
B O Nf
cinq an§ de prifon, félon une lettre deRoufleau;
à un an , félon une autre lettre du même Rouf-
feau, qui croit que fi le comte de Bonneval s’étoit
fournis, on ne l’y auroit laiffé que vingt - quatre
heures. » Il a mieux fait fa cour , écrivoit Roufleau,
» par fon imprudence, que par tous fes fervices.
» Il efi certain que l’empereur l’aime & connoît
5) fon mérite ».
Bonneva!, au lieu d’obéir , s’arrête à la Haye,
envoie un cartel au p:ince Eugène, & voyant, par
cette nouvelle étourderie , bien plus que par-tout
le refie, fes affaires défefpérées à Vienne , s’enfuit
eh Turquie , où il prit le turban.
Il écrit au marquis de Bonncval, fon frère,
dans une lettre très-grivoife , comme il l’appelle
lui-même : » De grade en grade, je me fuis éta-
» bli en Turquie , avec un turban de quatre livres
» pefànt fur la tête , la barbe & l’habit long, ce
» qui me fait mourir de rire ».
On dit qu’il répondoit aux indifferens, qui lui
demandoient pourquoi il s’étoit fait turc ? Ce fl
pour paflerma vie bien à mon aife en bonnet de nuit f
en robe de chambre & en pantoufles.
Il en donne à fon frère une raifon plus férieufe :
33 Lorfque j’arrivai, dit-il, de Venife en Bofnie,
» province frontière du fultan, je fus arrêté à
» Serrai, la capitale de ce pays, à la fôllicitation
» d’un officier de l’empereur, qui s’y trouva le jour
» même que j’y fis mon entrée. Les Allemands
» en étant avertis, employèrent des fommes con-
» fidérables, pour me faire remettre entre leurs
» mains comme allemand. Après plus de quinze
» mois d’arrêt (jugez pendant ce temps de mes
» inquiétudes !) l’ordre de me remettre entre leurs
05 mains fut expédié. Ce fut alors que pour ne pas
» tomber entre celles de mes plus cruels ennemis,
» ( car l’un des articles du traité de Paflarowitz
» portoit qu’on fe rendroit réciproquement les
» lujets fugitifs des deux empires ) ce fût alors,
» dis-je, que je quittai le chapeau pour le turban
» qui feul pouvoit me fauver».
Il s’étonne au refte que le prince Eugène n’ait
pas accepté fon cartel, & il dit fur cela des chofes
un peu germaniques.
» La France , félon lui , efi le feul pays du
» monde où de petits illuftres ofent couvrir leur
» poltronnerie fous le manteau de leur dignité ou
h de leurs emplois. Croyez-moi, mon frère, ces
h fortes de hauteurs couvrent toujours quelque
» foiblefie. Le duc de Lorraine, beau-frère de
y> l’empereur Léopold, fon lieutenant-général dans
” tout l’empire , étant en Hongrie, à la-tête de
» fes armées , & qui valoit bien le prince Eugène,
» s*eft bien battu avec un fimple lieutenant de
» cavalerie qu’il avoit outragé, fans le connoître,
» dans un fouragë ; & il y a mille exemples pa-
» reils.............J’ai tâché de mefyrer mon épée
» avec celle d’un des plus braves princes du monde,
» qui protégeoit les calomniateurs d’une grande
» reinç, de l’augufte maifon de France, de gaieté
BON ». de coeur , & par un ancien & injufte caprice«
» Si tout cela étoit à refaire , je le ferois encore.,,.^
» Je dis comme Phaéton :
Il eft beau qu’un mortel jufques au ciel s’élève;
Il eft beau même d’en tomber.
Tout cet enthoufiafme eft fort beau; mais quelques
foient fur le point d’honneur, article toujours
fi délicat, les ufages & les idées des différentes nations,
il faut cependant, chez toute nation, trouver
un moyen de mettre à couvert les intérêts de
la difcipline militaire & de la hiérarchie. S’il étoit
poffible & permis de raifonner fur une matière fi
peu acceflible à la raifon , nous concevons qu’un
homme qui n’a pas fait fes preuves de valeur,
n’ofe pas obéir à la loi qui défend d^accepter un
cartel ; mais un héros dont la vie entière eft une
preuve continuelle de valeur & de talent, un
Eugène, un Turenne, peut, ce femble, & doit
peut-être qe pas expofer fa vie au hazard d’un
peu plus ou d’un peu moins d’adreffe dans un jeu
d’efcrime. Alexandre & Céfar pouvoient fe dif-
penfer d’être des gladiateurs. Lecomte de Bonneval
fut bacha à trois queues, de Romélie, puis topigi-
bachi, c’eft-à-dire général de l’artillerie. Il mou**
rut en 1747 à 75 ans.
Quoique profcrit en France, il ofa y paroître,"
& y époufer publiquement, le 7 mars. 17 17 ,
Judith-Charlotte de Gontault-Biron, fille du dernier
maréchal de Biron, foeur de celui d'aujourd'hui,
Elle eft morte fans enfans, en France, en
1741.
Le comte de Bonneval laifla un fils naturel y
nommé d’abord le comte de la Tour, & depuis,
Soliman, qui lui fuccéda dans la place de topigi-
. bachi.
Bonneval eft aufli le nom d’un auteur que
nous ne jugerons pas , parce qu’il eft trop moderne
; il fe nemmoit ( René de ) On a de lui des
critiques de M, de Voltaire & de l’abbé Desfon-,
taines, des élêm'ens d’éducation, une tragédie d’A*
dam & Eve, &c. Né au Mans, mort en 1760.
BONNIVET. ( Voye% Gouffier. )
BONOSE, (^Quintus Bonosius| {Hifl. rom.}
né en Efpagne, lieutenant de l’empereiir Probus
dans les Gaules , s’étant fait proclamer Céfar dans
fon département, l’an 2.89 de J. C . , fut pris l’année
fuivante, & Probus le fit pendre, en difant 1
Ce ne fl que pendre une bouteille , parce que Bonofe
étoit fort ivrogne. . . . .
Bonose eft encore le nom d’un capitaine ro-
iqain , décapité par ordre de l’empereur Julien,'
pour avoit refufé, dit-on, d’ôter du Labarum la
croix que Conftantin y avoit fait peindre.
Bonose étoit aufli fe ftirnom du pape Benoît I.
BONS-CORPS, f. m. pl. {Hifl. mod.. ) c’eft Jç
nom qu’on donna à une milice levée par François II;
duc de Bretagne, dans la guerre qu’il eut en 1468,
contre Louis XL Ce duc, en attendant les feçourS
b o o ^iie le roi tTAngleterre devoit lui fournir, fit lever
dix mille hommes dé nouvelle milice, com-
pofée de gens du commun : on choififlbit les plus
robuftes qu’on pouvoit trouver ; c’éft ce qui' lès fit
nommer bons-corps. ( A . R.}
BON-TEMS, ( Madame Bofl-tems. ) née à Paris
en 17 18, morte dans la même ville en 1768.
C ’eft à elle que nous devons la traduction françoifè
du poème des Saifons de Thompfon.
BONZES, ( Hifl. mod. ) philofophes & miniftres
de laseligion chez les Japonois. Ils ont des univer-
fités où ils enfeignent les fciences & les myItères de
leur fe£te; & fi l’on en croit un jéfuite, auteur de
l ’hiftoire de l’églife du Japon, ils ont difputé avec
autant de force que : de fubtilité, contre nos plus
favans miflionnaires. Les auteurs font fort partagés
fur ce qui concerne leurs moeurs': les uns nous dépeignent
les bonnes comme des cyniques abandonnés
aux plus infâmes défordres ; d’autres au. contraire
aflùrent qu’ils gardent la continence, vivent
en commun, & qu’il y a des couvens de fûtes de
leur ordre. Ils reconnoiflent pour leur chef un certain
Combadaxi, qui leur enfeigna les premiers principes
des arts & des fciences , & dont ils attendent
la venue dans des millions d’années ; car, à les en
croire, il n’eft point mort, & n’a fait que difparoî-
tre de deflùs la terre. On donne aufli le nom de
bonnes aux prêtres de .plufieurs autres peuples des
Indes orientales. (G)
Un empereur de la famille des Tangs , fit détruire
une infinité de monâftères de bonnes, fur
un principe qu’il tenoit de fes ancêtres : ç’eft que
s’il y avoit un homme qui ne labourât point, ou
une femme qui ne s’occupât point, il ralloit que
quelqu’un fouffrît le froid & la faim dans l’empire.
EfpriÇdes lois , tome II.
[ B O O T , f. m. ( Hifl. mod. ) on nomme ainfi en
Efpagne un tonnelet à mettre du vin : il eft fort
en ufage pour tranfporter les vins de Xérès.
( A. R .) , ’ . .
• BO O Z , {Hifl. fainte.) vieillard vertueux &
bienfaifant, épeufa Ruth, & en eut Ohed, père
d’Ifaï, père de David. Il eft connu par le livre de
Ruth , qui le fait aimer & refpe&er.
BORCARI, {Hifl. des Goths ) Le tyran Gennar
avoit gouverné les Goths avec un fceptre de fer :
fon uom étoit en horreur ; le peuple murmuroit
& cherchoit depuis long-temps l’occafion de courir
aux armes ; mais il lui manquoit un chef. Borcari
fe préfenta, & raflembla tous les mécontens fous
l’étendart de la révolte. On courut au palais de
Gennar; il fut .égorgé, & Borcari préfenta à la
reine Drotta une main encore dégoûtante du fang
de fon époux. Gette princefle l’accepta pour confer-
ver fa couronne. C ’eft de cette alliance, commencée
fous des aufpices fi funeftes, que naquitHaldin,
qui monta depuis fur le trône de Dannemarck. On
place cette révolution vers la fin du onzième fiçcle.
(Af. D £ S a c y . )
B O R [66j
BORDELON, (L aurent) auteur de ŸHifloire
•’ des imaginations extravagantes de M. Ou file, fervant
( de préfervalif contre la leElure des livres qui traiteut
■ de la magie, des démoniaques , des forciers ,■ &c. On
ne connoît guères fes Dialogues des vivans , quoi-
. qu’ils aient été fupprimés. Cet auteur fe plaifoit
, à donner à fes ouvrages des titres & des noms
, ridicules ; c’eft le Voyage forcé de Becaforp fvypo-
' ‘condriaque ; c’e ft. Gongam ou l’homme prodigieux
tranfporté en l ’air, fur la terre & fur ies eaux ; c’eft
Titetutefnofy ; c’éft le fupplément de Tafie-Roufii-
Friou-Titave. Il en èft de même de fes comédies,
car quoiqu’il fût docteur en théologie dans l’uni-
verfité de Bourges fa patrie, il travailla pour le
théâtre, mais on ne s’en foûvient ni au théâtre,
ni à Bourges. Ses pièces font: Mifogine, ou la
Comédie fans femmes-, f cènes du Clam & du Coram ;
M. de Mort-en-Irouffe , &c. Né en 16,53 mourut
à Paris en 1730 chez le préfident de Lubert,
dont il avoit été précepteur.
BORDEU, ( T h é o p h i l e ) {Hifl. lut. mod.) Nous
ne confidérons ici.les médecins que relativement
à l’hiftoire littéraire, quand ils ont enrichi la littérature
de quelques ouvrages , ;foit fur leur art,
foit fur d’autres objets- M, B o rd eu qui s’eft fait
une fi grande réputation comme médecin' habile
& aimable, eft l’auteur des ouvrages fuivans :
i° . Lettres furies eaux minéralesde Béarn , 1746
& 1748, wwÊ
2°v Recherches anatomiques fur la pojîtion des.
glandes , 1651, in-12.
30. Difienations fur les- écrouelles, 1751 , in-12;
40. Difiertation. fur les crifes, ,17c 5 , in-i 2. .
5°. Recherches fur quelques points de l’hiflqire de
la médecine , . 1764, deux vol., in-i 2.
6q. Recherches fur le tijfu muqueux ou l’organe
cellulaire , & fur quelques maladies de poitrine, 1766 ,
ié-12. 7°. Recherches fur le pouls par rapport aux crifes
1772 , quatre vol. in-12.
i 8°. Traité des maladies chroniques■ , tome premier,
^ 8 ° . 1776'. ;
M. Bordeu étoit fils d’Antoine Bordeu, médecin
du roi, diftingué dans fon art ; il étoit né je 22
février 1722 à Ifefte en Béarn; il mourut d’apoplexie
la nuit du 23 au 24 novembre 1776. On
le trouva mort dans fon lit.
BORDINGIUS, ( A n d r é ) fameux poète danois
, dont les ouvrages ont été imprimés à Copenhague
en 1736.
BORE, ( C a t h e r in e d e ) {Hifl. du luthéran.)
Un hardi- luthérien , nommé Leonard Koppem
avoit choifi le vendredi faint pour enlever neuf
religieufes qu’il avoit menées à Vittemberg, &
mifes fous la protection de Luther, dont le livre
contre les voeux raonaftiques lui avoit infpiré cette
violence. Luther en effet défendit Koppem, qui
peut-être n’avoit fait qu’exécuter l’ordre fecret de
fon ;maitre. Luther compara ce ravifîeur à Jéfus-
Chrift , raviffeur heureux, difoit-ij , qui dans le.