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Le grand feigneur confie aux hachas la conduite
des armées ; & pour lors on leur donne quelquefois
le titre de feraskier ou de bach-bogy c’eft-à-dire ,
général, parce qu’ils ont fous leurs ordres d’autres
hachas. Comme on ne parvient communément au
titre de hacha que par des intrigues , par la faveur
du grand vifir ou des foltanes , qu’on achète par des
préféns confidérables, il n’eft' point d’exaCtions que
ces officiers ne commettent dans leurs gouverne-
mens, foit pour rembourfer aux Juifs les fommes
-qu’ils en ont empruntéesfoit pour amafler des
tréfors dont fouvent ils ne jouiffent pas long-temps
& qu’ils ne, tranfmettent point à leur famille. Sur
un léger mécontentement , un foupçon, ou pour
■ s’approprier leurs biens, le grand - feigneur leur
envoyé demander leur tête , & leur unique réponfe
ie-ft d’accepter la mort.. Leur1 titre n’étant pas plus
héréditaire que leurs riche fies , les enfans a’un
hacha traînent quelquefois leur vie- dans l’indigence
& dans l’obfcurité. On croit que ce nom de pafcha
vient du- Perfàn paît fchats , qui lignifie pié de
roi, comme peur marquer q*ue lé grand-feigneur
a l e pié dans.les provinces où fes bachasle reprê-
-fentent. Cependant ce titre n’eft en ufage qu’en
Turquie ;-car en Perfe on nomme émirs ou kams
les grands -feigneurs & les gouverneurs de pro-
.yince. ( G )
BACHAUMONT, (F rançois le Coigneux
d e ) ( Hifl. moi. ) confèiller-clerc au parlement
de Paris , fils d’un préfi'dent à mortier, cabala
d’abord au parlement avec le cardinal, de Retz-,
vécut enfuite en épicurien aimable, & mourut
‘dévot, difant quun honnête homme doit vivre a la
porte, de léglife & mourir dans la facriflie«.
On connoît: ce fameux voyage ».
Qui du plus charmant badinage;
Fut Ja plus charmante, leçon.
‘mais on né fait pas quelle efi la part qui en revient
. à Bachaumo.nt , & quelle efi »celle qui. appartient
-à. Chapelle, On a cru que le couplet:-
S.ous. ce berceau, qu’amour exprès, &c..
pouvoit être de B'achaumont, parce qu’il n’efi pas
du-ton, ordinaire de Chapelle- ; mais il y a bien
dé l’arbitraire dans ces, fortes de conje&ures.. Bu-
chaumont, né, en. 1624 *. mourut en 1702.
BACHELIER , ' f. m. ( Hift. moi. ) dans, les
écrivains du moyen âge , êtoit un titre qui fe
donnoit, ou à ceux d’entre les chevaliers qui n’a-
voient pas. aflez de bien ou aflez de vaffaux pour
faire porter devant eux leurs bannières a-une batait-,
le , ou- à ceux même- de l’ordre des Bannerets , qui
n’ayant pas encore l’âge qu’il-falloit pour déployer
leur propre bannière, étoient obligés de marcher
à- la guerre? fous la bannière d’un- autre* Camb-
dert &. d’autres, déimiffent lé bachelier % une per-.
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fonne d’un rang moyen entre un chevalier & um?
écuyer, moins âgé & plus récent que ce lu i-là *
mais fupérieur à celui-ci. D ’autres veulent que le?
nom de bachelier ait été commun à tous les degrés;
compris entre le fimple gentilhomme & le baron.
Quand l’amiral' n’étoit ni comte ni Baron , il
étoît "nommé bachelier, « & il efi a noter que quand
» l’amiral va par le pays pour aflembler vaiffeaux
n de guerre, ou pour autre affaire dii royaume
» s’il efi bachelier, il recevra par jour quatre che-
»• lins fterlins; s’il efi comte ou baron, fes gages
» feront à proportion de fon état & rang».
Le titre de bachelier fe donnoit plus particuliere--
ment à tout jeune homme de condition qui faifoit.
fa première campagne, & qui recevoit en confe-
quence la ceinture militaire^
Bachelier , fignifioit encore celui qui dans le
premier tournois où il eût jamais combattu, avoit-
vaincu quelqu-un..
On difoit anciennement bacheliers au lieu de bas
chevaliers, parce que les bacheliers fermoient.lé-
plus bas ordre, de chevaliers ; ils étoient au-deflus,
des bannerets. . . . ,
On appelle maintenant ceux-ci équités' aurait, a.
caufe dès éperons- qu’on leur met lors de leur
réception.
D’abord cette dignité ne fe donnoit qu’aux gens
d’épée : mais .dans la fuite on la conféra aufly aux
gens de robe longue. La cérémonie en efi extrêmement
fimple. L’afpirant s’étant mis à genoux , le?
roi le touche doucement d’une épée nue, & dit :
fois chevalier r au nom de Dieu y &. après: Avance ^
chevalier.. - Bachelier , èfi encore un fert dans les univerfités pour défigtenremr uen1 deo pnetr foonn nfeêr: qui a atteint le baccalaureat, ou le premier degré
dans- les arts libéraux & dans les fciences«.
C’efi dans- le treizième fiècle que le degré de
bachelier a commencé à être introduit par le pape
Grégoire IX > mais il efi encore inconnu en Italie*.
A Oxford , r pour être reçu bachelier ès - arts , il
faut y avoir étudié quatre ans ;- trois ans de plus.-
pour devenir maître ès - arts, & fépt ans encore
pour être bachelier en théologie. ,
A Cambridge , il faut avoir étudié près de quatre
ans pour être fait bachelier è's-arts, & plus d e
"trois ans encore avant que d’être reçu maître, &
encore fépt ans de plus .pour devenir bachelier eii
théologie. Il ne faut avoir étudié que fix ans en
droit pour être reçu bachelier de cette faculté..
À Paris , pour paffer. bachelier en théologie-, il
faut avoir étudié deux ans en philofôphie, trois,
ans en théologie , & avoir fôutenudeux examens
l’ûn fur la philofophie, & l’autre fur la première:
partie de la fomme de Saint Thomas , qui comprend
l'es traités de Dieu , 6* des divins attributs
de la Trinité & des anges. Ces deux examens doivent
fë ‘ faire à-‘ un mois l’un de l?autre > devant
quatrefoofteurs de. la faculté, çjj théologie ,, tirés>a^
B A -C
Ib ft, avec droit del'fuffrage. Un feul ['mauvais
billet ne laiffe au candidat que là voie de l’examen
public qu’il peut demander à la faculté. S’il
fe trouve deux fùffrages défavorables , il efi refit fé
fans retour. Lorique les examinateurs font unanimement
contens de fa capacité, il choifit un président
à qui il fait figner fes thèfes ; & quand
le fyndic les a vifées & lui a donné jour, il doit
les foutenir dans l’année , à compter du jour de
fon fécond examen. Dans quelques-unes des écoles
de la faculté , c’efi- à-dire, des collèges ou des
communautés qui font de fon corps, cette thèfe
roule fur les mèmès traités théologiques, qui ont
fervi de matière à ce fécond examen, & on la
nomme tentative. Le préfident, quatre bacheliers
en licence, & deux bacheliers amis , y difputent
contre le répondant; dix doéïenrs qu’on nomme
cenfeurs y affifteirt avec droit de fiifirage ; les
bacheliers de licence l’ont auffi, mais pour la forme,
leurs voix n’étant comptées pour rien. Chaque
cenfeur a deux billets, l’un qui porte fujjiciens & l ’autre incàpax. Un feul fumage contraire fuffit
f>our être refüfé. Si le candidat répond d’une manière
fatisfaifante, il va à l’afiemblée du premier
du mois, qu’on nomme prima menfis, fe préfen-
ter à la faculté devant laquelle il prête ferment.
Enfuite le bedeau lui délivre fes lettres de baccalaureat
, & il peut fe préparer à là licence.
On diftingue dans la faculté de théologie de
Paris deux fortes de bacheliers : favoir bacheliers du
premier ordre , baccalaurei primi orâinis ; ce font
ceux qui font leur cours de licence ; & ceux du
fécond ordre , baccalaurei fecundi ordmis ; c’eft-à-
dire , les {impies bacheliers qui afpirent à faire
leur licence, ou qui demeurent fimplement bacheliers.
L’habit des uns & des autres, efi la foutane,
le manteau long , & la fourrure d’hermine doublée
de foie noire. .
Pour paffer bachelier en droit à Paris, il faut l’avoir
étudié deux ans, & avoir foutenu un a&e dans les formes.
Pour être bachelier en médecine , il faut, après
avoir été quatre ans maître ès-arts dans l’univerfité ,
faire deux ans d’étude en médecine & fubir un examen
, après quoi on efi revêtu de la fourrure pour
entrer en licence. Dans l’univerfité de Parisjf,w
avant la fondation des chaires de théologie , ceux
qui avoient étudié fix ans en théologie étoient
admis à faire leurs cours, d'où ils étoient nommés
baccalarïi eurfores : & comme il y avoit deux
cours , le premier, pour expliquer la bible pendant
trois années confécutives , le fécond, poiir*
..expliquer le maître des fentences pendant une an- i
née , ceux qui faifoient leur cours de la bible
étoient appellès baccalarii biblici y & ceux qui
etoient aux fentences ; baccalarii féntentiarii. Ceux ',
enfin, qui avoient achevé l’un & l’autre étoient
qualifiés baccalarii formati Ou ^bacheliers formés'.
GLIIlS Ee fi fait mention encore de Bacheliers d’É- noines ,& b accalarii ecclejioe , l’evêque avec fes chabacheliers,
cum confilio & confenfu omnium ,
B A C Jif
canqfiicorum fuorum & baccalariorum. Il n’y a guère
de mot dont l’origine foit plus dilputée parmi les
critiques , que celui de bachelier, baccalarius ou
baccalaureus y Martinius prétend qu’on dit en latin
baccalaureus, pour dire, baccâ laureâ donatus, &
cela par allunon à l’ancienne coutume de couronner
de iaurier les poètes, baccis lauri, comme
le fut Pétrarque à Rome, en 1341. Alciat & Vives
font encore de ce fentiment : Rhenanus aime mieux
le titer de baculus ou bacillus , un bâton , parce
qu’à leur promotion , dit - I l , on leur mettoit en
main un bâton , pour marquer l’autorité qu’ils^ re-
cevoient , qu’ils avoient achevé leurs études
, & qu’ils étoient remis en liberté ; à peu près
comme les anciens gladiateurs ,. à qui l’on mettoit
à la main un bâton pour marque de leur congé y
c’eft ce qu’HoraCe appelle rude donatus. Mais Spelman
rejette cette opinion , d’autant qu’il n’y a
point de preuve qu’on ait jamais pratiqué cette cérémonie
de mettre un bâton à la main de ceux
que l’on créoit bacheliers y & d’ailleurs cette étymologie
conviendrait plutôt aux licentiés qu’aux bâche-
lièrs , qui font moins cenfés avoir combattu qu’a-
voit fait un premier eflài de leurs forces, comme
l’infinue le nom de tentative que porte leur thèfe.
Parmi ceux qui foutiennent que les bacheliers
militaires font les plus anciens, on compte Cujas,
qui les fait venir de buccellarii, forte de cavalerie
fort eftimée. autrefois ; Ducange qui les tire de bac-
calarïa , forte de fiefs ou de fermes qui contenoient
plufieurs pièces de terre de douze acres chacune,
ou de ce que deux boeufs pouvoient labourer.
Selon lui les pôflefleurs de ces baccalarid étoient
appellès bacheliers. Hnfin Cafeneuve & Hauteferre
font venir bachelier de baculus, ou bacciUus , un
bâton, à caüfe que les jeunes cavaliers s’exerçoieftt
au combat avec des bâtons , ainfi que les bacheliers
dans les üniverfités s’exercent par des difputes.
De toutes ces'étymologies la première efi la plus
vraifea blable, puifqu'il n’y a pas encore long-temps
que dansTuniverfité -de Paris la thèfe que les af-
pirans à la maîtrife ès-arts étoient obligés de fou-
tënir , s’appéiloit l’ade pro laurea artium. Airifi de
bacca lauri, qui fignifie proprement le fruit ou la
graine de laurier, arbre confacré de tout temps à
être le fymbole des. récompenfes accordées aux
favaks, on a fait dans notre langue bachelier-pour
exprimer un étudiant qui a-déja mérité d’être couronné.
(G )
BACHET. Voyez Meziriac. BACON , ( Hifl. moi. ) Deux hommes ont
for-tout illuftré ce nom. i°. Roger Bacon. L’ef-
prit du temps condamna Roger Bacon k être théologien
, grammairien, à étudier toutes les langues,
à cultiver toutes les fciences, c’eft-à-dire à les
effleurer toutes, pendant que la nature l’avoit fait
pour perfectionner la phyfique & les mathématiques
, & pour créer la faine philofophie. Cet
homme plus fupérieur encore au treizième fiècle,que
Gerbert ne l’ayoit été au dixième, fut pourtant en»
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