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qu’on leur amène , fans que le baclia du lieu l
puiffe s’y oppofer ; il a feulement la liberté de J
fe plaindre à la Porte, s’ils abufènt de leur autorité.
Autrefois il n’y avoit que deux beglerbegs dans
tout l’empire; celui d’Europe ou de Romelie,& celui
de Natolie en Afie : mais l’empire s’étant accru,
le nombre des beglerbegs s’eft aufli- augmenté en
Afie ; celui de Romélie, eft refié feul en Europe,
& femble repréfenter l’empereur Grec. Il eft le
•plus éminent de tous les beglerbegs ; car quoique
tous les vifirs à trois queues jouiffent de ce titre,
il fert cependant à caraâérifer plus particuliérement
le beglerbeg de Romélie , gouverneur - général de
toutes les provinces Européennes dépendantes du
grand-feigneur ; le beglerbeg de Natolie & celui de
S y r ie , qui fait fa réfidence à Damas, le gouverneur
de Bude & celui de l'Arabie Pétrée portoient
autrefois ce titre, & fi quelques bachas le prennent
aujourd’hui, c’eft fans l’aveu de la cour, qui ne
les traite que de plénipotentiaires. Guer. moeurs &
ufages des Turcs , tome II. (G)
BEGON ( Michel ) ( Hijl. litt. moi. ) Ce n’é-
toit qu’un amateur; mais il mérite d’être connu.
Il n’y en eut jamais' de plus communicatif. Ses
livres portoient au frontifpice cette infcription :
■ Michàèlis Begon & Amicorum , & fes amis étoient
tous les gens de lettres. Son bibliothécaire lui re-
préfentant que cette facilité à prêter fes livres lui
en faifoit beaucoup perdre : T aime mieux , lui
.-dit-il, perdre mes livres , que de paroître me défier J un
honnête homme. Il avoit un riche cabinet de- médailles
, d’antiques , d’efiampes, de coquillages &
d’autres cu r io fité s& c. ; & ce cabinet, comme fa
•bibliothèque, étoit ouvert à tout le monde. Il
-fit graver les portraits de plufieurs perfonnes célèbres
du dix-leptième fiècle ; il raffembla des mémoires
fur leurs vies , & c’eft fur ces mémoires
que Perrault a fait fes hommes illujlres. M. Begon
avoit été employé avec fuccès par M. de Seigne-
la y , dont il étoit parent , dans plufieurs intendances
maritimes, tant en France qu’en Amérique:
né à Blois en 1638, mort en 1710.
BEHAIM ( Martin ) ( Hijl. mod. ) homme
inconnu, au moins en France, & vraifemblable-
ment par-tout ailleurs qu’en Allemagne. Nous ne
le nommons ic i, que parce qu’uni tradition, qui
.n’eft établie aufix qu’en Allemagne, lui attribue la
première idée de la découverte de l’Amérique &
cette découverte même. Il étoit de Nuremberg ,
& vivoit vers le milieu du quinzième fiècle.
BEHN ( Aphara ou Astrea Johnson ) femme
de M. Behn, riche négociant Anglois, originaire
de Hollande, a traduit en anglois la pluralité des
mondes de Fontenelle ; & M. de la Place a traduit
en françois fon Oronoko, le plus célèbre de tous
fes ouvrages, roman hiftorique intéreffant, dont
•elle avoit connu le héros : c’étoit un prince nègre,
fils d’un roi Africain , qui, ayant été vendu aux
Anglois de Surinam , & ne pouvant fupporter
J’efclavage , fit ■ révolter fes compagnons & périt .
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dans cette entreprife. Madame Behn, qui avoit-êté
en Amérique le témoin de fes malheurs & de fon
courage , en écrivit l’hiftoire lorfqu’elle fut revenue
en Angleterre. Johnfon , fon pere , ayant été
nommé à un emploi confidérable dans lès colonies
angloifes de l’Amérique , s’étoit embarque
pour s’y rendre avec fa famille , & étoit mort
dans le trajet. C’eft par cette aventure qu’Aphara
Johnfon connut l’Amérique & le prince Africain
dont elle écrivit l’hiftoire. On a encore d’elle des
pièces de théâtre, des nouvelles hijloriques , des poe-
Jîcs diverjes. Charles II l’employa dans des négociations
importantes. Elle mourut en 1689 , & fut
enterrée à Weftminfter.
BEHOURD ou BEHOURT ou BOHOURT,
f. m. {Hijl. mod. ) mot dont l’origine & la racine
font allez obfcures, mais qu’on rencontre fréquemment
dans nos anciens romans , pour figniner un
combat que l’on faifoit à cheval la lance au poing,
ou une courfe de lances dans les réjouilfances publiques.
Dans la baffe latinité on l’a appelle be-
hordium, en vieux Gaulois behourt & toumoy, &
l’on difoit behorder, behourder, & border, pour marquer
les exercices où la jeune nobleffe combattok
avec des lances & des boucliers. Les Espagnols
en ont retenu quelque chofe dans le jeu qu’ils
nomment cannas. On appelloit aufli dies de behour-
deis, ce que d’autres auteurs ont nommé en bonne
latinité dies hafliludii. Parmi les gens de la campagne
& de la bourgeoifie des petites villes , le bc-
hourd étoit un jour afligné pour joûter avec des
cannes & de longs bâtons non ferrés , ce qui.fe
pratique encore en Angleterre à certains jours de
l’année ; & Monet a dure que le même ufage
avoit autrefois lieu en France le premier & le fécond
Dimanche de carême ; & d’autres ajoutent:,
que pour exprimer un exercice à-peu-près fem-
blable , les Florentins fe fervent du terme bagoi\
dare. { G )
BÉJAUNE ou BEC-JAUNE , {Hijl. mod.) c’eft
ainfi qu’on nomme communément le régal qu’un
officier donne à fes camarades en entrant dans un
régiment : on dit payer fon béjaujie,{ A. R. )
BEKKER ( Balthasar ) ( Hijl~ litt. mod. )
auteur d’un livre , intitulé : le Monde enchanté,
où il ofa foutenir qu’il n’y avoit point de poffédés
ni de forciers , ce qui parut fi hardi & fi coupable
même en Hollande , que, fuivant l’ufage barbare
établi alors chez les proteftans comme chez les
catholiques, de perfécuter pour des opinions , il
en perdit fa place de miniftre à Amfterdam.; Un
Benjamin Binet réfuta cet ouvrage dans un traité
des Dieux du Paganifme. On a d’autres ouvrages
de Bekker. Ils font moins connus; né à Warthuy-
fen, dans la province de Groningue, en 1634,
mort à Amfterdam en 1698.
BEL ou LE BEL. C’eft le nom de quelques
gens de lettres, dont l’un nommé Matthias , Hong
ro is^ hiftoriographe de l’empereur Charles V I ,
a beaucoup écrit fur la Hongrie* On a de lui le
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mtitia Hungarix , en 4 volumes in-folio , & le 1
recueil intitulé : Scriptores rerum Hungaricarum, en
3 volumes aufli in-folio; mort en 1749 , âgé de
66 ans.
Un autre Bel , nommé Jean-Jacques, mort en
.1738 à Paris, confeiller au parlement de Bordeaux,
eft auteur du Ditiionnaire néologique , con-
fidérablement augmenté par l’abbé Desfontaines.
L’affeélation du néologifme eft condamnable comme
toute affedation ; mais un DiÜionnaire néologique
n’eft plus néologique au bout de quelques années ;
celui de Bel & de l’abbé Desfontaines ne l’eft déjà
plus à beaucoup d’égards. D’ailleurs il s’agit moins
peut-être de favoir fi des mots font nouveaux,
que s’ils font bons, expreffifs, néceffaires, & s’ils
ne font point trop contraires, foit à l’analogie ,foit
à l’ufage.
■- Au refte, ce Di&ionnaire néologique de Bel &
de l’abbé- Desfontaines n’étoit qu’une fatyre contre
des auteurs ingénieux dé leur temps, qu ils
n’aimoient pas faute peut-être d’affez d’efprit &
de délicatefie pour pouvoir les goûter. Les gens
médiocres, & tous ceux qui ne fentent ni fortement,
ni finement, accuferont toujours de néolo^
gifme les expreflions de génie, les tours ingénieux
le originaux ; c’eft à quoi il faut bien prendre
garde avant d’entreprendre un Diélionnaire neolo-
gique. ?
Un autre le Bel , miniftre de l’ordre de la Trinité
du couvent de Fontainebleau , n’eft connu
que pour avoir aflifté à la mort le malheureux
Monaldefchi, lorfque Chriftine , reine de Suède ,
le fit enfermer dans la galerie des cerfs à Fontainebleau
, t k , méthodique & catholique jufques dans
l’aflàffmat, voulut qu’il fût confeffé par ce -religieux
, avant d’être poignardé. Le Bel. a fait une
Relation affez curieufe du meurtre de Monaldefchi.
- BELESIS, {Hijl. de Babylone.) premier roi de
Babylone, prêtre & guerrier , fe fer vit de la religion
pour élever l’édifice de fa fortune. Ses con-
noiffances dans l’aftronomie firent croire qu’il
avoit des intelligences avec les génies qui préfi-
dent à. la police du monde ; & comme il an-
nonçoit le retour dés aftres & des éclipfès, il lui
fut facile d’ufurper la réputation de prophète. Rarement
les impofteurs ont un objet élevé d’ambition
; fatisfaits de.féduire la multitude, ils jouif-
fent de fes refpe&s, fans prétendre à gouverner.
Belejis humilié de vivre à l’ombre de l’autel, fut
plus hardi dans fa marche, il profita de la crédulité
des peuples pour changer le deftin de l’Af-
fyrie , qui étoit feandalifée des débauches & de
îa moleffe de Sardanapale. Avant de rien exécuter
, il joua le rôle d’envoyé du ciel, & comme
il avoit befoin d’un complice accrédité, il jetta
les yeux fur Arbace le Mede, dont il comioif-
foit l’ambition, & fur-tout le mépris pour le
monarque efféminé ; il va le trouver & il lui annonce
que les dieux lui a voient révélé qu’il étoit
appellé au trône d’Aflyrie, Arbace parut ajouter
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foi à une révélation qui préparoit fa grandeur ;
docile à la voix du prophète, il l’affura qu’aufli-
tôt que les dieux auroient réalifé leurs promeflès ,
il' lui donneroit le gouvernement de Babylone.
Il fuffifoit que la rébellion eût un prophète a fa
tête pour engager le peuple à la regarder comme
un ordre du ciel. Belejîs, quoiqu eleve dans 1 exercice
des fondions religieufes, étoit véritablement
né pour la guerre : Sardanapale mit fa tete à prix ,
il ne fe trouva point d’affaffms pour tremper fes
mains dans un fang réputé facré. Arbace, quoique
foutenu de fon appui, effuya plufieurs défaites
qui rebutèrent fes partifans ; Belejîs éleva la voix
pour leur dire que Dieu promettoif de couronner
leur perfévérance ; cette promeffe releva les courages
abattus ; les rebelles prêts à fe retirer chez
eux, reprennent les armes , demandent^ a combattre
& font vaincus. Ce mauvais fuccès auroit
dû décréditer le prétendu prophète; mais 1 erreur
avoit pris racine, & le vulgaire une fois feduit,
chérit fon iüufion. L’impofteur , pour prévenir les
défertions, répand dans le ca?np, qu il va paffer
la nuit pour interroger les aftrës -fur les evene-
mens futurs ; à la renaiffance du jour, il publie
dans le camp que le ciel appaifé, envoyoit ^zne
armée à leur fecours. Il avoit_été informé qu’une
armée de B aériens s’avançoit pour faire fa jonction
avec les troupes de Sardanapale ; Belejîs s’in-
troduifit dans leur camp, & prenant le ton d’un
infpiré, il leur reproche, au nom des dieux, la
honte d’obéir à un maître efféminé, dans le temps
qu’Arbace leur donne l’exemple de s’affranchir de
la fervitude. Son éloquence foutenue de l’en:hou ^
fiafme, féduifit les Baâriens, qui fe rangèrent du
côté des rebelles, contre ceux qu’ils étoiènt venus
défendre. Leurs forces réunies renverfèrent le premier
empire d’A ffyrie, & après que Sardanapale
fe fut précipité au milieu des flammes, il fe forma
des débris de cet empire, trois puiffantes monarchies.
Belejîs eut en partage le royaume de Babylone,
qui fubfifta deux cens vingt ans. On croit
reconnoître en lui Nabonaffar , fous qui commença
la fameufe époque de Babylone, appellée de fon
nom l'Ere de NabonaJJar. Il eft nomme Baladan
dans l’écriture fainte : il régna douze ans, & laiffa
fon trône à fon fils Merodach-Baladan. {T— n .).
BELIDOR ( Bernard. For est de ) ( Hijl,
litt. mod. ) de l’académie des fciences & de di-
verfes académies étrangères, brigadier des armées,
chevalier de faint Louis , infpe&eur de l’arfénat
de Paris & des mineurs de France, fils d’un officier
de dragons, naquit en Catalogne en 1697 ou
1698; mathématicien dès l’enfance,' & favant ingénieur
dès fa tendre jeuneffe, il fut fait profeffeur
de l’école cTârtillerie cfe la Fére, qu’il rendit très-
floriffante , & où fa réputation . attira une foule
d’étrangers. Il perdit cette place pour avoir pro-
pofé au miniftre le plus économe un projet d’économie.
Des expériences qu’il avoit faites fur la
charge des canons- lui perfuadèrent qu’au lieu de