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pendant oiv traita, la paix fe f it , oh n’y comprit
point le connétable.
La Trémoille fe contenta de Cette petite vi&oire,
-que le connétable lui céda fans peine. Ce général,
pour le bien de la paix, S’éloigna de la cour , &
la Trémoille crut l’en avoir chaffé. Il ne fongea
plus qu’à lui ôter toute efpérance de retour, en
■ raffemblant autour du roi tous les ennemis. du
•connétable. Richemont dédaignant toutes ces intrigues
, plaignant un roi qui couroit à fa perte ,
.& qu’il ne pouvoir ni fervir, ni haïr, alla dans
la ville dé Parthenay en Poitou, attendre les éve-
•nemens. Les affronts qu’on affe&oit de lui prodiguer
, ne purent le rendre rebelle , fon .coeur étoit
François. Si fes procédés avoient quelquefois été
violens, Tes intentions avoient toujours été pures-;
s’il vouloit gouverner le roi, c’étoit pour 1 arracher
à la molleffe J k le'rendre à la gloire. Les
Tuccès des Anglois le pénétroient de douleur. A
■ chaque nouvelle dune ville prife , d’un avantage
remporté par ces ennemis de la France , honteux
•de fon inaâion, il fortoit de fa retraite , & ne fe
laffoït point d’offrir au roi des ferviees qu’on ne
Te laffoit point de refufer. " ' x
'Quand les Anglois entreprirent le fiege dOrléans,
le connétable infiffa pour faire agreer les
Ter vices,-il fut obffinément refufé.
Le bruit des fucçès de la Pucelle d’Orléans vint
tourmenter le connétable dans fa retraite , il s’in-
,(li«noit d’être étranger à tout, ilbrûloitde s’affo-
«cier àTa gloire de cette illuftre fille , & de contribuer
à l’expulfion des Anglois. Après avoir
-dévoré encore quelques refus, il rêfolut de fe
perdre, ou de forcer le roi à fouffrir du moins fes
Tccours ; il fe rend à l’armée avec des troiipes
j-affemblées en Bretagne & ailleurs. Au premier
bruit de fa marche, le roi lui fait defenfe de paf-
Ter outre , il pourfüit fa route ; le roi défend à fon
iarnaée de le recevoir , il arrive à l’armée ; celle-
c i fut incertaine du parti qu’elle avoit à prendre;
• devoit-elle , malgré les ordres du roi, recevoir
le connétable comme ami? Devoit-elle le combattre
comme ennemi, & renouveller la guerre cîr
■ vile entre les partifans de Charles VII ? On dit
*iue la Pucelle, mettant les' ordres du roi au-def-
■ feis des intérêts de l’état, fut de ce dernier avis^
L e connétable du moins le crut ainfi. « Jeanne,
v lui dit-il, on m’* dit que vous voulez me combattre..
-jj Je ne fais pas qui vous êtes, ni de par qui vous
» êtes envoyée; f i ce f l de par Dieu ou de parleDia-
4, ble; (i vous êtes de par Dieu, je ne vous crains
point, car Dieu connaît mon intention comme la
votre; f i vous êtes de par le Diable, je vous crains
n encore moins ». Jeanne l’affura de fon dévouement.,
tant qif.il feroit fidèle au roi.
La Hire .& les autres feigneurs bien intention-
nés qui croient dans l’armée, firent au roi de fi
. fortes' repréfentations , . que maigre lopp’ofition
confiante de la Trémoille , il confentir enfin àlaiffer |
le .cpiinétabfe, fe zm m m M de ne le pojnt \
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voir. Richement eut beaucoup de part à la victoire
de Patay , où Faftol s’enfuit, & ou. Talbot
fut fait prifonnier. La Pucelle & les chefs de 1 armée
allèrent* rendre compté au roi de ce fucces.
Parmi ces chefs on ne vit point le connétable, &
c’étoit le cas%de ce Prafulgebant, &c. de Tacite,
dont on a fait' tant d’applications ; il craignit de
montrer un vifage odieux, & de paroître triompher
de la Trémoille & peut- être ,du ro i, plus
que de Fafiol & de Talbot. Le roi parut fentir
bien mal cette dêlicateffe ., un ordre dp quitter
l’armée- en fut tout le prix. Cet ordre révolta &
l’armée & la cour contre le favori, & même contre
le roi ; on déteftoit I’infolence de l’un , on de-
ploroit la foibleffe de l’autre. Si le connétable eut
permis alors à fa vertu d’abufer, contre un maître
ingrat &. contre un minïftre imprudent, des dif-
pofitions générales que cette injuftice avoit. fait
naître, les fuccès de la Pucelle pou voient encore
.refier fans effet , & les Anglois reprendre leur
afcendant. Le roi expofoit l’état & fa propre couronne
pour un favori.
La Pucelle enfin fe jetta aux pieds du r o i, poitr
le prier de rendre fes bonnes grâces au connétable.
La Trémoille frémit de cette démarché ; il
feignit de fe réconcilier avec Richemont ; ce fut
pour le mieux trahir. Le roi ne haïfloit perfonne,
il ne faifoit que fe prêter aux fentimens qu’on lui
infpiroit ; il fit dire à Richemont qu’il lui pardon.-
ncit: mais les intrigues de la Trémoille firent ent- _
poifonner cette grâce par une nouvelle; infulte.
Le roi défendit au connétable de le fuivre -à
Reims, ayant', difoit-il, befoin ;de lu i, pour couvrir
l’Orléanois & le Maine contre les Anglois ;
du moins le prétexte avoit quelque chofe d’ho-
nête', mais ’l’événement fit voir que ce n’etoit en
effet qu’un prétexte ; Richemont continua d être
traité en ennemi du roi; toutes les villes du parti
royal lui fermèrent leurs portes comme auparavant
, & toujours en. vertu des ordres de la cour.
Richemont retourna dans fa retraite de Parthe-
nayi L’hiftorien de Bretagne dit que la Trémoille
tenta de l’y faire affafliner : le fait n’eff pas avéré ;
quoiqu’il en foit, Richemont pouffé à bout, for-
fit de Parthenay pour faire la guerre, non plus
aux Anglois , mais à la Trémoille ; il lui prit quelques
places, qui furent reprifesou rendues, comme
il arrive dans toute guerre : on ménagea entre-
eux une nouvelle réconciliation, aufli faillie que
la première, mais qui fît ceffer les hoffilités ouvertes
, non les haines ni les intrigues. On ne
conçoit pas bien comment Richemont, dont Famé
étoit noble, les intentions droites, & qui montrait
tant d’ardeur contre les ennemis de l’état,
n’avoit pas mieux aimé fe faire chef de bandes
contre les Anglois, pour fe venger du roi en le
fervant malgré lu i, que d’augmenter les troubles
du royaume en faifant la guerre au favori du roi,
ce qui reffembloit trop à faire la guerre au roi lui
même, . xO
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Ôn ne put pas l’empêcher au moins de rendre
l ’important fervice de détacher le duc de Bourgogne
des intérêts de l’Angleterre, & de l’amener
-à la paix d’Arras, ( 1435O
O n ne put pas l’empêcher non plus de vaincre
les Anglois à Fourmigny en 14 50 , & d’achever
par cette' viâo ire la rédu&ion de la Normandie.
D e nouveaux motifs étoient venus envenimer la
haine de Richemont & de la Trémoille. C e lu i - c i
recherchait pour fon fils , Françoife, fille de Louis
d’Amb oife, feigneur de Thouars. Richémont la
•demandoit pour fon neveu , Pierre de Bretagne ,
& Louis d’Amboife' inclinoit de ce côté. Deux
amis du connétable & dé Louis d’Amboife ( André
de Beaumont, feigneur de L e z a y , & Antoine de
V iv o n n e ,) étoient fufpeâs à la Trémoille comme
détournant Louis d’Amboife de fon alliance. La
Trémoille^propofa au connétable une entrevue
pour terminer leurs différens, & prendre des âr-
rangemens fur ce nouvel objet de rivalité ; Ri-
chem oh t - craignit que lqu epiège, & refufa l’entrevue.
La Trémoille en propofa une autre à d’Am boife,
Le za y & V iv o n n e , qui l’acceptèrent ; ils
Tuf ent arrêtés & décapités fans forme de procès ;
la Trémoille ne fit grâce de la v ie qu’à celui dont
I l demandoit la fille pour fon fils. L ’arrêt de. Louis
d’Amboife portoit que le ro i, pour certaines caufes,
lui remettoit 1^ peine de mort. Ces certaines caufes
n’eurent point lieu. Marguerite de R ie u x , femme
de Louis d’Am b o ife , alla remettre fa fille au connétable;
Françoife époufaPierre de Bretagne, &
la guerre fe ralluma plus que jamais entre le connétable
& le favori. Charles V I I ouvrit enfin les
y e u x fur tant d’iniquités & dé violences, que le
favori ofoit commettre foiis fon nom. Il cefla de
Faimer, mais il n’ofoit le facrifier, on l’aida-; il fe
fit une conjuration de prefque toute la co u r , le
connétable à là tête , contre la Trémoille. La cour
étant à._ChinOn, les- conjurés introduits dans le
château par Gaücourt, qui en étoit gouverneur,
& parFrétal, fon lieutenant, enfoncent les portes
de l’appartement dé la Trémoille: celui - ci ayant
voulu fe mettre en défenfe , reçut un coup de
dague dans le ventre ; mais on n’en vouloit point
à fa v i e , on le chargea de fers, & on Fenvoya
dans le château de M ontré fôr, d’où il ne fortit
qu’én payant une forte rançon. Les conjurés allèrent
eux-mêmes rendre compte au roi de ce qu’ils
avoient fait; le roi fut quelque temps incertain de
ce qu’il devoit faire, puis il approuva tout. Le
frère de la rein e, Marie d’Anjou , le comte du
Maine., qui avoit appuyé la conjuration, p r it ,
dans la faveur du ro i, la place de la T rém o ille ,-
& le fit oublier. Le connétable fut rappelle auprès
du r o i , qui s’étonna de ne le point haïr.
Lbrfque dans la fuite la conjuration du dauphin
Louis. , contre Charles VII fon père, cette conjuration
connue fous le nom de la Pragtierie, vint à
éclater, Richemont s’emprefia d’aller joindre le
• roi à Amboife : Je ne crains plus rien, dit le -roi en
Hifioire. Tom, I. Deuxième Part,
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feinbraflant, puifqüe_f ai, mon connétable. Richemont
le fervit avec d’autant plus de zèle dans cette oc- ,
cafion, que la Trémoille, fon ennemi , pour fe
venger de fa difgraçe , étoit entré dans le complot
de la Praguerie.
Richemont, après la mort du duc de Bretagne ,
fon frère, & des trois fils, de ce frère, fut duc de
Bretagne , & n’en conferva pas moins l’épée de
connétable. « Elle a honoré rna jeune fie, dit-il, je
v veux que ma vieilleffc Vhonore ». Il fit toujours
porter deux épées devant lu i , l’une comme duc
de Bretagne , l’autre comme connétable de France.
Ii gouverna.bien fes fùjets, il eff connu fous le
nom d'Artus le Jufiicier, il eff le troifième du nom
dé Artus parmi les ducs de Bretagne 3. il ne régna
que quinze.mois , & mourut'regretté, en 1458 ,
dans-fa foixante-fixième année. Charles VII avoit
eu à fe louer & à fe plaindre de lui. Général habile,
politique utile, homme vertueux, il mèfii-
roit pourtant les fervices qu’il daignoit rendre à
fon roi fur les facrifices qu’il en obtenoit ou qu’il
en arrachoit, ne voulant point fouffrir de rivaux
dans la faveur. Il contribua, par fes confeils , à
la création d’une milice permanente ; inftitution
dont l’objet étoit bon dans l’origine & dont lès
fuites ont été bien fùneftes à la fortune & . à la liberté
des citoyens dans tous lès états.
40, A rtus, eff encore le nom d’iin auteur François
, qui a continué jufqu’en 1612, l’hifioire des
Turcs_de Chaicondyle, laquelle finit à l’an .1463.'
ARVIEUX , ( L a u r e n t d ’ ) (Hifi. littfmod. )
Le chevalier d'Aï-vieux avoit beaucoup vécu dans
le levant & em avoit étudié l’hiftoire tant ancienne
gué moderne, il fut envoyé à Tunis., pour des
négociations, en 1668 ; il fut depuis conful d’Alger,
puis d’Alep, en 1679 : on a fes mémoires en fix
v o l. in - ia,publiés à Paris en 1735 par le père
Labat ; ils contiennent la relation de fes voyages-
■ à Confîantinople , dans l’A f ie , &c. Le voyage
d'Arabie par la Roque, imprimé à Paris en 1717,
in~\i, a été fait fur un de Tes manufcrits. Né à
Marfeille en 1635 , le chevalier d'Arvieux mourut,
en 1702,.^ •-
A S A , {Hifi. des Juifs, j fils & fucceffeur d’Abia
roi de Juda, commença à régner Fan du monde
3049 , fe déclara d’abord contre le culte des idoles
qui s’étoit introduit à Jérufalem & dans le reffe
de fes états ; vainquit Zara , roi des Ethiopiens, qui
lui fit la guerre ; s’allia enfuite avec Bénadad, roi
de Syrie, alliance dont le prophète Hanani lui fit
des reprochés, qui déplurent tellement au roi", qu’il
le fit mettre en prifon. Il mourut de la goûte,
après un règne de quarante-un ans, dont la fin
fut ternie par les violences qu’il exerça contre plu-
fieurs- perfonnes de Juda qu’il fit mourir, fans qu’elles
euffent commis des crimes dignes d’un fi cruel
traitement. {A . R.j
ASAPPES, f. m. pl. {Hifi. mod. ) ce font des
troupes auxiliaires que les Turcs lèvent fur les
Kkk