
pourroh repeupler. Mais n’étoit-ce pas le propos d’une
femme en colère ?
Les autres Princes de la maifbn de France qui
ont porte le titre de ducs $ Anjou, font morts dans
l’enfance, ou font plus connus fous d’autres titres.
ANNALES, f. f. ( Hifloire en génér. ) rapport
hifiorique des affaires d’un état , rédigées par
ordre des années. La différence qui fe trouve entre
les annales & l'hifloire, efl Un point différemment
traité par divers auteurs. Quelques-uns di-
fent que l’hiftoire efl proprement un récit des chofes
que l’auteur a vues, ou du moins auxquelles il a
lui-même affilié; ils fe fondent pour cela fur l’étymologie
du mot hijloire qui lignifie en Grec la con*
noiffance des chofes préfentes ; 8c dans le vrai isapeïv
lignifie voir : au contraire, difent-ils, les annales
rapportent ce que les autres ont fait, & ce que
l ’écrivain ne vit jamais.
Tacite lui-même paroît avoir été de ce fenti-
ment, puifqu’il intitule annales toute la première
partie de fon hifloire des fiècles paffés ; au lieu que
defcendant au temps même où il v ivo it, il change
ce titre , & donne à fon livre le nom d'hifloire.
Aulugelleefl d’un autre avis : il foûtient que Yhif-
toire & les annales différent comme le genre & l’ef-
pèce , que l’hifloire efl le genre, fuppofe une narration
& récite des chofes paffées, que les annales
font l’efpèce, & font auffi le récit des chofes paffées
, mais avec cette différence, qu’on l'es réduit
à certaines périodes ou années.
Le même auteur rapporte une autre opinion,
qu il dit être de Sem promus Àfello : fuivant cet écrivain
, les annales font une relation toute nue de ce
qui fe paffe chaque année, au lieu que l’hifloire
nous apprend non-feulement les faits, mais encore
leurs caufes, leurs motifs & leurs fources. L’an-
nalifle n’a rien autre chofe à faire que l’expofition
des événemens, tels qu’ils font en eux-mêmes :
l’hiflorien au contraire a de plus à raifonner fur
ces événemens & leurs circonflances, à nous en
développer lès principes, & réfléchir avec étendue
fur les conféquences. Cicéron paroît avoir été
de ce dernier fentiment, lorfqu’il dit des annalif-
tes ; unam dicendi laudern putant ejfe brevitatem, non
cxomatores rcrum , fed tantum narratores. Il ajoute
qu’originairement l ’hifloire n’étoit qu’une collection
dû annales.
L’objet en fu t, dit-il, de conferver la mémoire
des événemens : le fouverain Pontife écrivoit chaque
année ce qui s’étoit paffé l’année précédente
, & l’expofoit en un tableau , dans fa
inaifon , où chacun le pouvoit lire à fon gré. C ’é-
toit ce qu’ils appelloient annales maximi, oc l’ufage
en fut confervé jufqu’à l’arf 620 de la fondation de
Rome.
Plufieurs autres écrivains, à l’imitation du Pontife
, s’en tinrent à cette manière fimple de raconter
les chofes fans commentaires, & furent pour cela
même appellés annalifles. Tels furent Caton, Pi-
fon, Fabius Pictor, Antipater , &c.
Les annales de Grotius font un livre bien écrit,'
& qui contient de fort bonnes chofes. Il a moins
de particularités, mais plus de profondeur que
Strada ; & d’ailleurs il approche beaucoup plus de
Tacite. Patin, Lett. choif. 120.
Lucas Holflenius, chanoine de S. Jean de Latran,
difoit du ton le plus pofitif à Naudé, qu’il étoit en
état de montrer 8000 fauffetés dans les annales de
Bàronius, & de les prouver par manuferits contenus
dans la bibliothèque du Vatican dont il avoit
foin. Patin,Lett. choif. tâf. ( G )
ANNAT , (F rançois) {Hiß. mod.) efl beaucoup
plus connu pour avoir été confeffeur du roi
Louis X IV , plus connu encore par les deux dernières
lettres provinciales de Pafcal qui lui font
adreffées, que par trois volumes, in-40 d’oeuvres
latines , imprimées à Paris en 1666 , & par de petites
oeuvres polémiques Françoifes , contre les
ennemis de la fociété, nommément par l’écrit intitulé
: Le Rabat-joie des J anfénifie s , ou Obferva-
tions fur le miracle qu'on dit être arrivé à Port-
Royal. On efl peut-être fâché de voir dans l’hif-
toire fi intéreffante de Port-Royal, ce miracle de
la fainte-épine, i°. rapporté par le grand Racine,
20. atteflé par meilleurs Fagon & Felix, l’un premier
médecin , l’autre premier chirurgien de
Louis XIV ; mais il ne falloit point faire le Rabat
- joie des Janfénifles , qui n’efl plus connu de
perfonne , tandis que l’hiftoire de Port-Royal efl
entre les mains de tout le monde. On dit que le
P. Annat fut renvoyé pour avoir fait des repré-
fentations à Louis XTv , für fon inclination naif-
fante pour mademoifelle de la Vallière ; quoique
mademoifelle de la Vallière ait été la plus eflima-
ble & la plus défintéreffée des maîtreffes de Louis
X IV ; le P. Annat faifoit fon devoir; ce font les
confeffeurs , qui fe-taifent en pareil cas, ou qui ne
difent que ce qu’on veut entendre, quidevroient être
renvoyés comme des prévaricateurs. Cependant fi
le monarque n’avoit pas jugé à propos de conful-
ter le confeffeur, fi c’étoit hors du tribunal de la
pénitence $c peut-être par l’effet de quelque intrigue
ou contre-intrigue, comme il arrive trop fou-
vent, que le P. Annat s’étoit érigé en cenfeur des
moeurs du roi , fon zèle pouvoit n’avoir pas été
afïez pur dans fon principe, ni affez mefuré dans fes
effets.Le P, Annat, né à Rhodèz en 1590, mourut à
Paris en 1670 ,Il|avoit rempli beaucoup d’emplois &
reçu beaucoup d’honneurs dans l’ordre des jéfuites.
ANNATE , f. f. ( Hiß. mod. ) revenu d’un an,
ou taxe fur le revenu de la première année
d’un bénéfice vacant. Il y a eu , dès le douzième
fiècle, des évêques & des abbés , qui par un
privilège ou par une coutume particulière rece-
voient les armâtes des bénéfices vacans , dé-
pendans de leur diocèfe ou de leur abbaye.
Etienne, abbé de Sainte Geneviève, & depuis
évêque de Tournai, fe plaint dans une lettre adréf-
fée à l’archevêquè de Rheims , que l’évêque de
Soiffons s’étoit réfervé l’annale d’un bénéfice, dont
le
A N"N ; le titulaire n’ avoit pas de quoi vivre. Par ce fait
& par plufieurs autres femblables, il paroît que
les papes avoient accordé le droit df Annate à dif-
férens collateurs , avant que de fe l’attribuer à
eux - mêmes. L’epoque de fon origine n’efl pas
bien certaine. Quelques-uns la rapportent à Bo-
Jiiface IX , d’autres à Jean X X I I , & d’autres à
Clément V ; mais M. de Marca, lib. V. de concord.
c. x & xj obferve que du temps d’Alexandre I V , il
s’étoit élevé de grandes difputes au fujet des An-
nates, & par conféquent qu’elles étoient dès-lors
en ufage.
Clément V les établit en Angleterre. Jean XXII, fe
réferva les Annates de tous les bénéfices qui vaque-
roient durant trois ans dans toute l’étendue de l’églife
catholique à la réferve des évêchés & des abbayes.
Ses fucceffeurs établirent ce droit pour toujours, &
y obligèrent les évêques & les abbés. Platine dit que
ce fut Boniface IX , quùpendant le fchifme d’A vignon
, introduifit cette coutume, mais qu’il n’im-
pofa pour Annate que la moitié de la première
année du revenu. Thiery de Niem dit que c’étoit
un moyen de cacher la fimonie, dont Boni-
face IX ne fe faifoit pas grand fcrupule. Le Ju-
rifconfulte Dumoulin & le doéteur de Launoy ont
foutenu en conféquence , que les Annates étoient
fimoniaques. Cependant Gerfon & le Cardinal
d’A i l ly , qu’on n’accufera pas d’être favorables
aux papes, ont prouvé qu’il étoit permis de payer les
Annates par l’exemple des réferves, des penfions,
décimes, ou autres impofitions fur les fruits des
bénéfices , qu’on ne regarde point comme des
conventions fimoniaques. Ce qu’il y a de plus'importante
remarquer pour lâjuftification des Annates,
c’efl qu’on ne les paye point pour les provi-
fions , qui s’expédient toujours gratis , mais à
titre de fubvention , ou , comme parlent les
canonifles, de fubjîdium charitativum, pour l’entretien
du pape & des cardinaux. On peut con-r
fulter fur cette matière Fagnan , qui l’a traitée
fort au long.
Il faut avouer cependant que les François ne fe
font fournis qu’avec peine à cette charge. Le roi
CharlesVI,condamnant le prétendu droit de dépouilles
, par fon édit de 1406 , défendit de payer les Annates
, 8c les taxes qu’on appelloit de menus fervi-
ces, minuta fervitia. Dans le même temps ce prince
fit condamner par arrêt du parlement, les exactions
de l’anti-pape Benoît de Lune, fur - tout par
rapport aux Annates.
Dans le concile de Confiance en 1414, il y
eut de vives conteflations au fujet des Annates',
les François demandoient qu’on les abolît, & s’af-
femblèrent pour ce fujet en particulier. Jean de
Scribani, procureur fifcal de la chambre apoflolique,
appella au pape futur de tout ce qui pourroit être
décidé dans cette congrégation particulière ; les
cardinaux fe joignirent à lu i, & l’affaire demeura
indécife ; car Martin V , qui fut élu , ne flatua
rien fur cet article. Cependant en 14 1 7 , Charles
Hifoirek -Tom. I,
A N N 32^
VT , renouvella fon édit contre les Annates : mais
les Anglois s’étant rendus maîtres de la France ,
le duc de Bedfort, régent du royaume pour eux,
les fit rétablir. En 1433 le concile de Bâle décida
par le decret de la leffion 12 , que le pape ne
devoit rien recevoir pour les bulles , les fceaux,
les Annates, & autres droits qu’on avoit coutume
d’exiger pour la collation & la confirmation des
bénéfices. Il ajouta que les évêques affemblés
pourvoiroient d’ailleurs à l ’entretien du pape, des
officiers & des cardinaux ; à condition que fi cette
propofition n’étoit point exécutée, on continue-
roit de payer la moitié de la taxe ordinaire pour
les bénéfices qui étoient fujets au droit d'Annates ,
non point ayant la conccffion- des bulles , mais
après la première année de la jouiffance. Dans le
decret de lafeffion 21 , qui efl relatif à celui delà
douzième , le même concile femble abolir les
Annates : mais il approuve qu’on donne au pape
un fecours raifonnable pour foutenir les charges
du gouvernement eccléfiaflique , fans toutefois fixer
fur quels fonds il le prendra. L’affemblée de Bourges
en 1438 , à laquelle affifla le roi Charles VII ,
reçut le decret du concile de Bâle contre les Annates,
& accorda feulement au pape une taxe
modérée, fur les bénéfices vacans pendant fa vie ,
& à caufe des befoins preffans de la cour de Rome ;
mais fans tirer à conféquence. Charles V I I , avoit
confirmé dès 1422 les édits de fon prédéceffeur.
Louis X I , avoit rendu de pareils édits en 1463
8c 1464. Les états affemblés à Tours en 1493 ,
préfentèrent à Charles VIII , une requête pour
l’abolition des Annates ; & il efl sûr qu’on ne les
paya point en France, tant que la pragmatique-
fanéHon y fut obfervée. Mais elles furent rétablies
par le concordat pour les évêchés 8c les
abbayes,' comme le remarque M. de Marca , lib,
VI. de concord. cap. xj. n°. 12. car les autres bénéfices
font tous cenfes au-deffus de la valeur de
vingt-quatre ducats, & par conféquent ne font pas
fujets à Y Annate. Malgré cette dernière difpofition,
qui a aujourd’hui force de loi dans le royaume ,
François I , fit remontrer au pape l’injüftice de
ces exaélions, par les cardinaux de Tournon &
de Grammont , fes ambaffadeurs extraordinaires
en 1532. Henri II , dans les inflruétions données
à fes ambaffadeurs envoyés au concile de Trente
en 1547, demandoit qu’on fupprimât ces impofitions
; & enfin Charles IX en 1561, donna ordre
à fon ambaffadeur auprès du pape, de pour-
fuivre l’abolition des Annates , que la faculté de
théologie de Paris avoit déclarées fimoniaques. Ce
decret de la faculté ne condamnoit comme telles
que les Annates exigées pour les provifions fans le
confentement du roi & du clergé, & non pas
celles qui fe payent maintenant fous le titre de
fubvention, fuivant la difpofition du concile de Bâle.
En Angleterre, l’archevêque de Camorbéry ,
jouiffoit autrefois des Annates de tous les bénéfices
de fon diocèfe, par un privilège du pape ,