le fecend ambafiadeur, un jeune homme d'une
taille avantageufe, d’une figure noble & touchante ,
ornée d’une belle chevelure blonde. Lorfque lê
chef de l’ambaflade en eut expofé l’objet, le fécond
ambafiadeur prit la parole ; & dit : Le roi Autharis,
mon maître , impatient de connoîire la princejfe qui
lui ejl defiinée veut, avant tout, la voir par mes
yeux ; il ma chargé de lui mander, fans déguifanent,
f i fa beauté répond à ce que la renommée en publié.
Garibald fait venir fa fille ; à fa vue , le jeune
ambafiadeur s’écrie : Oui, elle efl digne de régner
fur nous. Permette{ que dès ce moment nouslarecon-
noijjions pour notre reine, & que nous recevions la
coupe de fa main , pour gage de fon union avec notre
maître. Garibald y confentit. La princefle préfenta
d’abord la coupe au chef de l’ambaflade , puis au
jeune ambafiadeur, qui en la lui rendant, lui prit
la main & baifa auflitôt la fienne, parce qu’elle
avoit touché celle de la princefle. Tout cela fe fit
avec tant d’adrëfle & de promptitude, que per-
fonne ne s’en apperçut. La princefle rougit & fe
tut en public , par confufion ou par timidité ,
mais en particulier elle fit confidence à fa nourrice
de ce qui s’étoit pafle. Nul autre que le roi
votre epoux, répondit là nourrice, neût ofé prendre
une telle liberté ; aujjî, tout dans cet ambajfadeur
annonce un grand roi & un prince aimable, tel qu’on
nous a peint Autharis j cependant ne révéle\ point
ce fecret, de peur d’irriter votre père f i ma conjecture
étoit faujfe. Elle ne l’étoit point, la nourrice
avoit bien deviné. Le faux ambafiadeur retournant
en Italie, accompagné de Bavarois qui le
reconduifoient par honneur jufqu’à la frontière ,
fe drefle tout-à-coup fur fes étriers, lance de toute
fa force, contre un arbre qui fe trouvoit fur la
route,-une hache qu’iltenoit à la main ; la hache
refte enfoncée dans l’arbre; ceft avec cette fureté, 4
dit-il, qu’Autharis lance tous fes traits. Les Bavarois
, alors, le reconnurent pour Autharis. On fe
fépara fur la frontière ; il rentra dans fes états ,
■ laiflant les Bavarois charmés de fa galanterie, de
fon adreflè & de fon agilité, qualités qui diftinguoient
alors un héros. Theudelinde arriva peu de temps
après en Italie, avec Gundoald , fon frère. Autharis
vint à fa rencontre, & elle reconnut avec
plaifir dans un époux , qui la combloit d’égards
& d’honneurs , ce même ambafiadeur qui lui avoit
un peu manqué de refpeâ en Bavière. Autharis
ne vécut pas long-temps depuis fon mariage ; fon
règne glorieux & fortuné ne fut que de fix ans.
Paul Diacre dit qu’on difoit qu’il avoit été emg .
poifonné; il n’accufe ni fa femme , ni fon fuccef-
feur : qui donc poùvoit avoir intérêt de faire périr
un tel prince ? Ce foupçon vague, qui ne tombe*
fur perionne, prouve feulement le regret qu’â-
voient les Lombards de fe Voir enlever à la fleur
de l’âge , ce jeune prince chéri, digne de l’être ,
à la gloire duquel il paroît n’avôir manqué qu’un
plus varie empire & un plus long règne. Il mourut
le 5 feptemb're 591.
Al/TON ( d’ ) ou d’A uthon , (Jean) ( Hïjl. litt*
mod.) foible hiftorien d’un bon roi (Louis A IL) Il eft
mort en 1523.800 hifloire que Théodore Godefroi a
publiée, s’étend depifis l’an 1490, jufqu’en 1508 , &
contient une grande partie du règne de Charles
AUTREAU, ( J a c q u e s ) ( Hiß. % mod.)
peintre & poète , connu par des ouvrages joués
fur les trois théâtres de Paris & plus encore par
fa pauvreté , mourut en 1745 , aux incurables, à
Paris; il étoit trifte & il a fait des comédies qu’on
a trouvées plaçantes ; il a commencé à les faire à
près de 60 ans ; il a travaillé pour le théâtre fran-
oois , dans les deux genres , tragique & comique.
Sa comédie du Port -à - VAnglais , eft la première
pièce dans laquelle les comédiens Italiens aient eu
la pérmifîion de parler françois, Rameau mit en
mufique fon opéra de Platée. Ses oeuvres ont été
recueillies en 1749, en quatre volumes in-12.
AUTRICHE, {Hiß. d’Allemagne.') nom de deux .
grandes & illuftres maifons, qui ont pofiedé le
pays de ce nom. La première maifon d'Autriche
defcendoit de Léopold , furnômmé l’illuftre, fils
d’Albert & petit fils de Henri , des comtes de
Bebépergen, for ris des anciens ducs de Souabè.
Léopold en 928 , fut invefti de Y Autriche par l’empereur
Henri I , dit l’ Oifcleur, fon beau-père. L’empereur
Othon I , fils de Henri, érigea pour le
même Léopold, Y Autriche eh marquilat. L’Empereur
Frédéric Barberouflè l’érigea en duché pour
Henri I I , par des lettres-patentes du 17 feptembre
1156. D e cette première maifon étoit ce Léopold
d'Autriche, qui pour fe venger d’un affront qu’il
avoit reçu au fiège d’A cre, de Richard I r o i d’Angleterre,
le fit arrêter à fon paflage en Allemagne ,
& après avoir aflouvi fur lui fa lâche vengeance
par toute forte de mauvais traitèmens, le vendit
lié &garoté à la vengeance de l’empereur Henri Y I ,
qui étoit aufli l’ennemi perfonnel de Richard, &
qui paya au duc d’Autriche foixante gnille marcs
d’argent, pour avoir Richard en fa puiflance. La
première maifon d’Autriche s’éteignit vers le milieu
du treizième fiècle. Ottocare, roi de Bohême,
en réclama la fucCeflion, & fe rendit maître de
l’Autriche en 1253 ; mais Rodolphe deHasbourg,
élevé à l’empire en 1273 , tua Ottocare dans une
bataille en 1278 , & mit Y Autriche dans fa maifon.
Ce Rodolphe de Hasbourg eft la tige de la
fécondé maifon d Autriche, qui a donné tant d’empereurs
à l’Allemagne, tant de rois à l’Efpagne,
à Naples , à la Sicile, à la Hongrie, à la Bohême.
On compte jufqu’à vingt opinions differentes
touchant l’origine de la maifon d’Hasbourg ; on
auroit peine à compter les volumes que cette dif-
cuflion a produits. François Guillimann & Jean
George Eccard chez les Allemands, le P. Vignier de
l’Oratoire en France, étoient ceux qui àvoient écrit
le plus raifonnablemcnt & le plus fayammënt fur
eettfe matière, avant que le P. Hertgott publiât
fa favante généalogie diplomatique de la maifon
d’Hasbourg, dont M. de Foncemagne a donné trois
extraits dans le journal des favans , mois de
mars , avril & juin 1740.
Le P. Hergott fait remonter de charte en charte & de
titre en titre, la généalogie de la maifon d’Hasbourg
jufqu’à Gontran le riche, qu’on voit fouvent rap-
pelfé dans les chartes depuis 952, jufqu’en 973,
& qu’un diplôme de l’an 959 qualifie comte
abfolument, fans marquer fon diftricht. Le fur-
nom de Riche lui fut donné à caufe des grands
domaines qu’il pofledoit dans le Turgow, dans le
Brifga-w & dans l’Alface.
De Gontran le Riche, le P. Hergott remonte
encore par des inductions tirées de plufieurs paf-
fages de differentes chartes rapprochées, comparées,
combinées , expliquées les unes par les autres
, jufqu’à Ethic ou Adelric, duc d’Allemagne,
qui viVoit vers le milieu du feptième ftècle.
Eccard va plus loin, il remonte ju.qu’au bifayeul
d’Ethic, qu’il nomme Leuthaire, aufli duc d’Allemagne
, & qui mourut en 5544 de forte que fa
naiffance peut fe rapporter au temps de Clovis.
D ’autres auteurs ont remonté plus haut ; mais,
dit le P. Hergott.: Aufiriaci, quia funt candi di
principes, feduci nolunt.
Eccard & le P. Hergott reconnoiflènt également
Gontran le Riche pour, la tige de la maifon
d’Hasbourg; mais ils varient fur la filiation de ce
Gontran même,qui, félon Eccard, eft né d’Hugues,
comte de Ferrette, & félon le P. Hergott, de
Hunfroy; ils rapportent tous deux l’origine de leur
Gontran au même Ethic, duc d’Allemagne ou
d’A lface; mais ils remontent par des dégrés-tout
différens jufqu’à ce .terme, qui leur eft commun,
l’un par Hugues & les Eberhards , l’autre .par
Hunfroy & les Luitfrids.
Ils s’accordent de même tous deux à donner
une origine commune -aux maifons d’Hasbourg
& de Lorraine; mais ils ne conviennent pas fur
le dégré où l’on doit placer la féparation des deux
branches. Le P. Hergott les fépare dès le premier
dégré des fils d’Ethic, duc d’Allemagne. D’Ethic-y
félon lui, naquirent Adalbert, fils aîné, de qui
eft iflùe la maifon d’Hasbourg, & Ethic I I , fils
puîné, de qui eft iflùe la maifon de Lorraine.
Eccard au contraire, & avant lui le P. Vighier,
continuent la ligne des ayeux communs jufqu’à
Hugues comte de Ferrette, de qui font nés, félon
eux, Eberhard , comte d’Alface, fils aîné, tige de
la maifon de Lorraine ; Hugues /fils puîné , comte
d’Engisheim, ayeul du pape faint-Léon; Gontran
le Riche, troifièine fils, tige de la maifon d’Has-
feourg.
Albert III, bifayeul de Rodolphe de Hasbourg,
eft le premier à qui les chartes donnent le titre
de latjdgrave dAlface. Çe titre fut héréditaire dans
fa maifon, ainfi que la pofleflion-des domaines
qu’il défigne. Rodolphe, par un partage de l’an
1239, entre fon père & fon oncle, eft défigné
feul landgrave héréditaire d’Alface; il prenoit, dès
l’année 1253 , la qualité de comte & de landgrave
par la grâce de Dieu ; il pofledoit de grands domaines,
& jouiflbit de toutes les diftin&ions qui
caraélérifent ceux qu’on appelloit alors, comités majores
, lorfqu’il fut élevé à l’empire en 1273. Cependant
un préjugé vulgaire, adopté même * par
le favant Blondel , loin d’accorder aux comtes
de Hasbourg des commencemens fi brillans, a per-
fuadé que Rodolphe, avant d’être élu roi des Romains,
avoit tenu un rang peu confidérable entre
les comtes. C ’eft une erreur fondée à la vérité fur
un paflage d’un-écrivain contemporain, Barthelemi
de Luca, Bartholomezus Lucenfis : Il dit, à l’année,
1273 ,. cornes Rodulphus de Hasbourg in imperato*
retn eligitur, qui quidem fuit parvi dominii & comi-
tatûs ; & ailleurs : hic quamvis fuerit parvus cornes ;
Le P. Hergott réfute avec avantage cet Italien mal
inftruit de l’hiftoire d’Allemagne, qui après avoir
traité’Rodolphe de parvus cornes, fuppofe au même
endroit, par une contradition manifefte, que fon
comté s’étendoit depuis Bâle jufqu’à la Savoie ;
enfin, qui eft démenti par les textes formels des
diplômes & des chartes.
Les princes qui ont le plus illuftré la maifon
d'Autriche, fe trouveront chacun à leur article.
AUVERGNE. ( Hijl. Mod. ) Sur ce qui concerne
cette province , nous nous bornons à l’hiftoire
moderne.
U Auvergne a eu long-temps fes comtes particuliers.
Au commencement du treizième fiècle,
Guy II , comte d’Auvergne , de concert avec
les Anglois , ravageoit les terres de l’Eglife ,
& avoit emprifonné l’évêque de Clermont, fon
frère, qui l’avoit excommunié. Philippe Augufte,
qui n’avoit pas toujours été l’ami du clergé, prit
fa défenfe en cette occafion, parce que cette conduite
pouvoit être utile ; elle le fut il dépouilla
Guy de fon comté, qu’il réunit à la couronne en
1210. Guillaume VIII, fils de G u y , trouva grâce
devant Saint Louis, qui lui rendit le comté d’Auvergne
, à l?exception de quelques terres qu’il fe
réferva. .
Une fille de cette maifon porta le comté d Au*
vergue dans la maifon de la Tour, vers la fin du
quatorzième fiècle. Il y refta jufqu’au commencement
du feizième, que Magdeleine de la Tou r ,
héritière d’Auvergne, époufa le 26 janvier 1418,
Laurent de Médicis, neveu du pape Léon X. De
ce mariage naquit Catherine de Médicis, femme
' de Henri I I , roi de France.
Henri III fit don. de ce comté, en 1589 , à
Charles de Valois, fils naturel du roi Charles IX.
■ La reine Marguerite, foeur .de Henri III &
femme de Henri IV , attaqua en 1606 cette donation
, qui fut en effet çaffée par arrêt du parle-
. ment ; le comté d Auvergne en confiéqucnce fut
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