu’il
eut la honte de lever ; les fiiccefleurs payèrent un
fubfide aux Sarrafins qui fçrvoient dans leurs armées
^ mais Julien, qui les regardoit comme les
fujets, & non comme fes alliés, trouva que ce
traité aviliflbit la majeflé de l’empire , & il refufa
de payer un tribut qu’on qualifioit du nom de
fubfide ; les barbares fe plaignirent de cette infraction;
mais ce prince qui fa voit combattre comme
il favoit gouverner , leur répondit avec fierté:
» J e n'ufe que du fer, & je ne connois pas l’or.
Ces^ peuples belliqueux marchèrent quelque temps •
après au fecours de Conftantinople, dont ils furent
les libérateurs. Ce fut fous le règne de Théo-
dofe qu’ils commencèrent à faire la guerre en leur
nom, & après avoir foutenu l’empire chancelant,
ils en furent la terreur. Les Arabes, jufqu’alors
partagés en tribus, fe réunifient & deviennent conquérans.
Il falloir que le germe de cette valeur
barbare fut renfermé dans leur cceur, & que leur
vie dure les eut préparés à . devenir d’intrépides
foldats.. Leurs déferts étaient une barrière qui les
mettoit à l’abri des incurfions étrangères ; on ne
pouvoir y pénétrer fans s’expofer à périr par la
difètte des eaux , & les puits qui pouvoient en
fournir n’étoient connus que des habitans qui ne
rèvéloieiït jamais ce fecret; leurs villes n’étoient
que des magafins où ils renfermoient le fruit de
leurs brigandages ; elles n’étoient formées que d’un
afièmblage de cabanes qu’ils abandonnoient à l’approche
de leurs ennemis ; leurs citadelles étoient
l’ouvrage de la nature : c’étoient des rochers efcar-
pésjd’où ils défioient lès armées les plus nombreufes,
qui, comme eux , n’aveient à redouter que la famine
& la difette d’eau. Comme ils ignoroient l’art
des fortifications, ils étoient peu verfés dans l’attaque
des placés ; ainfi leurs guerres offenfives n’étoient
que des incurfions paffagères; les citadelles
que leurs ennemis élevoient fur les frontières, ré-
primoient leurs brigandages, Ils avoient coutume
de remercier le ciel de ce qu’il leur avoit donné des
épées au lieu de remparts ; leur éducation étoit
toute guerrière ; ils exerçoient l’enfance à fe fervir
de l’arc & de l’épée , & à dompter les chevaux ;
une excellente épée étoit un monument domefti-
que qu’un père laifloit à fes enfans pour les faire
fouvenir du courage de leurs ancêtres. Prodigues
de leur fang, ils ne dévoient pas être, avares de
celui des autres. Ils ne combattaient qu’à la clarté
du jour, parce que le courage s’enflamme quand
il a des témoins, & ils croyoient que les ténèbres
favorifoient la lâcheté ; il n’eft donc pas étonnant
qu’un peuple né avec des penchans fi nobles, ait
enfanté tant de prodiges de valeur, quand il a
fuccombé à l’amour des conquêtes.
Les Arabes confervèrent long - temps, l’idée de 1 unité d’un Dieu créateur, qui leur avoit été révélée
par leurs patriarches ; il paroît même que
cette vérité , quoique défigurée, ne fut jamais entièrement
effacée de tous les efprits. Comme les
tribus étoient indépendantes,xhacùne avoit fon culte,
fes idoles & fes rites facrés ; mais malgré cette di-
verffté d’opinions, toutes fe réuniffoient dans la
pratique de la circoncifion & des ablutions , dont
le befoin du climat leur faifbit fentir la néceffité;
la difficulté de concevoir un Dieu intelle&uel,
chargé feul de la police du monde , leur fit imaginer
des agens fubordonnés , & d’après cette fup-
pofition, ils tombèrent dans toutes les extravagances
du polithéifme ; ce n’étoit pas qu’ils niaffent
l’exifrence d’un êfre fuprême, leur idolâtrie confif-
toit à lui affocier des divinités inférieures qui partagèrent
leurs adorations. Ce fut laftronomie qui
donna naiflance aux premières erreurs religieufes ;
les Arabes, dans le loifir de leur folitude, jettèrent
les yeux vers les corps céleftes; frappés de la régularité
de leurs mouvemens, ils fe perfuadèrent.
bientôt que les affres étoient animés ; ils fe fortifièrent
dans cette première erreur , en confidérant
l’influence qu’ils ont fur les corps terreffres ; que
c’eft par leur éloignement ou leur voifinage , leur
abfence ou leur apparition, que l ’on diftingue les
faifons, & qu’on règle le temps des femailles &
des inoiffon3; ils imaginèrent bien-tôt une milice
célefte à qui ils rendirent un culte que Moïfe prof*
crivit avec févérité : cette religion eft d’autant plus
intéreflante
intéreflante à connoître, qu’elle a été la foiirce de
toutes les cérémonies de l’Orient.
De l’adoration des affres ils paifèrent au culte de
leurs fimulacres, & dans leur polythéifme oiitré,
ils adorèrent jufqu’à i des pierres ;■. l ’idole Manah
étoit une pierre informe à qui. l’on attribuoit la
vertu xl’opérer des miracles; la déeffe Alura inf-
piroit à fes adorateurs un zèle féroce ; la tribu des
Koréishites lui facrifioit fes filles. Chaque idole
avoit fon domaine particulier, l’une diftribuoit des
pluies, & on lui adreiïbit des prières dans des
temps de féchereffe; line autreétpit armée du fléau
des maladies qui affligent l’humanité , & elle .feule
pouvoit les guérir.jChaque famille, chaque cont
r é e , avoit fon génie, tutélaire ou malfailant, qui
caufoit fes profpérités ou fes défaftres : car les
Arabes adoptèrent avidement la hiérarchie célefte ;
le fyftême de la métempfycofc eut aufli des par-
tifans en Arabie, &. il eft même étonnant qu’il ;
n’y ait pas fait de plus grands progrès. Tout peuple
dominé par fon imagination, eft fufcéprible de
crainte & d’efpérance ; la tranfmigration d.es âmes
dans de nouveaux corps, diïfipe l’horreur naturelle
de la mort ; elle fubftitue des peines paffagères
à une éternité de fouffrances, & comme ©n a plus
de fenfibilité pour les maux que pour les biens ,
on meurt fans regret, parce qu’on fe flatte d e ,
renaître plus heureux ; les Arabes étoient tous en ;
général prévenus en faveur des augures 8c du
fort;, s’ils appercevoient quçlqu’animql ©u quel-
qu’oifeau réputé finiftre, ils reftoiént fous leurs
tentes, & les affaires les plus importantes ne les
auroient jamais pu déterminer à fè mettre en route.
Le facerdoce étoit la récompenfe de la vertu, &
aie donnoit aucune prééminence fur les autres citoyens";
chaqué famille avoit fon autel, fon idole
8c fon facrificateur, qui n’étoit point difpenfé de
prendre les armes pour la défenfe commune, ni
des autres obligations impofées au reffe des citoyens;
on les choififloit parmi les vieillards, afin que dégagés
de la fervitude des fens , ils ne donnaffent
point ces fcènes de fcandale qui auroient déshonoré
la fainteté de leur miniftère ; il paroît même que
le facerdoce étoit une dignité du moment, qu’on
donnoit à tout facrificateur employé au culte religieux
, 8c ces prêtres éphémères rentroient après
la cérémonie, dans la clafle ordinaire de fimples
citoyens ; mais tant qu’on en étoit revêtu, il falloit
donner des exemples de modération 8c de fobriété.
Les prêtres Sabéens, moins intempérans que les
autres prêtres du paganifme, ne fe réfervoient rien
de la viâime immolée qu’ils réduifoient en cendre,
regardant comme un facrilège la hardieffe de s'af-
feoir à la table des dieux, 8c de toucher aux mets
qui leur étoient offerts. Les anciens Arabes n’ont
jamais conçu que les pleurs & les macérations
fuffent des offrandes agréables à la divinité ; ils cé-
lébroient leurs fêtes par des danfes .& des concerts ,
■ 8c l’allégreffe publique étoit le témoignage de leur
reconnoiffance envers le Dieu quirépandoit fur eux
Hijloire, Tarn, ƒ.
A R A 3 « ?
fes bienfaits ; il eft vrai que chaque tribu avoit fes
ufages, & chacune imprimoit à fes cérémonies fon
caraâère gai ou chagrin : telle étoit la conftitution
civile & religieufe de l’Arabie, lorfque Mahomet
conçut 8c exécuta le projet d’en être le légiflateur. CT-at.)
ARAGON. Voye^ A rragon.
A R AN , ( Hïjll (ocrée. ) frère d’Abraham , frit
l’aîné des fils de Tharé : il mourut avant fon père ,
8c ce fut le premier des hommes qui ne furvécut
point à l’auteur de fes jours ; fa mort prématurée,
félon Saint Épiphane, fut une punition de Dieu
qui voulut châtier Tharé d’avoir forgé des dieux
nouveaux. Les Rabbins difent qu’ayant refufé d’adorer
le feu , fon pere qui fut Ion juge & fon
accufateur , le fit précipiter dans une fournaife
ardente ; d’autres affurent qu’ayant voulu éteindre
le feu qu’Abraham avoit mis aux idoles de fon pere,
il fut dévoré par les flammes. ( T—n.')
AR A TUS , ( Hifl. de Sycione. chef de la ligue
des Achéens , étoit fils de Clinias qui fut élevé au
trône ou plutôt à la première magiftrature de Sycione
par le fuffrage unanime de la nation. Depuis
la mort du roi .Cléon , ce petit royaume étoit déchiré
par des facfions ; il s’élevoit de petits tyrans
qui bientôt étoient punis de leur ambition. Clinias , ■
appellé au gouvernement par une autorité légitime,
fut enlevé par une mort prématurée. Abamidide
s’ empara de la tyrannie, 8c bientôt il fut maffacré
par Nioclès qui fut ufurpateur à fon tour. Aratus
s’impofa un exil volontaire pour n’êtrè pas la victime
de cet ambitieux ; mais toujours occupé de
fa patrie dans une terre étrangère, il fe lia avec
tous les autres exilés pour la tirer de l’oppreffion :
il n’avoit que vingt ans ; & c’eft à cet âge que les
entreprifes les plus pèrifieufes ne laiffent apperce-
voir que la gloire attachée à l’exécution. Il s’approche
en filence de Sycione où il s’introduit par
efcalade. Tous les partifans de la liberté fe rangent
fous fes enfeignes ; ils mettent le feu au palais de
Nioclès qui a le bonheur de fe fouftraire à leur
vengeance. Les Sycioniens reconnoiffans défèrent
à leur vengeur le pouvoir fuprême ; mais il leur
déclare que, fatisfait du titré de leur libérateur,
il vouloit qu’il n’y eût plus d’autres rois que les
loix.
Le premier effet de cette modération fut la réunion
des coeurs jufqu’alors divifés par la fureur
des faéüons. Revêtu de tout le pouvoir , parce
qu’il avoit la confiance publique, il engagea Sycione
dans la ligue des Achéens. Les Macédoniens
s’érigeoient alors en arbitres de la Grèce, & tout
préfageoit qu’ils en ferment ta n tô t . les tyrans.
Aratus, nommé chef de la ligue, en dirigea les
mouvemens avec la dextérité d'un génie exercé
dans la politique. Corinthe fut fa première conquête
, & il en fut redevable à fon or plutôt qu’à
les armes. Cette ville lui fut livrée par un de fes
habitans à qui il promit foixante talens. Ce fuccès
fut le fondement de fa réputation. Epidaure,