
fe rendît ; l’entrée triomphante qu’il fit à Londres 1
avec les richeffes, fruit üe fes exploits & de fa .
bonne conduite, partagées à l’inftant avec fes officiers
, fes foldats & fes matelots, fans que le roi
y eût aucune part ; telles font les époques les plus
remarquables de la vie de l’amiral Anfon; tels font
fes titres de gloire les plus connus : il en a d’autres
qui mériteroient peut-être de l’être da van tage; c’eft
qu’il s’attachoit par-tout à réparer les maux que fait
la guerre, & que ces mêmes pays qu’on l’envoyoit
ravager, & d’où il tranfportoit dans fa patrie un
butin immenfe, par tout où il trouvoit un climat
doux & un fol fertile, il les couvroit.de légumes
& de fruits dont il avoit apporté les femences &
les noyaux ; de forte qu’il devenoit le bienfaiteur
même de fes ennemis.
Le 16 mai 1747, il s’illuftra encore par la victoire
navale du cap de Finifterre, remportée fur les
François, & qui lui coûta plus que celles qu’il avoit
autrefois remportées en Amérique & aux Indes
orientales, fur les Efpagnols. A Finifterre, il avoit
une fupériorité confidèrable ; il attaquoit fix vaif-
feaux de guerre avec quatorze ; mais c’étoit le brave
de la Jonquière qu’il attaquoit , ce fut la Jonquière
qu'il vainquit, & cet avantage-ajouta beaucoup à
fa renommée; la Jonquière s’honora encore plus
dans fa défaite par fa belle réfiftance : il ne fe rendit
qu’à . la dernière extrémité. u Je fi ai jamais vu, ,
■ n écrivoit un capitaine de vaiffeau anglois, une
» meilleure conduite que celle du commodore français ,*
» & pour dire la vérité, tous les officiers français ont
v montré un grand courage; aucun d'eux ne s'efl rendu
» que quand il leur a été abfolument impofflblé de mari
noeuvrer. » M. de la Jonquière, en fe rendant,
dit à Anfon : Vous ave{ vaincu l'invincible, & la
Gloire vous fuit : c’étoient les noms des deux vaiG
féaux de fön efcadre qu’il lui remettoit. Nous.retrouvâmes
l’amiral Anfon dans la guerre de 175$. En
175 B il couvrit la defcente des Anglois à Saint-
Malo ; & après la bataille de Saint-Caft, il recueillit
& ramena en Angleterre les foldats échappés au
fer des François vainqueurs. Il mourut à Londres
en 1762i.il étoit né à StafFördshire. 1
ANTÉCE5SEURS, f. m. pliir. (Hiß. mod.) nom
dont on honoroit ceux qui précédoient les autres en
quelque fcience, du mot latin antecedere. Juffinien
l’appliqua particulièrement aux jurifconfultes chargés
d’enfeigner le droit ; & dans les univerfités de
France , les profeffeurs en droit prennent le titre
d'antece(fores en latin, dans les thèfes & dans les
affiches. ( G j
ANTÉSIGNAN, (Petrus Antesignanus )
(Hiß. mod J) connu par fa Grammaire grecque,
avant 'qu’il y en eût de bonnes ; il étoit de Rabaf-
teins, dans le diocèfe d’A lb y , & vivoit dans le
feizième fiècle. •
ANTIîELMI ou ANTELMI, (Hiß. litt, mod.)
(Joseph d’ ) chanoine de Fréjus, qui travailla
toute fa vie à une hiftoire de fon pays, laquelle
• p’a point paru ; mais qui ^ çn attendant, & en
s’y préparant, a donné beaucoup de diffiertâtions
favantes, foit fur l’Hiltoire ecclêfiaftique de Fréjus,
foit fur l’Hifloire ecclêfiaftique en général. Il a eu,,
plufieurs difputes avec le P. Quefnel, mais elles
ne routaient que fur des points de critique eccléfiaftique.
Charles-Léonce d’Anthelmi, évêque de-
Grime, fon frère, étoit "auffi fort inftruit dans le
même genre. Jofeph à'Anthelmi mourut en 1697,
âgé de quarante-neuf ans.
ANTHEMIUS, (Hijl. de l'empire (focal.) empereur
romain, triompha par fes vertus de tous les
obftacles qu’une naiftance obfcùre oppofoit à fon
élévation. Après que Sévère eût été empoifonné
par Rieimer, il y eut un interrègne de deux ans
dans l’empire d’occident. Rieimer fut pendant cet
intervale revêtu de tout le pouvoir, fans ofer prendre
le titre dkmpereur. L’horreur de fon crime
Tavoït rendu odieux, & l’avoit écarté du but où
il voûtait arriver. Il preflentit qu’il ferait un jour
. forcé d’abdiquer un pouvoir ufurpé ; il aima mieux
| Ce faire un mérite d’une abdication volontaire, que
de s’expofer à une dégradation ignominieufe; mais
il voulut que le maître qu’il alloit fe donner, lui
fût redevable de fon élévation. Anthemius, qui
n’avoit d’autre titre que fes vertus pour parvenir
à' l’empire, fut celui fur lequel il je ta les yeux. Il
étoit déjà élevé à la dignité de patricien ; iln ’avoit
que des parens obfcurs ; & comme il étoit fans
intrigues, Rieimer efpérant de commander fous fon
nom, convint avec Léon, empereur de Conftan-
tinople, de le revêtir de la pourpre. Ce fut atnft
qu'Anthemius, fans ambition, fut proclamé empe-r
reur d’occident. On ne pouvoit élever au trône
perfonne qui fût plus capable de faire for tir l’état de
la confufion où il étoit plongé. Les loix étoientfans
force, les provinces étoient gouvernées par des
tyrans q u i, fous le nom des empereurs, épui-
foient les peuples par leurs exactions & les révol-
toient par leur orgueil. Anthemius, confominé dans
les affaires , eût gouverné avec gloire dans des
circonftances moins orageufes, mais il étoit né dans
un fiècle où il falloit plus de roideur dans le caractère
que de droiture dans le cçeur. Sidonhas, qui
nous a tranfmis l’éloge de fes vertus & de tes
talens, nous apprend qu’il aimoit à récompenfer
les gens de probité, & quç les plus vertueux
citoyens étoient toujours préférés dans la diftri-
bution des dignités ; mais trop mou & trop indulgent,
il manquoit de cette fermeté impofante qui
réprime ou punit les perturbateurs du bien public,
Il étoit grec d’origine, d’autant plus attaché à l’empereur
grec qu’il lui étoit redevable de fa fortune.
Il lui prêta fes troupes contre les Vandales d’Afrir
que. Le fuccès de cette guerre fut malheureux,,
farinée romaine fut taillée en pièces ; Marcellinus,
qui la commandoit, fut puni de fa défaite par fes
•propres foldats qui l’affaffinèrent. Ceux qui fur-
2 .vécurent à ce défaftre , remontèrent fur leurs
I vaiffeaux, & laifterent les Vandales paifibles pof-
I feffeurs de l’Afriqne, Anihmiits eut une nouvelle
.gùerre à foutenlr contre les Vifigoths qui ambition-
noient l’empire abfolu des Gaules. Rieimer, qui
avoit époulé fa fille, eut la perfidie de faire fou-
lever l’armée , laquelle étoit plus favorable à un
ambitieux qui prodiguoit les récompenfes, qu’à un
prince citoyen, économe des biens de fes fujets. Anthemius
, dévoré de chagrins, mourut l’an 472, après
avoir régné huit ans. (T—N.")
A n t h e m iu s eft auffi le nom d’un mathématicien
& machiniûe célèbre dans le fixième fiècle,
du temps de l’empereur Juftinien.
ANTIGÈNE, ( Hijl. anc. ) un des capitaines
<FAlexandre, eut le fécond des prix que ce conquérant
fit diftribuer folemnellement aux huit capitaines
les plus braves de fon armée : c’étoit bien
être nommé brave parles braves eux-mêmes. Ce même
Antigène, après la mort d’Alexandre, ne fut plus
qu’un traître; il livra Eu menés à Antigone, qui,
après lui avoir donné le prix promis pour fa trahi-
fon , voulut l’empêcher d’en ufer quelque jour à
fon égard, & le fit brûler v if dans une cage de
fer, cruauté qui vaut bien une trahifon.
A n t ig è n e eft auffi le nom d’un hiftorien grec, cité
par Plutarque, comme ayant parlé de la vifite faite à
Alexandre par Thaleftris, reine des Amazones.
On ne fait fi VAntigène dont parle Virgile, dans
fa cinquième églogue, défigne un perfonnage réel.
A t tu t fum e ped um 3 q u o i tnt càm foe p e r o g a re t
U o n t u l i t Antigenes ( & e rat tùm d ig tiu è arhari. )
ÀNTIGÉNIDE, muficien thébain , cité pour
un de ces effets puiffans , attribués à la mufique
des anciens; on prétend, qu’exécutant un jour fur
la flûte un air guerrier, en préfence d’Alexandre,
ce prince, tranfporté, fe jeta fur fes armes, &
fut prêt à charger les affiftans.
ANTIGONUS, (Hijl. anc.') fumommé le cyclope
ou k borgne, fut un des lieutenans d’Alexandre qui
eut le plus de part à fa confiance. Le héros macédonien
ayant réfôlu de rétablir Smyrne dans fon
-ancienne fpiendeur, en raffemfcla les habitans qui
•erroient dans les déferts, depuis qu’ils avoient été
difperfés par les Lydiens. Il jeta les fondemens ,
d'une ville nouvelle au pied du mont Pagus, &
ce fut Antigonus qui fut chargé de préfider à cette
entreprife qu’il exécuta avec magnificence ; de forte
.qu’il fut regardé comme le fondateur de la nouvelle
Smyrne, qui tient encore aujourd’hui le .
fécond rang parmi les villes de, l’empire ottoman.
Alexandre, qui ne confioit fes conquêtes qu’à ceux
qu’il crayoit capables de les conferver, lui donna
le gouvernement de la Lycie; de la Phrygie &
des pays circonvoifins. Les lieutenans de Darius,
-après la perte de la bataille diffus, fe réunirent
pour faire une invafion dans fes provinces, qu’ils
croyoient fans défenfe. En effet, Antigonus les avoit
dégarnies pour fortifier l’armée macédonienne ;
mais'quoiqu’il n’eût que des troupes ramaffées fans
choix, il n’eji fut pas moins ardent à chercher
l’ennemi, & vainqueur dans trois combats, il rétablit
le calme dans fon gouvernement, & porta
la guerre dans la Lycaonie dont il fit la conquête.
Alexandre, qui fe trouvoit pendant l’hiver
dans une province de la Perfe, dont les délices
pouvoient amollir le courage de fe3 foldats, prévint
ce danger en célébrant des jeux qui entretinrent
leur aétivité. Il forma huit régimens de
mille hommes chacun, qu’il deftïna pour être le prix
de la valeur & des fervices , & ces récompenfes
furent briguées comme la diftinction la plus honorable
; le cinquième prix fut décerné à Antigonus.
Après la mort du conquérant, l’empire fondé
par les armes fut partagé entre fes lieutenans , qui
ne prirent d’abord que le titre modefte de gouverneurs.
Antigonus eut dans fon partage l’Afie mineure,
laPamphilie & la grande Phrygie. Perdiçcas,
qui, fous le nom d’A ridée, frère d’Alexandre,
exerçoit"une efpèee d’autorité fur les autres lieu-
tenans d’Alexandre, vouloit les tenir dans l’abaiG
fement, il fe fervit dEumènes , gouverneur de la
Cappadoce, pour leur faire la guerre. Antipater
ôt Ptolomée recherchèrent l’alliance d'Antigonus,
à qui ils déférèrent le commandement général.
Aufii-tôt qu’il fut à la tête des rois confédérés *
il pénétra dans là Cappadoce, où il eut à combattre
un ennemi qui ne lui étoit inférieur ni en
courage ni en talens. Eumènes, trahi par Antigène ~
(voyez A n t ig è n e ) lui fut livré, & au lieu de ref-
peéler fa valeur, il le fit affaffiner. Caftandre, après
la mort de fon père Antipater, ne put fupporter
l’affront d’avoir un collègue dans le gouvernement
de la Macédoine, il fe retira avec tous fes parti-
fans auprès d'Antigonus , qui , foutenu de leur
appui, fit trembler l’Afie. Quoiqu’il n’eût que le
titre de gouverneur , il commandoit en roi. Le
fpeftaCle impofant d’une armée de foixante-dix
mille hommes aguerris , & de trente éléphans ,
affuroitl’exécution de fes ordres. Les officiers, dont
la fortune n’étoit pas fon ouvrage; furent dépofés.
D’autres, dont la fidélité lui étoitTufpeéle, furent
punis & dépouillés : il fuffifoit de lui paroître
redoutable, ou d’avoir l’affe&ion de la milice,
pour être traité en coupable. Selcucus, fatrape cle
Babylone, fut enveloppé dans la profeription ;
Antigonus lui demanda compte de fon adminiftra-
tion, comme s’il eût été fon fujet. Mais, au lieu
de fe foumettre à cette, injurieufe fommation, il
fe retira à la cour d’Egypte, où il forma une ligue
avec Ptolomée, Lyumaque & Caffandre, q u i,
comme’ lui, redoutaient l’ambition de ce tyran de
l’Afie. Ces rois confédérés ayant réuni leurs forcesquittèrent
le ton de fupplians pour parler en
maîtres. Antigonus fut fommé à fon tour de refti-
tuer la Capadoce & la Lycie à Caffandre, la Phrygie
à Lyfimaque, & Babylone à Seleucus. Antigonus,
feul contre tant d’ennemis, chercha à fe fortifier
de l’alliance des Grecs dont il fe déclara le protecteur.
Il fit publier qu’il ne prenoit les armes que
pour les faire rentrer dans la jouifiànce de leurs