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BATOCKS ou B A T O G 6 I , f. ni. plur. (Hiß.
mod.) font deux bâtons minces dont on fe fert à
Mofcow pour battre les criminels jufqu’à la mort :
lorfque quelqu’un eft condamné à ce fupplice , on
lui ote Tes habits, & on ne lui laifîe que fa che-
mife; un des exécuteurs s’aflied fur fa tête, &
un autre fur fes jambes, tandis qu’un troifième
frappe jufqu’à. ce que le patient ait reçu la dofe
de coups prefcrite par le magiftrat. {A. R.)
BATON , ( Hifl. anc. 6* mod. ) eft un inftru-
ment dont on fe fert ordinairement pour s’appuyer
en marchant. Le cardinal Bona obferve
dans fon traité des Liturgies , qu’autrefois ceux
qui fe fer voient de bâton dans l’églife pour s’appuyer,
étoient obligés de le quitter, 8c de fe tenir
debout feuls & droits dans le temps qu’on
jhfoit l’évangile, pour témoigner leur refpea par
cette pofture, & faire voir qu’ils étoient prêts
d’obéir à Jéfus-Chrift, & d’aller par-tout où il
leur commanderoit d’aller.
On fe fert fou vent aufli d’un bâton comme d’une
efpèce d’arme naturelle , offenfive & défenfive.
Les Lacédémoniens ne portoient jamais d’épée en
paix ; mais fe contentoient de porter un bâton
épais 8c crochu qui leur étoit particulier.
Saint-Évremont obferve que chez les Romains
les coups de b âton étoient une façon* modérée de
punir les efclaves, 8c qu’ils les recevoient par-
defliis leurs habits.
Les Maîtres-d’armes & les gens fufceptibles du
point d’honneur, croyent qu’il eft bien plus honteux
de recevoir un coup de bâton qu’un coup
d’épée, à caufe que l’épée eft un inftrument de
guerre, 8c le bâton eft un inftrument d’outrage.
Les lois de France puniffent bien févèrement
les coups de bâton. Par un règlement des maréchaux
de France, fait en 1653, au fujet des fa-
tisfaâions & réparations d’honneur, il eft ordonné
que quiconque en frappera un autre du bâton ,
fera puni par un an de prifon, qui pourra être modéré
à fix mois, en payant 3000 livres , applicables
à l’hôpital le plus prochain : outre cela
l’aggrefleur doit demander pardon à genoux à
l’oftenfé, &c. tout prêt à recevoir de lui un égal
nombre de coups de bâton ; 8c il y a certains
cas où ce dernier peut être contraint 'de les donn
e r , quand même il auroit trop de générofité
pour s’y réfoudre de lui-même.
' Par un autre règlement des maréchaux , de
l’année 1679 , celui qui frappe du bâton après
avoir reçu des coups de poing dans la chaleur de
la difpute, eft condamné à deux mois de prifon ;
ßc à quatre années, s’il a commencé à frapper à
coups de poing.
La loi des Frifons ne donne qu’un demi-fou de
compofition à celui qui a reçu des coups de bâton,
& il n’y a" fi petite blefîure pour laquelle elle n’en
accorde davantage.. Par la loi Salique , fi un ingénu
donnoit trois coups de bâton à un ingénu ,
il payoit trois fous ; s’il avoit fait couler le fang,
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il étoit puni comme s’il eût blefté avec le fer, 8c
il payoit quinze fous. La peine 6c l’indemnité fe
mcfuroient fur la grandeur des bleffures. La loi
des Lombards établit différentes compositions pour
un coup, pour‘deux, trois, quatre: aujourdhui
un coup en vaut mille.
La constitution de Charlemagne, inférée dans
la loi des Lombards, veut que ceux à qui elle permet
le duel, combattent avec le bâtonj peut-être
fut-ce un ménagement pour le clergé; ou que,
comme on étendoit l’uiage des combats, on voulût
les rendre moins fanguinaires. Le capitulaire
de Louis le Débonnaire, donne le choix de combattre
avec le bâton ou avec les armes : dans la
fuite il n’y eut que les ferfs qui combattiflent avec
le bâton.
Delà je vois naître & fe former les articles particuliers
de notre point d’honneur, dit l’auteur de
l'EJ'prit des Loix ., tome II. p. 202. L’accufateur com-
mençoit par déclarer devant le juge qu’un tel avoit
commis une telle aétion , 6c celui-ci répondoit qu’il
en avoit menti: fur cela le juge ordonnoitle duel.
La maxime s’établit que lorfqu’on avoit reçu un
démenti, il falloit fe battre.
Quand un homme avoit déclaré qu’il combat-
troit, il ne pouvoit plus s’en départir fans être
condamné à une peine. Autre règle qui s’enfiiivit ;
c’eft que quand un homme avoit donné fa parole,
l’honneur ne lui permettoit plus de fe retra&er.
Les gentilshommes fe battoient-èntr’eux 6c avec
leurs armes; les vilains fe battoient à pié 6c avec
le bâton. Le bâton^èexint donc un inftrument outrageant
, parce que celui qui en avoit été frappé ,
avoit été traité comme lin vilain.
Il n’y avoit que les vilains qui combatiflent à
vifage découvert, ainfi il n’y avoit qu’eux qui
puflent recevoir des coups au vifage : de-là vînt
qu’un foufflet fnt-une injure qui devoit être lavée
par lè fang, parce que celui qui l’avoit reçu, aVoit
I été traité comme un vilain.
Voilà comment, par des degrés infenfibles, fe
font établies les loix du point d’honneur, 6c avant
elles les différences entre les inftrumens contun-
dans. Le bâton eû devenu une arme deshonorante,
quelquefois pour celui qui s’en fert, 6c toujours
pour celui avec qui l’on s’en eft fervi.
Bâ to n , {Hifl. mod.) eft quelquefois une marque
de commandement, 6c un attribut de dignité
ou d’emploi : tels font les bâtons de maréchaux
de France , de maîtres d’hôtel, de capitaines des
gardes , d’exempts , 6cc. Celui de maréchal eft
fleurdelifé ; le roi l’envoie à celui qu’il élève à cç
grade militaire. Les maîtres d’hôtel, les capitaines
des gardes, les exempts, 6cc. peuvent être méconnus
pour ce qu’ils font, s’ils s’expofent à l’exercice
de leurs charges fans leurs bâtons : c’eft-là
l’ufage principal du bâton. Bâton de gardes de nuit qui courent les rues
de Londres en criant l’heure qu’il eft. Celui qui
tiepj; le mapoir de Lambeurn dans le comté
fJ’Eflçx i
Dans l’ode :
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â’Ëffex, doit U fin ie s du bâton, c’eft-à-dire qu’il
eft obligé de fournir unç charge de paille-fur une
charrette tirée à-fix chevaux, deux cordes, deux
hommes armés de pied en cap, pour garder le bâton
•quand on le porte à la ville i '4 ‘brtdgc, &c. Camb.
lit. EJfix.. Bâton traînant,'queue. (Hift„moi.) ou Bâton a Edouard I , roi d’Angleterre , rendit fous
ee titre , un édit contre les ufurpateurs des terres,
lefquels, pour opprimer les propriétaires véritables,
tranfportoient ces terres ufurpées, à de grands
feigneurs ; contre ceux qu’on louoit pour maltraiter
& outrager les autres; contre les violateurs de
la paix, ravifteurs, incendiaires & duelliftes, contre
ceux qui vendoient à faux poids &-à fauftes m e ,
fures, & autres malfaiteurs. Cette efpèce d’inqui-
fition fut exécutée.avec tant de rigueur, que les
amendes qui en provinrent, apportèrent au roi
des tréfors imrnenfes. ^ ;
On appelloit juges à bâton traînant, ceux qui'
étoient chargés de l’exécution de cet edit , foit
par rapport à la manière rigoureufe & fom maire
dont ils faifoient leurs’ exécutions, foit par rapport
au bâton qu’ils portoient comme une marque g
de leur autorité , 8c qu’ils tenoient a la main, en
jugeant les malfaiteurs. (G)
■ BATONNIERS ou HUISSIERS A BAGUETT
E , commis par le maréchal du banc du roi d’Angleterre,
pour accompagner les juges 8c porter à
fa main une baguette ou un bâton, dont le bout
Supérieur eft garni d’argent : ils accompagnent aufli :
les prifonniers quel’ôri conduit aux tribunaux , ou
que l’on ramène en prifon.
• Ce nom lè donne-aufli quelquefois a ceux quon
appelle ordinairement bâtons , qui font des gardes
des officiers de la flotte du roi, 6c qui fe trouvent
dans les cours royales,-tenant à la main une baguette
peinte, pour garder les prifonniers dans les
prifons, 8c peur les accompagner en public quand
ils ont la permiflion de fortir. Voyeç Bâton. , B A T TA G L IN I, ( Marc ) évêque de Nocera,
puis de Cefène, eft auteur d’une - Hifloire untvzr-
felle des Conciles 6c des Annales du facerdoce & de
l ’empire , du dix-feptième Ji'ecle. Mort en 1717 , âgé
de 71 ans. • •
BATTEUX, (Charles) {Hifl.Xcu. mod.) un
de . ces hommes que l’académie enlève à. l’uni ver-
fité , fe fit connoître avantageufement par fon livre
des beaux-arts réduits à un même principe ,• qui a
depuis été réuni avec le traité de la conflrutfion
oratoire dans le cours de belles-lettres , cinq vol. in-
1 2 , 1760. Il a traduit 6c horriblement mutile
Horace.- Il-étoit eccléfiaftiqùe. 6c facrifioit tout aux
feienféances rigoureufes de fon état. Dans Iode:
Scriberis Vario fortis , 6cc. Il retranche la ftrophe:
Nos convivia , nos preelia virginum
. Sectis in juvenes unguibus acrium
Càntamus , vacui , five quid urimtu; , -
- • . . Non pnzier folitûm lèves.
Hifloire. Tom. I. Deuxième P art•
BAT îfft
Vides ut altâ fiat vive ccndidunij
Il retranche la ftrophe :
N une & latentis proditor intimo
■ Gratus pueltcz rifus ab angulo ,
Pignufque dèreptum lacertis -,
A ü t dïgito malt pertinaci•
On dormeroit l’ode entière pour cette ftrophe. On
ne peut fans doute blâmer M. l’abbé Batteux 'd’avoir
été un eccléfiaftiqùe décent jufqu’à l’auftérite ; mais
il fuit de là qu’il ne faut pas qu’un eccléfiaftiqùe
traduife Horace. Pourquoi faire ce choix ? eft-ce
pour faire parade d’auftérité par ces retranchemens ?
c’eft le cas de l’épigramme contre Caton:
Nofies jocofcce dulce cùm facrum Flora ,
Fèfiofque l u f u s & licentiam vu lg i,
■ Cur in theutrum -, Cato fevere , venifti f
A n id i> tantùm vénéras ut exires i
Les autres ouvrages de M. l’abbé Batteux font S
La Morale d’Epicure , le recueil des quatre poétiques
d’Ariflote , d’Horace de Vida & de Boileau ,
avec les traductions & des-remarques. L ’hifloire des
caufes premières ; les Eléments de littérature, extraits
du cours de belles- lettres ; le Cours élémentaire à
l’u/âge de l’école militaire , en quarante - einer
petits volumes in-\%. On dit que l’excès de travail
qu’exigea ce dernier ouvrage ou quelques contra*
dirions que l’auteur éprouva dans cette entreprife ou
à fon occafton, accélérèrent l’hydropifie de poitrine,
dont il mourut à Paris le 14 juillet 1780. On dit
qu’il étoit fort utile -à. une famille pauvre 6c nom-
breufe. Il avoit aflez de dignité dans le caraâère ,
dans la figure 8c dans le maintien. Il fe piquoit
de vivre' en folitaire 6c en fage, de manière cependant
qu’il approchoit plus d’Ariftippe que de
Diogène. Il étoit né dans le diocèfe de Reims ; il
étoit chanoine de cette métropole. Il avoit été reçu à
l’académie des inferiptions en 1754 , à l’académie
françoife en 1761.
B A T TO R t, (E tienne) {Hiß. mod. ) La réputation
de ce prince lui valut en une feule année
deux couronnes par éleftion ; il fut d’abord
élu en 1575 prince de Tranfylvanie , 6c enfuite
roi de Pologne, d’après l’evafion de Henri I I I ,
qui auroit voulu cependant conferver la couronne
de Pologne avec celle de France. Il fit la guerre
aux Ruffes;avec les fuccès ordinaires, tout prince
en fait faire, autant, mais tout prince ne fait pas
être le réformateur de fon éta t, tout prince ne
fait pas même voir les défauts de l’état qu'il gouverné,
Battori-v it ceux du gouvernement Polo-
nois, il en fut frappé , il s’occupoit férieufement
du foin de les corriger, lorfque la mort-le prévint,
en 1587,.
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