
l’innocence & la vertu, n’eft pas la bonne manière
d’écrire l’hiftoire. Si les juges vendirent aux coupables
leurs fentences , ils furent donc indulgehs
envers eux, & on les accufoit de trop de févérité.
De bonne foi, croit-on que le chef de la juftice ,
que M. le chancelier d’Aguefîeau eût pris tant de
plaifir a louer dans des juges prévaricateurs leurs
.fervicei, & un çèle fupêrieur aux fervices mêmes ?
» M. de Fourqueux, procureur-général de ce
»0 tribunal , fut Uirnommé le garde -des-fceaux,
» parce qu’il avoit eu en partage les fceaux d’argent
de Bourvalais ».
Ici nous fommes obligés d’avouer que M. de
Fourqueux crut pouvoir fe permettre d’acheter &
de payer comptant, à l’inventaire de Bourvalais,
deux petits fceaux d’argent d’un prix très-médiocre,
& qui n’auroient pas tenté la cupidité de l’homme
le plus avide ; il eftpoflible qu’un plaifant l’ait ap-
pellé à ce fujet le garde-des-Jceaux de Bourvataïs.
Cela efl: tout-à-fait dans le génie françois ; mais fi
nous nous permettons de ces plaifanteries, nous
en connoiffons aufli la valeur, & nous n’en faifons
pas le fondement de l’hiftoire.
» La dépouille de Bourvalais fut diftribuée entre
» les amis du prince ».
Encore un coup, craignons de calomnier même
les amis du prince.
» Le peuple cria contre Y iniquité (ce fut contre
» la févérité ) de cette chambre de juftice, appa-
•» remment la dernière qu’on érigera».
Cette prophétie pourroit bien -s’accomplir, mais
c’eft par une raifon qui fait honneur à l’adminif-
tration, laquelle a pris de fages mefures pour
prévenir déformais ces fortunes fcandaleufes & fu-
bites, qui rendoient les chambres de juftice né-
ceffaires.
Concluons :
Q u ’ autant i l faut d’a rd eu r, d'infléxibilité
P our déférer un tra ître à la fo c ié té ,
A u ta n t i l faut de fo in s , d’ égards & de prudence
P our ne point accufer l ’honneur & l’innocence«
BOUVIÈRE, Voye^ Guyon.
BOXHORN, (M a r c -Zuerius) (Hiß. litt,
mod. ) favant hiftorien & commentateur hollandpis
du dix-feptième fiêcle. On a de lui une Hifloire
univerfeile, une hiftöire particulière du ftège de
Breda, des éloges d’hommes, illuftres, une chronologie
facrée-, des poëmes, un théâtre des villes
de Hollande; des notes fur Juftin , fur Tacite,
fur les écrivains de l’hiftoire augufte, fur divers
poètes fatyriquçs. ♦
BOYARDS, okBOJARES , ou BOJARDS, Cm.
pl. ( Hiß. mod. ) nom que l’on donne aux grands
feigneurs de Mofcovie. Selon Beeman * les boyards
font chez les Rufliens la' même chofe que la haute
noblefle dans les autres pays ; le même auteur
ajoute que dans les aftes publics le czar nomme les
boyards avant les waivodes.
Oléarius, dans fon voyage de Mofcovie, dit qiïé
ces grands font les principaux membres du confeil
d’état ; qu’ils ont à Mofcou de magnifiques hôtels,
& qu’ils font obligés de fiiivre le prince dans fes
Voyages ; que dans les jours de cérémonie ils font
vêtus d’une tunique de brocard enrichie de perles,
& couverts d’un grantf bon net fourré de renard noir,
& qu’ils préfident aux tribunaux de juftice ; mais
depuis que le czar Pierre I a tiré la Ruflie
de la groflièreté où elle étoit plongée, on a laiffé
aux boyards leurs titres de noblefle ; & quoiqu’ils
jouiflent d’une grande confidération, il ne paraît
pas qu’ils aient grande part au gouvernement. (G)
BO YER , ( Claude ) de l’académie françoife,
auteur obfcur de vingt-deux pièces dramatiques ,
mais célèbre par l’épigramme de Racine , imprimé©,
parmi celles de Rouffeau dans quelques éditions ;
A fa Judith , Boyer par avanture , & c . . . . .
Je p leu r e , hélas ! pour ce p auv reHo lo ph ern e
Si méchamment m ife à mo rt par Judith.
Cette Judith eut en 1695 lin P^us grand fuccès
que toutes les pièces de Racine. Le concours étoit
f i grand, difent les auteurs de l’hiftoire du théâtre
françois, que les hommes furent obligés de fe retirer
dans les coulijfes , & de céder les banquettes du théâtre
aux dames..........elles tenoient des mouchoirs étalés
fur leurs genoux, pour èjfuyer leurs larmes dans les
endroits pathétiques. Une des fcènes du quatrième
afte fut appellée la fcene des mouchoirs. Applaudie
ainfi pendant tout le carême, elle fut imprimée
pendant la vacance de Pâques , & fifflée à la rentrée.
Mademoifelle Champmêlé, qui jouoit le rôle
de Judith, étonnée de ce changement, dit au parterre
: Eh ! mejjieurs , vous l’avez tant applaudie ce
carême ! On lui répondit : C’efl que les fijflets étoient
à Verfailles aux fermons de l’abbé Boileau.
Racine le fils attribue ce mot à fon père, qnj ,-
félon lu i, le dit, non pas au théâtre, mais en particulier,
à quelqu’un qui s’étonnoit que la Judith
ne fût pas fifflée ; & ce n’étoit point une épigrammé
que Racine voulût faire contre le frère de fon ami ;
il s’indignoit au contraire qu’un bon prédicateur ne
fût point goûté, & qu’un mauvais poète fût applaudi.
Voilà le fens du mot. Il y a bien loin de
là à l’anecdote très-peu vrail’emblable de mademoifelle
Champmêlé ; mais le public n’y gagne rien;
Q u i ! le public ! c e phantôme inconftaa t ,
Monftre à cent voix , Cerbère dévorant ,
Q u i flatte & m o rd , qui drelTe par fottife
U n e ftatue , & par dégoût la brife . . . , .
I l juge , il loue , il condamne au hazard . . . ;
C ’ eft lui qu’ on v it de critiques avide
Déshonorer le che f-d ’oeuvre d’Armide ,
E t pour Judith , 'P iram e & R é gu lu s , •
Abandonner Phèdre & Britaanicus ;
Lui, qui dix ans profcrivit Athalie ,’
Qui, protefteur d’une fcèneavilie,
Frappant des mains., bat à tort à travers ,
Au mauvais fens qui heurle en mauvais vers.
Boileau a placé Boyer dans l’art poétique :
Qui dit froid écrivain , dit déteftable auteur,
Boyer eft à Pinchêne égal peur le le&eur.
Et dans une épigrammé attribuée au même Boileau
, on demande :
Qui, du fade Boyer ou du fec l'a Chapelle ,
Excita plus de fifflemens.
Rouffeau, dans .une épigrammé contre Crébil-
lon : - f f
‘ Cachez-vous, Lycophrons antiques & modernes,
trouve fes vers:
Plus durs & plus enflés ,
Que tous ceux de Coras, Boyer & la Chapelle. „
Ainfi on peut compter, parmi les ennemis ou
les detraâeurs de Boyer, Boileau, Racipe , R®pfleau
& Voltaire: voilà ce qui s’appelle, magnisinimi-
. citïis clarefcere.
On dit que pour tromper Racine, il fit jouer,
fous le nom d’un de fes amis, une pièce de lui,
intitulée Agamemnon , & que dans un moment où
Racine applaudifîoit, il s’écria du fond du parterre :
Elle efi pourtant de Boyer , malgré mons de Racine ,*
& que la tragédie fut fifflée à la repréfcntation fui»
vante. Mort en 1698. Boyer , ( Jean-François ) fut d’abord théajdn H les fermonsignorés aujourd’hui , lui valurent
l’évêché de Mirepoix ; il fut précepteur de M. le
Dauphin , père du roi ; il fut de l’académie fran-
çoife, honoraire de l’académie des infcriptions &
belles-lettres, de l’académie de Cortone , de celle de
Berlin, de la focieté royale de Londres, il fut chargé
de la feuille des bénéfices ; on l’àccufoit de mettre
de la rudefle dans fes refus, il difoit : Oui , je
refufe avec humeur, mais non pas par humeur. Il a
fait bâtir le portail de l’églife des théatins à Pâris,
refté long - temps imparfait : les théatins , difoit
Bourfault, ne pouvant achever leur bâtiihent faute
de grues. Il mourut le 20 août 1755.
BOYEZ , f. m. pl. ( Hiß. mod. ) prêtres idolâtres
des fauvages de la Floride. Chaque prêtre a fon
idole particulière, & le fàuvage s’adrefle au prêtre
de l’idole à laquelle il a dévotion. L’idole eft invoquée
par des chants, & la fumée du tabac eft fon
offrande ordinaire. (A . R .) 4
BO Y L E , (Robert) qui perfectionna la machine
pneumatique, à qui la phyfique expérimentale
doit tant de progrès, & la fociété royale de
Londres fon exiftcnce, appartient à un autre départent
ent que le nôtre. Nous obferverons feulement
que zélé pour la religion, au point d’avoir
confacré toute fa vie des fommes confidérables à
la propagation de la foi dans les Indes tant orientales
qu’occidentales, il labia un fonds pour faire
prêcher tous les ans fur la vérité de la religion
chrétienne en général, fans entrer dans les quef-
tions qui forment les différentes feétes. Né à Lil-
moreen Irlande en 1627. Mort à Londres en 1691.
Ses oeuvres ont été recueillies en 1744,4 Londres,
en cinq vol. in-fol.
On a auffi des ouvrages du comte d’O rrery, fon
frère, & d’un autre comte d’O rrery, petit-fils de
celui-ci, & inventeur de l’inftrument aflronomi-
que, appelle de fon nom l'Orréry.
BOYLESVE on BOILEAU, ( Etienne) ( ƒƒ/ƒ?.
<& France. ) prévôt de Paris fous faint Louis , premier
magiflrat en France qui ait eu des idées de
police ; il donna aux différens corps & communautés
de marchands & d’artlfans, des flatuts ou
réglemens qui ont depuis été confultés, & qui ont
quelquefois fervi de modèle. Mort vers l’an 1260.
BOZE, ( Claude Gros de) ( Hijl. lut. mod.)
intendant des devifes & infcriptions des édifices
royaux', tréforier de France au bureau des finances
de la généralité de Lyon, garde des médailles du
cabinet du ro i, l’un des quarante de l’academie
françoife, penfiennaire & fecrétaire perpétuel de
l’académie, des belles - lettres, né à Lyon le 28
janvier 1680, mort à Paris le 10 fèptembre 17 c ,
a été un.bon littérateur, un antiquaire célèbre’ ’
un favant d’un commerce doux. Les monumens
de fon érudition font répandus par-tout dans les
mémoires de l’académie des belles-lettres. Sécre-
taire de cette académie depuis 1706 jufqu’en 1742
il en a rempli les fonélions avec un zèle infatigable.
C eft lui qui en a publie les quinze premiers
tomes-, où toute la partie qui porte le nom à’hif-
toire efl fon ouvrage. Ses eloges forment une partie
précieufe de l’hiftoire littéraire du dix-huitieme
fiècle.
T ,B ? A D L E Y - ( Ja c q u e s ) (H i j l . d’Angleterre. )
L’hiftoire de cet aflronome célèbre, fucceffeur de
M. Halley dans la place d’aftronome royal à l’ob-
fervatoire de Gréenwick, & à qui on doit la découverte
de l’aberration des étoiles fixes, appartient
à celle de l’aftronomie. Le- roi d’Angleterre -
Georges I I , lui donna une penfiou de 250 livres
fterlings : en confidération , efl-il dit dans le brevet,
de fes grandes connoijfances dans Vafironomie & les
mathématiques , & pour les avantages qu’il avoit procurés
par-là au commerce & à la navigation de la
Grande-Bretagne. M. Bradley étoit des académies
de Berlin, de Pétersbourg & de Bologne. Né en
1692, il mourutle 12 juillet 1762.
BRAMA au BRAHMA, f. m. ( Hift. mod. ) l’„ „
des principaux dieux duTonquin, entre la Chine &
l’Inde. Il efl adoré par les feV e u r s de Conlhchis .
Ces idolâtres font des facrifices aux fept planètes "
comme a des divinités j mais iis ont encore cinq