Pelloit fa folie , il reconnut fi refpefhieüfement
Edrfnard pour {otf/eigntur-lige, il alla de fi bonne
grâce au-devant de l’humiliation, qu’il n’eut pas-
même l’honneur d’infpirer la pitié. On drefla un
a£le de les fournirions, où l’on n’omit aucune cir-
con fiance de fa baffefle ; on lui fit encore renou-
veller dans un autre lieu cette aviliflante fcène ; •
& là , enchériffant fur toutes les formules de re- ,
pentir & d’expiation qu’il fembloit avoir épuifèes,
fl réfigna fa perfonne, fa couronne, fa dignité ,
fes biens propres entre les mains de fon vainqueur.
Encore fi le prix de cet opprobre eût été la liberté !
Mais Edouard envoya Baïlleul fous une fure garde
en Angleterre, enfuite il changea tout dans le pays
vaincu, il rompit le grand iceau d’Ecoffe & en
-donna un aux armes a Angleterre ; il fe fit rendre
^hommage & prêter ferment par tous les poffef-
. leurs de fiefs ; il tâcha d’anéantir tous les monu-
mens qui pouvoient rappeller le fouvenir de l’indépendance
de l’Ecoffe & réfuter la prétention des
Anglois à la fuzerainetè.
Robert de Brus, auquel Edouard avoit promis la
couronne , & qui ne l’avoit fervi que dans cette
efpérance , ofa rappeller à Edouard fa promeffe.
„ Penfe{ - vous, répondit aigrement Edouard, que
n je n aye autre chofe à faire que de vous conquérir
» des royaumes ? n . *"
Bailleul mourut vers le commencement du quatorzième
fiècle. Robert de Brus, fils ou petit-fils
du compétiteur de Bailleul, voulut arracher l’Ecoffe
à la tyrannie d’Edouard J il fut vaincu & oblige de
fe cacher. Edouard fit trancher la tête à trois frères
de Robert*de Brus, il fit pendre le comte d’AthoJ
de la famille royale d’Ecoffe ; il fit enfermer dans
de fortes cages de bois, fufpendues a des tours,
une foeur de Robert de Brus, & la comteffe de
Buckam , qui avoit couronné Robert, en vertu
d’un privilège attaché à fa maifon. Edouard I
mourut en 1308 , & tout changea, Robert de
Brus fut rétabli. t , T, „ » , c.
Sous la minorité d’Edouard IR , “Angleterre fit
la paix avec l’Ecoffe, à des conditions qui detrui-
firent l’ouvrage d’Edouard I. L’Ecoffe fut affranchie,
de l’aveu du roi d’Angleterre, qui accufa d’ufur-
pation fon ayeul. L’original de 1 hommage que Jean
de Bailleul avoit rendu à Edouard I fut remis a
Robert de Brus ; on redonna aux deux royaumes
les limites qu’ils avoient eues du temps du roi
d’Ecoffe, Alexandre IR , c’eft-à-dire avant quE-
dcuard I eût entrepris d’affervir l’Ecoffe.
David, fis de Robert de Brus, époufa Jeanne,
foeur d’Edouard RI & fuccéda bientôt à Robert.
Jean de Bailleul avoit laiffé un fils nomme auffi
Edouard , qui yivoit en fiînple particulier dans des
terres que fon père lui avoit laiffees en Normandie
, Edouard IR , roi d’Angleterre , quoique beau-
frère de David de Brus , rougiffoit de la paix qu’on
lui avoit fait conclure avec l’Ecoffe ; il rougiffoit
d’avoir défavoué fon ayeul, Edouard I , qu il bru-
loit d’imiter ; il tire Edouard Bailleul de fa folitude ,
des auteurs difent même qu’il fallut le tirer dé
prifon , & qü’iL y étoit, foit pour dettes, foit
pour quelque faute ; on le met à la tête d’un partis
aidé des fecours de l’Angleterre & de l’imprudence
des Ecoffois, il gagne des batailles, il eft couronné,
à Scône , il rend l’hommage - lige à Edouard III ,•
il offroit même d’épôufer Jeanne , foeur d’Edouard
fi elle y confentoit, & fi fon mariage avec David
pouvoit être cafte ;'mais David l’emmène avec lui
en France, où il va chercher un afyle. Cependant , •
des Ecoffois qui lui étoient reliés fidèles, furpri-
rent Bailleul dans un lieu où il prétendoit tenir un
parlement, tuèrent Jean de Bailleul, fon frere ,
qui l’avoit fuivi en Ecoffe : le nouveau roi lui-
même eut à peiné le temps de fe fauver fur un
cheval fans felle & fans bride. , |
Edouard III entre en Ecoffe, prend Serwick
qu’il réunit pour toujours à la couronne d’Angleterre
; il écrafe les Ecoffois dans une bataille, où
ils perdirent trente mille hommes, il parcourt pref-
que fans obliacle toute l’Ecoffe, il la ravage jufqu’aux
extrémités feptentrionales, reçoit les fermens des
feigneurs, fait reconnoître par-tout fa fuzerainete,
accable Bailleul de cette injurieufe protection dont
Edouard I avoit fatigué le père de Bailleul, il affermit
cet efclave fur le trône tributaire, qu’il lui a
livré, il permet à David de venir s’y affeoir apres
la mort de Baïlleul, mais à condition qu’il recon-
noîtra la fuzerainetè de EAngleterte, & qu’il ren- ■
dra hommage-lige pour tout le royaume a’Ecoffe ;
les Brufliens, ( on les nommoit ainfi, ) découragés,
fe difperfent dans lës montagnes & dans les forêts ,
Philippe de Valois, cependant, prend la défenfe
de David, & cette querelle des maifons de Baïlleul
& de Brus, vient fe joindre à la grande que-,
relie de Philippe & d’Edouard.
Dans le cours de cette querelle, Philippine de
Hainault, femme d’Edouard I I I , non moins habile
capitaine que fon mari, remporte fur les Ecoffois
une vidoire fignalée ; fait prifonnier David de
Brus, & abbat prefqu’entièrement le parti Bruf- ;
fien. De Brus fut enfermé dans la tour de Londres.
Ceux de fes amis qui furent pris , furent traités en
traîtres. Les deux prétendans au royaume d’Ecoffe.
s’étoient fignalés à l’envi dans cette bataillé. La
valeur de de Brus, pour avoir été malheureufe ,
n’en fut que plus éclatante ; celle d’Edouard de
Bailleul, fon rival , eut l’honneur de décider la
victoire, que la reine avoit préparée par les dif*
pofitions les plus fages.
Cependant, au milieu des défaftres de la France
& pendant la captivité même du roi Jean, David
de Brus fut mis en liberté ; les efforts conftans.
& heureux des Ecoffois en fa faveur, forcèrent le
monarque anglois de le reconnoître pour roid’Ecoffè
& pour roi indépendant, c’eft- à-dire d’abandonner
fon prétendu droit de fuzerainetè fur l’Ecoffe.
Sous le règne de Charles V , les querelles parti-
ticulières q u i, fous les règnes précédens étoient
venues s’unir à la grande querelle de la France
'& de l'Angleterre ,-furent ou éteintes par la fa-
geffe de ce grand roi, ou emportées par lê* cours
naturel des évènemens. Edouard de Bailleul, payé
autrefois par le roi d’Angleterre à quarante fols
fterlings par jour pour être roi d’Ecoffe, s’étoit
débarraffé de ce rôle périlleux', il avoit cédé fes
droits au roi d’Angleterre.lui - même ; David de
Brus, véritable roi d’Ecoffe, n’en laiffa pas moins
en mourant cette couronne, à Robert Stuart, fils
de fa foeur aînée, chef de cette illuftre & déplorable
race dont le temps n’a point vu finir les
malheurs, mais qui feule eut l’honneur de réunir
les trois royaumes Britanniques-
On croit que la famille des Bailleul, préfidens
à mortier au parlement de Paris, & dont étoit
Nicolas de Bailleul, fur - intendant dès finances ,
pendant la minorité de Louis XIV , eft la même
que celle des Bailleul, rois d’Ecoffe , qui etoient
connus pour être d’une famille originairement
françoife & normande.
BAILLI, f. m. ( Hiftoire mod. ) on entend en
général par ce mot, un officier chargé de rendre
la juftice dans un certain diélrid appellé bailliage.
Ce mot eft formé de baile, vieux terme qui fi-
gnifie gouverneur, du latin bajulus, qui a la même
lignification.
Pafquier affure que les baillis étoient originaire-
ment une forte de fubdélégués, que l’on envoyoit
dans les provinces pour examiner fi les comtes,
qui étoient alors les juges ordinaires, rendoient
exaâement la juftice, Loifeau rapporte plus vrai-
femblablement l’origine des baillis, à l’ufurpation
& à la négligence des grands, feigneurs, qui s’étant
emparés de l’adminiftration de la juftice , &
étant trop foibles pour ce fardeau , s’en déchargèrent
fur des députés qu’on appella baillis. Ces baillis
eurent d’abord l’infpeétion des armes & l’admit
niftration de la juftice & des finances : mais comme
ils abusèrent de leur pouvoir , ils en furent infen-
fiblement dépouillés, & la plus grande partie de
leur autorité fut transférée à leurs lieutenans, qui
étoient gens de robe : eh France les baillis ont
encore une ombre de leurs anciennes prérogatives,
& font confidérés comme les chefs de leurs dif-
triâs. : c’eft en leur nom que la juftice s’adminiftre ;
c’eft devant eux que fe paffent les contrats & les
autres aétes, & ce font eux qui ont le commandement
des milices.
C ’eft de-là que les baillis d’Angleterre ont pris
leur nom & leur office : comme il y a en France
huit parlemens qui font des cours fuprèmes, des
arrêts defqitels il n’y a point d’appel;.& que dans
le reffort de plufieurs parlemens ou de différentes
provinces, la juftice eft rendue par des baillis ou
du moins par leurs lieutenans de même il y a en
■ Angleterre différens comtés , dans lefquels la juftice
.eft adminiftrée par un vicomte ou shérif, qui
paroît vraifemblablement ayoir été appellé bailli ,
& fon diftriél bailliage.
Le bailli, dans l’ôrigine, étoit donc un feigneur,
qui avoit dans l’étendue de fon bailliage, l’adminiftration
de la juftiêe, le commandement des armes
& le maniement des finances. De ces trois
prérogatives, il ne leur refte plus que le commandement
du ban & de l’arrière-ban. Quant à l’ad-
miniftration de la juftice, ce ne font plus que des
juges tutélaires. Les fentences & les commiffions
s’expédient bien en leur nom : mais ce font leurs
lieutenans de robe qui rendent la juftice. Les baillis
des fièges particuliers reffortiffans au bailliage général
; ne font proprement que les lieutenans de
ceux-là.
Gn diftingue de ces baillis royaux , les baillis
feigneuriaux par la dénomination de hauts-jufticiers.
Quelques-uns de ceux-ci reffortiffent aux bailliages
. royaux , lefquels reffortiffent au parlement ; mais il
y a des baillis hauts-jufticiers qui reffortifiênt nuè-
ment au parlement, tels font les baillis des duchés-
pairies. (//.)
BAIRAM, f. m. {Hifl. mod.') nom donné à la
|; grande fête annuelle des Mahométans. Quelques
auteurs écrivent ce mot plus conformément à l’or-
tographe orientale beiram; c’eft originairement 1111
mot turc , qui fignifie à la lettre un jour de fête,
ou une fùlemnité. C ’eft la pâque des Turcs.
Les Mahométans ont deux bairams, le grand & ,
le petit, que Scaliger, Erpenius, Ricaut, H yd e,
Chardin, Bocovius, & d’autres écrivains européens,
prennent ordinairement l’un pour l’autre , donnant
à ce que les Turcs appellent le petit bairam , le nom
de grand ; & au contraire. Le petit bairam dure
trois jours , pendant lefquels tout travail ceffe , &
l’on s’envoie des préfens l’un à l’autre avec beaucoup
de marques de joie. Si le lendemain du ra-
madhan fe trouve fi nébuleux & f i couvert, qu’on
ne puiffe pas voir la nouvelle lune, on remet le
b'aifam au lendemain : il commence ce jour-là ,
'quand même la lune feroit encore cachée, & il eft
annoncé par des décharges de canon au ferrail, &
au fon des tambours & des trompettes dans les
places publiques. En célébrant cette fête, les Turcs.
font dans leurs mofquées quantité de cérémonies ,.
ou plutôt de fimagrées bifarres, & finiffent par
une prière folemnelle contre les infidèles, dans
'laquelle ils demandent que les princes chrétiens
foient extirpés, qu’ils s’arment les uns contre les
autres, & qu’ils donnent ainfi occafion à la loi
mahométane de s’étendre. On fe pardonne mutuellement
les injures^& l’on s’embraffe en difant :
Dieu te donne la b$pne pâque.
Autant la rigueur du ramadhan a été extrême
autant la débauche & l’intempérance régnent pendant
les jours du bairam : ce ne font que feftins
& réjouiffances , tant dans le ferrail où le fultan
admet les grands de l’empire à lui baifer la main,
& marche avec eux en pompe jufqu’à la grande
mofquée, que dans la v ille , où tous les ju r e s ,
jufqu’aux plus pauvres, tuent des mouton i , auxquels
ils donnent le nom à^agneau pajcal, n^n fur