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l’infant don Henri de Portugal employa dans ces
navigations, fur les cotes de l’Afrique, par lef-
quelles il préludoit aux grandes découvertes de'
l ’Amérique Sc d’une route nouvelle aux Indes
orientales par la pointe méridionale de l’Afrique.
L ’ifle de Madère étoit nouvellement découverte.
Cadamoflo , Sc Vincent Diaz, patrons de.fon nav
ire , mirent à la voile \€ 12 mars 145 5 , & après
avoir mouillé à Madère, ils reconnurent les ifles
Canaries, le cap Blanc, le Sénégal, lecapVerd ,
& l’embouchure de la rivière de Gambra. L’année
fuivante, ces découvertes furent pouflees jufqu’à
une rivière à laquelle ils donnèrent le nom de
Saint-Dominique. En 1464 , Cadamoflo publia la
relation de fes voyages, qui fut traduite en fran-
çois par Pierre Redoner, vers le commencement
du feizième fiècle.
C A D ARIEN , ( Hïfl. mod. ) nom d’une feéle
mahométane. Les Cadariens font une fe&e de mu-
fulmans qui attribue les a&ions de l ’homme à
l’homme même , & non à un décret divin qui détermine
fa volonté.
L’auteur de cette fefte fut Mabedben Kaled al-
Gihoni, qui fouffrit le martyre pour défendre fa
croyance : ce mot vient de l’arabe TU ? , hadard ,
pouvoir ; Ben-Aun appelle les Cadariens, les Mages
ou les Manïchées du Mufulmanifme \ on les appelle
autrementMot orales. (G )
C AD D O R , ( Hifl. mod.') c’eft le nom qu’on
donne en Turquie à une épée dont la lame eft
droite, qne les fpahis font dans l’ufage d’attacher
à la feile de leurs chevaux, Sc dont ils fe fervent
dans une bataille au défaut de leurs fabres.
{ A . R . g
C AD É E , f. f. ( Hïfl. mod. ) c’eft ainfi qu’on :
nomme celle des trois ligues qui compofent la république
des Grifons, qu’on appelle autrement la
ligue de la maïfon de Dieu. C ’eft la plus étendue
& la plus puiffante des trois : elle renferme l’évêché
de Coire, la vallée Engadine, & celle de
Bregaille ou Prigel. Elle eft alliée aux fept premiers
cantons fiiifles depuis 14983 on y profèffe
le proteftantifme. L’allemand eft la langue de deux
des onze grandes Sc vingt-une petites communautés
dont la Cadée eft compofée : les autres parlent ;
le diaîeâe italien , appellé le rhêtique. ( A . R. )
C A D I , ( Hïfl. mod. ) c’eft le nom qu’on donne
aux juges des caufes civiles chez les Sarrafins &
les Turcs. On peut cependant appeller de leurs
fentences aux juges fupérieurs.
Ce mot vient de l’arabe, kadi, juge. D’Herbelot
écrit cadhi. >i,
Le mot cadi, pris dans un fens abfolu , dénote
le juge d’une ville ou d’un village ; ceux des provinces
s’appellent molla ou moulas, quelquefois
moula-cadis ou grand-cadis (G )
CADILESQUER 0« CADILESQUIER, f. m.
(Hïfl. mod.) chef de la juftice chez les Turcs.
Ce mot eft arabe, compofé de kadi, juge,, &
afchar, Sc avec l’article a l , alafchar, c ’eft-à-dirè
C A D
J armée, d’oii s’eft formé kadilafcher, juge d'armée
parce que d’abord il étoit juge des foldàts ; d’Her-
belot écrit cadhi-lesker ou cadkiasker.
Chaque cadilefquier a fon diftriâ particulier ;
d’Herbelôt n’en compte que deux dans l’empire,
dont l’un eft le cadilefquier de Remanie, c’eft-à-
dire d’Europe, & le fécond d’Anatolie ou d’Afie.
M. Ricaut en ajoute un troifième, qu’il appelle
cadilefquier du Caire.
Le cadilefquier d’Europe & celui d’Afie font fu-
bordonnés au reis ejfendi., qui eft comme le grand
chancelier de l’empire. ( G )
CADISADELITES , f. m. pl. ( Hifl. mod. )
nom d’une fe&e mufulmane. Les Cadifadelites font
une efpèce de ftoïciens mahométans, qui fuient
les feftins & les divertiflemens, Sc qui affe&ent
une gravité extraordinaire dans toutes leurs
allions.
Ceux des Cadifadelites qui habitent vers les
frontières de Hongrie & de Bofnie, ont pris
beaucoup de chofes du chriftianifme qu’ils mêlent
avec le mahométifme. Ils lifent la traduction ef-
clavone de l’évangile , aufli bien que l’alçoran , Sc
boivent du v in , même pendant le jeûne du Ra-
mafan.
Mahomet, félon eux , eft le faint Efprit qui
defcendit fur les apôtres le jour de la pentecôte.
Ils pratiquent la circoncifion comme tous les autres
mufulmans, & fe fervent, pour l’autorifer ,
de l’exemple de Jéfus-Chrift , quoique la plupart des
Turcs & des Arabes fe fondent bien davantage fur
celui d’Abraham. ( G)
CADMUS de Milet, (Hifl. anc.) le premier
des Grecs qui ait écrit l’hiftoire en profe, vivoit
du temps d’Halyattes, roi de Lydie , environ fix
fiècles avant -J. C. Il écrivit les antiquités de
Milet & de toute l’Ionie.
Suidas parle d’un autre Cadmus qui écrivit l’hif*
toire d’Athènes ; il. ne dit pas en quel temps vivoit
cet autre hiftorien.
CAD R ITE , f. m. (Hifl. mod. ) forte de religieux
mahométans.
Les Codâtes ont eu pour fondateur un habile
philofophe Sc jurifconfulte, nommé Aldul Cadri,
de qui ils ont pris le nom de Codâtes.
Les Codâtes vivent en communauté dans des
efpèces de monaftères, qu’on leur permet néanmoins
de quitter s’ils veulent, pour fe marier , à
condition de porter des boutons noirs à leur vefte
pour fe diftinguer du peuple.
Dans leurs monaftères, ils paffent tous les vendredis
une bonne partie de la nuit à tourner, en fe
tenant tous par la main, & répétant fans ceffe ghai,
c’eft-à-dire vivant, qui eft un des noms de Dieu.
Pendant ce temps-là un d’entr’eux joue de la flûte,
pour les animer à cette danfe extravagante. Ils ne
rafent jamais leurs cheveux, ne fe couvrent point
la tête, & marchent toujours les pieds nuds. Ricaut,
de l ’empire Ottom. (G )
C A E
C A D R Y , (Jean-Baptiste) (Hifl. moderne.)
Ce nom affez peu connu appartient à l’hiftoire du
janfënifme moderne. M. l’abbé Cadry étoit l’ami,
le théologien, l’homme de confiance de M. de
Caylus, évêque d’Auxerre. Il a compofé les trois
derniers volumes de l’hiftoire du livre des réflé-
xions morales du père Quefnel & de la conftitu-
tion Unigenitus, in-40. ; l’hiftoire du concile d’Em-
brun, & de la condamnation de M. de Soanen ,
évêque dê Senez, 1728, i/z-40. ; des obfervations
théologiques Sc morales fur les deux parties de
l’ouvrage du père Berruyer , trois volumes in-12.
1755 Sc 1756. Il avoit été chanoine & théologal
de Laon. Né à Tretz en Provence en 1680, mort
à Savigny, près Paris, en 1756.
CÆCILIUS-STATIUS, (H ifl.litt. anc.) poète
comique ancien, contemporain d’Ennius; on a
quelques-uns de fes fragmens dans le Corpus poé-
tarum , Londres, 17 14 , deux volumes in-folio.
Horace parle de Coecilius en divers endroits :
Quid autem
Cacilio y Plautoque dabit Romanus , ademptum
Virgilio Varioque.} . - . . .. . . . .
Vincere Ctzcilius gravit ate t Te'rentius arte.
C A F T A N , ( Hifl. mod. ) c’eft le nom qu’on
donne à une efpèce de manteau chez les Turcs Sc
les Perfans. ( A . R .)
^ CAGOTS ou C A PO T S , f. m. pl. ( Hifl. mod. )
c’eft ainfi, dit Marca dans fon hifloire de Béarn, qu’on
appelle en cette province, & dans quelques endroits
de la Gafcogne, des familles qu’on prétend defcen-
dues des Vifigoths qui relièrent dans ces cantons
après leur déroute générale. Ce que nous en allons
raconter, eft un exemple frappant de la force Sc de
la durée des haines populaires. Ils font cenfés ladres
Sc infe&s -, Sc il leur eft défendu, par la coutume
de Béarn, fous les peines les plus févères, de fe
mêler avec le refte des hàbitans. Ils ont une porte
particulière pour entrer dans les églifes, & des
fièges féparès. Leurs maifons font écartées des villes
& des villages. Il .y a des endroits où ils ne font
point admis à la confeflion. Ils font charpentiers,
& ne peuvent s’armer que des inftrumens de leur
métier. Ils ne font point reçus en témoignage. On
leur faifoit anciennement la grâce de compter fept
d’entr’eux pour un témoin ordinaire. On fait
venir leur nom de caas Goths, chiens de Goths.
Cette dénomination injurieufe leur eft reftée
avec le foupçon de ladrerie, en haine de l’arianifme
dont les G.oths faifoient profeftion. Ils ont été
appellés chiens Sc réputés ladres, parce qu’ils avoient
eu^ des ancêtres Ariens. On dit que c’eft par un
châtiment femblable à celui que les Ifraélites infligèrent
aux Gabaonites , qu’ils font tous occupés
au travail des bois. En 14 6 0 , les états de
Béarn demandèrent à Gafton , prince de Navarre
, qu’il leur fût défendu de marcher pieds nuds
dans les rues, fous peine de les avoir percés, Sc
C A H 71*
enjoint de porter le pied d’oie ou de canard fur
leur habit. On craignoit qu’ils n’infeélaflent ; &
l’on prétendoit annoncer par le pied d’un animal
2ui fe lave fans cefle , qu’ils étoient immondes.
)n les a aufli appellés Gefiatinr, de Giezi, fervi-
teur d’Elifée, qui fut frappé de la lèpre. Le mot cagot
eft devenu fynonyme à hypocrite. ( A. R. )
C AH U SA C , (L o u is ) (Hifl. litt. mod. ) fils d’un
avocat de Montauban, Sc lui-même fecrétaire de
l’intendance de cette généralité, puis fecrétaire des
commandenjens de M. le comte de Clermont,
auteur de quelques ouvrages connus ; il a paru
l’être de Zénèïde, qui plaît toujours, Sc dont il
adrefla, dit-on , des exemplaires à plufieurs femmes
célèbres par la beauté, avec le même envoi
en vers, commençant par celui-ci:
Z én é ïd e vous p l a î t , je peux me découvrir.
On fait aujourd’hui que le véritable auteur de
cette pièce charmante eft M. Watele t, qu’il la
compofa en profe, que M. de Cahufac, auquel il
l’avoit donnée, à condition que l’auteur relteroit
inconnu, imagina de la mettre en vers, de la
gâter, comme on peut s’en convaincre par la
comparaifon des deux pièces, aujourd’hui imprimées
toutes deux, & de la donner fous fon nom ,
croyant fans doute y avoir acquis un droit de
propriété, parce qu’il en avoit changé la forme.
Il eft plus certainement l’auteur de VHifloire de
la danfe ancienne & moderne , trois volumes in-111
ouvrage qui contient des particularités piquantes,
entre autres l’anecdote du bal donné par le concile
de Trente & ouvert par le légat. Cahufac n’a laifle
cependant en fomine que la réputation d un aflez »
mauvais auteur, parce qu’en effet il n’y a nulle
proportion entre ce qu’il a fait de bon Sc ce qu’il
a fait de médiocre ou même de mauvais. C’eft
pour l’opéra qu’il a le plus travaillé ; on le loue
d’avo’ir mis de l’intelligence & de la convenance
dans les divertiflemens, d’avoir entendu l’art de
les lier à l’a&ion Sc de les en faire naître, art encore
dans fon enfance. Son Zoroaflre eft connu,
fans être fort eftimé. Ses autres opéras font : les
fêtes de Polhymnie , les fêtes de l’hymen, Zais,
Nais , la naiffance d’OJîris , les amours de Tempe\
fi ce dernier eft de lui. Il a donné au théâtre
françois les tragédies de Pharamond Sc du comte de
JVarwick , Sc outre Zénèïde , la comédie de {'Algérien.
Il a laiflfé en manufcrit une tragédie de Manlius,
& deux comédies, le Maladroit par fineffe, fujet
, bien choifi Sc digne d’être traité par une main
habile, & la dupe de foi-même. Le roman de Grigri ,
du même auteur , eft connu & affez goûté. M de
Cahufac eft mort à Paris au mois de juin i 7<q.
Sa raifon s’étoit altérée dans les derniers temps de
fa vie. r
C A JA D O , ( H e n r i ) poète latin , né en Por-
tugal, mort à Rome, a laifle des églogues, des
X x x x z